Doctrinalement et de conviction, Ranke est toujours le même : un Allemand, un penseur politique, qui a plus ou moins vécu à l’ombre des philosophies de son pays. […] Or, comme Ranke l’historien n’a pas plus d’idées à lui qu’un historiographe, et comme il n’a établi nulle part, ni par un raisonnement, ni par une théorie, que cette idée de l’État comme on essayait de la réaliser à Berlin est le dernier progrès de la philosophie et de la politique, il résulte qu’il n’y a pas plus de vue supérieure que de faits nouveaux à chercher dans son Histoire de France, laquelle n’ajoutera pas plus à sa renommée qu’elle n’ajoutera à notre instruction.
Nul, dans l’histoire de la pensée de ces cent cinquante dernières années, ne saurait être comparé à ces deux hommes, de Maistre et Bonald, pas même Burke, le bouillonnant et vaste Burke, qui eut un jour quelque chose de leur esprit prophétique quand il jugea, seul de toute l’Angleterre, un instant affolée de la Révolution française, les délirants débuts de cette Révolution… Philosophes chez qui, heureusement pour elle, l’Histoire dominait la Philosophie, le comte de Maistre et le vicomte de Bonald, ces observateurs qui avaient des griffes dans le regard et appréhendaient le fond des choses, quand ils en regardaient seulement la surface, de Maistre et Bonald, ces Dioscures du même ciel et du même religieux génie, sont d’une supériorité si haute et si éclatante qu’aucun esprit ne peut être placé à leur niveau, ni pour l’élévation, ni pour la lumière ! […] … Les badauds de philosophie et de civilisation, qui expliquent tout avec le mouvement général de la pensée et les évolutions progressives de l’esprit humain, affectaient de ne pas croire à l’importance des sociétés secrètes.
Ils n’ont pas vu qu’ils étaient là tous, dans le livre d’Hayem, eux et leurs idées, si tant est que ce qui se remue de philosophie dans leurs cervelles mérite ce nom. […] Et quand il s’agit de se prononcer sur la valeur du système représentatif qui règne à présent sur le monde, Armand Hayem, qui sera quelque jour un homme politique, se dérobe une fois de plus, si bien qu’en résumé et partout, sur toutes les questions, son Mémoire, fait pour une académie devant laquelle il savait bien qu’il parlait et dont il a fait un livre après coup, n’est absolument rien de plus qu’une vaste pierre d’attente à base tremblante, et pourrait s’appeler, pour la peine de l’avoir écrit, la philosophie et la politique de l’ajournement.
Buffier, [Claude de] Jésuite, né en 1661, mort à Paris en 1737, plus connu par sa Mémoire artificielle, sa Géographie & sa Grammaire, que par ses Ouvrages de Morale & de Philosophie, bien plus propres à établir sa réputation.
Le plus petit germe suffit à la Philosophie, pour faire éclore des monstres.
GÉRARD, [Philippe-Louis] Chanoine de Saint Louis du Louvre, né à Paris en 1732 ; Auteur d’un Roman en Lettres, intitulé le Comte de Valmont, où les principes de la Philosophie du siecle sont mis en action de la maniere la plus capable d’en faire sentir les dangers.
On a de lui une Méthode d'étudier & d'enseigner chrétiennement les Poëtes, une autre pour étudier & enseigner la Philosophie, une troisieme pour étudier & enseigner la Grammaire, qui prouvent qu'il auroit beaucoup mieux fait de s'en tenir aux seules matieres de Théologie.
