Augier a placé sa comédie au dix-huitièmesiècle, sous Louis XVI, à cette époque de politesse raffinée et de mœurs exquises, ou la galanterie française mettait l’encens en bonbonnière et l’offrait aux dames, avec des grâces infinies. […] Augier, et nous y reviendrons tout à l’heure, de méconnaître, à chaque instant, les convenances de l’époque qu’elle a choisie, du cadre dans lequel elle s’est placée, du rang et de la figure des personnages qu’elle met en scène ; il introduit les mœurs de la tonnelle et de la taverne dans ce château aristocratique : Immitit liquidis fontibus aprum… Ce qu’on pourrait traduire : il lâche le… sanglier de Rabelais dans le boudoir de porcelaines du dix-huitième siècle. […] Comment se fait-il que vous ayez choisi l’Allemagne pour y placer cet étrange spectacle d’un musicien humilié et excommunié par le monde ?
Condorcet, né le 17 septembre 1743, en Picardie, d’une famille noble, dont les membres étaient avantageusement placés dans l’armée et dans l’Église, sentit de bonne heure une vocation irrésistible pour les sciences et les lettres. […] Nous avons tous de la vanité, remarquait Mlle de Lespinasse, mais « je ne sais pas, ajoutait-elle, où s’est placée celle de M. de Condorcet : je n’en ai jamais pu découvrir en lui ni le germe ni le mouvement ». […] On n’a jamais vu d’idéal plus tristement placé.
Elle perdit son père de bonne heure ; sa mère, qui s’était remariée, à un homme qui avait une charge à la Cour, la plaça en qualité de fille d’honneur auprès de Madame lorsque cette sœur de Charles II épousa le frère de Louis XIV (1661). […] On a essayé, dans ces derniers temps, de douter que ce petit écrit fût en effet de Mme de La Vallière44 (1) ; mais ce seul mot de miséricorde, ainsi placé avec une intention manifeste, ne devient-il pas comme une signature ? […] Barrois (un autre chanoine) et moi ayant vu les carrosses de Sa Majesté qui étaient dans la cour de l’Ovale, nous attendîmes près d’une heure, et enfin nous vîmes le roi monter dans sa calèche ; Mme de La Vallière placée la première, le roi après et ensuite Mme de Montespan, tous trois sur un même siège, car la calèche était, fort large.
Jeune, actif, d’un jugement net et fin, en relation de famille avec ce qu’il y avait de plus noble dans les Pays-Bas autrichiens et à la cour de Vienne, il se trouva du premier jour très bien introduit à celle de Versailles, des mieux placés pour observer et s’y plaire ; il fut particulièrement de la société de la Dauphine, bientôt reine, Marie-Antoinette. […] La statue grandiose, pour que chaque trait n’en paraisse pas trop gros et exagéré, a besoin d’être placée à sa perspective. […] Le gouvernement me repousse, et je ne puis que me placer dans le parti de l’opposition, qui est révolutionnaire, ou risquer de perdre ma popularité, qui est ma force.
Placé entre une religion et une raison, il les comprit, il les balança, il essaya de les concilier. […] » Il fut donné à Marmont de se poser deux fois ce fatal problème : « Heureux, s’écriait-il, heureux ceux qui vivent sous l’empire d’un gouvernement régulier, ou qui, placés dans une situation obscure, ont échappé à cette cruelle épreuve ! […] Il allègue que M. de Bourmont, dans la liste de présentation au roi, avait placé le nom du maréchal Marmont en tête.
Elles en placent si haut les conditions de certitude qu’elles ne réussissent guère qu’à établir le doute. […] À quelqu’un qui, vivant à la campagne, regrettait la ville, Volney racontait une anecdote de Diderot, qui avait au château de Meudon une jolie chambre où il n’allait jamais, et qui répondait un jour à Delille en refusant de la lui céder : « Mon cher abbé, écoutez-moi ; nous avons tous une chimère que nous plaçons loin de nous ; si nous y mettons la main, elle se loge ailleurs ; je ne vais point à Meudon, mais je me dis chaque jour : J’irai demain ; si je ne l’avais plus, je serais malheureux. » — Vous, Monsieur, qui vivez à la campagne, continue Volney, vous avez placé votre chimère à la ville ; mais que l’exemple de Diderot vous serve.
On a reproché aux auteurs d’avoir placé, en 1789, la société française à Paris, au lieu de l’avoir placée en province ; on a reproché aux auteurs « dont le nom semble révéler une vieille origine provinciale », d’avoir commis ce contresens au mépris des traditions de famille. — Les auteurs ont remonté leur famille : ils ont trouvé en 1789, leur grand-père Huot de Goncourt, non en province, mais à Paris, député du Bassigni à l’Assemblée nationale. […] Le livre, à la lecture, m’a fait l’impression d’une histoire renfermant trop de jolie rhétorique, trop de morceaux de littérature, trop d’airs de bravoure, placés côte à côte, sans un récit qui les espace et les relie.
Le poëte se mettant au lieu et place du destin, une invention d’homme et d’événements tellement étrange, ressemblante et souveraine, que certaines sectes religieuses en ont horreur comme d’un empiétement sur la Providence, et appellent le poëte « le menteur » ; la conscience de l’homme, prise sur le fait et placée dans un milieu qu’elle combat, gouverne ou transforme, c’est le drame. […] VI Près de Hamlet, et sur le même plan, il faut placer trois drames grandioses : Macbeth, Othello, le Roi Lear. […] Shakespeare, portant Cordelia dans sa pensée, a créé cette tragédie comme un dieu qui, ayant une aurore à placer, ferait tout exprès un monde pour l’y mettre.
Enfin ils le placent jusqu’en Dieu lorsqu’ils lui prêtent une volonté absolue, supérieure au bien et au mal, au vrai et au faux, décidant et créant par un sic volo, sic jubeo absolu. […] Lorsque deux expérimentateurs arrivent à des résultats différents, c’est donc tout simplement qu’ils ne se sont pas placés dans les mêmes conditions : si l’on ne tient pas compte par exemple de l’âge, de l’état de santé, de l’état de sommeil ou de veille, d’abstinence ou de nourriture, on obtiendra sans doute des résultats différents ; mais placez vous dans les mêmes conditions, vous aurez les mêmes résultats.
La scène est fermée à gauche par une haute masse de roches couvertes d’arbustes, et elle reçoit sa profondeur des sommités des montagnes vaporeuses qu’on a placées au loin et qu’on découvre entre les roches de la gauche et la fabrique de la droite. […] Sans imagination on peut trouver ces objets à qui il ne reste plus que le mérite d’être bien ou mal placés, bien ou mal peints. […] le dedans d’une écurie éclairée d’une lanterne de corne placée sur le devant. du même.
Ainsi nous serions portés à voir une grande vue de la Providence dans le soin qu’elle a pris de placer le principe conservateur de l’ordre dans les mœurs et dans la langue du peuple, qui doit régir l’âge actuel des sociétés européennes. […] Phrynicus et Agathon n’ont pas seulement gâté la poésie pour les Grecs, ils l’ont gâtée aussi pour nous, parce que nous étant placés dans la sphère de l’imitation, les traditions ont été dénaturées pour nous dès l’origine, et toutes nos voies sont devenues incertaines. […] Les hommes isolés peuvent obéir à mille mauvais penchants ; réunis, une révérentielle honte, comme disait Montaigne, vient les saisir, tant il est vrai que Dieu a placé un instinct moral dans la société.