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1552. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

Il dit ailleurs : « L’aversion que j’avais pour le sentimental, le besoin de me livrer avec une espèce de désespoir à l’inévitable réalité, me firent trouver dans le roman du Renard la matière qu’il me fallait pour un exercice qui tenait tout à la fois de la traduction et du remaniement. » Et ces deux mots sont deux éclairs.

1553. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Rien ; car ils ne pourraient manquer de s’apercevoir alors que plusieurs opinions, essentiellement philosophiques, sont aujourd’hui consacrées par quelques institutions sociales ; que plusieurs idées journellement attaquées comme des abstractions vides de réalité ne sont que des conséquences plus ou moins immédiates de quelques principes de philosophie devenus des principes de politique. […] Il ne voulait jamais occuper le lecteur de lui-même ; il se proposait uniquement de lui faire connaître le fond des objets et de dérouler à la vue, dans leur réalité obscure et mystérieuse, certains grands moments de décomposition et de transformation sociale, jusqu’à présent mal démêlés.

1554. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

De pareilles fables sont une image frappante et embellie des réalités. […] Ces jeux fantastiques, ces courses des ombres au milieu des tourbillons et des orages, ressemblent trop au néant, pour que l’âme se repose et s’étende avec quelque charme dans un avenir aussi désert, où rien n’a de la consistance et de la réalité.

1555. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

et généralement que toute cette littérature encyclopédique, — à force d’être philosophique, — ne manque de rien tant que de réalité, de substance et de vie ? […] Lion, Les Tragédies de Voltaire, Paris, 1896.] — Passion de Voltaire pour le théâtre ; — et réalité, souplesse, variété de ses aptitudes dramatiques. — Influences successives de Racine ; — du vieux Crébillon ; — de Shakespeare sur la conception dramatique de Voltaire. — Zaïre, 1732 ; — et si Voltaire s’y est souvenu davantage de Bajazet ou d’Othello ?

1556. (1897) Aspects pp. -215

Zola comprit que le déisme confus du Père Hugo était impuissant à satisfaire les besoins de réalité tangible d’une époque qu’énervaient, d’autre part, les fantaisies sentimentales des romanciers spiritualistes. […] L’amour du rêve infécond, le dédain de la vie, la haine de la science et des réalités les entraînent dans la nuit — ils y périront. […] Couvrant d’un large pardon nos erreurs, nos chutes et nos querelles, plusieurs diront : « Tout meurtris encore du combat que se livrèrent en eux les fantômes de la Foi et les jeunes forces ardentes de la Science, ravis par l’aube qui remplissait lentement de merveilles leurs yeux qu’effaroucha la nuit sans étoiles, ces morts parvinrent enfin à découvrir que leur âme unanime échappait aux mensonges des vieux âges pour avoir conçu, malgré les leçons des rhéteurs, la réalité splendide de l’univers. » Aujourd’hui, confiants dans notre force, sûrs que notre labeur fut probe, nous devons, plus que jamais, nous bander contre la médiocrité ambiante, mettre notre orgueil à repousser les avances des vieilles prostituées qui nous invitent à remplir avec elles ce tonneau sans fond : l’opinion publique et répondre à leurs caresses par des coups de fouet.

1557. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

Et que de scènes encore d’une réalité saisissante : une tempête sous un crâne, le couvent de Picpus !

1558. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

C’était le confluent de toutes les opinions et de toutes les illustrations en France, en Angleterre, en Italie, en Amérique ; tous les hommes qui n’étaient pour moi que des noms y devinrent des réalités, depuis les Lafayette jusqu’aux Montmorency.

1559. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

Mais on n’en voyait pas moins, — avec Auguste Comte et son école entière, — dans « l’état théologique », ce que j’appellerais volontiers la phase embryonnaire de la vie de l’intelligence, et peut-être quelques physiologistes ou quelques anthropologues croient-ils encore fermement à la réalité de cette métaphore.

1560. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

On se heurte de nouveau à la réalité, on la trouve plus rude qu’auparavant, et l’on s’irrite… Et il arrive ainsi qu’en exaltant notre espoir, mais sans nous apporter plus de vertu, la fête de la paix sème en nous des germes de guerre. […] L’absence de toute résistance autour d’elle, les servilités qui l’environnent, l’universalité des acclamations, le mensonge de la scène devenu à la longue plus vrai pour elle que la réalité même, la conscience d’être unique au monde … je suis tenté de croire que tout cela a fort bien pu créer en elle ce que nous appellerons — si vous le voulez bien, ma cousine  l’état d’esprit néronien, c’est-à-dire l’oubli des conditions ordinaires de la vie humaine, le caprice incessant, monstrueux et stérile dans l’incurable ennui, et peut-être, qui sait ?

1561. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Sauf la longue perruque couronnée de laurier, c’est le costume romain dans son intégrité, et c’est chose curieuse à noter que Molière, qui, auteur dramatique, introduisit la réalité dans la comédie, acteur, ait voulu l’introduire aussi dans la tragédie. […] — la réalité semble les avoir au moins en partie dissipées. « Je vous donne, écrit-il à sa femme, les gens de Limoges pour aussi fins et aussi polis que le peuple de France. » C’est au palais épiscopal que se réunissait alors l’élite de la société limousine.

1562. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

Et partant pour***, notre Ange qui voulait voir travailler une cour d’assises s’abîmait dans des réflexions en partie miséricordieuses sur cette faiblesse humaine (et plus particulièrement chicanouse) qui consiste à déployer et à subir le pouvoir d’un mot mis hors de sa place, lorsque la réalité vint couper net ces dispositions par trop bénignes. […] Non sans que la nécessaire, j’allais dire la légendaire, la traditionnelle ou si, comme moi, vous préférez, la belle, la noble, l’essentielle mélancolie de ce pays de rêve… et de réalité, n’ait là pris place.

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