La plupart des animaux ou des plantes, qui vivent autour d’une petite pièce de terre, pourraient l’occuper tout entière, supposant qu’elle ne soit pas d’une nature particulière, et l’on peut dire qu’elles s’efforcent d’y vivre dans la mesure de leur pouvoir ; mais aussitôt qu’elles entrent en libre concurrence pour la peupler, les avantages provenant de la diversité de structure, ainsi que les différences correspondantes de constitution et d’habitudes, font que les espèces qui parviennent à s’y établir, après avoir jouté de près les unes contre les autres, appartiennent, en règle générale, à différents genres et même à différents ordres.
André Chénier, dont nous avons un intéressant commentaire, sur quelques pièces de Malherbe, trouvait la versification de ce petit poème « étonnante » ; et Sainte-Beuve, depuis, y a signalé « un éclat d’images, une fermeté de style, et une gravité de ton qui ne pouvait, dit-il, appartenir qu’à la jeunesse de Malherbe ». […] Elle seule fait l’ordre, et les glaives des rois N’ont que des pompes inutiles, S’ils ne sont appuyés de la force des lois. » Si j’ai choisi cette Consolation parmi beaucoup d’autres pièces, la raison n’en est pas que, Malherbe ayant mis trois ans à l’écrire, son président était remarié quand il put la lire. […] Le sonnet des Goinfres, ou tel autre encore de Saint-Amant ne sont guère moins célébrés : Assis sur un fagot, une pipe à la main, Tristement accoudé contre une cheminée, Les yeux fixés en terre, et l’âme mutinée, Je songe aux cruautés de mon sort inhumain… Citerai-je encore la Débauche, avec le « mouvement » qui termine la pièce, et que Musset un jour ne devait pas dédaigner de reprendre dans sa Nuit d’octobre ?
Pitt, dit-il, fit au collége des vers latins sur la mort de George Ier. « Dans cette pièce, les Muses sont priées de venir pleurer sur l’urne de César ; car César, dit le poëte, aimait les Muses, César qui n’était pas capable de lire un vers de Pope, et qui n’aimait rien que le punch et les femmes grasses. » — Ailleurs, dans la biographie de miss Burney, il raconte comment la pauvre jeune fille, devenue célèbre par ses deux premiers romans, reçut en récompense, et par grande faveur, une place de femme de chambre chez la reine Charlotte ; comment, épuisée de veilles, malade, presque mourante, elle demanda en grâce la permission de s’en aller ; comment « la douce reine » s’indigna de cette impertinence, ne pouvant comprendre qu’on refusât de mourir à son service et pour son service, ou qu’une femme de lettres préférât la santé, la vie et la gloire, à l’honneur de plier les robes de Sa Majesté.
Lorsqu’elle fut arrivée au lieu de sa sépulture, des négresses de Madagascar et des Cafres de Mosambique déposèrent autour d’elle des paniers de fruits, et suspendirent des pièces d’étoffes aux arbres voisins, suivant l’usage de leur pays ; des Indiennes du Bengale et de la côte Malabare apportèrent des cages pleines d’oiseaux, auxquels elles donnèrent la liberté sur son corps: tant la perte d’un objet aimable intéresse toutes les nations, et tant est grand le pouvoir de la vertu malheureuse, puisqu’elle réunit toutes les religions autour de son tombeau !
Nous citerons cependant une petite pièce, celle qui dans les Aveux ouvre la série ravissante des Soirs d’été. […] La pièce de drap neuf emporte le vieil habit.
Au cours d’un voyage, il constata que les pommes de table, qui coûtaient dix sous pièce à Paris, se vendaient en Normandie deux sous la douzaine. […] Or, pendant ce temps, il composa et depuis il a continué d’écrire de nombreuses pièces, affirmant un talent que lui reconnut volontiers la critique, une lucidité d’esprit applaudie par le public, un art persistant dont la faveur lui permet aujourd’hui encore de repérer les pertes que le jeu occasionne à ce passionné impénitent. » Mais quand la folie du jeu se développe dans des organismes d’une nervosité extrême, déjà maladive, ses effets peuvent devenir terribles.
