Voilà le point délicat où il faut se tenir. […] Je voudrais qu’en disant nos belles qualités comme peuple, à des hommes qui en sont déjà assez pénétrés, on ajoutât, en le prouvant quelquefois par des exemples, que nous avons aussi quelques défauts ; qu’en France ce qu’on a le plus, c’est l’essor et l’élan, que ce qui manque, c’est la consistance et le caractère ; que cela a manqué à la noblesse autrefois et pourrait bien manquer au peuple aujourd’hui, et qu’il faut se prémunir de ce côté et se tenir sur ses gardes. […] Ce fond général une fois posé, il serait possible d’y rattacher les morceaux qui sont d’une manière plus sobre, modérée et légère, et l’on ne serait pas forcé de se tenir, dans les citations d’histoire, aux auteurs plus tranchés qui ont le relief un peu gros, et qui, avec du feu et de la sève, ne sont pas exempts de déclamation. […] N’imitons pas les gouvernements qui ont précédé et qui trop souvent, ayant bâti une façade spécieuse, s’en tenaient là, la montraient aux Chambres et croyaient avoir tout fait.
Parmi les hommes d’État de sa création et ceux qui tenaient sous lui le second rang, c’était à qui espérerait la plus grosse partie de cet héritage. […] Pellisson demande ce qu’on dirait si on lisait un jour dans une histoire, dans une de ces relations où l’on se plaît à faire remarquer combien les grands événements tiennent souvent à de petites causes : Cette année nous manquâmes deux grands succès, non pas tant faute d’argent que par quelques formalités des finances. […] Bientôt tout poussa le jeune monarque à la perte de Fouquet : l’indignation d’être pris pour dupe, le sentiment de l’autorité souveraine, que tenait seul en échec un ministre insolent, les fiertés les plus légitimes de l’homme et du roi contre un présomptueux qui lui faisait concurrence en toutes choses. […] Il était plus vain encore que libertin, et il tenait plus à la qualité et à la difficulté qu’à l’objet même.
Un écrivain de nos jours qui s’est fait connaître avec distinction dans le genre de la biographie, M. de Loménie, professeur suppléant au Collège de France, a consacré cette année plusieurs leçons à Beaumarchais, et il a éclairé le caractère de ce personnage extraordinaire à l’aide de documents particuliers qu’il tient de la famille même. […] Duverney tint parole. […] Pour nous en tenir au simple sommaire, Beaumarchais est informé que de ses deux sœurs établies depuis longtemps en Espagne, la cadette, celle qui n’est pas mariée, a deux fois été près de l’être à un homme d’esprit, employé supérieur à Madrid, Clavico, qui deux fois a faussé sa promesse. […] Il arrive à Madrid, va trouver Clavico sans se nommer, invente un prétexte, le tâte dans la conversation, le met sur la littérature, le flatte, le prend par l’amour-propre, puis tout à coup se retourne, aborde le point délicat, pousse sa pointe, tient quelque temps le fer en suspens pour mieux l’enfoncer encore : tout ce dialogue (avec la pantomime du patient) est un chef-d’œuvre de combinaison et de conduite, et qui, à chaque instant, touche au tragique et au comique à la fois.
Boris, dès les premiers jours, a senti le danger qui tient à des causes générales et profondes. […] Un jour, Louis XIV, apostrophant le maréchal de Vivonne, lui demandait à quoi servait la lecture : « Sire, répondit Vivonne, la lecture fait à l’esprit ce que vos perdrix font à mes joues. » Vivonne les avait rebondies et vermeilles, et il tenait peut-être une perdrix à ce moment. […] Lucien, qui se moque de ces historiens prétendus poétiques, qui ont, au début, des invocations pleines d’emphase, Lucien, qui veut de la simplicité dans l’histoire, admet pourtant que le style y participe, en certaines occasions, de la poésie : « Il faut alors qu’un petit vent poétique enfle les voiles du navire, et le tienne élevé sur le sommet des flots. » Il ne veut point que la diction s’élève trop, il suffit que la pensée soit un peu plus haut que l’expression, celle-ci à pied et tenant de la main, comme en courant, l’autre qui est montée et qui devance. […] Mérimée, qui a beaucoup étudié et médité les anciens, et qui met dans ses récits historiques plus d’art qu’il n’en montre, semble s’être particulièrement préoccupé de la manière de Xénophon et de César, et, bien qu’il varie sa narration, il la tient toujours la plus voisine qu’il peut de la sobriété et de la simplicité.
