Nietzsche a très bien saisi leur procédé et leurs intentions : « On veut, non seulement être compris quand on écrit, mais encore, certainement, n’être pas compris. […] Invertissez les inversions, tournez les termes impropres aux termes probablement justes, d’après le sens général du morceau, s’il en a un ; par une lecture attentive, pénétrez-vous de ce que l’auteur a sans doute voulu dire et, ainsi éclairés, si la chose est possible, saisissez les petits procédés par lesquels il a dérobé son idée aux regards et détruisez-les à mesure, jusqu’à ce que vous soyez en présence de l’idée elle-même, laquelle vous paraîtra souvent très ordinaire, mais quelquefois intéressante encore. « Vous voulez, Acis, me dire qu’il fait froid, dites il fait froid. » Eh bien !
Charrière — est devenu dans notre traduction les Mémoires d’un seigneur russe, c’est pour prendre avec ce titre le caractère du témoignage de l’aristocratie russe sur la situation du pays qu’elle domine. » Aveu plus forcé que naïf, et qu’il fallait bien faire tout d’abord pour expliquer ce changement de titre qu’on ose se permettre, mais qu’on expie presque immédiatement par un embarras qui commence : « Quelques fragments de cet ouvrage — ajoute le traducteur — avaient paru dans un journal de Moscou et frappé l’attention, quoique venant d’une plume inconnue et qui n’avait pas fait ses preuves devant le public… On était loin de prévoir l’impression que devait produire la réunion de ces morceaux, lorsque ayant été mis en volume et complétés dans leur ensemble, on put saisir la donnée supérieure qui s’en dégageait et qu’on vit s’y manifester la pensée intime de l’auteur ou plutôt l’inspiration sociale à laquelle il avait involontairement cédé… » Certes ! […] Tourgueneff raconte quelque touchante histoire, saisie au vol ou ramassée à l’affût, quand il nous peint, comme Sterne le fait souvent avec une perfection si divinement désespérante, et comme tous les humouristes le font avec plus ou moins de talent, ces têtes étranges dans lesquelles l’humanité prend des plis et des creux que l’on n’oublie plus dans les physionomies humaines, une fois qu’on les a contemplées, M.
Ce mouvement trop superbe n’est pas celui de Virgile, qui ne parle ni de saisir la trompette épique, ni de l’éclat de ses sons. […] Est-ce avec les yeux du corps, touchés des seuls attributs physiques qu’il saisira, qu’il verra l’idéal des objets incréés ? […] L’étude de nos meilleurs poètes nous révèle avec quelle finesse leur délicate oreille saisissait la mesure des temps sur lesquels ils fondaient leur harmonie imitative. […] « Laissez-nous donc saisir ce moment favorable ; « Bientôt vous nous verrez sanglants, victorieux, « Revenir tout chargés d’un butin glorieux. […] Saisissons maintenant quelques détails de la description du carnage : je commencerai de même par Delille durant le cours du reste.
que l’on s’obstine à croire les tyrans doués de quelque magnanimité, après cet exemple de la peur qui les agite, et du trouble dont ils sont saisis par une ombre, par un seul nom ! […] Le goût qui relève l’exquis est-il moins rare que celui qui ne saisit que les fautes ? […] Celui qui n’en serait pas saisi concevrait-il la portée des sujets épiques, et par quels graves caractères ils intéressent tous les peuples à la fois ? […] C’est ce qu’a bien saisi le génie du chantre italien. […] Il ajoute que « plus une pièce aura d’étendue, plus elle sera belle, pourvu qu’on puisse en saisir l’ensemble d’une seule vue ».
Elle est partout sans qu’on la voie, mais on la sent constamment et quand elle éclate soudain, comme elle a saisi l’auteur qui l’a vécue, elle nous saisit à notre tour, et nous ne pouvons autrement que de tressaillir à ses accents. […] Le solitaire de Port-Royal était loin de l’avoir saisie dans toute son intimité ou plutôt d’avoir été saisi par elle ; l’ascétisme janséniste ne lui permettait pas cet abandon. […] Toute pensée est représentative et se dissout sans reste lorsqu’on veut la saisir. […] Il n’en saisira que les apparences, il n’y verra qu’une antithèse, le contraste naturel du bien, et voudra comprendre à la fois sa contingence et sa nécessité. […] Or le propre de l’intellectualisme, son erreur fatale est de saisir le monde par la pensée avant de l’avoir saisi par le devoir, et d’attribuer à la science une certitude qui n’appartient qu’à la conscience.
Joseph Castaigne Il a voulu saisir l’insaisissable et il y a réussi.
Il a joint à ses préceptes quelques exemples de sa façon, &, entre autres, un du Chant royal & de la Ballade, dont il paroît avoir bien saisi l’esprit.
Richard, dans un poème liminaire, prie le critique d’être indulgent ; on n’a besoin que d’être juste avec un poète qui sut trouver ces très beaux vers français (il s’agit d’un lion) : Les larges gouttes d’or qui forment ses prunelles Semblent vouloir saisir et renfermer en elles L’image du soleil à son dernier rayon et une délicieuse ballade latine où je note ceci : Vita fugacior rosâ Quae floret mysteriosa In valle Tempe frondosâ.
Fiévée ; mais au fond il est essentiellement logique ; il pénètre dans les choses, et durant sa vie politique, déjà longue et passablement variée, il a eu occasion de faire en si grand nombre d’observations de détail fines et vraies, qu’en les rejoignait sans effort, il saisit parfaitement aujourd’hui l’ensemble et l’esprit de la révolution qui vient de s’achever. […] Ils ont fermé leurs ateliers, sachant d’autant mieux quel serait le résultat de cette mesure, qu’ils ne pouvaient douter que les ouvriers en avaient saisi l’intention.
Il s’en faut que j’aie tout dit : mais j’en ai dit assez pour faire saisir l’intérêt de cette étude et la direction où il sied de la pousser. […] Il n’est pas besoin d’un œil bien exercé pour saisir la différence qui sépare la période harmonieuse et vigoureuse de Jean-Jacques du babil sémillant et coquet de Marivaux.
On aime à voir ce Prince si cher à tous les bons François, revivre sous le pinceau de l’Historien, qui en a très-bien saisi le caractere, & qui l’a présenté avec tant de naturel.