Le soleil vient de se lever : les armées sont en présence ; les bannières se déroulent aux vents ; les plumes flottent sur les casques ; les habits, les franges, les harnais, les armes, les couleurs, l’or et le fer, étincellent aux premiers feux du jour.
Son tableau répresente le moment où la nature s’émut d’horreur à la mort du créateur ; le moment où le soleil s’éclipsa sans l’interposition de la lune, et où les morts sortirent de leurs sepulchres.
Mon compagnon de promenades connaissait supérieurement la topographie du pays, les heures favorables à chaque scène champêtre, l’endroit qu’il fallait voir le matin ; celui qui recevait son intérêt et ses charmes, ou du soleil levant ou du soleil couchant, l’asyle qui nous prêterait de la fraîcheur et de l’ombre pendant les heures brûlantes de la journée. […] Il est vrai que j’ai peu d’espace à traverser pour éviter l’ardeur du soleil et pour voyager dans l’ombre, car la lumière vient d’au-delà de la chaîne de montagnes dont j’occupe le sommet, et qui forment avec celles que j’ai quittées un amphithéâtre en entonnoir dont le bord le plus éloigné rompu, brisé, est remplacé par la fabrique de bois qui unit les cimes des deux chaînes de montagnes. […] … mais les rois, mais Dieu, qui est le seul de son espèce… le soleil qui touchait à son horizon disparut, la mer prit tout à coup un aspect plus sombre et plus solennel. […] Il y avait près d’une heure que nous marchions en silence à travers les détours d’une longue forêt qui nous dérobait à l’ardeur du soleil, lorsque tout à coup je me trouvai placé en face du paysage qui suit. […] De toute la scène de Vernet, ne laissez appercevoir que les pêcheurs placés sur la langue de terre, ou que la touffe d’arbres à gauche plongés dans la demi-teinte ou éclairés de la lumière du soleil couchant qui vient du fond, et vous direz : voilà Vernet ; Loutherbourg n’en sait pas encore jusques là.
Tels l’aspect des lieux, le climat, les conditions politiques ou sociales… Quelle influence ont exercée sur le génie des Grecs leur soleil, leurs lignes d’horizon et les découpures de leurs côtes ; sur les Anglais, leurs brumes ; sur les Italiens, encore leur soleil ! […] Malgré les coups de soleil provençal qui traversent son style, Joseph de Maistre est un Savoyard authentique. […] Il se promène avec son frère, sous la splendeur du soleil couchant, parmi les javelles de cette journée de moisson. […] Il a, comme Jules de Goncourt le lui écrivait, « des phrases de lumière, des pages de soleil », d’un soleil qui brûle. […] Une bouffée d’air tiède par une croisée entrouverte, un rayon de soleil filtré sur un livre, lui donnaient des visions de prés et de bois.
« Mais ta vie était alors avec les astres et avec la mer, audacieux enfant de Ligurie, quand au delà des Colonnes d’Hercule, et par de là les rivages où l’on croyait sur le soir entendre frémir l’onde au plonger du soleil, te confiant aux flots infinis, tu retrouvas le rayon de ce soleil qu’on croyait tombé et le jour qui naît quand pour nous il a disparu. […] « Tu naissais cependant aux doux songes, et le premier soleil te donnait en plein dans le regard, ô Chantre aimable des armes et des amours… » Je m’arrête, mais on comprend tout ce que va gagner en poésie et en fraîcheur ce portrait de l’Arioste venant aussitôt après les teintes sévères de la réalité. […] Moi, pendant ce temps-là, je m’en vais comme en deuil Par ce côté désert, évitant qu’on me voie, Ajournant à plus tard tout plaisir, toute joie ; Et derrière les monts, dans les airs transparents, Le soleil m’éblouit de ses rayons mourants, Et d’un dernier regard il semble aussi me dire Que l’heureuse jeunesse avec lui se retire. […] Et toutefois, vous collines et coteaux, vous ne resterez pas longtemps plongés dans l’ombre, vous retrouverez tout à l’heure, de l’autre côté de l’horizon, une aube nouvelle, suivie d’un radieux soleil ; et il ajoutait : « Mais la vie mortelle, du moment que la belle jeunesse a disparu, ne se colore plus jamais d’une autre lumière ni d’une autre aurore ; elle est veuve jusqu’à la fin, et, à cette nuit qui obscurcit tous les autres âges, les Dieux n’ont mis pour terme que le tombeau. » Ma la vita mortal, poi che la bella Giovinezza spari, non si colora D’altra luce giammai, nè d’altra aurora.
Il contait à Drummond qu’il était demeuré une nuit entière, « s’imaginant qu’il voyait les Carthaginois et les Romains combattre sur son orteil110. » Non que de fond il soit mélancolique ; au contraire, il aime à sortir de lui-même par la large et bruyante gaieté débridée, par la conversation abondante et variée, avec l’aide du bon vin des Canaries, dont il s’abreuve, et qui a fini par devenir pour lui une nécessité ; ces gros corps de bouchers flegmatiques ont besoin de la généreuse liqueur qui leur rend du ton, et leur tient lieu du soleil qui leur manque. […] Pourtant la céruse a un peu déteint au soleil. […] Et demain matin Je vous enverrai un parfum pour amollir Et faire transpirer ; puis je vous préparerai un bain Pour éclaircir et nettoyer l’épiderme ; en attendant Je composerai un nouveau fard excellent Qui résistera au soleil, au vent, à la pluie, Que vous pourrez appliquer avec l’haleine ou avec de l’huile, Comme vous l’aimerez mieux, et qui durera environ quatorze heures127. […] Ô fils du soleil, Plus brillant que ton père, laisse-moi te baiser Avec adoration, toi et tous ces trésors, Reliques sacrées de cette chambre bénite139. […] Je suis perdu Si le soleil levant ne brille pas sur moi.
