Ce livre est très-propre à faire connoître les intérêts des Princes, & il peut être considéré comme une excellente notice de la politique & du gouvernement de tous les peuples. […] C’est principalement cette derniere qu’il s’est proposé de joindre aux annales des Princes qui ont regné. […] Ailleurs les Princes, les Grands occupent le théatre entier ; ici les hommes, les citoyens jouent un rôle qui intéresse davantage l’humanité. […] Ce lâche écrivain ne faisoit pas difficulté d’avouer qu’il avoit une plume d’or & une de fer, pour traiter les Princes selon les faveurs qu’il en recevoit. […] Les Princes, les Ministres & les Généraux qui entrent sur la scène, sont représentés avec des couleurs simples & naturelles ; l’auteur ne peint pas d’imagination.
Le prince qu’on se donnait pour roi, quels que pussent être ses désirs secrets, était si peu de l’étoffe dont sont faits les grands usurpateurs, qu’il ne semblait avoir eu d’autre pensée première que de se dérober : il avait fallu courir après lui et le prendre quasi au collet pour l’obliger à se faire roi. […] Molé, entouré de ministres secondaires, forme son Cabinet du 11 avril 1837, ministère d’amnistie et de conciliation, mais que ses adversaires appellent de concession, et contre lequel tous les princes de la parole, tous les grands amours-propres qui n’en sont pas, se coalisent pour le renverser, sans réussir le lendemain de leur victoire à en former un pour leur compte. […] Ce prince estimable n’est point d’ailleurs de ceux qui prêtent au grandiose, et il gagne à la familiarité. […] Il y eut même un jour où il lui dit (assure-t-on), — c’était vers 1845, — à un moment critique où on voulait le lui ôter comme ministre et où le vote de la Chambre avait hésité : « Monsieur Guizot, collez-vous à moi. » Mais, tout en appréciant avec estime le talent de l’homme qui le servait avec tant d’éclat, il ne partageait pas sa confiance ni cette intrépidité monarchique si absolue sur une base que lui-même sentait si étroite et si vacillante : « Vous avez mille fois raison, lui répétait-il souvent dans les dernières années ; c’est au fond des esprits qu’il faut combattre l’esprit révolutionnaire, car c’est là qu’il règne ; mais, pour chasser les démons, il faudrait un prophète. » Ce prince était donc, somme toute, un homme d’esprit, et bonne tête, tant qu’il ne faiblit pas. — « Cette bonne tête, ou plutôt cette bonne caboche , » disait de lui un de ses anciens ministres qui se reprenait, comme si le premier mot était un peu trop noble pour le sujet. C’est bien là l’idée que je me fais de ce prince et dans laquelle me confirment les Mémoires que je viens de lire.
Albert (Le prince), V, 78. […] Annam (Le prince d’), IX, 138. […] Jérôme (Le prince), III, 175. […] Ligne (Le prince de), I, 295. […] Orsini (Le prince), IX, 371.
Elle reviendra, mais j’ai vu clairement que si je n’emportais pas le poste de M. le prince de Bade, on me regarderait comme un fou. […] Avec un prince souverain qui était son allié et à qui il écrivait Mon frère, Louis XIV n’entendait pas que même son général le prît sur un autre ton que celui du respect. […] Villars était à bout de patience, et son désaccord avec l’électeur et avec les favoris de ce prince ne pouvait aller plus loin sans que l’alliance s’en ressentît. […] Dans sa lettre au ministre, il énumère ses raisons : il rappelle qu’il n’est guère propre à servir sous un autre et sous un prince. […] M. le maréchal de Marcin, outre ses grands talents pour la guerre, a tous ceux qui sont nécessaires pour bien ménager l’esprit d’un prince et celui de sa Cour.
Louis XIV entoura donc son petit-fils de conseils ; lui-même il traça de sa main les règles qu’il crut les plus sages ; il composa la cour d’Espagne avec choix ; l’ambassadeur à Madrid, le duc d’Harcourt, fut en réalité le gouverneur du jeune roi, et la jeune reine reçut pour gouvernante, à titre de dame d’honneur, une Française célèbre par sa naissance et son mérite, Anne-Marie de la Trémoïlle, veuve du prince de Chalais, et depuis mariée en Italie à Flavio, prince des Ursins. […] Louis XIV, d’après le sage avis de Torcy, voulait que son ambassadeur gouvernât sans paraître dans le Conseil ; madame des Ursins de son côté, par son autorité sur l’esprit de la reine, et par l’ascendant de celle-ci sur le roi, devait, dans les entretiens de l’intimité, nourrir l’affection du prince pour son aïeul. […] « Seulement, pour se tenir toujours à portée d’être utile à la reine et au jeune prince des Asturies, elle ira dans quelque petite ville des Pyrénées.
