Ce double motif de rétablir l’ordre dans l’État et la famille, et de satisfaire au besoin moral des âmes, lui avait inspiré la ferme résolution de remettre la religion catholique sur son ancien pied, sauf les attributions politiques, qu’il regardait comme incompatibles avec l’état présent de la société française. […] Les principaux officiers des deux armées se tenaient à l’écart et regardaient avec une vive curiosité ce spectacle extraordinaire du successeur des Césars vaincu et demandant la paix au soldat couronné que la révolution française avait porté au faîte des grandeurs humaines. […] Quant à la paix avec la Russie, il ajouta qu’on la réglerait plus tard, car cette paix le regardait seul.
On les regarde, on sourit, on rougit, et on passe. […] La maisonnette du poète regardait le soleil levant ; elle en était égayée à son réveil. […] C’est pendant un des séjours qu’elle faisait fréquemment à Ustica près de lui qu’Horace, ivre de liberté et de solitude, écrivait ces lignes délicieuses, manuel de l’amour des champs resté dans la mémoire de tous les adorateurs de la vie cachée ; il regardait, en écrivant ses vers, sa maison, son jardin, son verger, sa rigole et la vallée de la Licenza assourdie du gazouillement de ses eaux.
Ses Mémoires d’outre-tombe, qu’il écrivait alors, avaient une page pour un parti, un revers de page pour l’autre : livre-Janus qui louche à force de vouloir regarder trop d’horizons à la fois. […] Ma mère et ma sœur, exclusivement occupées de regarder la grande figure de l’auteur du Génie du Christianisme, sortirent ravies de cette soirée unique. […] Juliette, leur fille, déjà regardée pour une fleur de visage qui promettait de s’épanouir en merveille, fut laissée chez une tante à Villefranche, en Beaujolais ; de là elle fut cloîtrée dans un couvent de Lyon, pour y achever son éducation.
« Ils étaient ensemble sur les remparts à regarder, en soupirant, le ciel de leurs yeux chargés de sommeil ; Médor, dans toutes les paroles qui lui échappaient, ne pouvait s’empêcher de se rappeler sans cesse son maître et son seigneur Dardinel d’Almonte, et de pleurer en pensant que ses restes allaient rester sans sépulture sur la terre. […] Le pèlerin se mit aussitôt à jouer plusieurs airs différents, et le petit chien, ajustant ses sauts à la mesure, exécuta des danses variées de tous les pays, et parut obéir à son maître avec tant d’intelligence que tous ceux qui le regardaient ne prenaient pas le temps de cligner les yeux et osaient à peine respirer. […] » Je regardai machinalement autour de moi : je ne vis que le vieux paysan boiteux qui portait ma maigre valise, et la felouque chargée de sacs de maïs et de ballots de soie qui balançait son unique mât sur les lames de la plage en attendant le vent de terre.
L’Europe, a dit Voltaire, regarde le Misanthrope comme le chef-d’œuvre du haut comique. […] Leurs discours sont à la fois ceux des gens les plus occupés de ce qui les regarde, et des moralistes les plus désintéressés. […] Au lieu de regarder d’un coin de la salle, dans l’ombre d’une loge, l’effet de la pièce sur le public, avec un parti pris de tendresse pour l’une et de prévention contre l’autre, et l’excuse toute prête de quelque cabale pour expliquer les sifflets, il interrogeait lui-même le public.
Si nous regardons maintenant la littérature, nous allons y découvrir les deux mêmes caractères. […] Mais regardez maintenant la contre-partie ! […] D’autres encore, qui sont restés simples spectateurs, qui ont regardé la mer en tumulte sans quitter le rivage, ne résistent pas à la tentation de retracer un spectacle qui les a émus ou amusés.
Mieux encore, regardez l’arc-en-ciel ou le spectre solaire, et passez des rayons violets aux rayons ultra-violets : les premiers étaient visibles, les seconds ne le sont plus. […] La différence entre un poids de deux kilogrammes et un poids de trente kilogrammes est également sensitive, comme quand on regarde une ligne de deux mètres à côté d’une ligne d’un décimètre. […] La sensation ne peut être regardée comme absolue et se suffisant à elle-même ; grâce à son mode d’origine, elle est significative d’une propriété inhérente à quelque chose d’existant.
Mais en même temps je soutiens que le plus admiré de tous les croquetons de Meissonier, tout grand dessinateur incontestable qu’il est, ne pourrait tenir, à côté d’un dessin de Gabriel de Saint-Aubin, par exemple la vignette de L’Intérêt personnel, que justement je regardais chez moi ce matin. […] » J’avais eu l’ingénuité de répondre au rédacteur qui me posait ces questions : « C’était une nature gaie, et la gaieté du pauvre garçon avait quelque chose de charmant, quelque chose de la gaieté enjouée et spirituelle d’un personnage de la comédie italienne. » Ce matin, j’ouvre le journal, et je lis que M. de Goncourt regardait de Nittis comme un personnage de la comédie italienne. […] Pendant que dans la salle des dessins français, j’étais arrêté devant le « Couronnement de Voltaire », de Gabriel Saint-Aubin, qu’enfin, ils se sont décidés, je puis dire sur mes objurgations, à exposer, un monsieur qui le regardait admirativement, comme moi, et qui était Beurdeley fils, me dit que son père avait vendu 8 000 francs à M.
La soirée, cette soirée du mardi gras, passée dans la contemplation, à la façon dont on regarde un ciel bleu pailleté d’étoiles, dans la contemplation des bonnes feuilles de notre volume de Pages retrouvées : contemplation et mélancolique feuillètement de ces pages à l’encre encore fraîche, qui font revivre en moi le ressouvenir émotionné de l’élaboration de tous ces articles de notre début dans les lettres. […] Il m’a chargé de l’excuser près de vous, pour n’avoir rien écrit sur le livre, mais il n’en a pas la force. » Et il m’annonce qu’on regarde le pauvre garçon, comme perdu. […] Le médecin le regarde dans les yeux, et lui dit à brûle-pourpoint : « Qu’est-ce que vous avez remarqué ici ?
Il se place à l’extrême bord des mystères chrétiens, il regarde au fond d’un œil effaré, il y prend le vertige, et il se parle à lui-même presque par monosyllabes. […] une lettre de madame de Sévigné à tous les romans de mademoiselle de Scudéry, qu’elle appelait Sapho, et dont elle regardait d’en bas briller la gloire sans oser élever son ambition si haut ? […] Regardez bien un visage, et tâchez de vous expliquer à vous-même pourquoi ce visage vous charme ou vous repousse, ou vous laisse indifférent ; le secret de cette indifférence, de ce charme ou de cette répulsion est-il dans tel ou tel trait du visage ?
Visionnaires, si on en croit les gens positifs, ces sortes d’esprits dont Shakespeare, qui n’a rien oublié sur sa route, nous a donné l’idéal dans Hamlet, et qui voient et regardent bien moins dans les choses que « dans l’œil de leur propre pensée ( in the eye of my mind ) », dit Hamlet, ressemblent à des peintres pour lesquels l’ordre du prisme serait renversé. […] Quand les choses en sont là partout, quand la masse des lumières et des connaissances peut être regardée comme égale dans toutes les sociétés chrétiennes, les Claudiens de nos décadences — en Amérique ou autre part — doivent être plus étranges et plus compliqués que ceux des sociétés qui n’avaient pas usé sous elles autant d’idées que nous, quand elles croulèrent. […] En fait, il peut être encore regardé comme « le Roi des Bohèmes », mais à cette dégradante Royauté il en joint une autre plus touchante, c’est la Royauté des hommes de génie malheureux !