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1746. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre X. De la chronologie poétique » pp. 235-238

C’est à tort que les chronologistes ne prennent point leur science au point même où commence le sujet qui lui est propre.

1747. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre I. Introduction. Trois sortes de natures, de mœurs, de droits naturels, de gouvernements » pp. 291-295

Gouvernements humains, dans lesquels l’égalité de la nature intelligente, caractère propre de l’humanité se retrouve dans l’égalité civile et politique.

1748. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

Vous auriez vu avec chagrin de longues files de jeunes gens des deux sexes de la plus grande beauté, liés avec des cordes et journellement exposés en vente… Ils vendaient ainsi comme esclaves leurs plus proches parents et même leurs propres enfants… » Et le chroniqueur ajoute qu’ayant abandonné cet usage, « ils donnèrent ainsi un exemple à tout le reste de l’Angleterre. »  — Veut-on savoir ce qu’étaient les mœurs dans les plus hauts rangs, dans la famille du dernier roi30 ? […] Les femmes des Cimbres, ne pouvant obtenir de Marius la sauvegarde, de leur chasteté, se sont tuées par multitudes de leur propre main. […] Il n’y a point d’homme parmi eux qui, à ses propres risques44, ne puisse faire des ligues, aller combattre au dehors, tenter les entreprises. […] Mais cet esprit exclu du sentiment du beau n’en est que plus propre au sentiment du vrai. […] Ils ont beau importer leurs mœurs et leurs poëmes, faire entrer dans la langue un tiers de ses mots ; cette langue reste toute germanique, de fonds et de substance76 ; si sa grammaire change, c’est d’elle-même, par sa propre force, dans le même sens que ses parentes du continent.

1749. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

Toutes deux, excessives, avaient dégénéré par l’emportement de leur propre force : l’une avait exalté l’indépendance jusqu’à la révolte, l’autre avait égaré la piété jusqu’à l’enthousiasme ; la première rendait l’homme impropre à la vie civile, la seconde retirait l’homme de la vie naturelle ; l’une, instituant le désordre, dissolvait la société ; l’autre, intronisant la déraison, pervertissait l’intelligence. […] En effet, c’est le sujet le plus agréable, le plus propre à faire couler doucement les heures du soir, entre la coupe de vin épicé et les parfums qui brûlent dans la chambre. […] À travers ces dévergondages d’esprit, parmi ces exigences raffinées et cette exaltation inassouvie de l’imagination et des sens, il y avait une passion, l’amour, qui, les réunissant toutes, s’était développée à l’extrême, et montrait en abrégé le charme maladif, l’exagération foncière et fatale, qui sont les traits propres de cet âge, et que la civilisation espagnole reproduisit plus tard en florissant et en périssant. […] Jamais je ne leur laissais le dernier mot… Quand le pape eût été à leurs côtés, je ne les aurais point épargnés, fût-ce à leur propre table. […] J’aurais voulu traduire : « Elle réprimait les bruits de l’estomac. »  — Mais le mot propre est naïf dans l’original.

1750. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

Aussi n’est-il point interdit aux peuples18… de se donner telle forme politique qui s’adaptera mieux ou à leur génie propre, ou à leurs traditions et à leurs coutumes. […] Dans l’Encyclique du 29 juin 1881, après avoir défini l’inquiétude qui travaille les sociétés modernes, il poursuivait en ces termes hardis : Ce qu’il y a de plus grave, c’est que, au milieu de tant de périls, les chefs des États ne semblent disposer d’aucun remède propre à rétablir la paix dans les esprits et l’ordre dans la société. […] Car il est écrit : « Si quelqu’un vient à moi, et ne hait pas son père et sa mère, sa femme et ses enfants, ses frères et ses sœurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple. » Oui, cela est écrit. […] La science peut donc bien avoir aujourd’hui le droit de passer leurs idées comme au crible et de n’en retenir que ce qu’elle y reconnaît de conforme à ses propres certitudes. […] On ne manqua pas de dire que c’était avec justice qu’on voyait nager dans son propre sang un prince qui avait si cruellement répandu celui de ses sujets.

