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738. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XV » pp. 175-187

Aujourd’hui Racine ne mettrait pas dans la bouche d’un jeune prince déclarant son amour à une captive, cette humilité religieuse : Peut-être le récit d’un amour si sauvage Vous fait, en m’écoutant, rougir de votre ouvrage ; D’un cœur qui s’offre à vous, quel farouche entretient Quel étrange captif pour un si beau lien !

739. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre III. Soubrettes et bonnes à tout faire »

Ce qu’on se rappelle — avec la meilleure volonté — de cette partie de son œuvre, c’est qu’elle lui valut un excellent duel de publicité avec je ne sais quel prince des élégances mort depuis et dont le monocle se suspendait à un ruban très large.

740. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 5, des études et des progrès des peintres et des poëtes » pp. 44-57

Le Correge qui n’étoit pas encore sorti de son état, quoiqu’il fut déja un grand peintre, étoit si rempli de ce qu’il entendoit dire de Raphaël, que les princes combloient à l’envi de présens et d’honneurs, qu’il s’étoit imaginé qu’il falloit que l’artisan, qui faisoit une si grande figure dans le monde, fût d’un mérite bien superieur au sien qui ne l’avoit pas encore tiré de sa médiocrité.

741. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre IV. Trois espèces de jugements. — Corollaire relatif au duel et aux représailles. — Trois périodes dans l’histoire des mœurs et de la jurisprudence » pp. 309-320

C’est que l’étude des mœurs du temps est l’école des princes.

742. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

Malgré ce surnom formidable, Ivan était très aimé de son peuple, comme le sont en général tous les princes qui ont la main ferme et rude. […] Telle fut du moins, à Ouglitch, l’opinion générale, et elle éclata avec tant de violence, que, peu d’instants après la mort du jeune prince, les habitants d’Ouglitch, ayant à leur tête la tzarine, folle de douleur et de colère, massacrèrent tous ceux qui, de près ou de loin, passaient pour appartenir à Boris. […] Le jeune Démétrius vivait ; la catastrophe d’Ouglitch avait trompé l’attente criminelle de Boris : la nourrice du jeune prince, avertie à temps, avait substitué, dans la matinée du meurtre, un enfant du peuple au tzarévitch, lequel, dérobé par ses soins à toutes les recherches, s’était réfugié en Pologne, et se trouvait en ce moment chez des princes polonais, qui s’empressaient de le reconnaître. […] L’Histoire de Louis XVII se divise naturellement en deux parties : l’une va du berceau de ce prince jusqu’à son entrée au Temple ; l’autre, de son entrée au Temple jusqu’à sa mort. […] Malheur à celui qui pourrait lire d’un œil sec et analyser d’une main froide ces pages où M. de Beauchesne nous raconte l’éducation du jeune prince, la distribution de ses journées, partagées entre le travail, la prière et le pardon !

743. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

et je reconnais le droit d’être examiné à ce prince des gâteux. […] Par exemple à côté de morceaux exquis comme les Petits Princes : Le front courbé, rêveur, suivant les lois du sort, Je lisais un journal qui racontait la mort Du petit Bonaparte ; et perdu dans la foule, Sourde aux vaines clameurs d’un empire qui croule, J’allais, plaignant la mère et songeant à l’enfant. […] … Ces mariages-là, c’est des mariages de luxe, bon pour les princes régnants., ou pour des ténors en maillot de soie donnant la réplique des duos… Te vois-tu, toi, bonhomme viril, suivant ta femme, chargé de ses bouquets, au milieu des transports d’un peuple idolâtre qui dételle ses chevaux ?

744. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Lavisse qui fut consulté lorsqu’il s’agit de choisir un précepteur au prince impérial en remplacement de M.  […] Lavisse allait à Arenenberg reprendre ses conférences et ses entretiens auprès du prince qu’il aimait et à qui il avait inspiré une entière confiance. A la mort du prince il prit le deuil. […] Les républicains ont voté pour cet ancien professeur du prince impérial. […] Comment le prince est encouragé par la reine Sophie-Dorothée et par sa sœur aînée Wilhelmine à ne pas aimer son père.

745. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

Comme instruments de gouvernement, il ne vent plus employer que ses parents, puissante aristocratie de princes du sang, assez égoïstes, et des gens de loi ou d’administration anoblis (milites regis ), serviteurs complaisants du pouvoir absolu. […] Le principe du goût que la majorité des Français a pour la monarchie étant essentiellement matérialiste, et aussi éloigné que possible de ce qui peut s’appeler fidélité, loyalisme, amour de ses princes, la France, tout en voulant une dynastie, se montre très coulante sur le choix de la dynastie elle-même. […] Un entourage ignorant et sans sérieux, conséquence du péché d’origine de la monarchie nouvelle, une cour où il n’y avait qu’un seul homme intelligent (ce prince plein d’esprit et connaissant merveilleusement son siècle, que la fatalité de sa destinée laissa presque sans autorité ), rendaient possibles toutes les surprises, tous les malheurs. […] Un sénat comme celui de Rome et de Venise remplit très bien le même office ; les institutions religieuses, sociales, pédagogiques, gymnastiques des Grecs y suffisaient parfaitement ; le prince électif à vie a même soutenu des états sociaux assez forts ; mais ce qui ne s’est jamais vu, c’est le rêve de nos démocrates, une maison de sable, une nation sans institutions traditionnelles, sans corps charge de faire la continuité de la conscience nationale, une nation fondée sur ce déplorable principe qu’une génération n’engage pas la génération suivante, si bien qu’il n’y a nulle chaîne des morts aux vivants, nulle sûreté pour l’avenir. […] Sans doute on ne peut soutenir que la branche d’Orléans, depuis sa retraite sans combat en février (acte qui put être le fait de bons citoyens, mais ne fut pas celui de princes ), ait des droits royaux bien stricts ) mais elle a un titre excellent, le souvenir du règne de Louis-Philippe, l’estime et l’affection de la partie éclairée de la nation.

746. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

Hugo était alors pair de France, et que, bien peu de temps auparavant, il avait allégué le prétendu vœu d’un prince royal, pour obtenir du rhumatisme-royauté la pairie, cette dignité quasi féodale, presque aussi vieille et tout aussi goutteuse que la monarchie ! […] Il était le prince du sénat, le chef de l’armée, le souverain pontife. […] On dirait — et la comparaison serait juste de tous points — un gentilhomme reçu dans une compagnie de princes, de grands seigneurs et de belles dames, s’y trouvant à l’aise comme dans sa sphère naturelle, et, sans leur manquer de respect, leur montrant qu’il sait ce qu’il vaut et ce qu’ils valent. […] Mais on serait injuste envers lui et on laisserait cette idée incomplète, si l’on ne voyait qu’en Charles IV ce déclin du prince féodal, perdant ses qualités, gardant ses défauts, et mêlant, à des doses alarmantes, le chevalier et l’aventurier. […] La sœur du roi d’Espagne ne fut plus alors que la reine de France et la mère de Louis XIV ; elle eut conscience de la responsabilité glorieuse et redoutable qui pesait sur elle, et peut-être pressentiment de ce que le monde attendait de ce jeune prince confié à sa tutelle.

747. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

Voici les récits que les thanes, assis sur leurs escabeaux, à la clarté des torches, écoutaient en buvant la bière de leur prince : l’on y voit leurs mœurs, leurs sentiments, comme les sentiments et les mœurs des Grecs dans l’Iliade et l’Odyssée d’Homère. […] Ils roulèrent ainsi jusqu’à ce que Beowulf aperçut près de lui, parmi les armes, une lame fortunée dans la victoire,  — une vieille épée gigantesque,  — fidèle de tranchant,  — bonne et prête à servir,  — ouvrage des géants. —  Il la saisit par la poignée,  — le guerrier des Scyldings ; — violent et terrible, tournoyait le glaive. —  Désespérant de sa vie,  — il frappa furieusement ; — il l’atteignit rudement — à l’endroit du col ; — il brisa les anneaux de l’échine,  — la lame pénétra à travers toute la chair maudite. —  Elle s’affaissa sur le sol,  — l’épée était sanglante. —  L’homme se réjouit dans son œuvre. —  La lumière entra. —  Il y avait une clarté dans la salle, comme lorsque du ciel,  — luit doucement — la lampe du firmament. » Alors il vit Grendel mort dans un coin de la salle, et quatre de ses compagnons, ayant soulevé avec peine la tête monstrueuse, la portèrent par les cheveux jusqu’à la maison du roi.C’est là sa première œuvre, et le reste de sa vie est pareil : lorsqu’il eut régné cinquante ans dans sa terre, un dragon dont on avait dérobé le trésor sortit de la colline et vint brûler les hommes et les maisons de l’île « avec des vagues de feu. » Alors le refuge des comtes — commanda qu’on lui fît — « un bouclier bigarré — tout de fer », sachant bien qu’un bouclier en bois de tilleul ne suffirait pas contre la flamme. « Le prince des anneaux — était trop fier — pour chercher la grande bête volante — avec une troupe,  — avec beaucoup d’hommes. —  Il ne craignait pas pour lui-même cette bataille. —  Il ne faisait point cas — de l’inimitié du ver,  — de son labeur, ni de sa valeur. » Et cependant il était triste et allait contre sa volonté, car « sa destinée était proche. » Il vit une caverne, « un enfoncement sous la terre — près de la vague de l’Océan,  — près du clapotement de l’eau,  — qui au dedans était pleine — d’ornements en relief et de bracelets. —  Il s’assit sur le promontoire,  — le roi rude à la guerre,  — et dit adieu — aux compagnons de son foyer  » ; car, quoique vieux, il voulait s’exposer pour eux, « être le gardien de son peuple. » Il cria, et le dragon vint jetant du feu ; la lame ne mordit point sur son corps, et le roi fut enveloppé dans la flamme. Ses camarades s’étaient enfuis dans le bois, sauf un, Wiglaf, qui accourut à travers la fumée, « sachant bien que ce n’était pas la vieille coutume d’abandonner son parent, son prince, de le laisser souffrir l’angoisse, de le laisser tomber dans la bataille. » « Le ver devient furieux,  — l’ignoble étranger perfide,  — tout bigarré de vagues de feu… —  Brûlant et féroce dans la guerre,  — il accrocha tout le col du roi — avec ses griffes empoisonnées. —  Il s’ensanglanta — du sang de la vie. —  Le sang bouillonnait en vagues. » Eux, de leurs épées, ils le fendirent par le milieu. […] Il a été fidèle à son prince, puis à son peuple ; il a été de lui-même, dans une terre étrangère, s’exposer pour délivrer les hommes ; il s’oublie en mourant pour penser que sa mort profite à autrui. « Chacun de nous, dit-il quelque part, doit arriver à la fin de cette vie mortelle.

748. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome xviii » pp. 84-92

Aussi dans ce nouveau volume, après avoir commencé par une revue des derniers événements de guerre qui se prolongèrent quelque temps avec obstination sur quelques points de la circonférence, depuis Anvers défendu par Carnot, depuis Hambourg défendu par Davout, jusqu’à la bataille livrée dans la plaine de Toulouse par le maréchal Soult ; après avoir rendu justice à ces derniers efforts et avoir rallié, pour ainsi dire, tous les détachements de nos héroïques armées ; puis, avoir montré les Bourbons et Louis XVIII rentrant dans le royaume de leurs pères, avoir tracé du roi et des princes des portraits justes, convenables, et qui même peuvent sembler adoucis et un peu flattés plutôt que sévères (tant l’ancien journaliste polémique, l’ancien fondateur du National, a tenu à s’effacer et à se faire oublier dans l’historien !) 

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