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972. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Réponse à une lettre de M. Grimm » pp. 205-206

Et à tout prendre, je vois qu’il vaut encore mieux pour nos artistes qu’ils soient tombés entre mes mains qu’entre les vôtres.

973. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Restout le fils » pp. 284-285

Les originaux sont d’un prix infini, on ne fait nul cas des meilleures copies et c’est la difficulté de discerner les originaux des copies qui a fait tomber en France les tableaux italiens ; on ne dupe plus que les anglais.

974. (1912) L’art de lire « Chapitre I. Lire lentement »

Beyle lisait beaucoup des doigts, c’est-à-dire qu’il parcourait beaucoup plus qu’il ne lisait et qu’il tombait toujours sur l’endroit essentiel et curieux du livre. » Il ne faut pas penser trop de mal de cette méthode qui est celle des hommes qui sont, comme Beyle, des collectionneurs d’idées.

975. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

Cependant, encore quelques années, la ceinture tombera d’elle-même, se refusant à parer des charmes flétris. […] Elle a laissé du moins tomber le mouchoir dont il se saisit, et elle est partie pour toujours ! […] Pour un ministre en retraite, ce moment doit se trouver dans le premier jour, ou dans la première nuit qui suivent sa disgrâce… » Il faut souhaiter à tous nos ministres qui sont tombés, ou qui tomberont, de franchir en un jour, ou en une nuit, ce passage souterrain, qui, comme celui du Pausilype, doit leur rendre si vite la vue des plus beaux cieux.

976. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVe entretien. Vie de Michel-Ange (Buonarroti) »

Si vous sortez du Parthénon chrétien, le temple de Saint-Pierre de Rome, écrasé par la masse, l’immensité, la majesté, la divinité de ces édifices, véritables temples de l’infini, qui semble avoir été construit pour faire comprendre et adorer deux des attributs de Dieu, l’espace et la durée, rendus sensibles, et si vous voulez résumer en un seul nom d’homme vos impressions confuses pour reporter cette merveille à son principal auteur, c’est le nom de Michel-Ange qui tombe de vos lèvres : l’architecte de Dieu ! […] Enfin, si, en feuilletant dans les bibliothèques poudreuses du Vatican, à Rome, ou du palais Pitti, à Florence, les manuscrits du quinzième siècle, vos regards tombent sur une de ces poésies à la fois platoniques et amoureuses, où les vers, forts comme des muscles de géant, et les pensées, tendres comme des rêves de femme, respirent à la fois la virilité du buste de Brutus et la mélancolie des sonnets de Pétrarque ; et si vous demandez quel était ce poëte avec lequel la plus belle, la plus poétique et la plus chaste des femmes de son siècle, Vittoria Colonna, entretenait ce commerce de cœur et de génie qui consolait l’un de sa vieillesse, l’autre de son veuvage d’un héros ? […] Le ciseau tomba de la main de Michel-Ange. […] Elles flottaient entre une tombe et le ciel, comme des nuées du soir sur un champ des morts.

977. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Edgar Allan Poe  »

La pression de tes doigts, si doux sur mes paupières, à la longue, remplirent tout mon être d’un délire sensuel inappréciable… Tes sanglots impétueux flottaient dans mon oreille avec toutes leurs plaintives cadences… C’étaient de suaves notes musicales et rien de plus… pendant que la large et incessante pluie de larmes qui tombait sur ma face… pénétrait simplement d’extase chaque fibre de mon être… Toi seule avec ta robe blanche, ondoyante, dans quelque direction que ce fût, tu t’agitais toujours musicalement autour de moi… Et quand, approchant alors, chère Una, du lit sur lequel j’étais étendu, lu t’assis gracieusement à mon côté, souillant le parfum de tes lèvres exquises et les appuyant sur mon front, quelque chose s’éleva dans mon sein, quelque chose de tremblant, de confondu avec les sensations purement physiques engendrées par les circonstances, quelque chose d’analogue à la sensibilité même, un sentiment qui appréciait à moitié ton ardent amour et ta douleur. […] Ayant perdu dans son enfance une femme qui lui témoignait quelque affection, il passa de longues nuits couché sur cette tombe, et eut le temps, pendant ces lamentables veilles, de méditer les hideurs de la putréfaction, et de concevoir l’idée, fréquente dans ses contes, de la persistance du sentiment après la mort. […] Bedloe, on se rappelle de quelle façon équivoque celui-ci, ayant raconté que dans une vision opiacée il s’était vu tomber mort, refusa de répondre quand on lui fit remarquer qu’il venait de prouver l’inanité de son hallucination. […] À la fin l’horrible morceau tomba, avec un sinistre piaffement, juste aux pieds de Parker.

978. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Taine » pp. 305-350

Mais, enfin, cette société, certainement coupable, était-elle tombée au niveau où M.  […] Taine, — du normalien, — du rédacteur du Journal des débats, — du libre penseur, — du matérialiste, — de l’athée, — de tout ce qui, dans cet heureux moment, fait la gloire et la haute position d’un homme, — ce livre sans précédent et sans analogue, ce livre terrible, et qui tombe tout à coup sur la Révolution, quand la Révolution triomphe… J’ose même dire qu’en aucun temps pareil livre ne s’était vu. […] Et puisqu’il ne croit pas, comme nous, à l’esprit immortel de l’homme et à sa chute, l’animal qu’il a entre ses mains d’anatomiste, c’est la Bête humaine, et la Bête humaine tombée dans cet état anormal et convulsif, dans cet état d’épilepsie dégradante qui s’appelle une Révolution. […] À l’exception du seul Marat, qui tomba, lui, sous un poignard dont l’acier était pur, ils moururent tous en se souillant, les uns par les autres.

979. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

Or, on sait à quelles profondeurs tombent les choses dans ces mœurs anglaises qui semblent les garder toujours. […] Les dandys de la bande du prince de Galles (bande est bien le mot), en tentant de s’élever au-dessus de la vie, tombèrent au-dessous. […] La grâce de l’image ne devait donc pas défendre le livre de Balzac, s’il tombait sous le reproche des esprits austères, et c’est en vain que, comme Alcibiade, il avait peint un enfant sur son bouclier. […] L’interprète n’a pas toujours traduit la couleur, et le brave enfant est quelquefois tombé des griffes de l’aigle auquel il s’accrochait dans les airs.

980. (1887) Essais sur l’école romantique

S’il était le héros d’un parti, hors de ce parti il courrait risque de ne tomber qu’en des mains ennemies ou insouciantes. […] L’idéal tombe en poudre au toucher du réel. […] Le jour où une mode a pénétré en province, vous pouvez dire qu’elle est tombée à Paris. […] À cette dernière époque, Lamartine était tombé du pouvoir, et M.  […] La description, c’est le bégaiement de l’art au berceau et le radotage de l’art qui décline vers la tombe.

981. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Poésies complètes de Théodore de Banville » pp. 69-85

Viennent les crises, viennent les occasions, un conflit, l’apparition imprévue de quelque œuvre qui vous mette en demeure de choisir, de dire oui ou non sans hésiter (et il s’en est produit une en ces derniers temps)13, une œuvre qui fasse office de pierre de touche, et vous verrez, chez ceux même qui s’étaient fait des concessions et qui avaient presque l’air d’être tombés d’accord dans les intervalles, le vieil homme aussitôt se ranimer. […] C’est le même rythme dont on a dit : « Ce petit vers masculin de quatre syllabes, qui tombe à la fin de chaque stance, produit à la longue une impression mélancolique ; c’est comme un son de cloche funèbre. » Chez M. de Banville, l’impression de cette mélancolie ne va pas jusqu’au funèbre, et elle s’arrête à la douceur regrettée des pures et premières amours ; elle n’est, en quelque sorte, que le son de la cloche du village natal, et elle va rejoindre dans ma pensée l’écho de la romance de M. de Chateaubriand.

982. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Chants du crépuscule (1835) »

n’insultez jamais une femme qui tombe !  […] On le voit, rôdeur à l’œil dévorant, au sourcil visionnaire, comme Wordsworth a dit de Dante , tour à tour le long des grèves de l’Océan, dans les nefs désertes des églises au tomber du jour, ou gravissant les degrés des lugubres beffrois.

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