Grand, bien fait et d’une belle taille s’il s’était mieux tenu, avec une figure à longs traits expressifs et fortement marqués, laquelle exprimait la bonhomie, et qui aux clairvoyants eût permis, par éclairs, de deviner de la force ou de la grandeur, il se laissa aller, durant cette première partie de sa vie en province, au hasard des compagnies et des camaraderies qu’il rencontrait. […] Mais quand La Fontaine n’était pas dans sa veine de composition, quand il était arrêté sous le charme auprès de quelqu’une de ces femmes spirituelles et belles qu’il a célébrées et qui savaient l’agacer avec grâce, quand il voulait plaire enfin, tenez pour assuré qu’il avait tout ce qu’il faut pour y réussir, au moins en causant. […] Toutes les fois qu’il a eu à parler des maîtres de la terre et du Lion qui les représente en ses Fables, La Fontaine a marqué qu’il n’était point séduit ni ébloui, et l’on a raconté à ce sujet une anecdote que je veux mettre ici parce qu’elle est moins connue que d’autres ; elle est, d’ailleurs, très authentique et vient de Brossette, qui la tenait de la bouche de Boileau : M. […] [NdA] Pour clore ce VIIe volume des Causeries selon la division que j’ai adoptée dans les volumes précédents, je devrais y faire entrer encore un article appartenant au semestre ; mais cet article étant le premier des trois que j’ai faits sur Bernis, j’ai dû le réserver pour le VIIIe volume ; et je donnerai ici, pour en tenir lieu, quelques pages sur La Fontaine dans lesquelles j’ai examiné une opinion singulière de M. de Lamartine.
Il en est une autre, qui tient au sujet grandiose de son livre et à ce titre, qui, d’un mot, d’un seul mot de trois lettres : « la Mer ! […] le poisson étant, comme je l’ai dit, la plus grande préoccupation du naturaliste, qui tient bon encore dans Michelet au milieu de toutes les idées modernes de l’homme d’application qui l’envahissent et le ravissent ; car Michelet est ravi. […] Or, si les idées de Maury ont une valeur quelconque, elles ne l’ont qu’en vertu de certains faits et de certains raisonnements que je voudrais connaître, et je lirai bien Maury sans Michelet, qui n’y ajoute point et qui ne le juge pas ; qui s’en tient aux résultats et aux nouvelles. […] Mettez pour les puissantes, en particulier, tout ce qui tient à l’histoire des grands navigateurs : Colomb, Magellan, etc., et qui est enlevé avec une supériorité décidée ; et pour les charmantes, mettez le chapitre sur le corail, que l’auteur appelle, comme en Orient, la Fleur du sang, et le chapitre sur la perle, qui, tous les deux, sont aussi beaux à mes yeux que des vers de Henri Heine et de Goethe.
Sainte-Beuve aurait pu s’en tenir « aux parfums oubliés » ; cela suffisait. […] L’auteur nous a mis en droit de tenir pour vraie toute cette partie de son récit, comme la première. […] Pour ces points-là, vous les eussiez vus se tenir à l’écart et s’enfermer dans une réserve polie. […] Les lois de Képler tiendraient sur « un bout de papier » ; la loi d’amour doit y tenir aussi. […] Quoique aussi vieilles que le monde, ces théories ne se doivent point tenir pour battues.
Il avait été aussi désigné par la famille pour tenir un des cordons du poêle. […] À quoi cela tient-il ? […] Chacun tient pour quelqu’un. […] … Tenez, une chose m’afflige… Lorsque, dans un journal français on parle de M. […] Mais les écrivains novateurs tinrent bon.
Mais elle se tint encore debout, quoiqu’elle montrât des signes de désordre mental. […] … Tenez ! […] … Et tenez, ce que je ne puis croire, c’est qu’il y ait des pauvres qui envient les riches ! […] … Personne ne le tient. […] Il ne tient plus qu’à lui de finir ses jours dans le repos et dans le bonheur.
La définition, c’est le sac de farine comprimée et qui tient dans un dé. […] D’abord, il faut écarter la honte, et tenir pour indifférentes les injures. […] Tout cela se tient et ne fait qu’un. […] Sommes-nous tenus de suivre toujours la plus sûre et la plus probable ? […] Sans aller jusque-là (quoique cela soit permis et logique), on doit s’en tenir au doute.
Jusque-là don Juan est assez clair, et son personnage se tient. […] Je n’y tiens pas et je le remplace par des équivalents. […] Lahirel ne peut se tenir de la décacheter. […] Tenez, c’est trop gentil, il faut que je vous embrasse ! […] Leurs scènes alternent régulièrement, mais ne se tiennent point.