À ce système devra donc s’attacher aussi le philosophe quand il voudra distinguer le réel du fictif. […] Que devriez-vous faire si vous aviez pitié du pauvre philosophe, condamné au tête-à-tête avec la réalité et ne connaissant qu’elle ? […] Mais elle est capitale pour le philosophe, qui se représentera tout différemment le temps selon qu’il se placera dans une hypothèse ou dans l’autre. […] Mais il veut aider le philosophe dans sa tâche ; et jamais son regard ne se détache de la ligne mouvante de démarcation qui sépare le symbolique du réel, le conçu du perçu. […] Or, il est généralement difficile au philosophe d’affirmer avec certitude que deux personnes vivent le même rythme de durée.
Taine est un savant, mais encore c’est un philosophe. À notre époque, être philosophe c’est avoir un ou plusieurs systèmes pour expliquer le monde. […] » parce qu’il a lu un contresens du philosophe chez un de ses traducteurs. […] Ils s’imaginent que pour traduire un poète ou un philosophe d’une langue dans une autre, il suffit de les savoir passablement toutes les deux. […] Quand créera-t-on pour les philosophes une langue inaccessible aux traducteurs de commerce et aux lecteurs d’occasion !
Les œuvres de Rousseau rappellent le Genevois, le républicain, le prolétaire, le pasteur arcadien, le philosophe aigri contre la médiocrité inique du sort, se vengeant, par des utopies, de l’inégalité forcée des conditions sociales. […] Rousseau la rajeunit du premier mot ; elle se précipite à lui avec un enthousiasme qui ressemble au délire ; elle l’adopte, elle adore tout de lui, jusqu’à ses démences et à ses injures ; elle en fait son favori, son philosophe, son législateur, son apôtre, son cynique, son Diogène, son Socrate dans un seul homme. […] Cette révélation par la raison, cette idée moderne, quoique appelée l’idée française, ne datait ni de Descartes ni de Malebranche, ces philosophes français ; elle datait, selon nous, de Bacon, en Angleterre, ce véritable Archimède de la philosophie raisonnée. […] Est-ce que ces écrivains, ces orateurs, ces philosophes, ces poètes, étrangers à nos petits débats de cour, de noblesse et de clergé, de parlement et de bourgeoisie ou de peuple, auraient été saisis sur leurs tribunes ou sur leurs trépieds de cet enthousiasme véritablement européen et fatidique, pour quelques misérables réformes d’abus fiscaux ou administratifs en France ? […] La médiocrité, l’envie, le verbiage, l’émulation de popularité des favoris du peuple, remplacèrent la majesté grandiose des orateurs politiques et des philosophes.
La réciprocité de l’accélération n’apparaît que si l’on rétablit cette distinction, accessoire pour le physicien, capitale pour le philosophe. […] Tout autre est le rôle du philosophe. […] Mais le philosophe doit la rétablir. […] On voit à quel point le philosophe peut être induit en erreur par une manière de s’exprimer qui est devenue courante dans la théorie de la Relativité. […] Mais le philosophe, encore une fois, doit la rétablir.
Une femme qui commence ainsi l'éloge d'un Philosophe, n’obtiendra jamais ceux de nos prétendus Sages, mais n’en sera que plus digne de l’approbation des vrais Philosophes.
Heine, lui, s’est fait jacobin, voltairien, hégélien, radical, philosophe. C’est philosophe qu’il s’est préféré. […] C’est lui, Schelling, qui écrivait, tout philosophe qu’il fût, cette réserve sublime : « Il est impossible de se tirer de l’explication du monde sans la chute. […] le philosophe et la philosophie auxquels le poète a suspendu sa liane amoureuse. […] … Qu’ils sont donc sots et cruels les philosophes athées, ces dialecticiens cruels et bien portants, qui s’évertuent à enlever aux hommes souffrants leur consolation divine, le SEUL calmant qui leur reste.
Mais dans ce libre échange, d’où résulte la gloire des écrivains et des philosophes, les idées naissent, pour ainsi dire, de l’approbation même que les hommes sont disposés à leur accorder. […] Et quel misérable mélange n’ont-ils pas fait des flatteries et des vérités, ces philosophes incrédules et soumis, hardis et protégés ! […] Sans doute il faut de grands talents pour bien administrer ; mais c’est pour écarter le talent qu’on s’attachait à persuader que les pensées qui servent à former le philosophe profond, le grand écrivain, l’orateur éloquent, n’ont aucun rapport avec les principes qui doivent diriger les chefs des nations. Le chancelier Bacon, le chevalier Temple, L’Hôpital, etc., étaient des philosophes, des littérateurs, et se sont montrés les premiers des hommes d’état63.
