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1582. (1841) Discours aux philosophes. De la situation actuelle de l’esprit humain pp. 6-57

Il semble que la nature avait donné à chaque homme sa destination ; chacun avait un but à atteindre ; ils devaient y marcher tous ensemble, se secourant, s’animant, se guidant les uns les autres : mais, faute d’un soleil qui les éclaire, ils prennent chacun une route différente de celle que la nature leur avait donnée ; ils se heurtent, se combattent, s’égorgent ; et les plus heureux, marchant sur le corps de leurs frères, arrivent à la fin de leur vie sans avoir vu autre chose qu’une horrible et ridicule mêlée dans d’épaisses ténèbres.

1583. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

Le plus souvent aussi, ce n’est que l’exploitation réglée de l’orgueil légitime de ceux qui ont su se conquérir un nom, par la vanité ridicule de ceux qui ne s’appellent pas. […] C’est une rage, une fureur, une passion comme les Parisiens seuls savent en avoir pour les choses ridicules

1584. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre II. Les Normands. » pp. 72-164

Ils effleurent les ridicules, ils se moquent sans éclat, et comme innocemment ; leur style est si uni, qu’au premier aspect on s’y méprend, on n’y voit pas de malice.

1585. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

Paris était envahi par l’étranger viveur, par les provinciaux, qui n’y encourageaient qu’une petite presse ridicule et la sotte littérature, aussi peu parisienne que possible, du nouveau genre bouffon.

1586. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

Il s’est trouvé avec lui à la Flèche, il a été de sa promotion, et dit que ce qui le caractérise, c’est qu’il est un étranger, un Écossais par sa mère, un homme qui ne connaît pas le ridicule, qui se promènerait dans une voiture rouge d’Old England… qu’au fond il méprise les Français.

1587. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1894 » pp. 185-293

Sur la paroi de gauche, sont exposés : Le Chat malade de Watteau, cette spirituelle eau-forte de Liotard, avec seulement quelques rentraitures de burin : eau-forte mettant en scène l’« Alarme d’Iris » et contre l’opulent sein de la grasse fillette, la tête rebiffée de Minet, auquel un médecin ridicule du théâtre italien tâte le pouls ; — les deux bandes du Spectacle des Tuileries, ces deux eaux-fortes où Gabriel de Saint-Aubin montre toute sa science du dessin, dans la représentation microscopique des promeneurs et des promeneuses de la grande allée, en 1762 ; — le Sunset in Tipperary (le Coucher du Soleil en Irlande), l’estampe que je regarde comme une des plus remarquables eaux-fortes modernes, et où Seymour Haden, qui retrouva le noir velouté de Rembrandt, a pour ainsi dire, imprimé, sur une feuille de papier, la mélancolie du crépuscule.

1588. (1896) Études et portraits littéraires

Pour extraire de la vie et élaborer les ridicules, force est de posséder la clairvoyance de la malice. […] Enfant du peuple, il trouve, dirait-on, une particulière satisfaction à se moquer des ridicules et des vices de grands seigneurs.

1589. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

. — De Béranger comme écrivain ; — et que quelques vers un peu ridicules ne l’empêchent d’avoir droit à ce nom. — « C’est un grand prosateur, a-t-on pu dire, qui a mis des rimes à sa prose. » Mais qu’il est difficile de l’appeler un poète ; — non sans doute qu’il n’ait trouvé quelques accents poétiques, — pour exprimer ce que la vie bourgeoise peut quelquefois enfermer de poésie [Cf.  […] L’Épopée du Ver ; — Pleurs dans la nuit ; — La Trompette du jugement], le poète trouve alors des images et des accents inconnus ; — il rejoint les Eschyle ou les Isaïe ; — et de son obscurité même se fait un moyen d’action. — Seulement, c’est là que l’on voit la vérité de la parole célèbre que : — « du sublime au ridicule il n’y a qu’un pas » ; — et ce pas, Hugo le franchit dans Le Pape ; — L’Âne ; — Religions et Religion ; 1878-1880 ; autant d’œuvres illisibles ; — qui n’ont même plus pour elles cette obscurité sous laquelle on cherchait un sens ; — qui ne nous procurent plus seulement la sensation de l’énorme ou du gigantesque ; — mais celle du vide ; — et dont l’unique originalité, si c’en est une, est d’être « frénétiquement banales ». — On en verra la raison tout à l’heure ; — et quand on aura vu d’abord combien la banalité de quelques-unes des idées d’Hugo a contribué à sa popularité. — Il faut d’ailleurs faire attention que ce qu’il y a de successif dans ces trois manières, — ne l’est que relativement ; — et que, s’il se retrouve jusque dans L’Âne des restes du poète des Orientales, — il y avait déjà, dans l’auteur des Feuilles d’automne, — des commencements de celui de Religions et Religion.

1590. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Résignons-nous à admettre, chez un homme de génie, un double ridicule. […] Le premier, en notre temps du moins, il a supprimé la majuscule au commencement de chaque vers, la considérant, dit-il, comme un ridicule « artifice typographique ». […] Je ne crois pas qu’elle soit née, telle qu’elle est, du caprice des poètes ; elle me semble être un fruit naturel de notre langue. » Cependant, je le répète, il ne faut pas accorder trop d’attention aux inventions nicariennes ; ce qu’on en peut dire n’a guère d’autre intérêt que celui d’une anecdote divertissante ; et le très estimable Della Rocca de Vergalo est un excellent homme, un peu ridicule, féru, comme beaucoup d’étrangers, de transporter dans notre langue les règles prosodiques et même grammaticales de sa langue natale.

1591. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

Perhaps the most remarkable incident in modern history is not the diet of Worms, still less the battle of Austerlitz, Wagram, Waterloo, or any other battle, but an incident passed carelessly over by most historians, and treated with some degree of ridicule by others, namely George Fox’s making to himself a suit of leather.

1592. (1933) De mon temps…

Une fois pour toutes, durant ces années de début, il avait aiguisé, au contact de la réalité, son terrible esprit dont il tira l’âpre plaisir de toujours frapper juste, au point sensible, les ridicules, les vanités ou les vilenies qu’il dénonçait de l’un ou l’autre de ses « mois » célèbres, que tantôt il inscrivait en légende à ses dessins, que tantôt il laissait se répéter de bouche en bouche et qui sont le commentaire vivant des mœurs et de l’histoire d’un temps dont il fut le grand satiriste et l’impitoyable témoin.

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