Les exilés, gens d’esprit, écrivains, qui sortent de leur pays pour n’y plus rentrer et qui vivent encore longtemps, représentent parfaitement l’état du goût et la façon, le ton de société ou de littérature qui régnaient au moment de leur sortie. […] Giraud nous permet de lire de suite les morceaux les plus agréables sortis de sa plume sans avoir à les chercher dans le pêle-mêle de ses œuvres. […] Il parle souvent de ce dernier passage, tout en étant d’avis qu’il faut le couler le plus insensiblement qu’il se peut : « Si je fais un long discours sur la mort, après avoir dit que la méditation en était fâcheuse, c’est qu’il est comme impossible de ne faire pas quelque réflexion sur une chose si naturelle ; il y aurait même de la mollesse à n’oser jamais y penser… — Du reste, il faut aller insensiblement où tant d’honnêtes gens sont allés devant nous, et où nous serons suivis de tant d’autres. » Il professe la théorie du divertissement, ou du moins il ne semble en rien en blâmer l’usage : « Pour vivre heureux, il faut faire peu de réflexion sur la vie, mais sortir souvent comme hors de soi ; et, parmi les plaisirs que fournissent les choses étrangères, se dérober la connaissance de ses propres maux. » Il se plaint par moments du trop ou du trop peu de l’homme, ou plutôt il s’en étonne comme d’une bizarrerie, mais sans en gémir avec la tendresse et l’anxiété qu’y mettra l’auteur des Pensées. […] Il ne faut pas demander aux hommes de ce temps-là une critique historique bien profonde en ce qui concerne l’Antiquité : il y a bien loin, comme l’on peut penser, de Saint-Évremond à Niebuhr et à Monvnsen ; mais, au sortir des doctes élucubrations du xvie siècle, et en se débarrassant du matériel de l’érudition et des questions de grammaire, il y eut alors quelques hommes de sens qui raisonnèrent à merveille sur les données générales qu’on avait à sa portée et sous la main : on dissertait volontiers sur le caractère des Romains et des Grecs, sur le génie de César et d’Alexandre. […] « La duchesse, au désespoir, se servit de son crédit auprès du roi Guillaume pour faire sortir sa fille d’Angleterre, et, en effet, celle-ci fut obligée de se retirer en Hollande ; mais la duchesse n’y gagna rien, car le duc d’Albemarle suivit aussitôt la duchesse de Richelieu.
Il ne cherchait qu’une porte pour sortir : la mort du duc d’Enghien lui en offrait une, belle et magnifique, une sortie éclatante, comme il les aimait ; il n’y résista pas, et, le lendemain de cette démission, il se trouva, on peut l’affirmer, bien autrement royaliste qu’il ne l’avait jamais été jusque-là. […] Les chevaliers eux-mêmes, s’ils sortaient aujourd’hui de leurs tombeaux, suivraient la lumière de notre siècle. […] Que de fois il nous a rappelé ce vers, qui semble fait pour lui à la lettre : Le vicomte indigné sortait au second acte ! Ici, il voulait sortir dès le premier. […] À dater de ce jour, il rentra dans l’opposition, pour n’en plus sortir qu’un moment, pendant le court ministère de M. de Martignac.
Le mieux est de faire sortir des rangs (et pris aux quatre coins de la France) quelques-uns d’eux, et qu’ils parlent, qu’ils nous laissent saisir sur leur visage même, sans intermédiaire, leur bonne volonté prodigieuse et leur accord profond avec le sacrifice que réclame la patrie. […] Il faut que tu puisses remplacer alors un des soldats morts pour la patrie… (Lettres communiquées Léo Latil, fils d’un médecin d’Aix-en-Provence, sergent au 67e d’infanterie, qui va mourir pour la France à vingt-quatre ans, écrit à sa famille : Les sacrifices seront bien doux, si nous avons une victoire bien glorieuse et s’il y a plus de lumière pour les âmes ; si la vérité en sort plus claire, plus aimée… Il ne faut pas perdre de vue que nous allons nous battre pour de grandes choses, pour les plus grandes choses. […] On peut sortir des trous et des cagnas de feuillage ; on se lave aux sources claires ; les taubes ne vous voient pas. […] Si enfin vous apprenez que je suis tombé au champ d’honneur, faites sortir de votre cœur, ma chère J… les mots qui consolent. […] Acceptation du sacrifice, sentiment d’une haute présence à côté d’eux, les voilà le plus souvent, et s’il fallait une image pour les symboliser, je n’en vois pas de plus vraie que celle qui sort d’une phrase que Bernard Lavergne, le treizième enfant du peintre verrier Claudius Lavergne, écrit à sa famille : « … Ce soir, départ pour la tranchée.
lorsque tu sortais de Séir et que tu t’avançais des campagnes d’Idumée, la terre a tressailli, les cieux ont pleuré, les nuages se sont fondus en eaux, les montagnes ont disparu devant la face de Jéhovah, et le Sinaï lui-même, devant la face de Jéhovah, Dieu d’Israël. » « Jéhovah, j’ai entendu ton message, et j’ai tremblé. […] Dieu est sorti de Canaan, et le Saint s’est avancé des monts Paranéens ; sa gloire a voilé les cieux, et la terre a été inondée de sa lumière. » Tel était le langage que le zèle de la religion, l’amour de la patrie, la joie de la victoire et de la délivrance, mettaient dans la bouche d’une femme, chez ce petit peuple hébreu, encore presque ignoré du monde qu’il devait renouveler. […] Nul doute qu’une éducation à part, la plus sévère, la plus abstinente, la plus morale, la plus poétique, préparait ces hommes ; et, si quelquefois le même don de sagesse et d’enthousiasme, que l’éducation développait en eux, se trouvait ailleurs perdu et comme enfoui dans une existence grossière, là encore parfois il s’éveillait, sous quelque coup du sort et quelque ressentiment des maux de la patrie, comme nous l’atteste l’exemple du prophète Amos, enlevé à ses travaux rustiques pour avertir un roi corrompu d’Israël et protester contre l’idolâtrie de Damas et le schisme de Samarie. […] Les terribles guerres civiles d’où sortirent la réforme et la grandeur de l’Europe, s’entretenaient aux sources de cette parole biblique dont le Psalmiste et les prophètes sont les coryphées ; et l’imagination des chrétiens d’Europe et d’Amérique en garda longtemps le rayon et l’empreinte. […] Ainsi les prophètes hébreux, sous des tortures plus atroces, rencontraient déjà le sort réservé plus tard aux orateurs d’Athènes.
