Songez qu’Hippolyte Rigault appartenait à la bourgeoise maison des Débats. […] À vrai dire, ils n’y songèrent pas. […] Songez que la mobilité se trouve en nous autant que hors de nous. […] Souvent, sans qu’il y songe, sa pensée se formule en un raccourci d’aphorisme qui mériterait la mise en vedette du paragraphe. […] Songez que M. de Fontenelle n’avait pas coutume de dormir dans des galetas.
D’ailleurs, il n’y songea pas, sans doute. […] … Je n’y songeais pas… Je n’aime pas à y songer… Je suis un ironiste, c’est vrai ! […] Il songeait à d’impossibles cataclysmes. […] Il songeait maintenant à Albin Valabrègue. […] Songez donc !
Il connaissait particulièrement bien l’Italie et songea même un instant à lui consacrer un ouvrage étendu. […] Il était en dehors et au-dessus des partis ; il ne songeait qu’à la France et à la science. […] Il est, de tous nos grands écrivains, celui dont les procédés descriptifs font le plus songer à ceux de la peinture. […] Élevé dans le catholicisme, vivant en pays catholique, Michelet n’a songé au christianisme que sous la forme du catholicisme. […] Il veut une éducation qui songe au sujet, à l’homme, au lieu de ne songer qu’à un des objets de l’enseignement, à la science.
Anatole France, songe avant tout au charme des idées, observe leurs jeux capricieux comme un rêveur suit le vol des nuages et en compose de merveilleuses symphonies. […] Zola n’a-t-il pas assez songé à toutes ces choses, ou, s’il y a songé, les a-t-il repoussées avec le beau dédain que les hommes de sa génération ont professé pour tout ce qui sortait du « positif ». […] Elle a jugé qu’il suffisait d’étudier les faits en eux-mêmes et que leur sens importait peu ; quant aux problèmes de l’au-delà, elle n’a pas même songé à les poser. […] On n’y songe pas assez ; on lui en veut trop de sa sévérité maussade, de ses jugements cassants, de ses violences, de ses partis pris. […] L’ayant observé, non en diplomate qui ne songe qu’à faire sa carrière, maison penseur, il y a pris un intérêt passionné.
— Y songez-vous ? […] C’est si facile d’avoir l’air de « penser » aux choses sérieuses, lorsqu’on songe gravement à la dernière opérette des Bouffes ou aux dernières productions de la librairie pornographique. […] En la voyant si jolie, si menue, si fragile, on songe à ces « autels portatifs » que René le Victorieux, duc de Lorraine, emportait dans ses camps et dressait au milieu de ses armées. […] Tant qu’il vivra, il songera aux razzias des uhlans, à l’incendie de Strasbourg, à la mutilation de la frontière, au deuil inoubliable des Alsaciens. […] On songe ici, involontairement, aux nombreux mariages mixtes dont Loti, sous des latitudes diverses, nous a raconté les péripéties.
Songer à lui, le convoiter, le chercher, croire le trouver en soi, c’est en avoir. […] Il est très clair qu’Élisabeth aime André, mais celui-ci n’y songe guère, étonné de sentir se fermer peu à peu la blessure de son cœur. […] Le Songe de l’amour. — 1889. […] C’est ici que commence le roman, roman plein d’une poésie réelle, qui, sans leur ressembler, fait songer aux nouvelles de Musset et de Murger. […] Aspirations, Histoire du bonheur, Réveil, telles sont les trois divisions du Songe de l’amour.
Apparemment Balzac ici ne songeait guère à ce détail de pathologie ; mais l’inspiration est une divination. […] Dès qu’on se sent compris comme ouvrier dans une grande œuvre, on ne songe plus à soi, mais à l’œuvre. […] Songez que trente ans auparavant la nouvelle religion n’avait que six adeptes. […] Bref, tout dans son âme est songe et fumée, tout dans son corps passe et fuit ; sa vie est une guerre et le séjour d’un hôte ; sa gloire après le tombeau, un oubli. […] Un laboureur, étant enlacé par un serpent, saisissait son aiguillon pour se défendre, lorsqu’il songea qu’il est défendu de tuer, et lâcha son arme.
Après ce qu’il a fait, M. de Musset est resté modeste, à le juger du moins sur ses paroles ; il ne s’exagère point la grandeur de son œuvre, il s’en dissimule trop peut-être le côté délicieux et captivant ; peu soucieux de l’avenir, il dit pour toute préface au lecteur : Ce livre est toute ma jeunesse ; Je l’ai fait sans presque y songer.
