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1360. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre II. De la reconnaissance des images. La mémoire et le cerveau »

À ce moment précis, la mémoire, au lieu de faire paraître et disparaître capricieusement ses représentations, se règle sur le détail des mouvements corporels.

1361. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

L’oubli c’est la règle, et le souvenir c’est l’exception. […] Célimène, en effet, par sa position qu’on n’explique pas, par ces mœurs au moins fort dégagées, par cet affranchissement complet de tout frein et de toute règle, n’appartient pas plus à la cour qu’elle n’appartient à la ville ; elle est placée à moitié chemin de Paris et de Versailles.

1362. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

Les mots, à leurs yeux, ne sont plus que des signes conventionnels, artificiels, arbitraires ; la phrase n’est plus qu’un « polynôme » qu’on « ordonne » conformément aux règles ; et le style enfin n’est plus pour eux que l’équation de la pensée pure. […] C’est de retourner à la nature pour nous y conformer ; et, rien qu’en posant ce principe, mais surtout en l’appuyant de ces « considérants », Rousseau renversait à la fois l’antique autorité des règles, le peu qui survivait du pouvoir de la tradition, et celui que la communauté s’arrogeait sur les sentiments de l’individu.

1363. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

Les exceptions sont même quelquefois tellement nombreuses, qu’elles dépassent la règle générale. […] Il arrive très souvent que ces émotions naïves sont en complet désaccord avec les théories de la poétique la plus saine, et alors nous sommes amenés à nous demander lequel a tort du spectateur ou de la poétique et à contrôler les règles de l’art par les émotions de la vie. […] Et d’abord on peut dire en règle générale que Shakespeare est trop vaste pour la scène.

1364. (1905) Propos littéraires. Troisième série

Persuader à des Français, non seulement qu’ils peuvent se pénétrer de latinité, ce qui est bien, qu’ils peuvent imiter l’antiquité, ce qui est excellent, qu’ils peuvent rivaliser avec l’antiquité, ce qui est mieux encore ; mais qu’ils peuvent devenir des Latins et des Grecs ; créer à l’usage des poètes et des hommes de lettres en général une sorte d’atavisme artificiel ; vouloir que, non comme langue, je le reconnais, mais comme sentiments, comme idées, comme goûts, comme formés et cadres de composition, et enfin comme style, des Français soient des Latins et des Grecs ; c’est cette tentative qu’a faite Ronsard, c’est ce dessein qu’il a formé, c’est ce but qu’il a poursuivi, et c’est cette gageure qu’il a établie comme sa règle. […] Malherbe ne diffère nullement de Ronsard sur ce point ; seulement ce qui était pour Ronsard une passion, pour Malherbe est une règle ; mais Malherbe n’ayant précisément de passion que pour la règle, le résultat est presque exactement le même. […] C’est ainsi que se vérifie cette règle sur laquelle j’ai tant insisté, qui est que, loin que les écrivains soient, comme on l’a tant dit, l’expression de leur temps, c’est souvent le temps qui les suit qui est l’expression de leur esprit ; en sorte qu’il ne faut pas les expliquer par leur époque, ni leur époque par eux, mais plutôt, plus souvent, l’époque qui les suit par eux, et eux par l’époque qui les suit.

1365. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

Développer librement tous les caprices de la pensée, dussent-ils choquer le goût, les convenances et les règles ; haïr et repousser autant que possible ce qu’Horace appelait le profane vulgaire, et ce que les rapins moustachus et chevelus nomment épiciers, philistins ou bourgeois ; célébrer l’amour avec une ardeur à brûler le papier, le poser comme seul but et seul moyen de bonheur, sanctifier et déifier l’Art regardé comme second créateur : telles sont les données du programme que chacun essaye de réaliser selon ses forces, l’idéal et les postulations secrètes de la jeunesse romantique. […] On avait peur de lui voir décapiter la tremblante Kitty Bell avec le tranchant d’une règle plate. […] À travers ses bizarreries, ses obscurités, ses exagérations, on devinait une énergie que rien ne ferait ployer ; il avait dès lors cette assiette inébranlable d’une force primitive et ressemblait à ce personnage panthéiste du second Faust, que Goethe appelle « Oréas, roc de nature. » C’est une idée assez répandue parmi le public que les romantiques, qu’ils soient poètes, peintres ou musiciens, s’affranchissent des règles parce qu’ils ne les ont pas apprises ou sont trop inhabiles pour n’en être pas gênés. […] Le soin rigoureux de la forme et de la couleur, les difficultés d’architectonique, la nouveauté de détail qu’ils s’imposaient demandaient un bien autre travail que la soumission aux vieilles règles reconnues et souvent peu observées.

1366. (1774) Correspondance générale

Je ne me donnerai pas la peine de les contredire ; mais leur jugement va devenir pour moi la règle et la mesure du goût qu’ils ont. […] Y a-t-il d’autres règles pour une femme que pour une maîtresse ? […] Il s’agit du règlement de l’hôpital qui porte le nom de me Necker ; Hospice de charité, institution, règles et usages de cette maison.

1367. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxvie entretien. L’ami Fritz »

… Puisqu’il en est ainsi, pensa Kobus, tâchons au moins de profiter de notre souffle, pendant qu’il nous est permis de souffler. » Or, durant quinze ans, Fritz Kobus suivit exactement la règle qu’il s’était tracée d’avance ; sa vieille servante Katel, la meilleure cuisinière de Hunebourg, lui servit toujours les morceaux qu’il aimait le plus, apprêtés de la façon qu’il voulait ; il eut toujours la meilleure choucroute, le meilleur jambon, les meilleures andouilles, et le meilleur vin du pays ; il prit régulièrement ses cinq chopes de bockbier à la brasserie du Grand-Cerf ; il lut régulièrement le même journal à la même heure ; il fit régulièrement ses parties de youker et de rams, tantôt avec l’un, tantôt avec l’autre.

1368. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Enfin, la qualité de la personne règle entièrement le prix et la qualité des calates qu’on lui donne.

1369. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

Elle s’inquiète des chefs-d’œuvre anciens, les étudie et les imite ; elle invente des rythmes charmants ; mais sa langue n’est pas faite, le temps d’accomplir sa tâche lui manque, et il arrive que les esprits, avides d’une discipline commune, s’imposent bientôt d’étroites règles, souvent arbitraires, qu’ils tiennent à honneur de ne plus enfreindre.

1370. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

C’est le naturisme heureux et libre, et sans règle pédante, de l’art chinois, de l’art japonais, de ces arts calomniés comme arts fantastiques et qui n’ont besoin que de cueillir une feuille, que je vois là-bas, pour en faire, sous les doigts d’un ouvrier de Yedo, la plus ravissante des coupes.

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