Quoi, après ce chef-d’œuvre, l’Homme, Il (ou Elle, selon le mot nul que l’on suppose) s’est abaissé à faire l’oiseau ! […] Elle suppose la parité des émotions en des hommes d’une catégorie physiologique différente. […] Mais ces sons, malgré leur importance, malgré leur valeur d’utilité et de représentation, on peut les supposer d’abord presque aussi fugitifs que le reste du discours. […] Cette supériorité fait supposer qu’il y aura des contradictions. […] La lutte est de droit : et toute lutte suppose des alternatives de vainqueurs et de vaincus.
Ils avaient enfin l’usage de quelques arts que nous avons perdus10, et qui supposent une industrie perfectionnée. […] Racine et Boileau, tout courtisans qu’on les suppose, adressaient des vers et des éloges à cet illustre opprimé, et même ils osaient les lire devant le monarque, dont la grande âme pardonnait cette noble franchise. […] Enfin, à son départ, on lui fait de riches présents, si mince qu’ait paru d’abord son équipage ; car on suppose que c’est un Dieu qui vient, ainsi déguisé, surprendre le cœur des rois, ou un homme malheureux, et par conséquent le favori de Jupiter. […] « On ne peut guère supposer que des hommes aussi sensibles que les anciens, aient manqué d’yeux pour voir la nature, et de talent pour la peindre : il faut donc que quelque cause puissante les ait aveuglés. […] L’auteur de ce cours fut, comme Quintilien, orateur avant d’être critique : ses discours, si on les comparera ceux de Thomas, n’ont pas le même appareil ; on y trouve moins de cette dignité qui cherche l’admiration ; ils supposent des études moins vastes et des veilles moins laborieuses.
Si l’on y regarde de plus près, et si l’on éclaire son commentaire souvent répété de la phrase de Rousseau par une page où il décrit la première éducation de l’enfant civilisé33, on voit qu’il considérait les deux langages comme d’ordinaire simultanés : quand l’esprit s’attache à des objets qui ne tombent pas sous les sens, alors seulement « l’imagination s’arrête » comme dit Rousseau, et le mot intérieur reste seul pour accompagner l’idée ; or le cas contraire est très rare, sauf dans la première enfance, car les idées générales, alors même que leurs objets font partie de la nature visible, impliquent l’activité de l’entendement et supposent la conception de rapports purement intellectuels34 ; la parole intérieure, accompagnée ou non d’images, doit donc être presque constante, du moins à partir de l’adolescence. […] — Toute idée supposant le langage, et l’invention du langage supposant l’intention, c’est-à-dire l’idée de l’inventer, l’idée d’inventer le langage suppose la possession du langage ; donc le langage n’a pu être inventé ; puisqu’il est, il a dû nous être révélé, donné par Dieu57. — Diverses circonstances ont accru et varié le langage des différents peuples58 ; l’élément primitif et nécessairement révélé du langage universel est le verbe59. […] On peut accorder à Bonald que toutes les idées, l’idée même du moi, bien plus, que « la production du moi », supposent « un langage quelconque » ; mais un langage, pour Maine de Biran, ce n’est pas une suite de sons, c’est un mouvement musculaire voulu63. […] Mais, comme les différentes questions relatives à la parole intérieure se supposent souvent les unes les autres, nous avons été amenés plus d’une fois à faire des excursions dans les problèmes dont nous avions ajourné l’examen : la loi, par exemple, déjà posée au début du premier chapitre, se trouve affirmée de nouveau dans le chapitre VI, § 8, et plusieurs des problèmes compris sous ce chef sont alors sommairement résolus ; plusieurs considérations sur la genèse et les causes de la parole intérieure se trouvent dans le chapitre II, § 6, et à la fin du chapitre IV ; enfin nous avons dû faire de temps à autre des allusions à l’état de la parole intérieure dans la distraction et pendant le sommeil.
Raspail supposait que Mme Valmore était Flamande d’au-delà de la frontière, et née en Belgique ; il ne savait pas qu’elle était de Douai.
La comparaison jusqu’ici est fort belle, mais elle n’est juste encore que si l’on suppose la critique, dans toute sa profondeur et sa continuité, s’appliquant aux grands monuments des âges anciens.
L’homme de lettres, alors qu’il vit dans un pays où le patriotisme des citoyens ne peut jamais être qu’un sentiment stérile, est, pour ainsi dire, obligé de se supposer des passions pour les peindre, de s’exciter à l’émotion pour en saisir les effets, de se modifier pour écrire, et de se placer, s’il se peut, en dehors de lui-même pour examiner quel parti littéraire il peut tirer de ses opinions et de ses sentiments.
Vainement les goûts se modifient, les inclinations changent ainsi que le caractère ; il faut rester la même puisqu’on vous croit la même ; il faut tâcher d’avoir quelques succès nouveaux puisqu’on vous hait encore pour les succès passés ; il faut traîner cette chaîne des souvenirs de vos premières années, des jugements qu’on a portés sur vous, de l’existence enfin telle qu’on vous la suppose, telle qu’on croit que vous la voulez.
Le propre ici de la préciosité consiste à ne concevoir d’autre supériorité dans l’usage des mots que de détourner ou de compliquer l’expression : ce qui suppose la subtilité de l’esprit et chez celui qui parle et chez celui qui écoute.
Se regarder vivre est bon ; mais, après qu’on s’est regardé, fixer sur le papier ce qu’on a vu, s’expliquer, se commenter (à moins d’y mettre l’adorable bonne grâce et le détachement de Montaigne) ; se mirer longuement chaque soir, commencer ce travail à dix-huit ans et le continuer toute sa vie… cela suppose une manie de constatation, si je puis dire, un manque de paresse, d’abandon et d’insouciance, un goût de la vie, une énergie de volonté et d’orgueil, qui me dépassent infiniment.
D’invention, il n’a pas la moindre originalité, et, socialement, il ne suppose aucun courage.
Comment, n’allant presque jamais au théâtre, depuis qu’après un an d’expérience quotidienne, poursuivie par devoir ou plutôt par métier, en 1888, je reconnus dès 1889 que, plus ça changeait plus c’était la même chose, que, si aux reprises du Courrier de Lyon, le régisseur, je suppose, a l’attention gracieuse de rafraîchir les scènes les plus défraîchies, pour les vaudevilles d’usage courant on néglige même ce soin ingénu, qu’on change, il est vrai sur l’affiche Boucheron en Burani, et dans la pièce Molinchart en Dupotard, mais que ces corrections nominales ne font différer en rien les produits nouveaux de l’invariable étalon déposé dans les prisons où le Palais-Royal fait travailler, — comment, avec ce parti pris évident d’indifférence aux manifestations, dramatiques, viens-je, en personnage de prologue, improviser sur cette scène mon petit solo de rhétorique ?