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467. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Angellier, Auguste (1848-1911) »

Il comprend cent soixante-dix sonnets développant tout un roman d’amour qui commence par la floraison des aveux et des premières tendresses, se continue au bord des flots bleus, dans les monts, s’attriste d’une querelle, se poursuit en rêveries, devant la mélancolie des vagues grises, se termine enfin par le sacrifice, le deuil et l’acceptation virile qui n’est pas l’oubli… C’est bien l’histoire commune et éternelle des cœurs… C’est un véritable écrin que l’Amie perdue, un écrin plein de colliers et de bracelets pour l’adorée, et aussi de pleurs s’égrenant en rosaire harmonieux… C’est un des plus nobles livres d’amour que j’aie lus, parce qu’il est plein d’adorations et exempt de bassesses, parce que la joie et la douleur y sont chantées sur un mode toujours élevé, entre ciel et terre, comme le vol des cygnes qui ne s’abaisse pas même quand leur aile s’ensanglante d’une blessure… Je vous assure qu’il est là tel sonnet que les amants de tous les âges à venir, même le plus lointains, aimeront à relire, où ils retrouveront leur propre pensée et leur propre rêve, comme le doux André Chénier souhaitait qu’il en fût de ses vers d’amour… [Le Journal (26 juillet 1896).]

468. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Ponchon, Raoul (1848-1937) »

Charles Frémine Toi qui soupes d’un rêve et d’une fleur déjeunes, Toujours l’âme à la joie et la lèvre au cruchon, Nul barde, dans la gloire et le respect des jeunes, Ne s’élance plus haut que toi, Raoul Ponchon.

469. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Séverin, Fernand (1867-1931) »

On s’imaginerait volontiers, après avoir fermé son livre, se réveiller d’un beau rêve qu’on aurait fait, au crépuscule, au bord d’une source pure où, tout le temps aurait murmuré dans les roseaux une nymphe au doux langage.

470. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre IV. Petits Symbolards » pp. 49-52

(Les personnes suggestibles songeront : Rêves, longs espoirs, vastes pensées, désenchantement précoce, du regret, de la fatigue, de l’amer.)

471. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

La reprise de Marie Stuart n’était pas seulement pour la Comédie-Française une démarche naturelle tout à fait indiquée ; elle était pour Mlle Rachel un rêve d’imagination ; disons mieux, une délicatesse de reconnaissance et comme un vœu. […] Les jours, les nuits à mes travaux N’étaient plus que de longues trêves ; Je ne voyais plus dans mes rêves Flotter ton aigle et tes drapeaux. […] Toucher à la palme tragique une ou deux fois dans sa vie, c’était le rêve immortel. […] C’est un des plus doux bonheurs du poëte de pouvoir reconnaître un jour par lui-même les lieux désirés dont les noms erraient sur ses lèvres avec harmonie dans les rêves de sa jeunesse93.

472. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre I. Succès de cette philosophie en France. — Insuccès de la même philosophie en Angleterre. »

L’homme qui a écrit les Salons, les Petits Romans, les Entretiens, le Paradoxe du Comédien, surtout le Rêve de d’Alembert et le Neveu de Rameau, est d’espèce unique en son temps. […] C’est un systématique qui, replié sur lui-même et les yeux obstinément fixés sur son rêve ou sur son principe, s’y enfonce chaque jour davantage, en dévide une à une les conséquences, et tient toujours sous sa main le réseau entier. […] Le Rêve de d’Alembert . […] Paroles de Diderot lui-même, à propos du Rêve de d’Alembert.

473. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 65-128

CXCIV C’est ce que je fis, ma tante, et cela réussit aussi juste que cela m’avait été inspiré dans mon malheur ; ma zampogne jeta d’abord quelques sons aussi courts et aussi doux que les souffles d’un nourrisson qui se réveille, puis des morceaux d’airs tronqués et expirants comme des pensées qu’on n’achève pas dans un rêve, puis des ritournelles qu’on entend à la Saint-Jean, dans les rues, et qui sont dans l’oreille de tout le monde. […] J’avais bien rougi en lui avouant ce que je sentais, sa voix avait bien tremblé en me confessant pour la première fois que je ne faisais pas deux avec lui dans son idée et dans ses rêves, et que s’il n’avait rien osé dire encore à sa mère et à son oncle pour qu’on nous fiançât ensemble à San Stefano, c’était à cause de mes silences, de mes tristesses, de mes éloignements de lui depuis quelques mois, qui lui avaient fait douter s’il ne me causerait pas de la peine en me demandant pour fiancée à nos parents ; il me dit même qu’il ne regrettait en ce moment ni la prison, ni la mort, puisque son malheur avait été l’occasion qui avait forcé le secret de mon cœur. […] CCV Je buvais toutes ces paroles et je roulais déjà dans ma pensée, avec l’horreur de notre sort à tous les deux, le rêve d’y faire échapper, malgré lui s’il le fallait, celui qui ne voulait pas vivre sans moi et après lequel moi-même je ne voulais que mourir. […] J’ai cru d’abord à un rêve ; j’ai écouté longtemps après que les cloches de l’Ave Maria se taisaient sur la ville, et le même air de l’instrument de votre frère a continué à se faire entendre à demi-son dans la tour, par-dessus les toits de la prison.