C’est un vilain pays, de tout mon cœur, je vous le dis ; mais moi, qui suis une vieille peau de loup desséchée au soleil, j’y vivrais comme un seigneur. […] Ce qui me frappa beaucoup, c’est que le soleil, qui glissait par la claire-voie, éclairait le verre de la pendule et faisait paraître le grand cachet rouge, et les autres petits, comme les traits d’un visage au milieu du feu. […] La lune se levait à l’horizon, large comme un soleil ; la mer la coupait en deux, et devenait toute blanche comme une nappe de neige couverte de petits diamants. […] en regardant de travers du côté de la lettre. — J’attendis jusqu’au soir, au coucher du soleil. […] « La pluie tombait toujours tristement ; le ciel gris et la terre grise s’étendaient sans fin ; une sorte de lumière terne, un pâle soleil, tout mouillé, s’abaissait derrière de grands moulins qui ne tournaient pas.
En attendant que la nuit vienne, elle darde stupidement sur le soleil ses grands yeux ronds, couleur jaune d’œuf, avec une mince ligne noire cernée de vert sale, ses grands yeux ronds de hibou prévus par le poète. […] Cette crainte commune du soleil était d’autant plus caractéristique chez Charles Cros que son pays était Fabrezan, près Narbonne, où il naquit le Ier octobre 1842. […] C’est la joie de la Terre du haut du ciel, des arbres, la voix d’un oiseau me chantant dans l’éclat du soleil : Messages, messages ! […] Le lendemain matin, nous errions à travers la ville ; le soleil brillait au-dessus de nos têtes. […] Durant les services, selon la position du soleil, l’ombre de ses ailes, tombant sur l’édifice, enveloppait tendrement l’autel et le prêtre officiant.
Autour de ces grands hommes gravitent, comme les planètes autour des soleils, une foule d’écrivains remarquables, mais d’un ordre inférieur. […] Victor Hugo fit principalement la terre de ce ciel ; et comme la monarchie qu’il avait sous les yeux ne répondait pas à la grandeur de son génie, ni à son âme forte et indépendante, il remonta plus haut dans les siècles, et sa lyre se passionna pour ce Moyen-Âge dont elle voyait le reflet dans notre temps : c’était naïvement qu’elle se passionnait ainsi ; mais on aurait dit que c’était pour dorer ce reflet, ces derniers rayons presque éteints, que sa poésie essayait de rallumer le soleil du Moyen-Âge. […] Il n’y avait point de ruche où l’abeille fît son miel ; point de rocher solide où l’aigle déposât son nid : l’abeille a été entraînée par les torrents de l’air, tenant dans ses pattes le suc odorant des fleurs, qui ne s’est pas transformé en miel ; l’aigle a vécu solitaire, contemplant le soleil, sans compagne et sans nid. […] L’autre est comme un nuage fantastique voltigeant sur cet abîme : quand on le considère d’un pic élevé de montagne qui le domine, on aperçoit, à travers sa légèreté transparente, l’abîme obscur par-dessous ; et ce nuage même, avec ses formes chimériques et ses teintes lumineuses qui décomposent tous les rayons du ciel, c’est encore l’abîme qui, chauffé par le soleil, lui a donné naissance, et s’en couvre comme d’un voile diaphane, jusqu’à ce que le voile retombe en pluie froide dans le sein qui l’a produit.
Cette beauté faisant retraite avec les années, — une retraite bien lente —, et se voilant insensiblement, l’esprit avait apparu peu à peu, comme à certains jours, bien avant le soir, l’astre au front d’argent se dessine dans un ciel serein du côté opposé au soleil. […] Il se nourrissait de parfums et vivait dans la région la plus pure de l’air ; et sa brillante existence se terminait sur un bûcher de bois odoriférants, dont le soleil allumait la flamme.
» Mais c’est surtout la comparaison suivante qui, pour l’idée du moins et le jet, me semble ressaisir à merveille la grâce homérique : Parfois, quand un ruisseau, courant dans la prairie, Sépare encor d’un champ, où croît l’herbe fleurie, Un troupeau voyageur aux appétits gloutons, Laissant se consulter entre eux les vieux moutons, On voit, pour le franchir, quelque agneau moins timide Choisir en hésitant un caillou qui le ride, S’avancer, reculer, revenir en tremblant, Poser un de ses pieds sur ce pont chancelant, Et s’effrayer d’abord si cette onde bouillonne En frôlant au passage une fleur qui frissonne, Si le buisson au vent dispute un fruit vermeil, Ou si le flot s’empourpre aux adieux du soleil, Puis reprendre courage et gagner l’autre rive ; Alors tout le troupeau sur ses traces arrive ; Dans le gras pâturage il aborde vainqueur, Il s’y roule en bêlant dans les herbes en fleur, Tandis que seul au bord le berger le rappelle, Et trop tard sur ses pas lance son chien fidèle. […] Voilà donc à peu près quinze ans, terme moyen, qu’elle se développe en plein air et vit au soleil.