Songez bien que les Rois sont, à la vérité, les plus remarquables personnes de l’Histoire, mais que les grands changemens en sont le véritable sujet ; que, comme souvent un Ministre, & quelquefois une femme, y a plus de part que les Rois, on est obligé, en plusieurs endroits, de donner plus de place & de relief à ce qu’a fait ce Ministre, ou cette femme, qu’à ce que le Roi de leur temps a fait.
De Vaines et Suard ; les mêmes personnes qui, plus tard, la plaignaient si charitablement d’être devenue journaliste, purent la faire quelquefois sourire ironiquement par leurs conseils empressés et vains. « Beaucoup d’amis à compter, disait-elle, sans pouvoir y compter ; beaucoup d’argent à manier, sans pouvoir en garder ; beaucoup de dettes, pas de créances ; beaucoup d’affaires qui ne vous rapportent rien. » Elle songeait probablement dans ces derniers mots à ses propres embarras domestiques, à cette fortune de plusieurs millions, entièrement détruite, qu’elle sut arranger, liquider comme on dit, sans en rien sauver que la satisfaction de ne rien devoir. […] Dès les premiers feuilletons du Publiciste, à la date de floréal an X, sous le titre de Pensées détachées, s’en trouvent quelques-unes du cachet le plus net, du tour le mieux creusé, — très-fines à la fois et très-étendues, très-piquantes et très-générales ; par exemple : « Un mot spirituel n’a de mérite pour nous que lorsqu’il nous présente une idée que nous n’avions pas conçue ; et un mot de sensibilité, lorsqu’il nous retrace un sentiment que nous avons éprouvé : c’est la différence d’une nouvelle connaissance à un ancien ami. » Et cette autre : « La gloire est le superflu de l’honneur ; et, comme toute autre espèce de superflu, celui-là s’acquiert souvent aux dépens du nécessaire. — L’honneur est moins sévère que la vertu ; la gloire est plus facile à contenter que l’honneur : c’est que, plus un homme nous éblouit par sa libéralité, moins nous songeons à demander s’il a payé ses dettes. » Elle entre à tout moment dans le vrai par le paradoxal, dans le sensé par le piquant, par la pointe pour ainsi dire ; il y a du Sénèque dans cette première allure de son esprit, du Sénèque avec bien moins d’imagination et de couleur, mais avec bien plus de sûreté au fond et de justesse : une sorte d’humeur y donne l’accent. […] S’ils connaissaient comme moi les graves intérêts qu’il faut ménager, les importantes considérations dont il faut s’occuper, et les risibles griefs auxquels il faut répondre, et les hommages bien plus risibles qu’il faut recevoir, et tout ce tracas de petites passions dont la solitude d’une femme n’empêche pas que le bruit ne parvienne jusqu’à elle ; s’ils voyaient au milieu de tout cela un travail sans attrait pour l’esprit et sans dédommagement pour l’amour-propre, alors je leur permettrais de dire ce qu’ils en pensent et de penser, si cela leur convenait, que je l’ai entrepris pour mon plaisir. — Qu’ils ne songent pourtant pas à m’en plaindre, cela serait aussi déraisonnable que de m’en blâmer : « Ce que j’ai fait, Abner, j’ai cru le devoir faire ; je le crois encore et ne vois pas de raison pour m’affliger maintenant des inconvénients que j’ai prévus d’abord sans m’en effrayer. […] De tout temps elle a moins songé à décrire, à peindre ce qu’elle sentait, qu’à exprimer ce qu’elle pensait.
Les élèves de César Franck s’interrompent de louer Bach pour ne plus songer qu’au Parsifal ; les élèves de Saint-Saëns ne songent pas à railler des pasticheurs de Wagner ; et un ami de Benjamin Godard accepte sans trop s’irriter qu’un rédacteur de la Revue wagnérienne lui expose la haute philosophie et la religion du maître, le » néo-christianisme » … Mais voici que, dans un grand brouhaha, se complimentent, grasseyent, s’effacent, se saluent, s’emmêlent les simples amateurs, les wagnériens selon la mode : cavaliers élégants, mondaines, docteurs très répandus, belles juives, flâneurs cosmopolites. […] L’anticipation — une « préminiscence » comme dans Euryanthe 85 — du thème de la Marche du Sacre du Prophète : « Le voilà le Roi Prophète » du quatrième acte dans le récit du Songe, est d’un effet des plus ingénieux, de même que le retour, dans les violoncelles, de la Pastorale du second acte dans la scène de la tente, devant Munster : « Je veux revoir ma mère chérie », L’emploi du Psaume latin rappelle, comme motif caractéristique des trois Anabaptistes, celui du choral de Luther dans le rôle de Marcel. […] de même que, dans la Walkirie, celui du songe de Sieglinde, au deuxième acte (retour, dans les violoncelles en sourdine, de la mélodie du chant d’amour du premier acte).