On n’y voit qu’un souverain tout-puissant qui aime, qui est aimé, qui va placer sa maîtresse sur son trône sans le moindre obstacle. […] Si j’avais le temps de pousser plus loin cet examen fastidieux, et si je voulais prendre la peine de recueillir cette épithète partout où elle est placée, j’en ferais une superbe collection. […] J’abandonne Zaïre à ses heureux destins ; je vais m’amuser à battre les buissons, et jeter un coup d’œil rapide sur les morceaux que l’éditeur a placés à la tête de cette tragédie. […] » L’anecdote est évidemment fausse : Voltaire n’eût jamais fait une pareille question à Piron ; mais c’est un canevas pour le trait de Piron, qui est ingénieux et d’autant mieux placé, qu’en effet l’ouvrage est languissant et peu théâtral. […] Incertaine appartient à la rime ; autrement on ne la placerait pas après éplorée.
Ainsi absorbé dans sa lutte et dans son sacerdoce, il demeurait en dehors du monde, aussi aveuglé contre les faits palpables que défendu contre les séductions sensibles, placé au-dessus des souillures et des leçons de l’expérience, aussi incapable de conduire les hommes que de leur céder. […] Celui, disait-il un peu plus tard, qui connaît la vraie nature de la poésie, « découvre bientôt quelles méprisables créatures sont les rimeurs vulgaires, et quel religieux, quel glorieux, quel magnifique usage on peut faire de la poésie dans les choses divines et humaines »… « Elle est un don inspiré de Dieu, rarement accordé, et cependant accordé à quelques-uns dans chaque nation, pouvoir placé à côté de la chaire, pour planter et nourrir dans un grand peuple les semences de la vertu et de l’honnêteté publique, pour apaiser les troubles de l’âme et remettre l’équilibre dans les émotions, pour célébrer en hautes et glorieuses hymnes le trône et le cortége de la toute-puissance de Dieu : pour chanter les victorieuses agonies des martyrs et des saints, les actions et les triomphes des justes et pieuses nations qui combattent vaillamment pour la foi contre les ennemis du Christ496. » En effet, dès l’abord, à l’école de Saint-Paul et à Cambridge, il avait paraphrasé des psaumes, puis composé des odes pour la Nativité, la Circoncision et la Passion. […] Placé par le hasard entre deux âges, il participe à leurs deux natures, comme un fleuve qui, coulant entre deux terres différentes, se teint de leurs deux couleurs. […] La Restauration refusa de lui payer 2000 liv. sterl. qu’il avait placées sur l’Excise-Office, et lui reprit une terre de 50 liv. par an, achetée par lui sur les biens du chapitre de Westminster.
Un étranger est peut-être mieux placé pour entrevoir le jugement de l’avenir ; la distance fait pour lui l’office des années, elle donne ces vues éloignées qui égalisent sur le même plan tous les objets à comparer. […] Il écrivait dans son Histoire secrète : « Pourriture avant maturité, j’ai grand-peur que ce ne soit la devise de la puissance prussienne. » — La suite a prouvé que cette peur était bien mal placée. […] On le plaça par la suite au gymnase de Niéjine, on lui montra le latin et les langues étrangères ; ses biographes nous assurent qu’il fut un détestable écolier. […] Tcherkasky, Aksakof, furent placés sous la surveillance de la police ; les longues barbes, qui faisaient partie du programme patriotique des Moscovites, n’eurent pas un sort meilleur que leurs écrits : on leur signifia l’interdiction de les porter. […] Absent de son pays depuis quinze ans, Tourguénef était mal placé pour guetter dans ses transformations incessantes ce monde dérobé, presque inaccessible.
