Cultivant les lettres en homme qui compte sur elles et sur la gloire qu’elles apportent, quelquefois trop tard, il dirigeait plus qu’il ne maniait les affaires ; mais, s’il l’avait voulu, il aurait prouvé une fois de plus aux ignorants, dont l’opinion gouverne le monde, que l’amour de la littérature ne coupe la main à aucune aptitude, et qu’on sut brasser les affaires avec le génie d’un commis en gardant au fond de soi le dangereux amour des choses intellectuelles.
Elle prouve que ce qu’elle fut, elle l’est encore, en montrant le palais que ses étudiants se sont donné. […] Les Lettres intimes d’Alberoni prouvent une fois de plus que Saint-Simon est très bien informé. […] Ce que l’on a prouvé, ce que les érudits allemands ont scrupuleusement constaté, ce que les loyaux Français ont bénévolement concédé, et les vaillants d’Espagne victorieusement maintenu, c’est que « le nouvelliste français, M. […] » et le chanoine qui meurt épuisé de saignées, noyé d’eau chaude, ce qui prouve que le plus habile médecin ne saurait prolonger nos jours, quand leur terme fatal est arrivé !
ce sont eux, les décadents : leur impuissance prématurée le prouve. […] Je ne suis pas sûr, comme l’est son pieux biographe, que le sonnet du Mal « prouve la lecture de Proudhon », et que de très précises doctrines sociales se soient déjà formulées dans l’esprit de Rimbaud ; mais toutes sortes de choses s’agitent en lui, des désirs autant que des pensées, des sensualités autant que des rêves, qui vont le jeter en dehors de la vie régulière et le lancer dans la fiévreuse aventure de sa vie, en quête de jouissances multiples et de satisfactions sans fin pour d’insatiables appétits. […] En réalité, son vers, ainsi détraqué, n’avait plus d’unité organique ; l’apparence de régularité ne tenait plus qu’à une disposition typographique et, dans la citation ci-dessus, la transcription de la troisième strophe prouve bien que les deux alexandrins n’étaient en somme que trois vers libres.
C’est alors que sans peine un Dieu se fait entendre : Il se cache au savant, se révèle au cœur tendre ; Il doit moins se prouver qu’il ne doit se sentir. […] Il prenait de là occasion pour se jeter sur le germanisme en littérature, et il en prévoyait dès lors, il en combattait les conséquences en tout genre, avec une vivacité qui prouve encore moins sa prévention extrême que sa promptitude de coup d’œil et d’avant-goût.
Je sais bien ce qu’elle tend à prouver : qu’Antoine Arnault est un désabusé, revenu de tout. […] Seul échappe à l’étreinte de la sensation exclusive le soupirant Charlie, de qui le désir s’ennoblit de courage et de dévouement — dévouement, parce que, si jeune, on s’oublie volontiers soi-même… courage, parce qu’il s’agit de prouver à l’adorée qu’au prix de son amour nul risque ne saurait compter ; Charlie, qui serait une figure unique, s’il ne descendait en ligne directe de trop illustres modèles : Charlie-Chérubin, filleul d’une belle marraine, et plus encore, Charlie-Fortunio, cousin d’une si tendre cousine ; Charlie, « le cavalier servant, cet enfant inoccupé qui, entre l’éducation finie et une carrière à choisir, passait son temps à ramasser l’éventail de sa belle cousine ou à lui plier son châle à franges… » Charlie, toujours présent et qui irrite les nerfs d’Antoine-Clavaroche.
à prouver que vous êtes un écrivain ? […] Et il fallut bien que l’âne entrât, en effet ; — Molière se retint à une branche, et l’âne entra tout seul, ce qui vous prouve bien que ce n’était pas l’âne véritable de Sancho Pança.
