Quand j’avais cinq ans, je faisais des autels entourés de poupées qui étaient à la messe, et on m’appelait petite païenne. » À ces instincts premiers elle joignit, en avançant dans la vie, l’étude des doctrines. […] Mais il faut bien parler des études principales que Mme de Tracy s’était réservées pour ses dernières années, et qui semblent au premier abord en contradiction avec la vocation de la femme ; elle nous dira elle-même pourquoi elle les avait entreprises : Il y a des jours où l’on éprouve un désir passionné de revoir ceux que l’on a perdus. […] Ma première pensée en me livrant à l’étude des Pères de l’Église après le mariage de mes filles, a été la curiosité de savoir ce qu’ils avaient dit de l’âme, eux qui ne cherchaient point avec les mains cette âme dont l’existence immortelle rend l’homme excusable de croire que le monde tout entier a été créé exprès pour lui. […] Comprendre chaque Père de l’Église, le rendre avec la physionomie qui lui est propre, lui faire parler sa langue, le faire agir sur la scène où il a vécu, c’était son ambition première, et elle excédait ses forces : de plus savants qu’elle sont restés en chemin. […] Elle aimait sincèrement son mari, et d’autres encore ; mais je crois qu’elle n’estima jamais personne davantage. » — Elle regretta si vivement son premier mari, le général Le Tort, qu’elle s’obstina à garder, assure-t-on, le cercueil du mort dans sa chambre à coucher, jusque dans les premiers temps d’un second mariage.
Enfin nous verrons. » Cette parole impliquait une nouvelle destination de Jomini, qui rappela à l’Empereur qu’il était premier aide de camp du maréchal Ney et qu’il y avait lieu à le faire remplacer. […] La campagne d’hiver contre les Russes n’amena dans sa première partie aucun résultat. […] Au premier coup de canon, le major général m’ordonna de retourner auprès du maréchal Ney, de lui rendre compte de la position des deux armées, de lui dire de quitter la route de Creutzburg, d’appuyer à sa droite, pour former la gauche de la grande armée, en communiquant avec le maréchal Soult. […] Je mettrai ici cette dernière demande qui résumait les précédentes, et qui établit les services de Jomini dans sa première carrière d’officier suisse avec toute la précision désirable : « État de services de Henri Jomini, chef de bataillon, né à Payerne, en Suisse, le 6 mars 1779. — Lieutenant dans les troupes helvétiques en 1798. — Capitaine, le 17 juin 1799 — Chef de bataillon, le 26 avril 1800. […] M. de Canouville, un homme de la société, que les gens de mon âge ont connu, et qui avait été attaché à la cour du premier Empire, racontait l’anecdote suivante.
Un de ses premiers soins avec ceux qu’il voyait pour la première fois était de revenir sur le passé, de raconter les événements principaux de sa carrière active, et surtout la crise qui avait décidé de son changement de drapeau. […] La mise en train des premières campagnes, les tâtonnements et les inexpériences, une opinion motivée sur la valeur de ces premiers généraux improvisés de la République, la mesure exacte et proportionnée de ces hommes tour à tour exaltés ou dépréciés, le compte rendu clair et intelligible de leur marche, de leurs essais, de leurs fautes et de leurs bévues, comme aussi de leurs éclairs de perspicacité stratégique et de talent, toutes ces parties sont rendues dans une narration bien distribuée et lumineuse, sans que le côté militaire devienne jamais trop technique, sans que la considération politique et morale des choses soit oubliée ; car ce tacticien éclairé est le premier à reconnaître que « la guerre est un drame passionné et non une science exacte 60. » Rien de tranché d’ailleurs ni d’absolu dans la pensée ni dans l’expression : la modération et un esprit d’équité président. […] Et en effet, par cela seul que Napoléon était censé parler et se raconter lui-même, le ton général était donné, l’histoire devenait alors forcément indulgente ; elle l’était, sous peine de déroger aux convenances premières. […] Le Napoléon de Jomini s’exprime de la sorte : « Notre première entrevue eut lieu sur un radeau au milieu du Niémen. […] Mais aujourd’hui, sous le règne plus éclairé et libéral (au point de vue russe) de l’empereur Alexandre II, on est revenu à l’idée première qui présida à cette institution destinée à créer une pépinière d’officiers instruits et capables.
