En suivant l’histoire des éloges, et cette branche de la littérature, depuis les Égyptiens et les Grecs jusqu’à nous, on a pu remarquer les changements que ce genre a éprouvés, les temps où il était le plus commun, l’usage ou l’abus qu’on en a fait, et les différentes formes que la politique, ou la morale, ou la bassesse, ou le génie lui ont données. […] À ces causes, ou politiques ou morales, s’en joignent encore d’autres. […] Si donc, en célébrant les grands hommes, vous voulez être mis au rang des orateurs, il faut avoir parcouru une surface étendue de connaissances ; il faut avoir étudié et dans les livres et dans votre propre pensée, quelles sont les fonctions d’un général, d’un législateur, d’un ministre, d’un prince ; quelles sont les qualités qui constituent ou un grand philosophe ou un grand poète ; quels sont les intérêts et la situation politique des peuples ; le caractère ou les lumières des siècles ; l’état des arts, des sciences, des lois, du gouvernement ; leur objet et leurs principes ; les révolutions qu’ils ont éprouvées dans chaque pays ; les pas qui ont été faits dans chaque carrière ; les idées ou opposées ou semblables de plusieurs grands hommes ; ce qui n’est que système, et ce qui a été confirmé par l’expérience et le succès ; enfin tout ce qui manque à la perfection de ces grands objets, qui embrassent le plan et le système universel de la société. […] Faites agir ou penser les grands hommes ; vous verrez naître vos idées en foule ; vous les verrez s’arranger, se combiner, se réfléchir les unes sur les autres ; vous verrez les principes marcher devant les actions, les actions éclairer les principes, les idées se fondre avec les faits, les réflexions générales sortir ou des succès, ou des obstacles, ou des moyens ; vous verrez l’histoire, la politique, la morale, les arts et les sciences, tout ce système de connaissances liées dans votre tête, féconder à chaque pas votre imagination, et joindre partout, aux idées principales, une foule d’idées accessoires. […] Qu’ainsi, dans l’ordre politique, l’orateur se pénètre des grands rapports du prince avec les sujets, et des sujets avec le prince ; qu’il sente avec énergie et les biens et les maux des nations ; que, dans l’ordre moral, il s’enflamme sur les liens généraux de bienfaisance qui doivent unir tous les hommes, sur les devoirs sacrés des familles, sur les noms de fils, d’époux et de père ; que dans ce qui a rapport aux talents, il admire les découvertes des grands hommes, la marche du génie, ces grandes idées qui ont changé sur la terre la face du commerce, ou celle de la philosophie, de la législation et des arts, et qui ont fait sortir l’esprit humain des sillons que l’habitude et la paresse traçaient depuis vingt siècles.
Ils n’entendent rien à la politique : c’est l’affaire du roi de ses ministres. […] Serait-ce donc un tiède, ou un libertin, qui ferait la guerre religieuse par ambition ou par politique ? […] Jusqu’ici, tous les historiens de France qui ont rencontré Alberoni sur leur chemin ont jugé l’homme par sa politique, et cette politique, tantôt par le succès, tantôt par la politique adverse du régent ; M. […] Aucun étranger n’a pu se vanter d’avoir pesé par corruption sur sa politique. […] Toutes les incohérences de la morale politique et mondaine ne tiennent-elles pas dans ce mot ?
M. de La Mennais ne s’y méprit pas : il pénétra plus avant, et, sous les haines politiques déchaînées, il vit indifférence religieuse dans la masse, indifférence dans le pouvoir, indifférence même dans toute cette portion considérable du clergé et du royalisme qui mettait le temporel en première ligne. […] Son beau livre des Rapports de la Religion avec l’Ordre civil et politique, celui des Progrès de la Révolution, ses Lettres à l’Archevêque de Paris, ne détrompaient qu’imparfaitement, parce qu’il n’y avait que les personnes déjà au fait de l’homme qui les lussent avec réflexion et avidité. […] En étudiant la politique de M. de La Mennais, M. […] Sous la Restauration comme sous Louis XIV, le dogme politique en vogue, la prétention formelle des gouvernants était la légitimité, c’est-à-dire l’inadmissibilitédu pouvoir en vertu de certains droits de naissance, et nonobstant toute manière d’user ou d’abuser. […] Un statu quo universel a été toute leur politique.
À cette date, la défaite politique des classes aristocratiques en a rendu toutes les forces intellectuelles disponibles pour l’activité mondaine et littéraire. […] Aux narrations s’ajoutent deux éléments que Retz a su employer avec une rare maîtrise : les raisonnements politiques, et les portraits. Non par une nécessité seulement de son sujet, mais par un goût qui fut celui de toute sa génération, Retz se complaît aux réflexions sur la politique : et il y a peu de morceaux plus amples à la fois et plus profonds que le début de sa seconde partie où il recherche les causes de la guerre civile. […] Retz se plaît à détailler les conversations, les discussions politiques, où chaque partie fait valoir son intérêt de gloire ou de profit : et son entretien avec Condé, au début de la Fronde, fait vraiment pendant aux grandes scènes politiques de Corneille. […] Il a pénétré l’homme, mais aussi les hommes, chaque homme : la psychologie était une partie et la base même de sa politique.