474. (1894) Propos de littérature « Chapitre IV » pp. 69-110

Printanière, dans l’aube éternelle du rêve Et dans l’aurore assise, Elle tisse en rêvant Des choses qu’Elle sait, et sourit ; et, devant Elle, au gré de sa main agile, court sans trêve La navette laborieuse, et le doux vent D’avril emmêle ses cheveux qu’Elle soulève Et rejette sur son épaule ; et, relevant La tête, Elle fredonne un air qu’Elle n’achève… De l’ombre, Elle apparaît, comme en un cadre d’or : Derrière Elle l’azur et des plaines qu’arrose Un fleuve ; et, sur sa tête, un rameau de laurose Étend ses fleurs contre l’azur clair ; — et l’effort Du métier, comme un chant monotone et morose Se plaint très doucement : — on envierait le sort De celui qui baiserait la main qu’Elle pose Négligemment, parfois, et lasse de l’effort… Mais moi, la voyant rire en rappelant sans doute Quelque doux jour mort de sa joie un soir de mai, Je songeai que, peut-être, pour avoir aimé Son rire, d’autres ont repris la lente route Tristes d’un souvenir et le cœur affamé D’un mets où nulle lèvre impunément ne goûte. […] Déjà, à certaines places, il est vrai, le rythme se montrait seul maître de lui-même, avec l’accompagnement d’une mesure, non plus traditionnelle, mais logique ; encore peu divers, il était franc, ingénu et de primesaut : « Vous, si claire et si blonde et si femme, Vous tout le rêve des nuits printanières, Vous gracieuse comme une flamme Et svelte et frêle de corps et d’âme, Gaie et légère comme les bannières ; Et ton rire envolé comme une gamme En écho, par les clairières — ». […] On en trouve des exemples typiques : Voici ma pensée : Si la flèche Que mon arc lance aux étoiles Retombe et blesse Ma main qui l’a lancée Vers les étoiles ; Et si le cri d’opprobre Que je jette à l’écho des bois — Bavard ou de réponse sobre, Selon ma voix- Se retourne comme une insulte Qui brûle mon cœur en moi ; Ainsi tout vieux rêve vers toi, Tout vieil émoi (Qu’un nouveau rire, croit-il, achève) Surgit encore comme un tumulte, Hélène, Et tout vieux rêve Me pèse jour et nuit en honte vaine Comme un remords : Tel l’espoir d’une aube qui jamais ne se lève, Tel que mon jour est las de porter mes jours morts.

475. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre IV. Shakespeare l’ancien »

Il montre, dans des vers terribles, « l’impuissance qui enchaîne, comme dans un rêve, les vivants aveugles. » Sa tragédie n’est autre chose que le vieux dithyrambe orphique se mettant tout à coup à crier et à pleurer sur l’homme. […] Aristophane, qui n’est pas encore jugé, tenait pour les mystères, pour la poésie cécropienne, pour Eleusis, pour Dodone, pour le crépuscule asiatique, pour le profond rêve pensif. Ce rêve, d’où sortait l’art d’Égine, était au seuil de la philosophie ionienne dans Thalès aussi bien qu’au seuil de la philosophie italique dans Pythagore. […] On rêve sinistrement.

476. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. »

E. de Montlaur, esprit élégant, cultivé, nourri du suc des poëtes, et qui, sous ce titre : la Vie et le Rêve 49, a recueilli des impressions légères ou touchantes, des esquisses de voyage, des lettres en vers, tout un album, image des goûts et des sentiments les plus délicats ? […] Et comme, dans la nuit, il est de pâle nues, Sur le front de la lune, en groupe, voltigeant, Mes rêves, emportés loin des routes connues, Se jouaient sur le bord de son croissant d’argent.

477. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Baudelaire, Charles (1821-1867) »

Francis Vielé-Griffin Quand — hommage pieux — les poètes laurés Jetèrent, tour à tour, leur plume sur sa bière, Peut-être que, parmi ses clairs rêves dorés. […] Descendrai-je les fleuves, les torrents et les grèves Terribles comme tes chants et tes rêves de Poète, Et pour ta seule statue et pour ton mausolée Cueillerai-je des chrysanthèmes désolés ?

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