Il les prend par tous les endroits sensibles du coeur humain ; par l’intérêt, par le plaisir, par la gloire, par la vertu même. […] Outre que l’occasion demandoit nécessairement ces discours, ils sont encore rangés avec art, et dans un ordre propre à augmenter toujours le plaisir du lecteur. […] Les diffuses ennuyent, parce qu’elles ne laissent rien à penser : plaisir qu’il faut toujours ménager au lecteur, sans préjudice de la clarté. […] Plaisir fondé sur la nouveauté ; plaisir fondé sur les monumens historiques et sur le respect de l’antiquité ; plaisir d’illusion et de prévention fondé sur l’autorité des suffrages. […] L’ouvrage est séduisant, la censure est raisonnable ; et le public les lit avec plaisir l’un et l’autre.
. — Elle se complaît à son ramage, comme un oiseau ; on voit qu’elle en est heureuse, qu’elle sourit de plaisir ; mais ce n’est encore qu’un ramage d’oiseau, car elle n’attache aucun sens aux sons qu’elle émet. […] Pas un aboiement dans la rue qui n’évoque chez elle ce mot dans le sens de chien et avec le plaisir vif d’une découverte. — Dans le nouveau sens, le son a oscillé entre vava et oua-oua, pour se fixer maintenant oua-oua. […] Il éprouve toujours un vif plaisir à le faire rouler, à lui communiquer cette série continue d’apparences changeantes qu’on nomme le mouvement. […] Il les regardait avec un grand plaisir, puis les perdait de vue, puis les cherchait, les découvrait et criait : Bête ! […] Pendant des mois entiers, ç’a été pour lui un plaisir extrême et toujours neuf de reconnaître de loin et de nommer vingt fois de suite le bateau. 2º Lune.
À cet égard, le traitement que nous recevons du Temps dépend de l’accueil que nous lui faisons… Il est clément pour ceux qui, tels que vous, savent se tenir comme sur la pointe du pied au sommet de la colline de la vie, jetant un regard en bas avec plaisir sur la vallée qu’ils ont traversée, et de temps en temps étendant leurs ailes pour s’envoler avec espérance vers l’éternité… » Le charme de la correspondance de Cowper est dans cette succession d’images, de pensées et de nuances qui se déroulent avec une vivacité variée, mais d’un cours égal et paisible. […] Franklin, à qui un ami l’envoya à Passy, où il était alors, y trouva, dit-il, « quelque chose de si nouveau dans la manière, de si aisé et pourtant de si correct dans le langage, de si clair à la fois et de si concis dans l’expression, et de si juste dans les sentiments », qu’il le lut d’un bout à l’autre avec plaisir (rare louange pour des vers, surtout de la part de quelqu’un qui n’en lisait plus), et il en relut même certaines pièces plus d’une fois. […] Le poète suit les divers degrés de perfectionnement et montre à plaisir la tapisserie dont bientôt on revêtit le bois des sièges dans les anciens jours, tapisserie à l’étroit tissu, richement brodée, « où l’on pouvait voir s’étaler la large pivoine, la rose en fleur tout épanouie, le berger à côté de sa bergère, sans oublier le petit chien et le petit agneau avec leurs yeux noirs tout fixes et tout ronds, et des perroquets tenant une double cerise dans leur bec. » — Tous ces riens sont agréablement déduits et relevés de couleurs, comme le ferait au besoin l’abbé Delille ou comme un spirituel jésuite n’y manquerait pas non plus dans des vers latins. […] toi dont je sens le bras, ce vingtième hiver, étroitement attaché au mien, avec un plaisir tel que peut seule l’inspirer une tendresse fondée sur une longue expérience de ton mérite et de tes essentielles vertus, — je te prends à témoin d’une joie que tu as doublée depuis si longtemps ! […] De là, avec quel plaisir nous avons discerné à peine la charrue au loin se mouvant lentement, et à côté du laborieux attelage, qui ne déviait point de sa ligne, le paysan robuste raccourci jusqu’à ne paraître qu’un enfant !
