des cris, — si profonds ! […] Mais, en outre, le caractère de Louis XI me paraît un des plus complexes et des plus profonds qu’on ait mis à la scène. […] Le mot profond sur la « pudeur impudique » semble fait pour cette Svava. […] C’est une âme délicate et profonde, mélancolique et sensuelle. […] Dès lors, l’épreuve ne signifie plus rien, et ce profond Tibère est un peu nigaud de ne pas s’en apercevoir.
profonde maxime ! […] Il a produit une pièce qui prouve la profonde noirceur de celui qui l’a fait décréter. […] Il ne faut pas connaître le public, ni le cœur humain, pour croire que si le public rit d’un homme qui s’étale parce qu’on a retiré une chaise sur laquelle il allait s’asseoir, il éprouve une admiration profonde pour celui qui a retiré la chaise. […] Le civisme, en un mot, est un des sentiments les plus profonds de Rousseau, et l’on ne s’étonnera que de ceci que je mette tant de lignes à établir cette vérité. […] Les seuls vers religieux que Molière ait écrits ne respirent pas un profond enthousiasme : Au bas d’une estampe représentant la confrérie de l’esclavage de Notre-Dame de la Charité.
L’idée-mère de Stello a de lointaines mais profondes analogies avec Moïse. […] Il a des racines profondes, et renouvelle à chaque printemps la sève de ses rameaux. […] Ce qui fait la gloire du tragique allemand, bien qu’il soit très loin de l’animation et de la naïveté de son modèle, c’est l’étude attentive et profonde de l’âme humaine. […] Mais la chute même qu’elles ont faites, si profonde qu’elle soit, ne les flétrit pas sans retour. […] Sa curiosité n’avait rien de maladif et d’arrogant ; il arrangeait ses distractions comme une étude austère ; et son émotion, pour être prévue, n’était ni moins vive, ni moins profonde.
Le sentiment religieux qui se réveillait alors n’était ni bien profond, ni bien réfléchi, et une voix éloquente a pu énumérer, sans parti pris d’optimisme, tout ce qui devait, il y a cinquante ans, accabler les catholiques, tout ce qui doit les rassurer aujourd’hui. […] Il fallait, en un mot, proclamer le spiritualisme chrétien dans l’art comme le seul spécifique assez puissant pour le guérir de son mal, comme la seule piscine assez profonde pour le laver de ses souillures. […] Les honnêtes gens, les honnêtes femmes, les esprits sérieux et délicats, comprendront qu’il y a des affinités profondes, des solidarités intimes, entre les désordres littéraires et les décadences sociales, entre les aberrations du goût et la dégradation des mœurs, entre les difformités de la langue et les turpitudes de la pensée. […] Il faut que le poëte aux semences fécondes Soit comme ces forêts vertes, fraîches, profondes, Pleines de chants, amour du vent et du rayon, Charmantes, où soudain l’on rencontre un lion. […] C’est ce qui ressort, avec autant de nouveauté que d’évidence, des ingénieuses et profondes recherches de M. de Tocqueville.
Il n’était pas, certes, un grand génie ni même un bel esprit ; mais il avait l’accent français avec un profond sentiment de la toute-puissance de l’esprit chez le peuple de Voltaire et de Diderot. […] Creusez donc sa tombe si vous voulez, notre sinistre fossoyeur, mais faites-la vaste et profonde, plus profonde que celle d’Yorick. […] mais, je vous prie, dans ce profond silence de la littérature facile, quelles voix se feront entendre ? […] Madame Dubarry demandant grâce au bourreau pourra remuer les furies de guillotine ; elle inspire un profond dégoût à ces honnêtes gens qui meurent la tête haute et la conscience tranquille. […] Au besoin, celui qui écrit ces lignes, avec une douleur profonde et une conviction bien sentie, pourrait attester toute l’amitié que cet excellent homme portait à la jeunesse.
c’est la saison où les soupirs les plus pesants s’arrachent péniblement du plus profond de ce cœur dont celle qui n’est plus emporta avec elle au ciel la vie et la félicité. […] La terreur est ici si profonde qu’on n’ose se parler qu’à l’oreille, la nuit, et dans quelques lieux retirés. […] Et si ces sensibilités profondes et délicates, comme celle de Pétrarque, ont été douées par la nature et par l’art du don d’exprimer avec force, grâce, naturel et harmonie leurs enthousiasmes, de chanter leurs soupirs, de moduler leurs larmes, de confondre leur passion profane pour une créature divinisée avec cette passion sainte pour l’éternelle beauté qui devient la sainteté de la passion, alors ces âmes s’emparent du monde par droit de consonance avec tout ce qui sent, souffre ou aime comme elles ont aimé ; car le cœur de l’homme a été fait, comme le bronze ou comme le cristal, sonore ; il vibre à l’unisson de tous les autres cœurs créés de la même argile et susceptibles des mêmes accords, dans le concert universel des sensations.
Il n’a réservé à la profonde humilité de son écrivain d’autre récompense que l’inconnu. […] L’humble connaissance de vous-même est une voie plus sûre pour aller à Dieu, que les recherches profondes de la science. […] Rappelez-vous vos péchés avec une grande douleur et un profond regret ; et ne pensez jamais être quelque chose, à cause du bien que vous faites.
