Si son sombre regard, d’une ardeur angélique, se pose tout à coup sur la fine pâte sculptée d’une rose ou sur le visage rayonnant d’une jeune femme, il perçoit, sous ces gracieuses apparences, un sens supérieur ; il les interprète d’une façon neuve, il leur découvre avec le reste du monde une analogie mystérieuse et des correspondances encore cachées.
Il faisait poser les originaux devant le peintre.
On posera donc bientôt en principe la continuité, la permanence et la transformation des modes de l’énergie psychique, germes des idées-forces.
Le génie, qui devine plutôt qu’il n’apprend, extrait, pour chaque ouvrage, les premières de l’ordre général des choses, les secondes de l’ensemble isolé du sujet qu’il traite ; non pas à la façon du chimiste qui allume son fourneau, souffle son feu, chauffe son creuset, analyse et détruit ; mais à la manière de l’abeille, qui vole sur ses ailes d’or, se pose sur chaque fleur, et en tire son miel, sans que le calice perde rien de son éclat, la corolle rien de son parfum.
On y comptait Chateaubriand, encore invisible, mais qui mûrissait son génie dans un grenier de Londres ; M. de Talleyrand, puissance d’esprit qui laissait passer l’orage en Amérique pour revenir au premier vent maniable dans sa patrie ; le comte de Maistre alors en Russie, qui se posait, dans ses Considérations sur la Révolution française, en confident intime de la Providence, et qui prophétisait à coup sûr la ruine à une Convention qui s’entretuait ; Mme de Staël, à Coppet ; Mallet du Pan, écrivain de combat, à Bâle ; Rivarol, épigrammatiste éblouissant, à Hambourg ; M. de Fontanes, à Genève ; M. de Bonald, gentilhomme philosophe du Rouergue, menant à pied ses petits-enfants par la main sur les grandes routes de la Hollande, et méditant sa Législation primitive, théocratie biblique et absolue inventée en haine et en vengeance de notre terrorisme.
De grandes questions vont se poser, de gros orages s’accumulent ; il faudra me dessiner par mes votes et par mes actes pour ou contre le peuple accoutumé à voir en moi sa personnification : si je me dessine pour lui, je donnerai de la force à ses excès et je contribuerai à le perdre ; si je me dessine contre lui, je me trouverai groupé avec les royalistes et les réactionnaires qu’il regarde comme ses ennemis, et je ne conserverai plus dans le peuple que le renom d’un traître ou d’un apostat.
Or voici ce que Napoléon Ier a répondu : « Après-dîner, dit l’auteur du Mémorial de Sainte-Hélène, l’Empereur nous a lu le Tartuffe ; mais il n’a pu l’achever, il se sentait trop fatigué ; il a posé le livre, et, après le juste tribut d’éloges donné à Molière, il a terminé d’une manière à laquelle nous ne nous attendions pas : “Certainement, a-t-il dit, l’ensemble du Tartuffe est de main de maître, c’est un des chefs-d’œuvre d’un homme inimitable ; toutefois cette pièce porte un tel caractère, que je ne suis nullement étonné que son apparition ait été l’objet de fortes négociations à Versailles et de beaucoup d’hésitations dans Louis XIV. […] « … Il faut passer à la division des parties de cet Éloge, dont le pauvre défunt ne me remerciera pas ; mais, avant d’entrer dans cette division, faisons une pose utile à nos santés, toussons, crachons et nous mouchons harmonieusement.
. ; il arrivera que n’ayant pas en soi la mesure juste, la moyenne, en quelque sorte, de l’âme humaine, le poëte se méprendra sur toutes les proportions des caractères, et ne parviendra pas à les poser dans un rapport naturel de terreur et de pitié avec les impressions de tous.
Dans toute contrée où le nombre des espèces s’accroîtrait indéfiniment, chaque espèce deviendrait rare ; et, d’après les principes que nous avons posés, les espèces rares doivent, dans une période donnée, présenter très peu de variations favorables ; de sorte que la formation d’espèces nouvelles se trouverait ralentie d’autant.
La poésie Qui prétend considérer le mouvement de la poésie en Belgique, depuis trente ans, se pose nécessairement cette question : dans quelle mesure l’influence de la poésie française du xixe siècle s’est-elle manifestée, plus précisément celle du romantisme et de l’école parnassienne ? […] Alors, Ève désire la mort, Ève appelle la mort et l’ange Azraël vient : Il souffle la flamme, éteint le bruit, Met le silence de sa bouche Sur la bouche qui sourit, Et pose doucement, sur le cœur qui s’apaise Sa main qui ne pèse Pas plus qu’une fleur85.
En général, Molière a recours au personnage d’« honnête homme », au personnage qui est truchement de l’auteur et guide du public relativement à ce que le public doit croire, dans les pièces où une grande question est posée, en somme dans les pièces à thèse (Clitandre dans les Femmes savantes, Cléante dans Tartuffe). […] Par là, par l’intention d’imiter fidèlement la nature, s’expliquent, dans le théâtre de Molière, la subordination des situations aux caractères, la simplicité de ses intrigues, l’insuffisance de ses dénouements qui, justement, parce qu’ils n’en sont point, ressemblent d’autant plus à la vie où rien ne commence et rien ne finit. » Ceci ne prouve point du tout que Molière veut qu’on obéisse, dans la vie, aux suggestions de la nature ; il prouve seulement que, comme auteur, il veut peindre la vie telle qu’elle est, plutôt que suivre son imagination ; ceci n’a absolument aucun rapport avec la question posée. Si je voulais me divertir, je dirais même que ceci va contre la thèse posée ; car si Molière était convaincu que l’homme doit suivre son mouvement naturel, Molière, dans sa vie à lui, c’est-à-dire dans sa vie d’auteur, suivrait son mouvement naturel d’auteur, qui est de s’abandonner à son imagination et non de s’assujettir à l’objet, ce qui est une contrainte ; et que, donc, de la méthode de travail de Molière, il faut tirer cette conclusion qu’il est partisan de l’effort, de l’asservissement volontaire à quelque chose qui est en dehors de nous, loin de l’être de l’abandonnement aux instincts et au tempérament.