1751. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

Dans le second, il s’éloignait de la nature, puisque le contour n’a pas d’existence propre, n’étant que la limitation de l’objet ou de l’être. […] Cependant l’auteur, sur la fin de sa vie, regretta, amèrement, suivant le dire de son éditeur, certains passages propres, pensait-il, à blesser la décence. […] Suivant lui, « l’idéal n’a pas d’existence propre, il n’y a pas de substance de l’idéal. […] Possédant la connaissance du bien et du mal, il nous est toujours possible de réagir contre nos propres tendances. […] Le roman est déjà un mode de lecture inférieur, plus propre à égarer l’esprit qu’à l’éclairer, soit qu’il dépeigne la vie en rose, soit qu’il la représente en noir ; il développe chez les uns, le goût des intrigues amoureuses ou d’une sentimalité outrée ; chez les autres, le besoin de sensations et d’émotions violentes, ne considérant l’existence qu’autant qu’elle fournit une suite de péripéties variées.

1752. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre I. De la sélection des images, pour la représentation. Le rôle du corps »

Et de ces lois elles-mêmes on infère que nos sensations sont simplement des signaux, que le rôle de chaque sens est de traduire dans sa langue propre des mouvements homogènes et mécaniques s’accomplissant dans l’espace. […] Passez maintenant à la limite, supposez que la distance devienne nulle, c’est-à-dire que l’objet à percevoir coïncide avec notre corps, c’est-à-dire enfin que notre propre corps soit l’objet à percevoir. […] Il ne suit nullement de là qu’il n’y ait pas, pour chaque genre d’affection, une localisation immédiate d’un certain genre, une couleur locale qui lui soit propre. […] Mais notre propre nature, le rôle et la destination de notre personne, demeurent enveloppés d’un aussi grand mystère. […] Mais nous découvrons ici l’erreur de ceux qui voient dans la perception une projection extérieure de sensations inextensives, tirées de notre propre fond, puis développées dans l’espace.

1753. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

Celui qui s’éleve par sa propre science, est presque toujours celui qu’on rabaisse & qu’on déchire. […] Son ton vous en impose ; & quoique convaincu par votre propre goût que le vin ne vaut rien, vous aimez mieux croire que vous vous êtes trompé…. […] Cependant les deux auteurs avoient vu de leurs propres yeux ce qu’ils rapportoient, & peut-être ne falloit-il croire ni l’un ni l’autre. […] L’homme n’aura donc plus rien en propre ?… En propre !

1754. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

C’est une copie revue par Chateaubriand qui l’a corrigée de sa propre main. […] Des tramways, légers et propres, montent et descendent l’avenue. […] Il aimait même sa propre vie — sombre vie — comme un amusement. […] Puis il vit s’échapper de ses mains le glorieux monopole de défendre ses propres idées. […] N’ai-je point coupé de mes propres mains cette natte sur votre tête ?

