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433. (1868) Curiosités esthétiques « VII. Quelques caricaturistes français » pp. 389-419

L’artiste y révéla une intelligence merveilleuse du portrait ; tout en chargeant et en exagérant les traits originaux, il est si sincèrement resté dans la nature, que ces morceaux peuvent servir de modèle à tous les portraitistes. […] Gavarni commença cependant par faire des dessins de machines, puis des dessins de modes, et il me semble qu’il lui en est resté longtemps un stigmate ; cependant il est juste de dire que Gavarni a toujours été en progrès. […] Tel qu’il est, Gavarni est un artiste plus qu’intéressant, dont il restera beaucoup. […] C’est la raison pour laquelle ses Scènes bachiques resteront un œuvre remarquable ; ses chiffonniers d’ailleurs sont généralement très-ressemblants, et toutes ces guenilles ont l’ampleur et la noblesse presque insaisissable du style tout fait, tel que l’offre la nature dans ses caprices. […] Ce fragment est tiré d’un livre resté inachevé et commencé il y a plusieurs années.

434. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame de La Fayette ; Frédéric Soulié »

Faibles de donnée et d’exécution, entre Scarron et mademoiselle de Scudéry, sans les qualités et le relief de l’un et de l’autre, les Mémoires de Hollande pouvaient rester dans l’ombre où le Temps, juste, cette fois, les avait mis. […] Ce fut un dompteur de difficultés ; seulement il ne prit pas dans ses fortes mains, qui auraient pu fermer la gueule des lions, cette petite chose ailée qu’on appelle le style, et, parce qu’il ne l’avait pas, il restera, malgré sa verve d’invention, un grand dramaturge inférieur, quelque chose comme le Shakespeare des portières.

435. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

Vaut-il la peine d’être rangé fastueusement sur les rayons d’une bibliothèque, souvent pour y rester comme une momie, relié en veau ou dans sa propre peau ? […] Toujours il resta le Diderot de Langres, le bourgeois, non gentilhomme, mais familier avec tout le monde comme M.  […] Il ne serait pas resté, pendant des heures, silencieusement et pensivement assis à la taverne, comme Fielding, pour y observer des filous et des filles. […] Quant à ses prétentions d’esprit, il les eut toutes, et nous les jugerons dans les livres qui nous restent à examiner. […] Je l’ai dit dans un des chapitres précédents, Diderot, cet apôtre retourné en athée, est resté opiniâtrément ce qu’il était et ce qu’il avait été élevé pour être : un prédicateur.

436. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Brasseur, penseur grave, qu’est resté le dernier mot en cette affaire. […] Parmi ses œuvres, déjà nombreuses, il en est trois ou quatre de définitives et qui resteront. […] Nestor Roqueplan, qui est resté un dieu dans le monde où l’on vaudevillise. […] Phénomène surprenant et qui restera inexpliqué, ces prophéties ne se réalisèrent point. […] Soyons vulgaires, abjects ; remuons les sales passions et les ordures bêtes, mais restons patriotes.

437. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

Elle est belle et restera mémorable. […] Si on se taisait autour de lui, la parole resterait figée dans son cerveau. […] L’invention, fort curieuse, et qui a réussi, doit donc rester à leur honneur. […] Tout en frondant Rome, Port-Royal restait fort attaché au pape. […] Il resterait à savoir de quel milieu viennent ces réponses.

438. (1940) Quatre études pp. -154

Ce Henri Heine, dès qu’il prenait la plume, on aurait dit qu’il s’efforçait de n’être pas profond ; c’était sa manière, il ne voulait rester qu’en surface. […] Nous savons trop qu’il n’y a jamais réussi, et que son savant désordre est resté rationnel. […] Par la vertu de l’art, le sauvage ne restera pas tout à fait sauvage, et l’anarchique sera quelque peu ordonné. […] Ils ont été, plus qu’eux, conscients d’une discipline morale qu’ils violaient quelquefois, mais qu’ils n’oubliaient pas, et qui restait présente à leur conscience. […] Mais, chez le plus fertile et le plus puissant de nos poètes, demeure le scrupule de rester fidèle à la réalité.

439. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

En nombre de cas, les paysans acquéreurs leur ont volontairement restitué leurs terres au prix d’achat  Autour de Paris, près de Romainville, après le terrible orage de 1788, on prodigue les aumônes ; « un homme fort riche distribue aussitôt pour son compte quarante mille francs aux malheureux qui l’entourent » ; pendant l’hiver, en Alsace, à Paris, tout le monde donne ; « devant chaque hôtel d’une famille connue brûle un vaste bûcher, où nuit et jour les pauvres viennent se chauffer »  En fait de charité, les moines qui résident et sont témoins de la misère publique restent fidèles à l’esprit de leur institut. […] D’ailleurs la familiarité engendre la sympathie ; on ne peut guère rester froid devant l’angoisse d’un pauvre homme, à qui, depuis vingt ans, l’on dit bonjour en passant, dont on sait la vie, qui n’est pas pour l’imagination une unité abstraite, un chiffre de statistique, mais une âme en peine et un corps souffrant. — D’autant plus que, depuis les écrits de Rousseau et des économistes, un souffle d’humanité chaque jour plus fort, plus pénétrant, plus universel, est venu attendrir les cœurs. […] Les ministres écrivent aux intendants pour savoir si les gentilshommes de leur province « aiment à rester chez eux » et s’ils « refusent de venir rendre leurs devoirs au roi ». […] Quiconque a lu les mémoires sait que depuis deux cents ans, pour boucler leurs vides, il a fallu des mariages d’argent et les bienfaits du roi  C’est pourquoi, à l’exemple du roi lui-même, ils ont fait argent de tout, notamment des places dont ils disposent, et, lâchant l’autorité pour les profits, ils ont aliéné le dernier lambeau de gouvernement qui leur restait. […] Quand la souveraineté se transforme en sinécure, elle devient lourde sans rester utile, et, quand elle est lourde sans être utile, on la jette à bas.

440. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (2e partie) » pp. 177-248

Ce seul travail, depuis la rupture de la paix d’Amiens jusqu’à la bataille de Trafalgar, serait de lui seul un monument historique digne de rester à jamais dans les archives de l’Europe. […] Les peuples ne s’attachent qu’à ce qui se déclare permanent ; car, comme ils sont eux-mêmes un être permanent, ils veulent, autant qu’ils le peuvent, dans leur institution la permanence : tout le monde se serait promptement détaché de Bonaparte s’il fût resté consul à vie. […] On n’y comprend en réalité qu’une chose : c’est que l’historien, qui veut rester à la fois révolutionnaire et monarchique, en dépit de la contradiction des deux rôles, cherche à excuser maintenant la fondation de l’empire comme il a cherché à excuser le renversement de la république et l’institution dictatoriale du consulat à vie. […] Mais tous les témoins n’étaient pas dans le secret des royalistes ; tous n’étaient pas préparés à revenir sur leurs premières dépositions, et il restait un nommé Roland, autrefois employé dans l’armée, qui répétait avec douleur, mais avec une persistance que rien ne pouvait ébranler, ce qu’il avait avancé dès le premier jour. […] Mais il restait cette entrevue de nuit à la Madeleine, dans laquelle Moreau, Pichegru, Georges s’étaient trouvés ensemble, circonstance inconciliable avec un simple projet de ramener Pichegru en France.

441. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

Angélique chercha en ce moment un refuge contre sa nudité dans un de ces hangars, et y resta longtemps sans être aperçue de personne. […] dit-elle, après les grandes fêtes qui suivirent les combats, mon cher Zerbin retourna en Écosse ; je restai seule, pensant à lui le jour et la nuit. […] Dardinel, leur roi, a été tué par Renaud ; son corps est resté sur le champ de bataille. […] j’irai aussi, car quelle joie me resterait-il sur la terre, ô mon cher Médor, si j’y restais sans toi ? […] Il lui propose de l’accompagner jusqu’à une abbaye de Provence, où elle fera ensevelir Zerbin et où elle restera gardienne pieuse de sa relique si chère.

442. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome I

Restait à instituer l’expérience pour vérifier les données de la théorie. […] Mais les organes formateurs de chacune d’elles restent encore confondus dans le même tissu. […] Il resterait ensuite à déterminer comment les nerfs interviennent pour faire marcher ces deux sécrétions en sens inverse. […] Nous allons maintenant retirer l’urine restée dans la vessie de ce lapin. […] On l’agita avec le gaz ; il resta rouge en contact avec tous les gaz, excepté avec l’hydrogène arsénié qui l’avait rendu très noir.

443. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — III » pp. 476-491

Quelques femmes n’avaient pas eu besoin de cet exemple pour rester ou redevenir naturelles de leur côté et fidèles à la plus saine diction. […] Quoi qu’il en soit, vieille, il ne lui en restait rien, que peut-être une certaine trempe et vigueur habituelle d’expression quand elle raisonnait. […] À cela près73, l’âge n’avait rien changé en elle ; sa figure resta noble et agréable jusqu’à la fin de sa vie, et son caractère ne subit pas plus de modification. […] Elle fut dame du palais de la reine, extrêmement à la mode, et resta toute sa vie volontaire, impétueuse, irascible, mais avec tout cela si bonne, si généreuse, si dévouée à ses amis et aux plus nobles sentiments, et puis si spirituelle, et, par suite de son extrême naturel, si parfaitement originale, qu’elle excitait constamment l’affection, l’admiration, et en même temps la gaieté.

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