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1744. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre ix »

L…, aumônier de division coloniale, raconte comment il officia au fond d’une étable, à côté de deux vaches somnolentes : « Les assistants devaient se battre au sortir de la messe, dans des conditions telles que la plupart y resteraient.

1745. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — III »

C’est à propos d’une lettre où Mme Taine proteste contre la publication faite par le Figaro de douze sonnets signés de Taine et qui, selon le vœu de leur auteur, devaient rester à jamais inédits.

1746. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XII. Des panégyriques ou éloges des princes vivants. »

Ces malheureux étaient vils, et ceux pour qui ils se donnaient la peine de l’être, ignoraient jusqu’à leur nom ; fleurs obscures bassesses restaient dans la même poussière qu’eux, et, malgré leurs efforts, ils ne pouvaient réussir même à se déshonorer.

1747. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

Il m’en resterait bien d’autres à citer. […] Cependant l’avantage resta au dernier siecle. […] Après bien d’autres argumens réciproques, chacun resta dans son opinion. […] Je vis l’avantage rester suspendu entre les deux partis. […] Il restait à donner plus d’activité à notre mélodie.

1748. (1914) Une année de critique

Restait à découvrir à nouveau la pudeur sentimentale. […] De ce qui restait inédit, correspondance ou poèmes, M.  […] Je sais aussi rester en place. […] Le but que se proposaient les auteurs est donc tout de même atteint, et la Fête arabe restera comme une œuvre utile et comme un merveilleux poème. […] Mais après cette heureuse rencontre, combien d’obstacles restent à vaincre !

1749. (1895) Hommes et livres

Ils voulaient rester de bons moines en devenant de grands savants. […] De dire comment ils pouvaient rester ce qu’ils étaient en faisant ce qu’ils faisaient, je ne m’en charge pas. […] On le pria de rester et on le chargea officiellement des affaires de Parme. […] Il est trop clair qu’ils ne restent que pour donner à l’auteur le temps de nous conter l’affaire. […] Car enfin la comédie ne pouvait rester impassible, et, dès qu’elle ne faisait pas rire, il fallait qu’elle fît pleurer.

1750. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

Mais les images restent nettes ; dans cette folie, il n’y a ni vague ni désordre ; les objets imaginaires sont dessinés avec des contours aussi précis et des détails aussi nombreux que les objets réels, et le rêve vaut la vérité. […] Jamais objets ne sont restés plus visibles et plus présents dans la mémoire du lecteur que ceux qu’il décrit. […] Si dans Dombey and son elle fuit la maison conjugale, elle restera pure, elle ne commettra que l’apparence de la faute, et elle traitera son amant de telle sorte qu’on souhaitera d’être le mari. […] « Par la même raison, ces satires, quoique réunies, resteront effectivement détachées, et ne formeront point de véritable ensemble. […] Jusqu’ici tout était bien : la colonne de bronze était restée entière et invaincue ; mais les exigences de la morale publique pervertissent l’idée du livre.

1751. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (1re partie) » pp. 313-408

Ce jeune homme a toujours, depuis qu’il se connaît, reçu des éloges et des espérances : enfant, il a grandi au milieu d’encouragements flatteurs et de succès mérités ; depuis, il n’a jamais dérogé à sa conduite première, et il est resté irréprochable. […] qui ne plaindrait cet homme de vingt ans (car on est homme à vingt ans quand on est resté pur), en le voyant, sous la tuile, mendier dans l’étude une vaine et chétive distraction ; non pas dans une étude profonde, suivie, attachante, mais dans une étude rompue, par haillons et par miettes, comme la lui fait le denier de la pauvreté ? […] Je me dis : Voilà un jeune homme qui s’attache trop à un détail, mais le détail est pittoresque, et son expression restera dans le dictionnaire de nos tristesses. […] ma bonne vieille tante, L’an dernier ; sur son lit, sans voix et haletante,                  Elle resta trois jours, Et trépassa. […] L’éloge qui restera commun aux deux volumes, c’est de nous offrir un genre de poésie absolument nouveau en France, la haute poésie des choses communes de la vie.

1752. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

Fénelon n’obtint pas de son petit troupeau l’impartialité entre la doctrine du pur amour et la religion de tout le monde, et lui-même, quoiqu’il voulût rester catholique, n’était-il pas invinciblement quiétiste ? […] Il y revient dans le Mémoire sur la manière de se conduire avec le roi, écrit à l’époque où de la royale famille, dépeuplée par la mort, il ne restait qu’un vieillard septuagénaire et un enfant. […] « La cabale admire cet ouvrage, écrit-il à son neveu ; le reste du monde le trouve peu sérieux et peu digne d’un prêtre. » Oui, si ce prêtre eût failli dans la foi ou dans la conduite ; mais un tel livre rehaussait la vertu du chrétien resté pur dans ce penchant presque païen pour le paganisme ; et ce qui n’eût été qu’une inconvenance dans un caractère et avec des talents médiocres, était d’un grand exemple dans un prêtre vertueux et dans un homme de génie. […] En enseignant le pur amour, il croyait rester orthodoxe ; de même, en composant une peinture des rois absolus avec des traits pris à Louis XIV, il croyait avoir gardé les égards et la reconnaissance. […] La mythologie grecque est restée la religion de l’imagination chez les peuples modernes.

1753. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

Géant de la pensée, son œuvre — monument énorme — par les rayonnements qui se dégagent d’elle, restera, dans le cours des siècles, impérissable autant que le granit colossal de Karnac. […] Il en restera le retentissement éternel. […] Il est resté l’ami préféré de ma pensée ; la flamme de ses vers est tellement mêlée à ma vie, à ma jeunesse, à mes amours, à mes cris de liberté que je l’aime comme moi-même, et que je ne puis remonter le cours de mes années sans me rappeler, à chaque aurore, l’attrait divin de ses poésies. […] Musset me reste cher parce qu’il est éminemment français, et par là je veux dire qu’il portait en lui les meilleures traditions de notre race, qu’il en avait le sens profond, qu’il s’était nourri de la pensée de nos maîtres bien à nous, depuis Mathurin Régnier, Molière, Racine, La Fontaine, jusqu’à André Chénier et Beaumarchais, et qu’il avait puisé en eux cette clarté admirable, cette ironie mordante devant la sottise prétentieuse, cette élégance primesautière et cette fière allure d’indépendance, qui ont toujours été l’apanage de notre vieille terre des Gaules, et qui, nous le voulons croire, resteront l’orgueil de la France contemporaine. […] Et Hugo, et Lamartine, et Musset, et Verlaine lui-même, et d’autres poètes moins illustres ont tour à tour été mon poète, sans qu’aucun d’eux ait réussi à le rester, pas même Hugo, surtout pas Hugo.

1754. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Jules Sandeau » pp. 322-326

D’ailleurs, une grande sûreté dans le commerce, une grande fidélité à ses amitiés, à ses opinions, le constant désir, le ferme propos d’être et de rester aimable jusque dans la ruine de la santé et au sein de la souffrance59, ces qualités sociales indiquaient en lui un fond de caractère plus solide que son esprit.

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