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526. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — I. » pp. 186-205

Barthélemy avait songé d’abord à faire voyager un étranger, un Français, en Italie, vers le temps de Léon X, et à peindre par ce moyen la pleine et riche Renaissance ; mais, à la réflexion, il se trouva moins propre à un tel sujet, qui le tirait de son domaine favori et le jetait dans un monde d’art, de poésie moderne et de peinture, dans tout un ordre de sujets qui lui étaient médiocrement familiers, et il transporta alors cette idée en Grèce, en supposant un Scythe qui la visiterait vers le temps de Philippe. […] Au xviiie  siècle, dans chaque maison riche, il y avait l’abbé, personnage accessoire et pourtant comme indispensable, commode au maître, à la maîtresse de la maison, répondant aux questions des enfants et des mères, ayant l’œil sur le précepteur, instruit, actif, familier, assidu, amusant, un meuble nécessaire à la campagne.

527. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers libre  »

Victor Hugo désarticulait l’alexandrin, parfois jusqu’à la disgrâce, mais sans briser les liens d’airain qui maintenaient droite sa forme traditionnelle  ; agrandissant très peu le geste, il ajoutait aux membres des ornements nouveaux et obligatoires : après lui, la césure demeure et les douze syllabes que l’œil compte et que l’oreille cherche ; l’entrave inédite est la rime riche. […] On établirait aussi que telles suites de vers libres ne sont que des alexandrins décomposés ; on donnerait comme exemples, sinon comme preuves : Car vois | les marbres d’or aux cannelures fines | Sont riches du soleil qui décline, | versant Avec sa joie la soif des vins | qu’elle mûrit ; |  fragment qui dans l’original forme cinq vers de 2, 10, 9, 10, 4 syllabes ; Oui c’est l’orfroi, | ce sont les pourpres constellées | Des rêves orgueilleux comme des nefs | s’inclinent | Ma gloire, à moi, | c’est d’embrasser tes deux genoux | Ramenant vers leur cou | leur tunique défaite, | Protégeant de leurs mains leurs regards aveuglés | Baissent la tête | autour de nous, | silencieux | Tu ris ! 

528. (1767) Salon de 1767 « Adressé à mon ami Mr Grimm » pp. 52-65

Adressé à mon ami Mr Grimm Ne vous attendez pas, mon ami, que je sois aussi riche, aussi varié, aussi sage, aussi fou, aussi fécond que j’ai pu l’être aux sallons précédents. […] L’homme habile à qui l’homme riche demande un morceau qu’il puisse laisser à son enfant, à son héritier, comme un effet prétieux, ne sera plus arrêté par mon jugement, par le vôtre, par le respect qu’il se portera à lui-même, par la crainte de perdre sa réputation : ce n’est plus pour la nation, c’est pour un particulier qu’il travaillera, et vous n’en obtiendrez qu’un ouvrage médiocre, et de nulle valeur.

529. (1911) Jugements de valeur et jugements de réalité

La vie morale n’est pas moins riche en contrastes de ce genre. […] C’est une activité de luxe, en un sens, parce que c’est une activité très riche.

530. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Macaulay »

Sans haine et non pas sans amour, elle est loyale, aisée, sincère, sans dogmatisme et sans aridité, d’un épanouissement de talent singulier, d’un feuillu d’idées le plus riche, de la verve la plus animée et cependant la plus soutenue ! […] Né d’un père très riche, il débuta par le coup de tonnerre de son article sur Milton dans la Revue d’Édimbourg, qui ouvrit toutes les portes à son ambition éveillée.

531. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Brizeux. Œuvres Complètes »

Hugo, des riches mollesses de M. de Vigny, et de l’énergie, — à tout prix, hélas ! […] Le Génie en patois est encore du génie, et parce qu’il n’a pas le soutien d’un idiome riche, harmonieux, complet, comme la grandeur dans l’indigence, il n’en est, — à nos yeux du moins, — que plus beau !

532. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Dans cette oisiveté et dans cette liberté d’esprit, que peut faire un homme riche et noble ? […] » Tous deux se mirent à rire. — « Je ne vous demande pas lequel est le plus riche, car vous êtes amis, n’est-ce pas ? […] En véritable Athénien, il ne peut souffrir les termes bas et vulgaires : il veut que le discours soit riche et choisi. […] Des troupeaux d’esclaves, quelles riches, voilà la population des campagnes. […] À la ville comme aux champs, le travail est aux esclaves, la propriété est aux riches.

533. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

Elles diminuent la classe riche et la classe pauvre. […] Il dépensait beaucoup pour lui, étant très riche, et le pouvoir central, le conseil du roi, s’en effrayait, faisait des représentations. […] Le riche n’est pas le noble. […] Le riche, tantôt riche d’hier, tantôt riche héréditaire, tantôt bien élevé, tantôt moins bien, tantôt terrien, tantôt urbain, n’est d’intelligence avec le riche que pour prendre les mêmes places au théâtre, et il n’est de la même classe qu’en chemin de fer. […] Il y a des riches, comme il y avait des nobles ; mais il y avait des nobles et une noblesse ; il y a des riches, et il n’y a pas une… le mot manque ; rien ne prouve mieux que les riches ne forment pas une collectivité.

534. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « Mme DESBORDES-VALMORE. (Pauvres Fleurs, poésies.) » pp. 115-123

Chaque plainte qui lui venait, chaque sourire passager, chaque tendresse de mère, chaque essai de mélodie heureuse et bientôt interrompue, chaque amer regard vers un passé que les flammes mal éteintes éclairent encore, tout cela jeté successivement, à la hâte, dans un pêle-mêle troublé, tout cela cueilli, amassé, noué à peine, compose ce qu’elle nomme Pauvres Fleurs : c’est là la corbeille de glaneuse, bien riche, bien froissée, bien remuée, plus que pleine de couleurs et de parfums, que l’humble poëte, comme par lassitude, vient encore moins d’offrir que de laisser tomber à nos pieds.

535. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Le Comte Walewski. L’École du Monde »

Une autre chose l’aurait pu frapper aussi, ce me semble, c’est le danger d’illusion et le travers auquel se trouve exposé un galant homme qui, jeté, jeune et riche, au milieu de l’éclat et des politesses du monde, et s’avisant un beau jour de s’y vouloir faire une réputation d’auteur, se met à croire à tous les compliments qui lui arrivent, et aux cartes de visites sur lesquelles on lui crayonne des bravos.

536. (1875) Premiers lundis. Tome III «  La Diana  »

Il n’y a plus de démocratie absolue ; il n’y a plus d’aristocratie retranchée : nous tous, enfants d’un même pays, nous nous divisons inégalement et à l’infini en deux classes qui se modifient, se pénètrent et travaillent à se refondre chaque jour en vertu d’un va-et-vient aussi naturel que l’est dans le corps la circulation du sang ; parents riches et parents pauvres, voilà toute la différence.

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