Mais, dès ces premiers temps, il avait créé à son usage une forme de comédie, sobre, sérieuse, vraie, sur laquelle nous reviendrons. […] Première conséquence : on ne saurait parler du conflit du devoir et de l’amour, dans le Cid par exemple ; ou, du moins, ce conflit n’a pas le caractère qu’on dit. […] Il y a bien de l’exagération, la formule première une fois admise, dans le reproche de raideur qu’on fait aux personnages de Corneille. […] Il fit en 1620 sa première, œuvre dramatique, Mélite. […] Jean Rotrou, né à Dreux en 1609, n’avait pas vingt ans quand il composa sa première œuvre, l’Hypocondriaque, il dit en 1634 avoir fait déjà trente pièces.
Où le poète comique avait-il cueilli cette première moisson ? […] ACTE PREMIER. […] On reconnaît la scène iv du premier acte du Dépit amoureux et les contradictions du malheureux Mascarille. […] De ces deux premières œuvres, ce qui semble échapper à toute revendication précise, ce sont les scènes qui justifient le titre de la seconde, les scènes de la querelle et de la réconciliation d’Éraste et de Lucile, de Gros-René et de Marinette. […] Continuons à suivre ses premiers pas dans la route où il marche rapidement.
Ceux qui étaient dans les prisons en décembre 93 et en janvier 94 ont dit et redit souvent, après leur délivrance, quelle impression ils reçurent de l’apparition de ces premiers numéros du Vieux Cordelier : ce fut, six mois avant Thermidor, comme le premier rayon de soleil qui pénétrait à travers les barreaux. […] Il croit devoir s’en justifier dans un des premiers numéros de son journal (les Révolutions de France et de Brabant) : Je vous demande pardon de mes citations, mon cher lecteur. […] Parlant, dans un de ses premiers écrits, du café Procope, voisin du district des Cordeliers, il dira, par allusion aux gens d’esprit qui y venaient au xviiie siècle : « On n’y entre point sans éprouver le sentiment religieux qui fit sauver des flammes la maison de Pindare. […] Ses deux premiers pamphlets, antérieurs à son journal, sont La France libre et le Discours de la lanterne aux Parisiens. […] Notez que l’écrivain qui professe cette théorie, la plus immorale de toutes socialement et même humainement, est le même qui nous cite, dès son premier numéro, le Traité des devoirs de Cicéron, comme le chef-d’œuvre du sens commun : ce n’est qu’une inconséquence de plus.
Aussi, quelle que fût la valeur de ses premiers travaux en analyse mathématique, Condorcet en vint assez vite à n’être plus que le secrétaire le plus fidèle, l’interprète le plus élevé et le plus éclairé des travaux d’autrui. Ses amis d’alors, à cette époque si regrettable de sa jeunesse, au moment où il entrait si brillamment dans le monde (1770), nous l’ont peint sous cette première forme intéressante et expansive, se multipliant à plaisir, se distribuant volontiers à tous : M. de Condorcet est chez madame sa mère, écrivait Mlle de Lespinasse à M. de Guibert ; il travaille dix heures par jour. Il a vingt correspondances, dix amis intimes ; et chacun d’eux, sans fatuité pourrait se croire son premier objet : jamais, jamais on n’a eu tant d’existence, tant de moyens et tant de félicité. […] On a fort loué, dans cette correspondance de Condorcet avec Voltaire, quelques témoignages de véracité et de franchise, mais il y fallait remarquer aussi ces premiers indices d’un esprit dénigrant, et surtout l’espèce d’adresse avec laquelle Condorcet, très mécontent que Voltaire ait fait des vers pour Mme Necker, cherche à exciter l’illustre maître contre le financier genevois : « D’ailleurs, je ne puis rien espérer, lui écrit-il, d’un homme (M. […] Il avait cru observer dans sa première jeunesse « que l’intérêt que nous avons à être justes et vertueux était fondé sur la peine que fait nécessairement éprouver à un être sensible l’idée du mal que souffre un autre être sensible ».
On a, par une note de Colbert41, le détail circonstancié des deux premiers accouchements de Mme de La Vallière, qu’on retira, à cet effet, de l’appartement des filles de Madame, pour la loger dans le jardin du Palais-Royal. […] Les deux premiers enfants qui naquirent de cette liaison, deux garçons qui vécurent peu, furent présentés au baptême par d’anciens domestiques, de pauvres gens, parmi lesquels un vrai pauvre de paroisse. […] Le roi, à cette époque, était amoureux fou d’elle, au point même d’être jaloux dans le passé, de s’inquiéter s’il était bien le premier qui se fut logé dans son cœur, et si elle n’avait point eu quelque première inclination en province pour un M. de Bragelone. […] Je ne puis entrer ici dans la discussion de ce point, ni approfondir mes doutes : je me borne à maintenir, à mes risques et périls, mon impression de goût, et à dire, quel que puisse être le correcteur, que la véritable et entière confession de la pénitente doit se chercher dans les Éditions premières. […] Je laisse l’examen du premier point aux experts en écriture ; et, sur le second, je réponds sans hésiter pour plus d’un passage : Non.
