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2140. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

Chacun sait que toutes les dames sont folles et que, par conséquent, elles ne peuvent feindre d’être ce qu’elles sont31. » Malgré cette critique, Les Folles supposées ne laissèrent pas de se multiplier. […] Cette troupe avait en outre un acteur jouant les rôles niais, sous le nom de Jean Doucet, Franc nigaud, comme chacun sait, dit le gazetier Loret. […] « Entrant aujourd’hui en lice pour obtenir de cette célèbre université de Francolin la couronne doctorale, et n’ayant autre chose à craindre dans cette entreprise que la risée de mes auditeurs, qui pourrais-je plus à propos choisir pour protecteur que vous qui la savez changer en applaudissements ? […] — Nulle, Monsieur, lui répondis-je, à moins que de s’aider soi-même par de bonnes précautions, et Madame sait que je n’ai jamais parlé autrement à Votre Altesse Royale. — Non assurément, reprit Madame. — Mais ne m’aviez-vous pas dit, continua Monsieur, que le roi ne viendrait pas à Paris sans prendre des mesures avec moi ? […] Vous attendez, après cela, ou une grande résolution, ou du moins une grande délibération ; rien de moins, et je ne saurais mieux vous expliquer l’issue de cette conférence qu’en vous suppliant de vous ressouvenir de ce que vous avez vu quelquefois à la comédie italienne.

2141. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Le symbolisme ésotérique » pp. 91-110

Je ne sais si, comme le prétendent certains, l’homme est né sujet et réclame un maître, mais, à voir ce qui se passe, on serait tenté de croire que l’homme, né religieux, n’arrivera jamais à se passer d’idoles. […] Il est vrai que les rois vivants savent aussi emprunter, pour se défendre, le concours de la Providence. […] Ils savent que la terre n’est plus le centre de l’univers, comme l’attestait, à tort, l’Écriture. […] Stanislas de Guaita n’a pas su y résister. […] On sait que Verlaine avait ébauché un Louis XVII en vers.

2142. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre II : L’intelligence »

Il sait que chaque illustration est une preuve à l’appui de quelque forme particulière de l’association des idées ; au-dessus des faits, il voit les lois partielles ; au-dessus des lois partielles, il voit la loi générale, fondamentale, cette propriété irréductible de l’intelligence, en vertu de laquelle nos idées s’attirent et s’enchaînent. […] L’usage le plus répandu consiste, comme on le sait, à répartir les phénomènes intellectuels en classes, à séparer ceux qui diffèrent, à grouper ensemble ceux de même nature et à leur imposer un nom commun et à les attribuer à une même cause ; c’est ainsi qu’on en est arrivé à distinguer ces divers aspects de l’intelligence qu’on appelle jugement, raisonnement, abstraction, perception, etc. […] On sait par ce qui a été déjà vu, que la connaissance du monde extérieur est due aux sensations associées du toucher, de la vue et du sens musculaire. […] On sait qu’à mesure qu’un objet se rapproche, sa grandeur augmente ainsi que l’inclinaison des axes visuels. […] Tout ce qui nous est connu nous est connu en connexion avec quelque autre chose, savoir : son contraire ou sa négation.

2143. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Poésies nouvelles de M. Alfred de Musset. (Bibliothèque Charpentier, 1850.) » pp. 294-310

C’est parmi eux qu’il s’agit pour vous de se créer des amis fidèles, sincères, qui vous aiment pour vos belles qualités, non pour vos défauts ; qui ne vous admirent point par mode, et qui sauront vous défendre contre la mode un jour, quand elle tournera. […] Quand ces poèmes de Namouna et de Rolla n’avaient encore paru que dans les revues, et n’avaient pas été recueillis en volume, des étudiants en droit, en médecine, les savaient par cœur d’un bout à l’autre, et les récitaient à leurs amis, nouveaux arrivants. Plus d’un sait encore ce splendide début de Rolla, cette apostrophe au Christ, cette autre apostrophe à Voltaire (car il y a beaucoup d’apostrophes), surtout ce ravissant sommeil de la fille de quinze ans : Oh ! […] Qui sait celui qui aura le dernier mot auprès de nos neveux indifférents ? […] Le succès de son Caprice a fait honneur, je ne crains pas de le dire, au public, et a montré qu’il y a encore de l’émotion littéraire délicate pour qui sait la réveiller.

2144. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [Baudelaire.] » pp. 528-529

Vous dire que cet effet général est triste ne saurait vous étonner ; c’est ce que vous avez voulu. Vous dire que vous n’avez reculé, en rassemblant vos Fleurs, devant aucune sorte d’image et de couleur, si effrayante et affligeante qu’elle fût, vous le savez mieux que moi ; c’est ce que vous avez voulu encore. […] « Tange Chloen semel arrogantem… » Mais encore une fois, il ne s’agit pas de cela ni de compliments ; j’ai plutôt envie de gronder, et si je me promenais avec vous au bord de la mer, le long d’une falaise, sans prétendre à faire le Mentor, je tâcherais de vous donner un croc-en-jambe, mon cher ami, et de vous jeter brusquement à l’eau, pour que vous, qui savez nager, vous alliez désormais sous le soleil et en plein courant.