Paul Adam a voulu peindre dans L’Année de Clarisse, c’est une jeune femme extrêmement sensuelle et extrêmement intellectuelle en même temps, placée par les circonstances, car elle est comédienne, entre le monde artiste et le monde bourgeois. […] » Et c’est ici que se sont placés les hésitations, les angoisses et le déchirement. — Autre chose : un de ses oncles, l’abbé Mignot, avait payé tous les frais de son éducation pour qu’il se fît prêtre. […] D’abord il est mieux placé. […] Je n’étais pas sans un peu de honte de mon aventure de jadis avec cette vague morganatique ; mais le divin Paul l’aime aussi ; j’avais donc raison ; j’avais donc bien placé mon cœur ; et donc, aussi, à côté de quel bonheur j’ai passé ! […] Voyez mon Sergines. » Dans tout roman contre les médecins, l’auteur a soin de placer un bon médecin, un médecin idéal et vénérable.
Certes l’héritage de travail et d’honneur laissé par leur père ne saurait être mieux placé qu’en leurs mains. […] Mais ce qui me donna bientôt le plus de satisfaction, ce fut d’être placé de manière à voir et à entendre l’empereur. […] Il laisse des vers, dont quelques-uns seront placés dans les anthologies, à côté de ceux de Frédéric Plessis, qu’il admirait. […] Les paysans munis de pelles se placent la figure contre le vent et lancent le grain en demi-cercle devant eux. […] Les sénateurs païens qui avaient coutume de brûler de l’encens sur un autel placé devant la déesse, demandaient le rétablissement de la statue.
En regard de l’empire romain, force brutale et sauvage, le poète a placé l’être le plus faible en apparence, la jeune fille chrétienne. […] Placés par une sorte de sympathie intellectuelle à l’intérieur même des notions, ils perçoivent d’abord les idées, intuitivement, dans leur intégralité ; leur vision est centrale. […] En Grèce on plaçait des statues de Mercure sur les routes. […] Même, on pourrait, semble-t-il, chercher à exprimer le sens du classicisme, du romantisme, du symbolisme sans se placer sur le terrain de la littérature, simplement en interrogeant l’évolution sociale du peuple français. […] Le critique, placé au rond-point où convergent toutes les facultés d’un tempérament, a le devoir de réagir contre ce jugement sommaire et de parcourir successivement toutes les avenues d’un talent.
Ils se trouvaient donc en quelque sorte forcés de pourvoir par eux-mêmes à leur éducation et bien placés pour découvrir un art indépendant. […] Placé entre Holman Hunt et Rossetti, Millais, plus qu’eux en possession de son talent, mais d’un esprit moins philosophique et plus facile, rempli du reste, comme eux, d’ardeur et de noble ambition, devait facilement accepter leurs enthousiasmes. […] Les quatre personnages qui discutent dans ce curieux morceau, Kalon, Sophon, Kosmon et Christian, représentent, comme leurs noms l’indiquent, les divers points de vue auxquels se placent, pour juger les œuvres d’art, le pur artiste, le philosophe, le savant et le chrétien. […] Les difficultés qu’avaient rencontrées ses aînés ne furent pas épargnées au nouvel adepte ; on rit beaucoup le lui pendant ses premières années, et, comme Rossetti, il renonça à exposer, après que sa Daphné eut été mal placée à cause du sujet. […] Le Piémont, après avoir été l’objet de toutes les sympathies, va être placé au ban de l’Europe. » Le jour suivant, l’inquiétude de Cavour augmentait : « Une série de circonstances, écrivait-il dans une lettre confidentielle au vice-amiral Serra, ont réduit le gouvernement à ne pas opposer d’obstacles efficaces à l’expédition organisée et dirigée par le général Garibaldi.
À la première page de Pendennis, vous voyez le portrait d’un vieux major, homme du monde, égoïste et vaniteux, confortablement assis à son club, auprès du feu et de la fenêtre, envié par le chirurgien Glowry que personne n’invite, cherchant dans les comptes rendus des fêtes aristocratiques son nom glorieusement placé entre ceux d’illustres convives. […] Parmi les plats, il y en eut un très-vaste qu’on plaça devant lui, un agneau apprêté dans sa laine, bourré d’ail, d’assa-fœtida, de piment et autres assaisonnements, le plus abominable mélange que jamais mortel ait flairé ou goûté. […] L’ineffable sagesse de nos ancêtres vous a placé au-dessus de moi comme chef et législateur héréditaire.