— Alea jacta est, le sort eu est jeté, s’est écrié Lamartine. […] Mes amis, et je m’adressai aussi haut que possible, s’intéressèrent au sort du jeune homme. […] Champfleury dans l’effort qu’il a fait pour sortir du territoire de la bohème. […] Alors un aveu sort de la bouche du mourant. […] Cependant nous voyons les Petites Sœurs des pauvres sortir de tous les rangs de la soci
Les petites mains fluettes sortent de grandes manches en étoffe d’or et d’argent mêlée de rouge et de vert. […] Saint-Simon en cite un qui depuis dix ans ne voulait pas sortir de son lit. […] Nous sortîmes sans parler, l’un à côté de l’autre. […] Les peupliers sortaient tout noirs de la clarté nocturne ; eux aussi, ils reposaient, enveloppés par la bienveillance universelle de l’air moite, aspirant la fraîcheur qui sortait en voiles blancs de toute la plaine. […] La pleine lumière du jour les enveloppe ; la force du soleil fait sortir, de leurs vieux membres, une senteur d’aromates.
Elle fait sa déclaration en défaillant presque… et Chabreuil prend son bras, et nous ne sortons pas trop inquiets, en somme, du sort de l’héroïque fille. […] Tout à coup, un homme sort d’une chapelle. […] Nous tournons dans un cercle, nous n’en sortirons point. […] La vraie béatitude c’est de sortir de soi. Or, le comédien en sort tous les jours.
Vous verrez apparaître un petit Breton qui, sorti de l’Église, est aussi énergique dans sa négation de fraîche date qu’il a pu l’être dans sa foi. […] On ne sortirait pas de ce doute, si l’on s’en tenait à une conception étroite de la vie humaine. […] De même, avant Jésus la pensée religieuse avait traversé bien des révolutions ; depuis Jésus elle a fait de grandes conquêtes ; on n’est pas sorti, cependant, on ne sortira pat de la notion essentielle que Jésus a créée : il a fixé pour toujours la manière dont il faut concevoir le culte pur. […] C’est là un cercle vicieux dont aucun dialecticien ne sortira jamais qu’en se réfugiant dans un spiritualisme de pacotille et en remplaçant les raisonnements par des mots creux. […] Ils ne sortiront guère de l’empirisme A côté de ceux-là sont venus se ranger des esprits peut-être moins originaux, moins créateurs, mais plus philosophiques.
« Elle sortit du lit et fit les deux ablutions de l’âme et du corps, sa prière et sa toilette. […] « Les plates-bandes acceptaient la royauté légitime des lis ; le plus auguste des parfums, c’est celui qui sort de la blancheur. […] Les bouquets venaient de se laver ; tous les velours, tous les satins, tous les vernis, tous les ors, qui sortent de la terre sous forme de fleurs, étaient irréprochables. […] Ce père et ce fils sortaient sans doute d’une de ces maisons-là. […] « L’utopie d’ailleurs, convenons-en, sort de sa sphère radieuse en faisant la guerre.
(Il sort.) […] (Elle sort.) […] C’est ainsi qu’au sortir d’une profonde éclipse, l’astre brillant des nuits retrouve de nouveau sa chère Rohini, et qu’ils confondent ensemble leurs rayons argentés. […] Quant à Bavahbouti, majestueux, grand, élevé comme ces forêts du Gondwana, dont l’ombre terrible se balança sur son berceau, vous le diriez sorti des mains de la nature, comme le Moïse de Michel-Ange s’élança de la pensée du sculpteur. […] » La scène s’évanouit après ces paroles, et le peuple édifié sort du spectacle comme d’un temple, où le plaisir même sert de mobile à la religion et à la vertu.
» Tel est le sort de l’homme de travail. […] À peine avez-vous respiré quelques vagues d’air respirable qu’on appelle vie, à peine avez-vous pris l’habitude de cet inexplicable mystère appelé l’existence, à peine vous êtes-vous attaché, par l’habitude, à cette existence, comme le malade finit par s’attacher même à son lit de douleur en s’y retournant, qu’il faut penser à en sortir. […] L’homme pourrait faire un pacte avec son sort ; il pourrait finir peut-être par s’accommoder avec son néant ; il connaîtrait son ennemi, il le verrait en face ; la mort serait toujours un abîme, mais elle ne serait pas un piège ; en s’en rapprochant pas à pas, on pourrait s’y accoutumer ; en lui enlevant son imprévu, la nature lui enlèverait la moitié de ses terreurs. […] Entre l’Arabe et nous le sort tient l’équilibre ; Nos malheurs sont égaux… mais son malheur est libre ! […] Père et mère à toi seul, et seul né sans ancêtre, D’où sort sans t’épuiser la mer sans fond de l’Être, Et dans qui rentre en toi jamais moins, toujours plus, L’Être au flux éternel, à l’éternel reflux !