2145. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [Jouffroy.] » pp. 532-533

J’en donnerai un extrait à l’usage des curieux en matière de biographie littéraire et qui, une fois mis en goût sur un auteur de renom, trouvent qu’on n’en sait jamais trop : …… Peut-être ne vous sera-t-il pas indifférent d’avoir quelques détails sur la jeunesse du philosophe dont vous suiviez avec tant d’amour les leçons dans sa petite chambre de la rue du Four. […] Ces répétitions avaient lieu le plus souvent en l’absence de l’abbé et nous laissaient par conséquent pleine et entière liberté ; on en usait pour causer de tout autre chose que de la grammaire et du latin, et souvent pour composer des vers, Dieu sait quels vers ! […] Puis je manquais de confiance en lui ; sous cet air si grave et si froid, je ne sus pas reconnaître tout ce qu’il y avait de chaleur et même d’enthousiasme dans le cœur.

2146. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XLVIII » pp. 188-192

Il faut bien savoir que le fond de toutes ces discussions, qui passionnent si fort et si soudainement une Chambre et un monde qui la veille paraissaient indifférents, n’est en rien ce dont on se soucie ; la question est tout entière une question de ministère. […] L'exemple de l’Angleterre, qui fut bien plus longue à affermir et surtout à ennoblir son gouvernement représentatif au commencement du dernier siècle, est propre à inspirer de la patience ; on en est en France au Robert Walpole : qui sait ? […] La Revue suisse n’en sait pas encore le résultat.

2147. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Note »

Je le sais trop bien, et, si je l’avais ignoré, M. le pasteur Napoléon Peyrat, dans un livre de Souvenirs intitulé Béranger et La Mennais (1861), aurait pris soin de me l’apprendre. […] Le tribun breton fut très-sensible à l’abandon du critique normand, dont les premières hostilités éclatèrent, je crois, contre les Affaires de Rome. « Je l’ai rencontré depuis, disait-il, dans le quartier de l’Odéon, il a d’abord balbutié je ne sais quoi, puis, tout interloqué, il a baissé la tête. […] Je crois me rappeler qu’en effet, après l’article sur les Affaires de Rome, je rencontrai un jour sur la place de l’Odéon, au bras de je ne sais plus qui, M. de La Mennais que depuis quelque temps j’avais cessé de voir ; je ne me souviens pas de la mine que je pus faire, car on ne se voit point soi-même.

2148. (1874) Premiers lundis. Tome II « Théophile Gautier. Fortunio — La Comédie de la Mort. »

C’est, après tout, la même idée qu’on sait familière à Horace et aux poètes épicuriens : Eheu ! […] Dans son premier point de vue intitulé la Vie dans la Mort, le poète, errant le 2 novembre dans un cimetière, y suppose la vie non encore éteinte, et essaye de se représenter les tourments, les agonies morales, les passions ulcérantes de tous ces morts, si, vivant encore d’une demi-existence, ils pouvaient sentir et savoir ce qui se continue sans eux sur la terre : Sentir qu’on a passé sans laisser plus de marque Qu’au dos de l’océan le sillon d’une barque ;   Que l’on est mort pour tous ; Voir que vos mieux aimés si vite vous oublient, Et qu’un saule pleureur aux longs bras qui se plient   Seul se plaigne sur vous. […] Le second point de vue, la Mort dans la Vie (et ces espèces de jeux de mots symétriques, vie dans la mort, mort dans la vie, sont bien dans le goût du moyen âge), présente une vérité réelle plus aisée à reconnaître, tout ce qu’il y a de mort et d’enseveli au fond de l’âme de ceux qui passent pour vivants : Et cependant il est d’horribles agonies Qu’on ne saura jamais ; des douleurs infinies    Que l’on n’aperçoit pas.

2149. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Objections d’un moraliste contre l’exposition de 1900. » pp. 162-167

… Oui, je sais, le gouvernement, la Chambre… de vagues députés… dont vous ne connaissez même pas les noms, ni moi non plus. C’est le régime représentatif… Autrement dit, la tyrannie anonyme, ou à peu près… Au moins, sous l’ancien régime — qui, du reste, ne valait pas mieux, — on savait à qui s’en prendre. […] Qui sait si 1900 ne nous les ramènera point, et si nous ne serons pas mûrs alors pour cet ignoble plaisir ?

2150. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 329-336

Bien loin d’imiter ceux qui l’avoient précédé dans ce genre d’éloquence, son génie sut s’élever au dessus des sentimens vulgaires, & se tracer une route nouvelle. […] On sait que celle de Madame, enlevée à la fleur de son âge, & morte entre ses bras, arracha des sanglots à ses Auditeurs, qui l’obligerent de s’arrêter lui-même après ces paroles foudroyantes : « O nuit desastreuse ! […] Dans tous ses Ouvrages on remarque une plénitude de savoir qui donne du nerf à ses idées, de la vigueur à ses raisonnemens, de l’embonpoint à son style, & lui fournit ces preuves abondantes & solides qui naissent du concours des autorités.

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