Dans cette pieuse réflexion, il fit brûler en sa présence cet illégitime enfant de son bel esprit, et voulut prouver par cette action, véritablement chrétienne, qu’il préféroit la qualité d’homme de bien à celle de docte interprète. » Les poésies françaises de Passerat se composent de Vers de chasse et d’amour, publiés à Paris en 1597 et d’un volume d’Œuvres poétiques, publié en 1607 et 1606. […] Les vers mesurés de Baïf prouvent encore une fois la vanité de toutes ces expériences. […] Celle-ci : N’estimer rien n’est pas un crime, Et La Harpe le prouve bien ; Car on sait qu’il n’estime rien, Non, rien, même quand il s’estime.
Oui, dis si tu le veux ; Je suis tout prêt, cruelle, à te prouver ma flamme31 ! […] L’Amour médecin est bien autre chose déjà que cette scène de Dom Juan où Sganarelle se fait médecin ; mais L’Amour médecin est beaucoup au-dessous, comme intensité de ridicule, de cette scène du premier acte de Monsieur de Pourceaugnac où deux médecins s’emparent de ce pauvre M. de Pourceaugnac pour lui prouver qu’il est fou. […] Je vous ai prouvé par des exemples que La Fontaine, Fléchier, Saint-Simon, n’ont pas ce sens de « l’égalité » ; ils n’ont pas davantage le sens de ce que nous appelons « l’humanité ».
…) « Prouve-leur à tous que nous, les interprètes de ton génie, nous pouvons gagner au contact de tes nobles pensées… autre chose que de les bien traduire ! […] Les plus belles choses sont les plus faciles à parodier, et la parodie, dans ce cas, ne prouve rien qu’une certaine bassesse d’esprit chez ceux qui s’y abandonnent. […] Nous l’avons tous jeté, cet anneau, comme si, dès qu’un peu de joie nous arrive, nous nous sentions menacés et guettés par une puissance-soupçonneuse et jalouse ; et cela prouve deux choses, dont vous vous doutiez déjà : d’abord, que nous croirons toujours, par atavisme, au dieu de nos plus anciens ancêtres, à un dieu fait comme nous et, par suite, à sa méchanceté autant qu’à sa bonté ; puis, que nous aurons toujours en nous cette pensée, fruit de l’expérience héritée des siècles, que la douleur est la condition naturelle de l’homme, et que nous devons donc trembler quand d’aventure nous sommes heureux… Cela suffisait pour faire à la pièce de M. […] Malgachon, furieux, se découvre, et alors… L’absurdité de son aventure, les émotions, la rage de ne pouvoir prouver son innocence, et en même temps, l’espèce de gloire qui lui est venue soudainement, ont fini par déséquilibrer et affoler le pacifique Bicoquet.
Maquet a prouvé qu’il entendait le théâtre. […] Cette exaltation peut sembler bizarre à la génération qui a maintenant l’âge que nous avions alors, mais elle était sincère, et plusieurs l’ont prouvé sur qui, depuis longtemps, l’herbe pousse épaisse et verte. […] En somme, la poésie est un don fatal, une sorte de malédiction pour celui qui le reçoit en naissant, — une grande fortune même n’empêche pas toujours le poète d’être malheureux ; l’exemple de Byron le prouve assez. […] Il faisait de l’art pour l’art : excellente doctrine, quoi qu’on en ait pu dire, et il ne se souciait de rien prouver, sinon qu’il était un maître.
Car ça ne prouve rien, ça ne dit rien, ça n’est ni historique, ni satirique, ni humoristique. […] « On vivait, dit-il, dans ce temps-là, on pouvait s’affirmer, prouver sa force ! […] En 1845, il écrivait : « Hier le combat des Thermopyles m’a transporté comme à douze ans, ce qui prouve la candeur de mon âme, quoi qu’on dise. » Tout ce qui de cette candeur avait subsisté et s’était affiné, tourné en simplicité et en perfection, eût terminé vraiment sur une belle note la symphonie de ses créations littéraires.