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42. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pommier. L’Enfer, — Colifichets. Jeux de rimes. »

Connu déjà pour d’autres poésies, couronné plusieurs fois par l’Institut, malgré le talent le moins académique, ayant abordé vaillamment la satire politique, le seul genre de poésie qui rende vite un nom populaire, — après la poésie dramatique toutefois, — M.  […] Il a travaillé cette poésie dont il avait joui, comme un autre, car cette poésie se travaille. […] osé nous donner, dans son recueil d’aujourd’hui, une poésie d’yeux, après tant de poésies d’oreilles, et il y a dessiné, physiquement et géométriquement dessiné, en figure de pyramide, taillant pour cela ses vers comme des pierres, la poésie qui porte ce nom ! […] Ce ne sont point ici les sujets de ces poésies qui sont la kermesse. […] Et comme cette poésie de l’expression enivrée, ne saurait, sans entrer dans une sphère qui ne serait plus la sienne, être dépassée, fût-ce par celui qui l’a produite avec cette supériorité d’exécution, de verve et de souplesse, il faut nécessairement s’arrêter et ne plus vouloir y ajouter encore par des tentatives qui fausseraient la conception de cette poésie, et même de toute poésie.

43. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les petites revues » pp. 48-62

Et hardiment on peut soutenir que notre poésie se hausse au lieu de descendre. […] « … Le Symbolisme demeurera là où il est : dans la poésie. […] Il s’ensuit que le cœur joue dans la poésie un rôle prépondérant. […] « La comparaison est essentielle à la poésie. […] Un inconnu appelait la poésie « l’essai d’expression de l’indéfinissable ».

44. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Théodore de Banville »

Tout le monde, en effet, sait la place que l’auteur des Cariatides et des Stalactites occupe dans la poésie française, et cette place, même ceux qui ne vibrent pas en accord parfait avec sa poésie ne la lui contestent pas. […] Il contient des poésies publiées il y a un certain nombre d’années, mais on y trouve, à une date plus récente, d’autres poésies sur lesquelles la Critique, accoutumée à l’inspiration de M. de Banville, n’avait pas le droit de compter. […] Le fait est que ces poésies, d’une si mâle inspiration, ont moins résonné dans les oreilles de tout le monde que les poésies de M.  […] Il n’est pas le Saint-Genest de la poésie patriotique ; il est davantage. […] L’art, le talent, la poésie surtout, cette Isis voilée au vulgaire, sont incompréhensibles à qui n’a ni art, ni talent, ni poésie, et c’est le gros du monde, cela !

45. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

s’attaquer à la Poésie et en faire d’informe prose ! […] Cette poésie serait donc. […] … Et pour vous, Madame, le but de la Poésie sera ? […] — un Professeur de poésie ! […] En ce qui concerne la poésie française, M. 

46. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Poésies nouvelles de M. Alfred de Musset. (Bibliothèque Charpentier, 1850.) » pp. 294-310

Poésies nouvelles de M.  […] Où est la poésie dont une moitié vaille quelque chose ?  […] Est-ce que la poésie existerait moins, ô poète, s’il n’y avait pas de roués du tout ? […] La poésie, cette chaste consolatrice, y est traitée aussi presque avec culte, avec tendresse. […] Je crois, un jour, avoir vu un volume de ses Poésies se glisser jusque dans une corbeille de noces.

47. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre III. »

Que cette poésie des Hébreux fût enfermée dans le sanctuaire, cachée dans les rangs d’une race choisie, ou qu’il en ait brillé quelque lueur au dehors, cette poésie fut admirable. […] Là s’étudiaient, avec la religion, la musique et la poésie. […] Aujourd’hui nulle érudition n’oserait déterminer la vraie forme du vers hébreu et le rhythme, non plus que le chant de cette poésie sublime. […] Ce n’est pas seulement dans les chants du Psalmiste que se rencontrent les plus sublimes inspirations de poésie lyrique. […] Demandons encore aux livres saints, même avant David, un exemple de cette poésie religieuse et populaire, animée des passions de l’Orient.

48. (1909) De la poésie scientifique

Les idées élues par le « Symbolisme » dériveront du thème général de la poésie au hasard de l’émotion individuelle : c’est là encore, en suprême épanouissement, il est vrai, une poésie égotiste. […] John Davidson, à son tour proclama de propres principes de Poésie scientifique « désormais seule admissible ». […] Poincaré parla de la poésie scientifique, en savant et en poète. […] Brunetière, après avoir écrit contre l’Evolutionnisme, en 1893, demande une littérature, une poésie, qui relèvent de Darwin et de Haekel… En même temps que moi, un critique lui apprend ou lui rappelle que cette poésie existe. […] Il me paraîtrait oiseux d’insister davantage sur une définition de la « Poésie scientifique ».

49. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « De la poésie et des poètes en 1852. » pp. 380-400

De la poésie et des poètes en 1852. […] Ce sont là les défauts d’une poésie distinguée, mais décidément trop étranglée, trop semée de sous-entendus et de prenez-y-garde. […] non, cette poésie française moderne, éclose vers 1819 sous forme lyrique, n’est pas morte, elle n’est qu’éparse et confusément dispersée. […] On ne saurait rendre l’ampleur et le procédé habituel de cette poésie, si on ne l’a entendue dans son récitatif lent et majestueux ; c’est un flot large et continu, une poésie amante de l’idéal, et dont l’expression est toute faite aussi pour des lèvres harmonieuses et amies du nombre. […] Comme je n’ai pas prétendu donner un rapport sur la poésie à la date présente, je ne suis pas tenu de conclure.

50. (1910) Muses d’aujourd’hui. Essai de physiologie poétique

La poésie mallarméenne en est une preuve magnifique. […] Mais la poésie absolue telle que je la conçois ici est rare : pour un Verlaine, que de Leconte de Lisle et de Heredia qui contrediraient cette théorie, puisque leur poésie n’est que de l’art. […] S’il fallait d’un mot qualifier cette poésie féminine, on l’appellerait une poésie dionysiaque, ivre d’elle-même. […] Il faudrait ajouter que cette suggestion est la poésie même, et qu’il n’y eut jamais de poésie sans elle. […] Cette plaie divine qui s’épanouit comme une rose, c’est la poésie.

51. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Émile Augier, Louis Bouilhet, Reboul »

Dans l’une comme dans l’autre de ces poésies, Augier est, en effet, le même poète sans idéal et sans profondeur. […] Faire accepter la poésie en l’abaissant, voilà le secret du succès d’Émile Augier ! […] Les poésies tendres ou galantes du recueil que nous venons de lire sont très certainement inspirées par Alfred de Musset ; mais c’est de l’Alfred de Musset sans cette fringance hardie et parfois cette divinité d’images qui marque sa poésie, malgré ses irrégularités et ses faiblesses, d’un inextinguible rayon. […] Il est d’une nature plus virile, plus à tous crins, que celle de l’auteur des Poésies complètes. […] Où est la poésie dans tout cela ?

52. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXXII » pp. 328-331

Après tout, la belle poésie latine était-elle autre chose ? […] En français, nous n’avons rien eu de tel, et d’autres inconvénients se sont faits sentir dans la poésie. […] La poésie s’est donc imposé ces conditions un peu appauvries de la prose gratuitement et en pure perte, puisque en restant claire et courante elle n’en est pas devenue plus populaire pour cela. […] La poésie en France a suivi cette voie depuis Malherbe jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. […] Il y a bien longtemps que Fénelon, dans sa Lettre à l’Académie française, semble avoir reconnu cette infériorité de la poésie française, en comparaison de la poésie des Anciens.

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