Sans pousser la règle à l’absolu et sans requérir le secours précaire des comparaisons, on dira plus nettement que la phrase est une suite de mots liés entre eux par un rapport logique. […] Ces relations peuvent être fugitives, uniques, rares ; elles peuvent être permanentes ou, malgré leur diversité, considérées selon leur état le plus fréquent, le plus visible, le plus connu : une phrase faite une fois pour toutes exprime parfaitement ces rapports vulgaires au retour rythmique ou périodique. […] L’histoire du cliché serait l’histoire même des littératures dans leurs rapports avec la mode. […] Presque tous les mots, même isolés, sont des métaphores : tout groupe de mots détermine nécessairement une image : elle est neuve et concrète, si les mots n’ont pas encore été groupés selon ces rapports ; elle est abstraite ou parvenue à l’état de cliché, si ce groupement des mots a lieu selon des rapports usuels ou connus. […] Tels clichés, abstraits pour celui qui écrit, gardent pour celui qui lit une valeur d’image ; si donc plusieurs métaphores de ce genre se rencontrent liées ensemble par un rapport maladroit, il en résulte un effet de comique assez amusant.
La seconde beauté dont les mots sont susceptibles comme signes de nos idées, c’est un rapport particulier avec l’idée qu’ils signifient. […] Ils se donnent à entendre en contrefaisant le bruit que fait la chose, ou en mettant dans le son imparfait qu’ils forment, quelque ton qui ait le rapport le plus marqué qu’il soit possible, avec la chose qu’ils veulent donner à comprendre sans pouvoir la nommer. […] Il s’ensuit donc que les mots qui dans leur prononciation imitent le bruit qu’ils signifient, ou le bruit que nous ferions naturellement pour exprimer la chose dont ils sont un signe institué, ou qui ont quelque autre rapport avec la chose signifiée, sont plus énergiques que les mots qui n’ont d’autre rapport avec la chose signifiée que celui que l’usage y a mis. Un mot qui a naturellement du rapport avec la chose signifiée en reveille l’idée plus vivement. […] Ils perdent ainsi l’énergie que leur donnoit le rapport naturel de leur son avec la chose dont ils étoient les signes instituez.
Nous n’avons jamais eu ensemble que des rapports pleins de loyauté et de délicatesse. […] Je ne voulais pas donner de la vraisemblance à cette supposition par des rapports intimes avec lui. […] Nous n’eûmes plus un seul rapport ensemble, soit en Angleterre, soit en France. […] Je cessai tout rapport avec lui. […] Mon passé s’oppose à ce que j’aie des rapports avec lui.
. — Rapports du génie au milieu existant. […] Faire une synthèse, créer, c’est toujours de l’art, et, sous ce rapport, le génie créateur dans les sciences se rattache lui-même à l’art ; les inventions de la mécanique appliquée, la synthèse chimique sont des arts. […] On a demandé avec raison qui, de Corneille ou de Flaubert, est le Normand, et quel rapport il y a entre les deux ; de Chateaubriand ou de Renan, qui est le Breton. […] Concluons que la question des rapports du génie au milieu est d’une complexité infinie. […] Taine sur les rapports du milieu social avec le génie artistique et sur les déductions possibles de l’un des termes à l’autre, il faut ajouter une théorie fondée sur le principe opposé.
* ** Entre la qualité des unités sociales et l’égalitarisme, il semble qu’on saisisse plus aisément un rapport qu’entre l’égalitarisme et leur quantité. […] On en a donné les preuves presque matérielles, en comparant les Droits de nos sociétés individualistes avec les Droits de ces sortes de sociétés106 ; tandis qu’elles ignorent presque le droit contractuel qui règle les rapports des intérêts et mesure les droits réciproques des individus, le droit répressif, destiné à faire respecter les croyances collectives, y règne en maître. […] La quantité des étrangers avec lesquels Rome entrait en rapport l’obligeait à substituer, aux règles spéciales, des règles aussi générales que possible. […] Elle reconnaît qu’entre race et nation il n’y a plus aucun rapport. […] Il nous suffit de constater que, dans la civilisation qui nous occupe, — celle qui commence à marcher vers l’égalitarisme, — les individus en rapport sont trop nombreux et leurs rapports trop fréquents pour qu’on puisse espérer, ou craindre de si tôt un arrêt, et comme une sorte de pétrification de leurs imitations réciproques.
De la parole et de la société Je viens d’esquisser l’histoire de la parole ; essayons maintenant de l’étudier sous le rapport philosophique. […] Nous pourrions, à ce sujet, remarquer les rapports qui existent entre la philosophie hermétique, la philosophie indienne et le mysticisme des théosophes ; mais cette digression nous mènerait beaucoup trop loin. […] Platon, en disant que les noms ne sont point arbitraires, qu’ils ont un rapport avec les choses, dit, par là même, que le nom sort de la chose, et que l’homme n’a pas le pouvoir de nommer. […] Les autres ont entendu par discours vrai une science qui établit le vrai rapport ou le rapport primitif des mots avec les choses. Il est évident que les deux explications sont fondées, et qu’il faut établir d’abord la vraie filiation des mots pour arriver aux rapports qu’il veut, à l’origine, entre les mots et les choses.
