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762. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre huitième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Victor Hugo »

Le rêve, qui est tout spontané, prend et garde, même dans le gigantesque et l’idéal, la figure de notre esprit… Nos chimères sont ce qui nous ressemble le mieux. […] En présence de nos deux grandes cécités, la destinée et la nature, c’est dans son impuissance que l’homme a trouvé le point d’appui, la prière… La prière, énorme force propre à l’âme, est de même espèce que le mystère185. » Dans une de ses visions, Hugo personnifie l’ange de la prière : C’était un front de vierge avec des mains d’enfant ; Il ressemblait au lis que la blancheur défend ; Ses mains en se joignant faisaient de la lumière. […] Que d’hommes ressemblent à l’ortie ! […] ) » Il y a quelque chose qui nous ressemble plus que notre visage ; c’est notre physionomie ; et il y a quelque chose qui nous ressemble plus que notre physionomie c’est notre sourire. » (Les Travailleurs de la mer.

763. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

Et savez-vous à quoi il ressemble le plus ? […] Mais cela ressemble aux bonnes pièces de chez nous !  […] Et elle plaide, avec une adresse qui ressemble à de la franchise et à de l’humilité, les circonstances atténuantes. […] Il a épousé, lui aussi, une trop jeune femme, qui s’appelle Laurette et qui ressemble à Jacqueline. […] Auguste Dorchain, de celles qui ne lui ressemblent pas.

764. (1914) Une année de critique

Celui de ses livres qui y ressemble par le format n’est qu’une suite de notations. […] Presque tous ressemblent, par quelque trait, à l’Écornifleur. […] Chacun de ses livres ressemble incroyablement aux autres, et pourtant on les lit sans se lasser. […] Ces hommes d’esprit ressemblent fort aux nigauds du progrès dont parle André Hallays. […] Julien Benda semble tenir pour le véritable état de grâce philosophique et qui ressemble à cela à peu près comme ressemble à l’ivresse le vacillement de l’affamé.

765. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

La critique pure ressemble au doute des pyrrhoniens qui s’emporte lui-même et finit par un doute du doute. […] Les efforts des artistes et des journalistes pour exclure un Brunetière de la critique ressemblent aux efforts des critiques professionnels, et de Brunetière d’abord, pour exclure de l’art un Vallès, ou un Baudelaire. […] Il nous importe fort peu qu’Emma Bovary ressemble ou non à son prototype Madame Delamarre. Mais il nous importe beaucoup que le tableau du critique ressemble le plus possible à l’homme ou à l’œuvre réels. […] Le malheur pour lui est qu’il crée pour lui ressembler, tandis que la création du critique exclut toute idée de ressemblance.

766. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — II. (Fin.) » pp. 109-130

Je ne sais trop si M. de Meilhan est exact en ce point et si l’on peut dire que l’Antiquité grecque et romaine ressemble à un génie mort jeune et intercepté avant le temps : il me semble au contraire que les Grecs, et les Romains qu’en ont hérité, ont eu leur cours naturel d’existence et leur âge tout rempli ; qu’ils ont eu, eux aussi, leur épuisement et leur décadence sous des formes monstrueuses ou subtiles, et que, si la civilisation avait à être utilement continuée et renouvelée, ce ne pouvait plus être à la fin par eux. […] Ces Mémoires de Richelieu, qu’on annonçait en 9 volumes, n’auraient certes pas ressemblé à la publication indigeste et sans goût que Soulavie a donnée sous le même titre et avec la même étendue.

767. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

Il vivait tantôt à Paris, tantôt à la campagne ; il avait loué à Segrès, près Arpajon, une maison très agréable : Rien, disait-il, ne ressemble plus aux champs Élysées, séjour des ombres heureuses, que cette maison de Segrès : il y a un jour doux, et non brillant comme celui des vues étendues sur le bord des grandes rivières ; cet affaiblissement du jour vient de quantité de montagnes vertes qui rendent ce séjour sauvage avec peu d’échappées de vues. […] Le visage de son frère, qui lui ressemble par le nez et le menton, est au contraire riant, agréable, et la prévenance est sur les lèvres.

768. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) «  Essais, lettres et pensées de Mme  de Tracy  » pp. 189-209

Quelques jours après, on a la suite des impressions : « À propos de cela, nous avançons dans l’Histoire de Pologne ; Mme de Coigny se passionne à présent pour Caetan Soltick, et aussi pour Poniatowski, qui ressemble à d’Alvimar. […] Il y en a d’autres qui ressemblent à des crocodiles, et qui offrent des bancs naturels où l’on est assis comme dans des fauteuils.

769. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

Elle ressemble en cela à la peinture même de son temps, qui est plutôt une peinture de genre que d’histoire, ce qui ne veut pas dire du tout qu’elle soit à mépriser. […] Il eût suffi, en cet endroit, d’un goût littéraire plus sévère et plus vrai pour empêcher Mme Roland de se laisser aller à une phrase, à une simple inadvertance déclamatoire, qui ressemble à un manque de tact moral.

770. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

Je fus si frappé de ce qu’il dit, que je ne l’ai jamais oublié… » Les phrases de lui que cite Malouet ne ressemblent à celles que je vois citées ailleurs que par le fond de la pensée ; la sténographie, on le sait, était encore dans l’enfance. […] Toute cette scène et cette machine du 31 mai ressemblaient trop à une niche qu’on avait voulu faire à l’Assemblée : et on ne fait pas de niche aux révolutions.

771. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [V] »

« Pour moi, mon lot n’est pas si agréable : c’est avec de lourds tacticiens et avec de froides descriptions de combats qui ne ressemblent guère à ceux d’Homère, que je suis forcé de passer tous les instants que je consacre aux événements antérieurs. […] Un auteur de ce mérite, dont les écrits sont classiques, dont les livres sont entre les mains de tout officier qui étudie et pense ; un maître qui a donné les meilleures leçons pour régler autant que possible et soumettre à la raison, pour préciser, diriger, pour accélérer et par conséquent pour diminuer la guerre, pour la faire ressembler le moins qu’il se peut (et c’est de plus en plus difficile) à une œuvre d’extermination et de carnage, un tel maître, — le Malherbe du genre 72, — ne saurait garder de l’odieux sur son nom, ni même laisser de lui comme caractère une idée obscure et louche.

772. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DE LA LITTÉRATURE INDUSTRIELLE. » pp. 444-471

L’exigence des auteurs en vogue augmente et souvent ne ressemble pas mal à de la voracité. […] Dans l’épître au Roy pour avoir esté desrobé, il épuise tous les tours et toutes les gentillesses de la requête ; il ne ressemble pas à tant de gens insatiables, dit-il, il ne veut plus rien demander : Mais je commence à devenir honteux, Et ne veux plus à vos dons m’arrester ; Je ne dy pas, si voulez rien prester, Que ne le prenne……….

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