C’est qu’en effet, si les événements politiques ne sont pas les plus profonds de ceux qui composent la vie d’un peuple, ils sont d’ordinaire les plus visibles, les plus bruyants, et que pour ce motif ils ont été les premiers à frapper les historiens, par conséquent aussi les premiers dont on ait saisi les rapports avec les autres formes de l’activité sociale. […] Mais il se produit des rajeunissements plus profonds ; Diderot les avait pressentis. […] Faut-il s’étonner si notre littérature, pour arriver à un nouvel âge d’or, digne, mais différent de ceux qu’elle a traversés au xiiie et au xviie siècle, doit passer par une sorte de mue, qui, comme tous les changements profonds subis par un être ou un groupe d’êtres, est pénible et douloureux ?
Elles reparaissent, depuis une quinzaine d’années, avec une abondance qui semble promettre, pour le début du xxe siècle, une profonde transformation sociale qui pourrait bien être l’organisation de la démocratie française. […] Qu’on se représente les changements profonds causés depuis une cinquantaine d’années par l’introduction de la méthode historique dans la théologie, la philosophie, la critique, la philologie ! […] C’est d’abord un dédain profond du passé le plus proche.
et quand la contemplation extatique de l’Être des êtres lui fait oublier le monde des temps pour le monde de l’éternité ; enfin quand, dans ses heures de loisir ici-bas, il se détache, sur l’aile de son imagination, du monde réel pour s’égarer dans le monde idéal, comme un vaisseau qui laisse jouer le vent dans sa voilure et qui dérive insensiblement du rivage sur la grande mer ; quand il se donne l’ineffable et dangereuse volupté des songes aux yeux ouverts, ces berceurs de l’homme éveillé, alors les impressions de l’instrument humain sont si fortes, si profondes, si pieuses, si infinies dans leurs vibrations, si rêveuses, si supérieures à ses impressions ordinaires, que l’homme cherche naturellement pour les exprimer un langage plus pénétrant, plus harmonieux, plus sensible, plus imagé, plus crié, plus chanté que sa langue habituelle, et qu’il invente le vers, ce chant de l’âme, comme la musique invente la mélodie, ce chant de l’oreille ; comme la peinture invente la couleur, ce chant des yeux ; comme la sculpture invente les contours, ce chant des formes ; car chaque art chante pour un de nos sens, quand l’enthousiasme, qui n’est que l’émotion à sa suprême puissance, saisit l’artiste. […] VII Mais vous approchez des Alpes ; les neiges violettes de leurs cimes dentelées se découpent le soir sur le firmament, profond comme une mer ; l’étoile s’y laisse entrevoir au crépuscule comme une voile émergeant sur l’océan de l’espace infini ; les grandes ombres glissent de pente en pente sur les flancs des rochers noircis de sapins ; des chaumières, isolées et suspendues à des promontoires comme des nids d’aigles, fument du foyer de famille du soir, et leur fumée bleue se fond en spirales légères dans l’éther ; le lac limpide, dont l’ombre ternit déjà la moitié, réfléchit dans l’autre moitié les neiges renversées et le soleil couchant dans son miroir ; quelques voiles glissent sur sa surface, les barques sont chargées de branchages coupés de châtaigniers, dont les feuilles trempent pour la dernière fois dans l’onde ; on n’entend que les coups cadencés des rames qui rapprochent le batelier du petit cap où la femme et les enfants du pêcheur l’attendent au seuil de sa maison ; ses filets y sèchent sur la grève ; un air de flûte, un mugissement de génisse dans les prés, interrompent par moments le silence de la vallée ; le crépuscule s’éteint, la barque touche au rivage, les feux brillent çà et là à travers les vitraux des chaumières ; on n’entend plus que le clapotement alternatif des flots endormis du lac, et de temps en temps le retentissement sourd d’une avalanche de neige dont la fumée blanche rejaillit au-dessus des sapins ; des milliers d’étoiles, maintenant visibles, flottent comme des fleurs aquatiques de nénuphars bleus sur les lames ; le firmament semble ouvrir tous ses yeux pour admirer ce bassin de montagnes ; l’âme quitte la terre, elle se sent à la hauteur et à la proportion de l’infini ; elle ose s’approcher de son Créateur, presque visible dans cette transparence du firmament nocturne ; elle pense à ceux qu’elle a connus, aimés, perdus ici-bas, et qu’elle espère, avec la certitude de l’amour, rejoindre bientôt dans la vallée éternelle : elle s’émeut, elle s’attriste, elle se console, elle se réjouit ; elle croit parce qu’elle voit ; elle prie, elle adore, elle se fond comme la fumée bleue des chalets, comme la poussière de la cascade, comme le bruissement du sable sous le flot, comme la lueur de ces étoiles dans l’éther ; elle participe à la divinité du spectacle. […] Mythe profond, allégorie sublime, qui rappelle ce passage des Écritures : « L’homme, sorti de la poussière, rentrera dans la poussière ; il travaillera à la sueur de son front. » Cette scène, qui atteint à une sublime hauteur de pensée, indique le terme de la tentation.
Cette profonde habileté de conduite leur avait valu, à la fin, la confiance absolue d’un roi qui avait besoin de foi pour son esprit et de tolérance pour ses faiblesses. […] Molière, qui était incapable de vengeance, était capable d’une profonde affliction et d’un amer souvenir. […] Le seul motif poétique de cette visite paraît être de faire manifester par le roi, à sa favorite, des adorations et des éloges qui retombent directement sur Mme de Maintenon : Croyez-moi, chère Esther, ce sceptre, cet empire, Et ces profonds respects que la terreur inspire À leur pompeux éclat mêlent peu de douceur, Et fatiguent souvent leur triste possesseur.