Joubert n’est pas nommé dans tous les bulletins et rapports où il devrait l’être. […] Sans doute, il est un peu blessé de l’oubli qu’on a fait de sa brigade dans le rapport sur le combat de Lonato ; mais, indépendamment de cela, il obéit à sa disposition philosophique et assez prudente dès qu’il n’est pas au feu. […] Commandant à Legnago en octobre, il avait reçu ordre du général en chef de lui faire un rapport sur la défense de Corona en été et en hiver, et sur toute la ligne de l’Adige au lac de Garde. […] [NdA] C’est l’éloge que lui donne pour cette action Bonaparte, dans son rapport du 15 avril au Directoire : « Déjà l’intrépide général de brigade Joubert, grenadier par le courage et bon général par ses connaissances et ses talents militaires, avait passé avec sept hommes dans les retranchements de l’ennemi ; mais, frappé à la tête, il fut renversé par terre, etc. » 27.
Cependant, si nous comparons deux formations quelconques, sauf le cas où elles sont l’une avec l’autre en rapports étroits de succession, on constate que toutes les espèces qu’elles présentent ont-subi quelques altérations. […] Cela ressortira encore avec plus d’évidence de ce que nous avons à dire de la distribution actuelle des êtres organisés, lorsque nous verrons combien il y a peu de rapports entre les conditions physiques des diverses contrées et la nature de leurs habitants. […] Nous avons vu aussi que la spécialisation des parties ou des organes est avantageuse à chaque être ; de sorte que la sélection naturelle doit tendre constamment à spécialiser de plus en plus l’organisation de chaque individu, et à la rendre sous ce rapport plus parfaite et plus élevée. […] Le professeur Owen a démontré que la plupart des mammifères fossiles enfouis en grand nombre dans ces contrées ont des rapports frappants avec les types actuels qui peuplent l’Amérique du Sud. […] On pourrait encore citer beaucoup d’autres cas particuliers, tels que le rapport observé entre les coquilles terrestres éteintes et vivantes de Madère et entre les coquilles éteintes et vivantes des eaux saumâtres de la mer Aralo-Caspienne.
L’antique Orient, c’est le monde immobile de l’infini ; la société gréco-romaine, c’est le développement de l’idée du fini ; la civilisation moderne, c’est l’expression du rapport entre le fini et l’infini. […] Il est certain que les lois du progrès humain ont des rapports plus étroits avec celles de la vie qu’avec celles qui gouvernent le monde inorganique. […] Quel rapport entre la marche d’une planète que gouverne une nécessité mécanique et le progrès de la liberté ? […] Qui dit loi suppose un rapport constant, nécessaire, entre deux phénomènes, dont l’un est considéré comme antécédent ou condition essentielle de l’autre. […] La médecine a des rapports si étroits avec la zoologie, qu’il est permis de bétonner qu’Aristote n’ait pas nommé Hippocrate.
Il fait remarquer le rapport constant qui s’est établi entre le déclin et le retour des vrais principes politiques et des principes religieux pendant le cours de la Révolution française ; le Concordat n’est pas maudit. […] Si l’on relit ses mélanges extraits du Conservateur et du Mémorial catholique, ses beaux pamphlets, de la Religion considérée dans ses rapports avec l’Ordre politique et civil (1826), des Progrès de la Révolution(1829), ses deux Lettres à l’Archevêque de Paris (mars et avril 1829), on l’y voit ne jamais séparer dans son anathème les doctrines libérales ou démocratiques d’avec les doctrines hérétiques et impies, subordonner le prince au Pape, l’épiscopat à Rome, soutenir en tout et partout l’intervention et la prédominance légitime du pur catholicisme. […] Je cite de préférence Tertullien parce qu’il y a de singuliers rapports entre lui et l’oracle du Jansénisme, M. […] J’ouvre les Mélanges de 1825 : « On ne lit plus,… on n’en a plus le temps… Cette accélération de mouvement qui ne permet de rien enchaîner, de rien méditer, suffirait seule pour affaiblir et, à la longue, pour détruire entièrement la raison humaine. » Et en tête du livre de la Religion considérée dans ses rapports, etc. (1826) : « On ne lit plus aujourd’hui les longs ouvrages ; ils fatiguent, ils ennuient ; l’esprit humain est las de lui-même, et le loisir manque aussi… Dans le mouvement rapide qui emporte le monde, on n’écoute qu’en marchant… » On peut observer en règle générale que, de même que les livres de M. de La Mennais commencent tous par une parole empressée sur la vitesse des choses et la hâte qu’il faut y mettre, ils finissent tous également par une espèce de prophétie absolue. […] Si je voulais donner à un jeune homme de vingt ans, enthousiaste, enorgueilli de doctrines absolues, la plus haute leçon de philosophie pratique (soit philosophie chrétienne, soit philosophie humaine), je le lui ferais lire, et aussitôt le volume achevé, je lui mettrais entre les mains le livre de la Religion considérée dans ses Rapports, etc., par le même auteur.
L’auteur ne manque jamais de l’étudier sous son double aspect physique et mental, rattachant ainsi la psychologie des passions à la physiologie des passions ; et exposant par là même, comme il le fait remarquer, les rapports du physique et du moral. […] Toute classification qui n’est point fondée sur des rapports réels, peut contenir beaucoup de vérités ; elle est utile au début d’une science, mais elle ne peut être que provisoire. […] Noter les différences qui existent sous le rapport des émotions, entre les races humaines inférieures et supérieures ; celles qui seront communes à toutes pourront être considérées comme primitives et simples ; et celles qui sont propres aux races civilisées, comme ultérieures et composées. […] Entre le bien et le beau, le rapport est si intime que quelques-uns, comme Gœthe, ont pensé que la morale n’est que l’esthétique appliquée à la vie ; idée qui n’a pas été étrangère à Platon. […] La doctrine d’une loi morale indépendante, qui serve de critérium et de régulateur, n’est pas plus acceptable, car elle attribue à ce critérium une existence indépendante, sans rapport avec rien, bref à peine concevable.