Il ne l’effleure pas d’un œil d’artiste ; il la caresse à pleins bras, comme l’amoureux du Cantique des cantiques : Veni, et inebriemur uberibus… « Quel plaisir autrefois de me rouler dans les hautes herbes, que j’aurais voulu brouter, comme mes vaches ; de courir pieds nus sur les sentiers unis, le long des haies ; d’enfoncer mes jambes, en rehaussant (rebinant) les verts turquies, dans la terre profonde et fraîche ! […] Ces jolis chants et ce lavage de fontaine me donnaient à penser diversement : les oiseaux me faisaient plaisir, et, envoyant s’en aller toute bourbeuse cette eau si pure auparavant, je regrettais qu’on l’eût troublée, et me figurais notre âme quand quelque chose la remue ; la plus belle même se décharme quand on en touche le fond, car au fond de toute âme humaine il y a un peu de limon. » Elle-même, elle se laisse couler sur ce papier qu’elle quitte et reprend souvent ; elle est triste, il lui manque quelque chose, sa tranquillité n’est qu’à la surface ; cela lui faitdu bien d’écrire et lui décharge l’âme de ce triste qui parfois la trouble ; elle se sent mieux après. […] Je le regardais faire avec un plaisir infini, toute ravie à mon tour de ces charmes de l’enfance. […] Moi, je vivrais d’aimer : soit père, frères, sœur, il me faut quelque chose. » Ce Journal même où elle s’écoule, et qui ne laisse pas de lui donner, de temps en temps, de petits scrupules à cause du plaisir qu’elle y prend, ne lui suffit pas. […] Et je prends ma quenouille, ou un livre, ou une casserole, ou je caresse Wolf ou Trilby. » Voilà le vrai ; elle est ménagère, elle sait être pratique, et elle nous dira son vœu le plus humble, son rêve d’Horace, de Jean-Jacques ou de La Fontaine : « Mon ami (c’est toujours à son frère qu’elle parle), quand je ne pense pas le faire plaisir ou t’être utile, je ne dis rien ; je prends ma quenouille, et au lieu de la femme du xviie siècle, je suis la simple fille des champs, et cela me fait plaisir, me distrait, me détend l’âme.
Le parnassien est un pharisien ; lui aussi se satisfait à se sentir différent ; il jouit de l’impeccabilité et du relief de sa correction et son expression cherchée laisse voir ce plaisir vaniteux. […] Mais il a souvent le plaisir adroit et haineux de sentir que son épée empoisonnée vient de glisser, précise et meurtrière, au défaut de la cuirasse. […] Ils « ne peuvent endurer un citoyen né, comme eux et plus qu’eux, au sommet de l’échelle sociale… » De telles phrases font grand plaisir à qui les prononce et parfois elles appellent les applaudissements. […] Mais ce jeu ne donne qu’un plaisir bien court. […] Bergeret, pour les plaisirs légers que je te dois, pour la demi-griserie amusée qui me vint de plusieurs de tes pages.
Ces pensionnaires de la noble abbaye ont des noms illustres, toutes les jouissances de la richesse et de l’orgueil — et notamment le plaisir de se croire pétries d’une autre argile que les « Petites Cordelières », les pensionnaires du couvent bourgeois d’à côté. […] Tandis qu’elles dansent, jouent de la harpe, se marient à douze ans ou prennent le voile à dix-huit, et qu’elles se disposent, par leurs plaisirs comme par leurs sacrifices, à soutenir la gloire de leurs maisons, peut-être que dans la rue, sous les longs murs du noble couvent, passe le petit robin qui leur fera couper la tête. […] Plaisir de plébéien ébloui ?
J’y étais toujours fort bien reçu ; et j’ai plaisir à vous apprendre (pardonnez-moi cette innocente vanité) que je suis membre d’une des Compagnies savantes établies jadis par le roi Louis XIV. […] Cela m’a fait grand plaisir. […] Il y a, chez beaucoup d’entre eux, un désenchantement, une diminution notable du plaisir de régner.
Libres de s’exercer dans la sphere des combinaisons, ils ne se sont point élancés dans le Monde poétique, où ils auroient paru étrangers ; ils se sont bornés aux plaisirs arides & immenses du calcul, sans songer à venir ravager les campagnes fleuries qu’arrose le Permesse. […] Ceux de la Mothe Houdart, les plus pleins de pensées, sont précisément ceux qu’on lit avec le moins de plaisir ; les vers de S. […] Après avoir osé éclipser quelques rayons de sa gloire, nous nous livrons avec plaisir aux justes éloges qu’il mérite par d’autres Productions.
Il falloit que tous ses plaisirs, tous ses amusemens fussent subordonnés à son amour extrême de la gloire. […] On lit encore avec plaisir, dans toutes les langues de l’Europe, son discours pour la défense de Ctésiphon, ou plutôt pour la sienne propre. […] Autant Eschine, homme de plaisir & du monde, supporta le sien avec courage ; autant Démosthène, homme farouche, montra de foiblesse.
Le plaisir que nous fait la musique répare néanmoins ce défaut. […] Enfin les sens sont si flatez par le chant des récits, par l’harmonie qui les accompagne, par les choeurs, par les symphonies et par le spectacle entier, que l’ame qui se laisse facilement séduire à leur plaisir, veut bien être enchantée par une fiction dont l’illusion est palpable, pour ainsi dire. […] L’art du musicien ne sçauroit compenser le plaisir que leur fait perdre le défaut de vrai-semblance, défaut essentiel pour un poëme, et cependant inséparable de l’opera.
Sully-Prudhomme d’avoir accumulé les difficultés comme à plaisir. Non à plaisir, mais à dessein, et le reproche tombe puisqu’il les a vaincues. […] Il éprouve un visible plaisir à louer ou à contredire MM. […] Il croit à une hiérarchie des plaisirs esthétiques. […] Il place ce plaisir assez bas et ne le goûte point, voilà tout.