1755. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

Thiers n’a jamais manqué, à l’occasion, de se prononcer contre cette disposition d’esprit si commune de nos jours, qui consiste à se replier sur soi, à s’analyser, à raconter ses propres émotions au lieu de chercher à s’en procurer de nouvelles ou d’en produire chez d’autres ; il appelle cela le genre impressif et le croit contraire à la destinée naturelle de l’homme, laquelle est plutôt dans le sens actif. […] Thiers n’avait pas visitée encore, les considérations générales sur le goût, sur la critique des arts et sur les divers mérites propres à ceux du dessin, restent des pages très-agréables et très-justes, des gages d’un instinct très-sûr et d’une inclination naturellement éclairée. […] L’auteur tient encore, et avec raison, à cet ancien travail dans lequel il jeta ses propres idées sur les banques. […] Naturellement passionné pour le grand et le simple, amoureux de ses propres études et vivant dans l’abondance des pensées, il ne s’occupait guère de ces tentatives d’alentour qui remuaient, plus qu’il ne le croyait, des intelligences sérieuses ; et si, à la rencontre, son regard venait à s’y arrêter, il y opposait aussitôt un tel idéal de simplicité et de pureté, que les contemporains le plus souvent n’avaient rien à faire en comparaison. […] Le style de Laplace dans l’Exposition du système du monde, de Napoléon dans ses Mémoires, voilà les modèles du langage simple et réflechi propre à notre âge. » Et il finit par risquer ce mot qui, depuis, a tant fait fortune : « Napoléon est le plus grand homme de son siècle, on en convient ; mais il en est aussi le plus grand écrivain. » Il faudrait bien de la pédanterie pour venir contester, contrôler un jugement si piquant. si vrai même, à l’entendre d’une certaine manière.

1756. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Le Chevalier de Méré ou De l’honnête homme au dix-septième siècle. »

Après Balzac, après Voiture, qui sont des épistolaires de profession, la charmante mère de Mme de Grignan sait être parfaitement naturelle et obéir à son propre génie, à son cœur, tout en soignant le détail plus qu’il n’y paraît, et en songeant bien un peu au monde qui attachait tant de prix alors à une lettre bien faite. […] Comme, selon lui, le propre de l’ honnête homme est de n’avoir point de métier ni de profession, il pensait que la cour de France était surtout un théâtre favorable à le produire : « car elle est la plus grande et la plus belle qui nous soit connue, disait-il, et elle se montre souvent si tranquille que les meilleurs ouvriers n’ont rien à faire qu’à se reposer. » Ce parfait loisir constitue véritablement le climat propice : être capable de tout et n’avoir à s’appliquer à rien, c’est la plus belle condition pour le jeu complet des facultés aimables : « Il y a toujours eu de certains fainéants sans métier, mais qui n’étoient pas sans mérite, et qui ne songeoient qu’à bien vivre et qu’à se produire de bon air. » Et ce mot de fainéants n’a rien de défavorable dans l’acception, car « ce sont d’ordinaire, comme il les définit bien délicatement, des esprits doux et des cœurs tendres, des gens fiers et civils, hardis et modestes, qui ne sont ni avares ni ambitieux, qui ne s’empressent pas pour gouverner et pour tenir la première place auprès des rois : ils n’ont guère pour but que d’apporter la joie partout39, et leur plus grand soin ne tend qu’à mériter de l’estime et qu’à se faire aimer. » Voilà les f ainéants du chevalier. […] C’étoit un homme avancé en âge, fort timide et d’une foible constitution ; mais il aimoit à se faire craindre, et parce qu’il avoit cru que ces dogues m’avoient épouvanté, il me dit qu’il seroit bien dangereux de se promener la nuit autour de chez lui ; et me faisant entrer dans une salle, il me demanda ce que je cherchois : Je suis, lui dis-je, un homme de lettres qui me mêle d’instruire les jeunes gens. — Vous êtes propre et leste, reprit-il ; mais n’avez-vous ni bonnet ni chemise, et marchez-vous comme cela sans hardes ?  […] Enfin, m’étant remis le mieux que je pus, j’entrai dans un cabinet fort propre où je fis la révérence à la plus belle femme qu’on ait jamais vue ; je me baissai avec beaucoup de respect pour lui baiser la robe, mais elle m’en empêcha et me voulut bien saluer aussi civilement que si je n’eusse pas été déguisé. […] J’eus beaucoup de peine à me défaire de cette mauvaise habitude quand j’allai dans le monde, et même à ne pas user de ces certains termes qui n’y sont pas bien reçus, outre que je me trouvois si neuf et si mal propre à ce que les autres faisoient que je ne m’osois montrer en bonne compagnie.

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