En ce qui regarde la grandeur romaine, il semble que Montesquieu en ait mieux vu les causes politiques, Bossuet les causes morales. […] Toutes ces causes politiques de la grandeur romaine sont expliquées par Montesquieu avec une clarté supérieure, et chacune au meilleur moment, lorsqu’un acte décisif, un revers réparé, une crise civile étouffée, fournissent aux explications comme des preuves à l’appui, et confirment les remarques de l’écrivain par l’autorité des exemples. […] Où le publiciste ne voit qu’un expédient politique, l’évêque reconnaît et admire une des vertus de la nature humaine. […] Si on lui parle des sociétés, il ne s’agit pas des sociétés politiques, ni de lui en faire porter des jugements inutiles au grand objet de la connaissance de soi-même ; il s’agit des sociétés purement civiles et des devoirs que chacun est tenu d’y remplir pour être heureux en contribuant au bonheur public. […] Les Lettres persanes, et plus tard les Considérations avaient persuadé aux lecteurs qu’on peut sans travail s’instruire des choses les plus délicates de la politique et de l’histoire, et devenir profond en s’amusant.
XVIII La fin de l’humanité, et par conséquent le but que doit se proposer la politique, c’est de réaliser la plus haute culture humaine possible, c’est-à-dire la plus parfaite religion, par la science, la philosophie, l’art, la morale, en un mot par toutes les façons d’atteindre l’idéal qui sont de la nature de l’homme. […] Il faut être aveugle pour ne pas voir que l’œuvre commencée il y a quatre cents ans dans l’ordre littéraire, scientifique, politique, c’est l’exaltation successive de toute la race humaine, la réalisation de ce cri intime de notre nature : « Plus de lumière ! […] Or l’émancipation de l’individu est conquise, définitivement conquise, et doit être conservée à jamais. « La société, disait Enfantin, ne se compose que d’oisifs et de travailleurs ; la politique doit avoir pour but l’amélioration morale, physique et intellectuelle du sort des travailleurs et la déchéance progressive des oisifs. » Voilà un problème nettement défini. […] La Révolution de 1848 n’est rien en tant que révolution politique ; comparez les hommes et la politique d’aujourd’hui aux hommes et à la politique d’avant février, vous trouverez la plus parfaite identité. […] Je me garderai de suivre l’économie politique dans ses déductions ; les économistes attribueraient sans doute à mon incompétence les défiances que ces déductions m’inspirent ; mais je suis compétent en morale et en philosophie de l’humanité.
Il y mêle des considérations politiques qui sont toutes dans le sens de l’ordre et de la défense sociale : mais, même quand il serait plus sobre de ce genre de discussions, le seul tableau des faits, la suite même des textes, les pièces à l’appui qu’il produit avec étendue, fournissent une base de jugement irréfragable, et tout lecteur, en se laissant conduire par le biographe, peut statuer à son tour en connaissance de cause et en sûreté de conscience. […] Je suis très jeune, j’ai pu pécher contre la politique des tyrans, blâmer des lois fameuses et des coutumes reçues ; mais, parce que j’étais jeune, il m’a semblé que j’en étais plus près de la nature. […] La philosophie politique de Saint-Just était déjà tout entière, en effet, dans ce premier discours. […] À part cette idée de gouvernement fort, dont il abuse et qu’il pervertit au gré de ses sophismes et de sa passion ; toute la doctrine politique de Saint-Just n’est qu’un délire. […] s’écria Saint-Just, Marius était plus politique et plus homme d’État que vous ne le serez jamais !
Par exemple, la loi renouvelée laissera valoir, en matière religieuse, la compétence de « comices » qu’elle ne reconnaît plus en matière politique. […] Leur variété augmente en même temps que leur nombre : ce ne sont pas seulement des intérêts économiques, ce sont des mobiles politiques, religieux, moraux, qui suscitent de toutes parts Vereine, sectes et partis. […] L’Orient, caractérisé par la confusion de la plupart des sociétés que l’Occident distingue, et en particulier par l’identité du groupement politique avec le groupement religieux, est par là même moins apte à comprendre l’idée des droits de l’homme. […] Il peut donc arriver qu’un même homme se retrouve, dans des associations très différentes, politiques ou religieuses, mondaines ou économiques, placé au même rang. […] Imbart de la Tour, « L’Évolution des Idées sociales au moyen âge », dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences morales et politiques, 1896, II, p. 425.
Bulwer sur le génie poétique et politique d’Ernest Maltravers. […] Bulwer explique ses prétentions littéraires et se plaint de ses ennemis politiques. […] Bulwer nous donnât le secret de son importance politique. […] L’auteur a divisé son travail en deux parties : partie religieuse, partie politique. […] Les passions politiques n’ont rien à démêler avec l’histoire.
Collaboration à Lutèce, aux Écrits pour l’Art (1re série), aux Entretiens politiques et littéraires, à la Jeune Belgique, à l’Art Moderne, au Mercure de France, à Floréal, à l’Ermitage, à la Société Nouvelle, à la Revue Blanche, etc. […] Direction des Entretiens politiques et littéraires (articles divers, de combat, parmi lesquels des « Réflexions sur le vers libre » ; le Porcher y fut aussi publié).
Il y écrivit sa tragédie de Don Carlos, œuvre estimable, réfléchie, mais tiède, où la politique tient la place de l’émotion. […] Ce mépris est la base de l’indifférence philosophique ou politique ; cette indifférence laisse à la sensibilité son calme, à l’esprit son sang-froid et sa clarté. […] La primauté littéraire fait lentement le tour du monde comme la primauté politique. […] L’absence de cette unité politique, qui rend l’Italie impropre jusqu’à présent à conquérir et à garder la possession d’elle-même, rend l’Allemagne impropre à conquérir une primauté littéraire. […] Ces deux exemples sont l’Italie en politique, l’Allemagne en littérature.