et non seulement pour moi seul, mais pour toute la pièce et pour tout le spectacle ; et non seulement pour tout le spectacle ; mais au fond pour moi, parce que le spectacle m’est nécessaire, et parce que je lui suis nécessaire et parce que je le rends nécessaire. » — Mais cette disposition d’âme rend nécessaire la lutte ; car il ne suffit pas d’accepter le monde pour qu’il vous accepte et l’aimer oblige à le conquérir. — Précisément ! […] Quiconque veut bien songer aux conséquences les plus immédiates de cet esprit scientifique, qui va de l’avant toujours et sans trêve, comprendra aussitôt comment par lui « le mythe fut anéanti, et comment, par cet anéantissement, la poésie, dépossédée de sa patrie idéale naturelle, dut errer désormais comme un vagabond sans foyer. » C’est Socrate qui a bâti vraiment de toutes pièces cet homme théorique, par sa doctrine, singulièrement profonde en ce sens qu’elle allait du premier coup jusqu’au bout de la pensée initiale, mais par cette doctrine radicalement fausse, que la morale est en raison du savoir, que l’homme qui ne fait pas le bien est un homme qui ne sait pas le bien et que l’homme qui sait le bien fait le bien assurément. […] C’étaient des aristoï olympiens. — Et cette religion était patriotique et elle était même comme le sanctuaire du patriotisme : mais, si elle contenait quelque morale, ce qu’il faut reconnaître, car il y a toujours des infiltrations, elle en contenait si peu qu’il a fallu qu’à côté d’elle, en dehors d’elle et un peu contre elle, ce que, parfois, elle leur a bien montré, des philosophes inventassent et créassent une morale comme de toutes pièces.
Le sens historique les avertit que les corps privilégiés, ni ne se reconstruisent une fois détruits, ni ne se créent de toutes pièces. […] Il détestait les idées et les théories, ne voyait dans le monde que des faits et des états de faits, des forces et des calculs de forces : elle était idéologue ; elle le sera davantage. — Il était césarien de naissance et de tour d’esprit, ne voyant dans les hommes que des pièces de la grande machine sociale, qui ne devaient avoir ni droit, ni initiative, ni presque de personnalité, mais une fonction subordonnée à l’ensemble et déterminée par l’ensemble : elle était individualiste et libérale ; elle le sera plus encore, et, de plus en plus, persuadée du caractère auguste et sacré de la personne humaine, convaincue que la nation est plus forte du jeu libre des intelligences isolées que du concert forcé et factice des énergies disciplinées, allant très avant dans ce sens, jusqu’à diminuer l’état, jusqu’à n’avoir point une idée très nette, ou du moins un sentiment très fort de la patrie ; jusqu’à croire, ce qui peut mener un peu loin, « qu’on ne se trompe guère en étant toujours du côté du vaincu. » Il aimait encore moins le sentiment que les idées : elle va faire au sentiment une place plus grande encore qu’auparavant dans ses idées et ses théories ; s’éloigner en cela de ses maîtres, en chercher, en trouver d’autres ; développer en elle des instincts qui n’étaient point sans avoir déjà une grande force, mais auxquels jusqu’alors elle n’avait cédé qu’à demi. — Il n’était ni philosophe ni artiste : elle s’enfoncera, s’absorbera avec bonheur dans la contemplation et l’étude des philosophes les plus audacieux, les plus confiants, les moins attachés à la terre ; et aussi se plaira à découvrir, à étudier, à faire pénétrer en elle l’art où il y aura à la fois et le plus de sentiment et le plus de philosophie. — — Il n’est pas jusqu’à l’Angleterre, qu’elle aimait déjà comme élève de Montesquieu, qu’elle n’aime davantage et d’un goût plus indiscret, comme ennemie de Napoléon. — Elle doit beaucoup à ce grand homme : il lui a donné comme une impulsion nouvelle, par l’ardeur à s’éloigner de lui qu’il lui inspire. […] Cette audace à tout remettre en question, comme si l’on était à l’origine du monde, ce goût des systèmes généraux et des théories universelles, ce grand travail ab integro, cette table rase et par dessus l’explication de l’univers ; cette recherche d’un nouveau fondement, morale, sentiment, idée pure, sur lequel on va reconstruire, de toutes pièces, l’humanité, et plus encore ; c’était la témérité séduisante, « subtile, engageante et hardie « de ces recommencements que les hommes prennent toujours pour des renaissances, et pour des naissances même ; c’était, non point l’esprit, mais la démarche, l’élan, le transport de fierté naïve des philosophes du xviiie siècle ; c’était le xviiie siècle, mais le xviie siècle allemand, plus sérieux, plus méditatif, plus contemplatif, et plus sentimental, et plus rêveur, et plus moral, celui qui, par tout ce qui était en lui, s’accommodait mieux à la nature de Mme de Staël, celui qu’elle devait avoir confusément rêvé à travers l’autre.
L’Église est une pièce trop importante d’éducation pour qu’on se prive d’elle, si de son côte elle fait les concessions nécessaires et ne se rend pas, en exagérant ses doctrines, plus nuisible qu’utile.
D’autre part, comme les druides, ils vivent dans des demeures sombres, souvent même ils cassent les vitres de leurs fenêtres et les bourrent de pièces d’étoffes ou d’autres substances opaques, jusqu’à ce que l’obscurité convenable soit rétablie.
L’organisme se comporte de plus en plus comme une machine à agir qui se reconstruirait tout entière pour chaque action nouvelle, comme si elle était de caoutchouc et pouvait, à tout instant, changer la forme de toutes ses pièces.