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207. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre III : La littérature du xviiie et du xixe  siècle »

Ce faux classique commence avec Jean-Baptiste Rousseau, et même, il faut le dire, avec les tragédies et la Henriade de Voltaire ; il produit au xviiie  siècle les tristes tragédies de la Harpe et de Marmontel, trouve plus tard un éclat, non tout à fait immérité, dans les poésies de l’ingénieux Delille, se lance dans les témérités avec Ducis, atteint l’apogée du médiocre et de l’ennuyeux avec la littérature impériale, jette ses dernières flammes et rend le dernier soupir avec l’aimable, le spirituel, l’élégant Casimir Delavigne. […] C’est au nom du classique bien entendu qu’il critique, en y mêlant les éloges mérités, et les odes de Jean-Baptiste Rousseau, et les tragédies de Voltaire, et les comédies du xviiie  siècle : même dans un autre genre, il va jusqu’à baisser d’un degré le rang de Massillon. […] Nisard est si peu dupe de cette sorte de tradition et de fausse discipline, qu’il ne mentionne même pas l’espèce de renaissance qu’a eue la tragédie classique il y a quinze ou vingt ans. Il sait parfaitement que cela ne vit pas, et que les vers hardis et nouveaux d’Alfred de Musset ont une autre vitalité que ces pâles ombres que l’on décore du nom de tragédies.

208. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

Cela n’empêche pas d’ailleurs que la tragédie grecque et la tragédie française n’obéissent au même principe essentiel, qui est la caractéristique du théâtre grec et du théâtre français, à savoir la prédominance constante de l’idée sur le fait et du développement moral sur l’acte matériel. […] Comme nous n’avons que des idées fort confuses sur ce que pouvait être la demeure d’un Thésée, je ne ferai aucune difficulté d’accepter l’architecture du décor, bien qu’elle pût convenir à toute autre tragédie grecque et même à une tragédie romaine. […] Aujourd’hui, toute tragédie est jouée avec des costumes qui sont censés reproduire ceux de l’époque à laquelle se passe l’action. […] Cependant pendant longtemps les Figurants ont déparé la tragédie française. […] Plus les types sont généraux, et c’est le cas de la tragédie et de l’ancienne comédie, plus les images initiales sont générales.

209. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Autran, Joseph (1813-1877) »

. — La Fille d’Eschyle, tragédie (1848). — Les Poèmes de la mer (1852). — Laboureurs et soldats (1854). — La Vie rurale (1856) […] Ponsard, de la vogue de Mademoiselle Rachel, de cette vieille route longtemps abandonnée, qui semblait tout à coup se rouvrir, et dont le poteau indicateur était glorieusement relevé par un poète de talent et une actrice de génie, il m’avoua qu’il venait d’écrire, sous cette impression nouvelle, une tragédie, moins que cela, une étude empruntée à un autre temps et à un autre ordre d’idées que Lucrèce, mais également inspirée par ce retour aux sources antiques, un moment taries ou troublées sous le souffle du romantisme.

210. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — M. de Voltaire, et l’abbé Desfontaines. » pp. 59-72

Il ne s’étoit jusques là fait connoître que par une critique du livre de la religion prouvée par les faits, & par une autre de la tragédie d’Inès de Castro, sous ce titre : Paradoxes littéraires. […] Ce qui la rompit, ce fut une réflexion sur la tragédie de la Mort de César & une plaisanterie insérées dans les feuilles périodiques. […] Mais toutes les satisfactions qu’il imagina pour s’acquitter envers l’auteur du Temple du goût & de la tragédie de la Mort de César, n’appaisèrent point l’offensé, peut-être trop sensible.

211. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 15, observations concernant la maniere dont les pieces dramatiques étoient représentées sur le théatre des anciens. De la passion que les grecs et les romains avoient pour le théatre, et de l’étude que les acteurs faisoient de leur art et des récompenses qui leur étoient données » pp. 248-264

La représentation de trois tragédies de Sophocle coûta plus aux athéniens que la guerre du Peloponese. […] Suivant le récit de Ciceron, ceux qui joüoient des tragédies s’exerçoient des années entieres avant que de monter sur le théatre. […] Apulée nous apprend encore que les acteurs de tragédie déclamoient tous les jours quelque chose, afin que leurs organes ne s’enroüillassent pas, pour ainsi dire.

212. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

D’ailleurs ils parlent au lieu d’agir. « Cinna, Pompée ne sont point des tragédies, mais de longs discours sur la raison d’État, et Polyeucte, en matière de religion, est aussi solennel qu’un long point d’orgue dans un motet. […] Je prends l’une de ces tragédies, fort célèbre alors, l’Amour tyrannique ou la Royale Martyre. […] Telle est cette tragédie, qui se dit française, et la plupart des autres sont semblables. […] Dryden veut mettre dans son théâtre les beautés de la tragédie française, et d’abord la noblesse des sentiments ; Est-ce assez de copier, comme il fait, des phrases chevaleresques ? […] Sa rime, pour les oreilles d’un Anglais, écarte à l’instant toute illusion théâtrale ; on sent que les personnages qui parlent ainsi sont des mannequins sonores ; il avoue lui-même que sa tragédie héroïque ne fait que mettre en scène des poëmes chevaleresques comme ceux de l’Arioste et de Spenser.

213. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

Ce roman est d’ailleurs plus voisin du mélodrame que de la tragédie. […] Titania et Obéron n’ont rien à faire avec la tragédie de miss Kemble. […] Comme il eût mis dans sa tragédie toutes les tragédies que le siècle contenait, il n’y en aurait pas eu trois, mais une. […] Nous sommes maintenant en pleine tragédie. […] Dès ce moment, la tragédie n’attend plus.

214. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XIII » pp. 53-57

La quantité de tragédies grecques, romaines et bibliques, qui sortent en ce moment des portefeuilles ou qui sont sur le chantier, est innombrable. […] — Un homme d’esprit classique, mais qui l’est véritablement, et comme on l’était dans l’ancienne littérature, ayant lu la tragédie de Lucrèce, m’en faisait hier de grandes critiques ; il s’étonnait qu’on eût fait à cette pièce la réputation d’être classique comme on l’entendait de son temps ; il m’en citait des vers étranges selon lui, et d’autres qui sentent leur latinisme comme si l’auteur fût resté à moitié chemin en traduisant.

215. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Parodi, D.-Alexandre (1842-1902) »

. — Rome vaincue, tragédie en cinq actes et en vers (1873). — Séphora, poème biblique en deux actes (1877). — Le Triomphe de la paix, ode symphonique (1878). — Cris de la chair et de l’âme, poésies (1883). — La Jeunesse de François Ier , drame en cinq actes et en vers (1884). — L’Inflexible, drame en cinq actes, en prose (1884). — Le Théâtre en France : la tragédie, la comédie, le drame, les lacunes (1885)

216. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre V. Subordination et proportion des parties. — Choix et succession des idées »

C’est pour cela qu’on a dit que les beaux vers étaient la marque des mauvaises tragédies : non pas que les vers des bonnes tragédies ne soient beaux aussi, mais ce sont surtout des vers de situation, des traits de caractère, au lieu que les mauvaises tragédies ont seules ces beaux vers, qui ne sont que de beaux vers, qui ne jaillissent ni de la situation ni des caractères, qui, saisissant l’esprit et la mémoire du spectateur, le divertissent de la pièce avec laquelle ils n’ont pas de rapport nécessaire. […] Étudiez l’agencement des scènes et la distribution du dialogue dans les tragédies de Corneille et de Racine : vous verrez ce que peut produire cette habile économie.

217. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Auguste Vitu » pp. 103-115

À côté de la tragédie, il y a donc de la comédie dans l’histoire, puisqu’il y en a dans l’humanité, et il est des esprits essentiellement faits pour elle. […] Mais c’est là de la tragédie dans l’histoire s’il en fut jamais, et non pas de cette comédie que l’auteur d’Ombres et vieux murs a su y trouver, et qu’il y a mise dans les trois autres morceaux historiques que nous avons signalés. […] Tout à l’heure viendront, pour le compte de l’historien lui-même, des pages de ce comique plus tuant pour la gloire de la Révolution que les tragédies les plus horribles, — car l’horrible dégrade moins que l’abject, — mais en ce moment, dominé par l’idée de la fin de cet homme taillé dans toutes les élégances de l’héroïsme français, Vitu n’a songé qu’à être pathétique.

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