Les Tallemant des Réaux de notre âge parleront — comme elle en a parlé elle-même, — des passions posthumes qu’elle inspira à Villemain, — cette colonne vertébrale, infortunée, — et au cœur philosophique de Cousin, le testamentaire, qui lui légua, avec la grandeur d’un Harpagon amoureux, une somme qu’il ne pouvait pas emporter… Villemain et Cousin ne furent pas les seuls, d’ailleurs, que l’on vit, chez elle, dans des positions compromises… Elle pêcha toujours aux académiciens, même quand elle ne pouvait pas les faire pécher… Son salon était le parc aux huîtres de l’Académie. […] « J’étais en communion avec lui, de pensée philosophique », — dit-elle quelque part avec cette fatuité de bas-bleu, qui ne l’abandonna jamais, et c’est de Lamennais qu’elle parlait et qui méritait bien, du reste, l’insolence de cette familiarité.
Le faux enthousiasme dont Horace les avait flattés l’un et l’autre serait devenu bien froid pour l’avenir, sans le charme philosophique mêlé par le poëte à ses flatteries mêmes. […] Créateur de l’ode philosophique sans théâtre et sans appareil, inventeur d’une poésie concise comme la pensée, brillante comme la passion, il a trouvé ce qui charmera toujours les esprits délicats, quels que soient les changements extérieurs du monde.
Chose remarquable, sa rédaction se renouvelle souvent, elle ne se rajeunit jamais. » Depuis que la rivalité de la Presse a commencé de poindre, le Journal des Débats n’a cessé, par son dédain, ses airs de grand seigneur, et son peu de zèle à rallier les éléments de résistance, de faire tout ce qu’il fallait pour favoriser les progrès de l’adversaire : ses inconséquences et ses déviations, dans la ligne des doctrines littéraires et philosophiques, sont perpétuelles.
Cette ébauche du Centaure me frappe surtout comme exprimant le sentiment grec grandiose, primitif, retrouvé et un peu refait à distance par une sorte de réflexion poétique et philosophique.
Viveur, je l’eusse placé à côté de ses confrères, représentants de l’antique gaîté, fous de bon aloi, buveurs sincères, qui ne faisaient pas de chansons sociales et philosophiques et ne voyaient rien au-delà de leurs joyeux refrains.
René Ghil est un poète philosophique.
Il fit à sa vocation les plus grands sacrifices, et il fallut la ténacité extrême de sa volonté pour continuer les études de son choix, malgré la situation extérieurement défavorable où sont placées des études capitales, il est vrai, par leurs résultats philosophiques, mais qui n’ont presque point d’application professionnelle.
Le système philosophique de Platon et de Pythagore, qui divise l’âme en deux essences, le char subtil qui s’envole au-dessous de la lune, et l’esprit qui remonte vers la divinité ; ce système, disons-nous, n’est pas de notre compétence, et nous ne parlons que de la théologie poétique.
Tout son Tableau n’est qu’un dessin, tracé d’un crayon philosophique (dans le sens que le xviiie siècle donnait à ce triste mot) ; mais voilà peut-être pourquoi il est bon.
Mais, on n’a pas besoin de le dire, Lerminier comme Rémusat, quelle que soit l’énergie intellectuelle qu’ils possèdent encore, appartiennent tous les deux à un mouvement d’idées qui eut son jour, à une phase littéraire et philosophique qu’on peut regarder comme fermée, et à laquelle, nous le répétons, on ne voit rien succéder.
Deux ordres de vérités constituent cet idéal : les vérités simples ou philosophiques qui constatent ce qui se fait, et les vérités morales, ou du devoir, qui établissent ce qu’il faut faire. Les passions étudiées, analysées, et décrites dans le détail le plus rigoureux, avec le dessein de les mieux signaler à la conscience qui doit les combattre et les régler ; la vérité philosophique subordonnée à la vérité morale ; la connaissance pour arriver au devoir tel est le fonds de l’esprit français. […] Dans l’ordre des vérités philosophiques, quel spéculatif, parmi les anciens, a pénétré aussi avant que ses moralistes ?