C’est le temps des sites invraisemblables où les poètes placeront des personnes fabuleuses qui seront leurs sentiments objectivés. […] À cause de leur extraordinaire destin, ils se placent au-dessus, sinon en dehors des conditions humaines, sociales et naturelles de la vie. […] Pétris de la poussière, du sang et de la chair de toute une race, ils en gardent la mémoire auguste, et ils y sont consubstantiels. » Ainsi dans les tragédies qu’il rêve, M. de Bouhélier ne placera point des personnages légendaires ou allégoriques.
Elle va voir ledit buste, placé au milieu d’une chambre remplie de fleurs : une vraie chapelle ayant pour desservants, un vieux ménage soigné dans sa vieillesse, comme la comtesse n’en a jamais vu. […] Le jeune homme, sans aucun amour pour elle, sans occupation dans sa vie, a l’idée, avec l’assentiment du mari, d’en faire quelque chose, de lui apprendre à lire, de lui donner quelque instruction, et là dans l’éclaircie de son intelligence, il songe à placer la phrase qu’il a entendu dire à la mère de Mistral, après une lecture de son fils : « Je n’ai pas tout compris, mais j’y ai vu une étoile. » Là-dessus arrive passer une semaine chez lui, une ancienne maîtresse, une actrice de boui-boui qui fait éclater la jalousie de la femme du garde de marais, qui aime inconsciemment, et un jour se refuse à préparer les plats du Nord que veut manger l’autre. […] C’est un tuya elegantissima, cette pyramide pourpre, placée entre deux fusains si panachés, qu’il semblent des arbustes feuillés de blanc ; c’est un juniperus elegans, qui a le ton de vieil or des chrysanthèmes ; c’est un tuya canadiensis aurea, dont le branchage semble d’or, quand le soleil joue dedans ; enfin c’est la petite merveille un retinospora obtusa gracilis, un petit arbuste à la forme écrasée des arbres centenaires en pot de l’Extrême-Orient, et qui a quelque chose d’une agglomération de choux de Bruxelles en velours.
Après une observation plus minutieuse et plus pénétrante, il se trouve que cette idée était trop large : il n’y a pas dans la nature de type qui lui corresponde ; les organes de circulation et de respiration, le squelette, les membres, ne sont pas les mêmes chez les poissons proprement dits et chez le narval, le cachalot, le dauphin, la baleine ; ceux-ci sont des mammifères ; il faut les retirer et les placer à part ; cette opération faite, mon idée, ramenée à de justes bornes, concorde avec un groupe naturel de caractères effectivement liés et qui se rencontrent toujours ensemble, ceux du poisson. — Par contrecoup, mon idée du mammifère s’agrandit ; elle était trop étroite, puisqu’elle ne contenait que des animaux terrestres, à quatre pieds, qui allaitent ; j’y fais rentrer les cétacés qui nagent et les chéiroptères qui voient ; dorénavant, élargie et proportionnée à l’extension du type, elle s’applique à toutes les espèces qui présentent le même groupe de caractères, quelles que soient leurs différences d’apparence extérieure et d’habitation. […] Ces caractères sont appelés chiffres ; on convient qu’un chiffre placé à la gauche d’un autre désigne des unités de l’ordre immédiatement supérieur, c’est-à-dire dix fois plus grandes ; on compose une liste de neuf chiffres distincts pour représenter les neuf premiers à nombres ; on ajoute à cette liste un zéro pour représenter l’absence d’unité ou de nombre, et désormais, au lieu de cinquante-cinq caractères, on n’en emploie plus que sept pour représenter une collection de 2 327 648 unités.