Enfin l’esprit de nos philosophes, de Montesquieu, de Voltaire, imprègne ces vives intelligences italiennes ; un Français, Condillac, est appelé à instruire le prince de Parme, et l’on peut dire que les premiers pays où des essais de gouvernement libéral et bienfaisant fassent passer dans les faits un peu des rêves de notre philosophie humanitaire sont de petits États d’Italie. […] Nous entamons peu l’Angleterre : cependant Hume et Gibbon relèvent de nos philosophes, dont l’influence se fera sentir surtout en ce siècle sur le positivisme anglais. […] Mais ici encore, je crois, la pensée de nos philosophes a été chercher eu Angleterre plutôt des soutiens, des exemples, des vérifications que des principes et l’impulsion initiale : c’est chez nous et de nous surtout que les inventions particulières par lesquelles les Anglais avaient mis leurs intérêts intellectuels et matériels, privés et nationaux, dans les meilleures conditions qu’ils pouvaient, ont assuré la diffusion. […] Pourtant elle est profondément sincère ; elle est philosophe, éprise de bonne administration, d’ordre, de progrès économique.
Nous n’entrons pas ici, comme on pourrait le croire, dans la métaphysique ; du moins n’y sera-t-il question ni de la matière ni de l’esprit, considérées comme substances » La « théorie psychologique de l’esprit et de la matière », qui est le résumé et le résultat de ce qui précède, s’oppose à la théorie intuitive (introspective) de Reid, de Stewart et de la plupart des philosophes, en ce que celle-ci considère le sujet et l’objet comme deux termes fondamentaux, irréductibles, à nous révélés par la conscience dès le commencement de la vie, tandis, que l’école expérimentale pense que les notions de matière et d’esprit sont complexes et formées à une époque ultérieure ; qu’en conséquence, en y appliquant l’analyse, on peut en découvrir et en retracer la genèse. […] Mill, tous les philosophes qui ont examiné la question de près ont décidé qu’on n’a besoin de la substance qu’à titre de support et de lien des phénomènes. […] Le scepticisme du philosophe écossais aboutissait à des conclusions si étranges, qu’avec lui on est en plein dans l’inexplicable, et qu’il ne s’en tire qu’avec les mots « habitude, croyance, instinct. » Dans un monde où il n’y a, par hypothèse, que des attributs et des états de conscience sans liens connus qui les unissent, rien n’est plus étonnant que leur harmonie. […] L’habitude est le principe qui a produit cette correspondance125. » Ce même philosophe a dit quelque part que « la physique, dans sa plus haute perfection, ne fait que reculer un peu notre ignorance. » Ne pourrait-on pas dire qu’une pareille métaphysique ne fait que la redoubler ?
Peut-être notre siècle mérite-t-il beaucoup moins qu’on ne pense, l’honneur ou l’injure qu’on prétend lui faire, en l’appelant par excellence ou par dérision le siècle philosophe : mais philosophe ou non, les poètes n’ont point à se plaindre de lui, et il sera facile de le justifier auprès d’eux. […] C’est avec cette sévérité que le philosophe examine et juge les ouvrages de poésie. […] Le poète qui n’est que peintre, traite ses lecteurs comme des enfants de beaucoup d’esprit ; le poète de sentiment, ou le poète philosophe, traite les siens comme des hommes.
Les philosophes qui dans cette question ont pris pour cause initiative, pour impulsion originaire, la révélation de la parole, ont toujours été mal compris, ou se sont mal expliqués, ce qui a donné lieu à de trop faciles accusations de paralogisme. […] Or le problème ainsi posé n’avait pas été résolu par moi, pas plus que par d’autres philosophes ; je ne puis le nier ; mais ce n’était pas là le problème que j’avais l’intention de résoudre, car c’est identiquement celui de l’union de l’âme et du corps : il y a un terme qu’aucune psychologie ne saurait franchir. […] Le philosophe ignoré qui me gourmandait n’a pu lui-même m’offrir le moyen de dégager l’inconnue ; c’est qu’en effet cela n’était pas possible : Ancillon y avait échoué. […] Mon expérience devrait enseigner à commencer par perfectionner sa faculté d’intuition pour l’appliquer ensuite à une langue particulière, puis, de là conclure pour toute langue, pour l’institution de la parole, identique à l’homme social et à l’homme individuel Maintenant je dois aborder une autre question qui me fut faite par le même philosophe.