Quand il se désignait sa place parmi les écrivains du jour, il portait son regard aux premiers rangs. […] Cette ambition littéraire se marqua dans les deux premiers essais de Rivarol, sa traduction de l’Enfer de Dante (1783), et son Discours sur l’universalité de la langue française, couronné par l’Académie de Berlin (1784). […] Sur tout le reste son goût était fin, vif, pénétrant, et, bien qu’il ne résistât point assez à une teinte de recherche et d’apprêt, on peut classer Rivarol au premier rang des juges littéraires éminents de la fin du dernier siècle. […] Mais toutes ces intentions premières furent interceptées et arrêtées avant le temps par le malheur des circonstances, et surtout par l’esprit du siècle dans lequel Rivarol vécut trop et plongea trop profondément pour pouvoir ensuite, même à force d’esprit, s’en affranchir. […] Ceux qui tiennent à l’étudier (et il le mérite) feront bien de recourir à l’édition première.
Mais ce qui est plus fait pour nous intéresser dans ces six premiers mois de la collaboration de Carrel au National, ce sont les articles de variétés et de littérature qu’on ne s’attendrait pas à trouver sous sa plume : par exemple sur l’Othello de M. de Vigny (22 février), sur Hernani de M. […] On peut croire qu’il choisit bien ses points d’attaque ; les vers les plus étranges ne lui échappent pas ; il décrit spirituellement, et avec une verve railleuse assez légère, ce public des premières représentations d’Hernani, dont nous étions nous-même, public fervent, plein d’espérance et de désir, et qui mettait toute sa force en ce moment à tenter une révolution non pas précisément dans l’État, mais dans l’art. […] ) — Et encore : « Celui qui le 26 juillet, aux premiers coups de fusil tirés dans la rue Saint-Honoré, eût assuré que le peuple de Paris pouvait sentir, vouloir, soutenir jusqu’à la mort toutes ces choses, n’eût pas été cru ; on l’eût pris pour un fou, et peut-être il l’eût été, car personne ne pouvait avoir encore les données d’une pareille conviction. » (1er septembre 1830.) […] Ce que je relève, ce n’est pas telle ou telle de ces notes, c’est l’habitude et l’intention qu’elles témoignent dès l’origine, de se tenir à la disposition du premier écrivain mécontent, qui demandera raison d’être ainsi châtié et blessé d’une façon si directe. […] Il ne s’agit point pour nous de suivre Carrel dans cette série d’articles des premiers mois de 1831, ni dans le tous-les-jours de cette marche, où il se rencontrerait plus d’un accident et d’un retour : ce qui nous importe, c’est de noter les moments où la manœuvre change, et où il donne un coup au gouvernail.
Sainte-Beuve, c’eût été assez que de publier le Joseph Delorme, ce premier recueil de vers qui, dans l’œuvre du poète, est le premier, de toutes manières, et dans lequel il y a, selon moi, l’accent le plus profond que la poésie de 1830, la poésie dite romantique, ait donné. […] Sainte-Beuve, après avoir débuté dans les lettres par un livre qui doit être mis au premier rang des Œuvres poétiques du xixe siècle et mieux qu’au premier rang, à part des autres livres en raison de sa profonde individualité, comment M. […] L’originalité première s’en est allée au contact de tant de livres, sous le frottement de tant d’esprits ; elle s’est dérobée sous le poids de tant de connaissances, inutiles à qui a vraiment génie de poète. […] Ainsi elle est dans ces Rayons jaunes dont la Critique française, toujours française, s’est moquée presque autant que de la Ballade à la lune d’Alfred de Musset, et avec un sens poétique qui aurait indigné les poètes anglais, ces premiers poètes du monde ! […] Il resta en lui, allumée et difficile à éteindre, de la flamme épaisse de ce Joseph Delorme, sous le nom duquel il s’était peint ; et vivace, le rêveur ardent et sombre des premiers jours résista et survécut longtemps, à travers tous les travaux d’érudition littéraire auxquels se livra le poète, guéri (voulait-il) de cette hypocondrie puissante qui avait été son génie.