Il ne m’appartient point de discuter comment la cour de Rome a usé d’un pouvoir qui remonte au prince des apôtres, au simple pêcheur venu de la Judée ; mais tant que les directions de la société furent exclusivement confiées à la force des sentiments religieux, la cour de Rome a dû être à la tête de la civilisation européenne, et cela suffit. […] Dans un temps où les princes de la terre avaient sur les peuples des droits dont les limites étaient inconnues, était-ce donc un si grand malheur que les rois eussent au-dessus d’eux une puissance mystérieuse qui venait les épouvanter et leur annoncer, les oracles de la justice éternelle, une puissance qui venait leur dire : Ce sceptre que vous tenez de Dieu, Dieu peut vous l’enlever ; ce glaive que vous portez à votre côté peut être réduit en poussière par le glaive de la parole ? […] Quelle raison pour refuser au premier des évêques, au successeur du prince des apôtres, quelle raison pour lui refuser l’empire entier de la religion, qui lui appartint toujours, pour le lui refuser maintenant que cet empire est devenu si distinct de tous les autres ?
Souviens-toi, disait un philosophe à un prince, que chaque jour de ta vie est un feuillet de ton histoire. Et il faudrait que tous les matins ce fût la première parole qu’on fît entendre aux princes, à leur réveil ; l’amour de la gloire veillerait autour d’eux pour en repousser les faiblesses et les vices ; car tel est le caractère de ce sentiment ; il est fier, délicat, sévère à lui-même. […] Nous nous proposons d’examiner ce qu’ils ont été chez les différentes nations et dans les différents siècles : quels sont les hommes à qui on les a accordés, à qui on les a refusés ; comment le pouvoir les a usurpés sur la vertu ; comment ce qui était institué pour être utile aux peuples, est devenu quelquefois le fléau des peuples en corrompant les princes.
Ayant perdu des biens considérables, il ouvrit une école et y acquit des richesses immenses ; le fils d’un roi lui paya soixante mille écus un discours ou il prouvait très bien qu’il faut obéir au prince ; mais bientôt après, il en composa un autre, où il prouvait au prince qu’il devait faire le bonheur des sujets. […] Il avait eu le malheur d’être l’ami de Philippe, de ce Philippe le plus adroit des conquérants et le plus politique des princes ; aimé de l’oppresseur de son pays, il s’en justifia en mourant, car il ne put survivre à la bataille de Chéronée ; voilà pour sa personne.
Le prince compte sur ses sujets et les sujets sur le prince. […] C’est une espèce de théocratie, dans laquelle on ne doit point avoir d’autre pontife que le prince, ni d’autres prêtres que les magistrats. […] Les princes catholiques commencent un peu à réprimer ses entreprises ; mais au lieu de couper les têtes de l’hydre, ils se bornent à lui mordre la queue. […] s’est répandue en Europe ; elle a saisi nos princes et leur a fait entretenir un nombre désordonné de troupes. […] Les grands princes, à force d’acheter les troupes des plus petits, cherchent de tous côtés à payer des alliances, c’est-à-dire presque toujours à perdre leur argent.
Et cette protection du pouvoir, si souvent oppressive et rapetissante, ne fut jamais plus inquiète et plus farouche que sous ces princes indignement parvenus. […] Ô Jupiter, tu as éloigné de ces princes la puissance de faire, et tu as troublé leurs conseils. […] Tel est le prince qui règne sur ces campagnes ouvertes, Ptolémée à la blonde chevelure, habile à manier la lance, mais ayant surtout à cœur de maintenir inviolable l’héritage paternel, et sachant y joindre de nouvelles conquêtes. […] Aussi, les interprètes des Muses chantent Ptolémée pour sa munificence… » Puis, rappelant avec un luxe d’apothéose et de servilité les offrandes et l’encens partout consacrés au dieu présent, au prince qui règne, le poëte s’arrête à ces mots : « Salut, ô roi Ptolémée ! […] Lorsque la traduction des Septante était faite à la demande et sous le patronage de Ptolémée Philadelphe, on ne peut s’étonner si Théocrite, accueilli longtemps à la cour de ce prince, emprunta quelques-unes de ses images pastorales à la poésie du livre saint des Hébreux.
« Le prince, accoudé sur le devant de la loge comme un homme qui assiste à un grand spectacle, semblait déjà familiarisé avec sa situation. […] Son adolescence s’était écoulée studieuse et pure dans les retraites de Belle-Chasse et de Passy, où madame de Genlis gouvernait l’éducation des princes de la famille d’Orléans. […] Odieuse à la mère, favorite du père, mentor des enfants, à la fois démocrate et amie du prince, ses élèves sortirent de ses leçons pétris de la double argile du prince et du citoyen. […] « Le duc de Chartres s’était fait accepter des anciens soldats comme prince, des nouveaux comme patriote, de tous comme camarade. […] Mais, sous l’extérieur d’un soldat du peuple, on apercevait au fond de son regard une arrière-pensée de prince du sang.