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826. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

Apollon, convaincu d’un crime dans son propre temple, châtierait celui qui s’aviserait de rendre un oracle en son nom. […] Ton idiosyncrasie te rend impropre à cet honneur. […] Je veux dire qu’il l’a rendu encore plus amusant qu’il n’était à l’origine. […] Une balle altembergeoise lui rend le service de le tuer. […] Cette scène aura, au surplus, l’avantage de rendre décidément au vieil homme la sympathie du public.

827. (1895) De l’idée de loi naturelle dans la science et la philosophie contemporaines pp. 5-143

À vrai dire, elle a pensé réduire et rendre intelligible cette diversité. […] Pour rendre possibles des facultés supérieures, les cellules se sont différenciées et ont acquis des structures compliquées. […] Ce système étant conçu comme achevé, toute finalité est-elle rendue illusoire ? […] Leur préoccupation est de rendre inutile l’activité introduite par Locke pour opérer le groupement. […] Certes, et ceux-ci se légitiment par les services qu’ils rendent.

828. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Une comparaison prise au hasard dans la nature achèvera de rendre mon idée sensible à tout le monde. […] Il voulait rendre le prince complice de ses hardiesses. […] Par exemple, si nous rendions le misanthrope amoureux, et si nous le rendions amoureux d’une coquette. […] Ce qui rendait ses peintures condamnables, c’en était l’accent de réalité. […] Elles me rendirent autant de force qu’il en fallait pour le triste office que j’allais exécuter.

829. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

L’heureuse illusion dont s’enveloppe une nature aimante rayonne autour d’elle et en rend ou en prête aux autres. […] Aussi Mme d’Houdetot disait-elle souvent : Les plaisirs m’ont quittée, mais je n’ai point à me reprocher de m’être dégoûtée d’aucun. — Cette disposition la rendait indulgente dans l’habitude de la vie, et facile avec la jeunesse. […] Elle voyait beaucoup, en ces années, Mme de Vintimille, et cette société d’élite dont le mouvement intérieur nous a été tout récemment rendu avec une vivacité aussi affectueuse que piquante par les lettres de M. […] La flûte et ses sons les plus touchants ont des heures réglées, de vrais rendez-vous. […] Le retour subit à de certains usages surannés rendit, du premier jour, le nouveau point central plus sensible, en le tiraillant et le faisant crier.

830. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIIe entretien. Poésie lyrique. David (2e partie) » pp. 157-220

Ce chant dut rendre la sécurité à son esprit et la vigueur à son bras. […] ta reconnaissance et rends-lui l’hommage que tu lui dois ! […] » Cette revue lyrique des temps écoulés et des prodiges accomplis le rend plus pieux et plus poète. […] Voilà David, ou plutôt voilà le cœur humain avec toutes les notes que Dieu a permis de rendre sur la terre à cet instrument de douleur, de larmes, de joie ou d’adoration ! […] Que faut-il pour te faire rendre les sons d’autrefois ?

831. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (5e partie) » pp. 65-128

La société, loin d’y porter atteinte, ne fait que la garantir contre l’abus de la force, qui la rend illusoire. […] Ce qui rend la Révolution si grande au milieu même de ses orages, de ses anarchies et de ses crimes, c’est qu’elle était une doctrine. […] Si tu ne désires pas mon ministère comme prêtre, puis-je te rendre comme homme quelques services auprès de ta femme et de ta famille ? […] ou l’arrière-pensée du père ambitieux pour ses fils, qui prévoit qu’une nation inconstante lui rendra un trône pour quelques gouttes de sang ? […] Vatout, son confident et son bibliothécaire, qu’il avait lu les Girondins, et qu’il me remerciait de la justice rendue à son père.

832. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

À l’entrée de la ville capitale, est une place, nommée Cajolerie, ouverte de trois côtés, et qu’on a rendue spacieuse par la ruine du temple de la pudeur. […] Cette disposition était plus commode que celle qui a lieu de nos jours, laquelle ne rend le lit accessible que d’un côté, et rend très difficile le service des malades. […] Toute la famille du cardinal, le prince de Conti et sa femme plus que tout autre, étaient intéressés à rendre ridicule la galanterie sentimentale. […] La diphtongue oi rend sonores, ennoblit les monosyllabes. […] On lit dans les Mémoires de mademoiselle de Montpensier, qu’étant rentrée à la cour après la Fronde, et s’étant raccommodée avec le cardinal Mazarin qui lui rendait toute sorte de respects, elle voulut aller le voir chez lui.

833. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VIII, les Perses d’Eschyle. »

La corde de l’ode frappée par la main d’Eschyle, rend toutes les notes de terreur et de pitié, d’émotions et de gradations qui composent la lyre dramatique. […] Atossa ne s’en rend pas distinctement compte. […] Il n’est pas facile aux morts de revenir à la lumière, pour bien des causes, et surtout parce que les dieux d’en bas sont plus prompts à prendre qu’à rendre. […] quelque puissant Démon est entré en lui et l’a rendu fou. » Le grief nous paraît étrange, c’est à peine si nous pouvons le comprendre. […] Ce n’est pas un roi revenant d’une guerre malheureuse, fier envers la fortune adverse, et tenant haute son épée rompue ; c’est un fuyard éploré qui rend en larmes tout le sang qu’il a fait répandre.

834. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

Villemain dont les brillantes improvisations rendent si étroites, les plus vastes salles, soit circonscrit lui-même, par la nature spéciale de son cours, dans l’examen critique de l’éloquence française. […] Comme si on pouvait séparer l’idée de l’expression dans un écrivain ; comme si la manière de concevoir n’était pas étroitement unie à la manière de rendre ; comme si le langage enfin n’était qu’une traduction de la pensée, faite à froid et après coup ! […] La période arrondie, les vers symétriquement cadencés, l’euphonie continuelle des sons, forment les principales qualités de la versification Racinienne, et cette manière a prévalu jusqu’à l’abbé Delille, qui l’a outrée au point de la rendre méconnaissable. […] Il a reproduit avec génie la manière franche, l’expression mâle du grand poète Régnier ; et remontant aux premiers âges de notre poésie, il a rendu à nos vers l’indépendance de la césure et de l’enjambement, et ces formes elliptiques, et cette allure jeune et vive, dont ils n’avaient presque plus de traces. […] Pour très bien rendre l’allemand ou l’anglais en français, il faut une grande flexibilité de talent et beaucoup d’imagination de style.

835. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Crétineau-Joly »

Elle a dû arrêter un moment l’auteur de Clément XIV quand, riche des renseignements inconnus déposés par masses dans ses mains, il s’est dit qu’il allait peut-être retourner contre le Saint-Siège, dans l’opinion du monde, les jugements qu’il avait à rendre contre un pontificat isolé. […] Eh bien, c’est cette méprise humaine que les enseignements de l’histoire ont pour but de rendre plus rare ! […] Ses passions le rendaient médiocre. […] Ils n’avaient pas comme lui ce qui rend plus implacable que la haine : un système dont ils voulaient la réalisation et le triomphe. […] Nul murmure ne s’éleva, nulle plainte, nulle parole qui sentît le dernier orgueil qui périt dans l’homme : — l’orgueil des services qu’il a rendus.

836. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIII. Des tragédies de Shakespeare » pp. 276-294

Un sentiment aussi que Shakespeare seul a su rendre théâtral, c’est la pitié, sans aucun mélange d’admiration pour celui qui souffre42, la pitié pour un être insignifiant43 et quelquefois même méprisable44. […] Ce génie que la passion avait doué, était inspiré par elle, comme les prêtres par leur dieu ; il rendait des oracles lorsqu’il était agité ; il n’était plus qu’un homme lorsque le calme rentrait dans son âme. […] On sent que l’horreur qu’il cause doit réagir sur son âme, et la rendre plus atroce encore. […] C’est là bien connaître ce qu’il y a de plus déchirant pour l’homme, ce qui rend la douleur poignante.

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