Leconte, qui, dans la Préface de son volume Le Sang de Méduse, préconise l’union avec la Science, avec sa philosophie, et appuie encore mes dires en rappelant la tradition de l’Orient. […] Savant, d’hier aussi, qui publie maintenant une suite de livres se commandant, poèmes dont le premier, Comme la Sulamite, est un chant d’une suavité émotive pressante s’élevant sur la pensée évolutionniste à une philosophie altruiste. […] Ricciotto Canudo peut être dit, comme le précédent, un poète en prose : de direction évolutionniste, de grandes envolées en la philosophie et la Métaphysique, où en maints passages (Livre de la Genèse et Livre de l’Evolution) il rencontre notre pensée. […] La métaphysique et la philosophie La pensée génératrice de la Poésie scientifique repose sur les théories Evolutionnistes, et elle part d’elles…29 Nous avons dit dans nos pages préliminaires sur « l’Intuition et la Science en Poésie », que nous avions cru pouvoir déterminer, en partant des données évolutives comme puissantes d’émotion suprêmement synthétique une Métaphysique scientifique. […] René Ghil, d’où découle le principe de Philosophie qui soutient de sa charpente toute l’œuvre, s’échafaude avec la splendeur et le charme délicat d’idéalité d’une théogonie indoue. » — Gaston et Jules Couturat : René Ghil (Revue Indépendante, Août 1891) La philosophie et l’éthique morale sociale Donc, l’univers phénoménal contient et éternellement développe sa Finalité.
Le roman dit moderne mêle à la peinture des mœurs quelques prétentions de philosophie, d’ironie ou même de polémique. […] Pourtant il ne semble pas que la philosophie spéculative de celui-ci ait détourné de sa voie naturelle l’esprit inquiet et combatif du jeune disciple. […] Henri de Régnier, la Philosophie Galante de M. de Valcourt, par Paul Dollfus, serre davantage encore le style et la morale des mémoires galants. […] Toulet, unit la philosophie voluptueuse de Crébillon à l’esprit picaresque. […] peut-être parce qu’il s’en dégage une philosophie douce, une mélancolie pénétrante et parce que certaines pages sont admirables.
Un grand géomètre, qui avait de la sensibilité31, a dit que « la philosophie s’est donné bien de la peine pour faire des traités de la vieillesse et de l’amitié, parce que la nature fait toute seule les traités de la jeunesse et de l’amour ». Mais Mme Swetchine est d’avis que la philosophie perd son latin à faire ces beaux traités, et en même temps elle n’a jamais consenti à lire couramment dans ces autres traités si engageants et si doux que lui offrait, à ses heures, la nature. […] Je glisse en passant un tout petit mot qui n’a l’air de rien et qui a sa philosophie.
je ne sais, mais il y habite un Dieu). » Il lui est échappé un jour, dans un article sur Feuerbach, de se prononcer sur le sens du mot Dieu, et il l’a fait cette fois d’une manière un peu légère et du ton un peu trop protecteur d’un raffiné en matière de philosophie : il est revenu depuis sur la chose et sur le mot ; il a rétracté, c’est-à-dire retouché sa première parole. […] Je ne crois pas que, si on le poussait, il insistât sur ces caprices de sa philosophie en ses heures de rêve ; il m’est difficile notamment de concevoir quelle époque précise du haut Moyen-Âge a pu être si favorable au développement vigoureux de l’intelligence individuelle, à moins que ce ne soit dans le même sens qu’une prison avec ses barreaux est favorable à l’exercice de la force du prisonnier, s’il parvient à en sortir. […] Renan, dans ses diversions vers l’Art, n’a rien écrit de plus fin, de plus pénétrant, de plus touchant, que ce qu’il a donné sur la Tentation du Christ, d’Ary Scheffer ; c’est dans ce morceau d’une parfaite élégance et d’un exquis raffinement moral qu’il nous a peut-être livré le plus à nu le secret de son procédé, la nature et la qualité de son âme, et la visée de son aspiration dernière : « Toute philosophie, dit-il, est nécessairement imparfaite, puisqu’elle aspire à renfermer l’infini dans un cadre limité… L’Art seul est infini… C’est ainsi que l’Art nous apparaît comme le plus haut degré de la critique ; on y arrive le jour où, convaincu de l’insuffisance de tous les systèmes, on arrive à la sagesse… » Ceux qui craignaient d’abord que, malgré les précautions sincères de M.