Ce dernier a le talent du dialogue, & celui de marcher avec activité au dénouement ; l’autre ne songe qu’à accumuler les incidens, & perd en déclamations & en soupirs un temps qui doit être employé à l’action.
Puis on en est déjà las, on n’y trouve plus rien ; c’est la neige d’antan, la neige déjà perdue de l’autre hiver.
En disant cela, il tirait son propre horoscope ou plutôt il était lui-même la preuve de ces paroles… Assurément, c’était une forte génération que celle qui pouvait, sans se diminuer, laisser perdre de telles choses et oublier de tels talents.
Malgré l’envie que nous aurions de les louer, ses Tragédies d’Astarbé & de Caliste, son Héroïde d’Armide à Renaud, sa Traduction ou son Imitation en vers de quelques Nuits d’Young & du Temple de Gnide, semblent être d’un autre Auteur, par la froideur & la foiblesse du style, dont les accessoires font presque toujours perdre de vue l’objet principal.
Furetiere défendit sa cause avec vivacité ; mais les injures qu’il ajouta aux raisons, la lui firent perdre.
Combien vous avez perdu, depuis que le jeune Loutherbourg vous a quitté !
tout le monde et lui-même y auraient perdu. […] L’esprit français avait perdu sa boussole, et flottait à tous les vents. […] Partout ailleurs qu’en France les auteurs y eussent perdu leur génie et leur courage. […] Si vous aimez la liberté et la patrie, fuyez ce qui les a perdus. […] Allez, allez, suivez la destinée ; Qui vous perd n’a pas tout perdu.
Deviner les hommes et les œuvres dix ans avant la majorité, pure affaire de dandysme littéraire qui fait perdre beaucoup de temps. […] C’est un enfant perdu pour l’art, mais son exemple ne sera pas perdu. […] Champfleury, esprit essentiellement français, les contemplent bien quelquefois, mais sans que l’auteur perde jamais l’appui solide de la réalité. […] Considéré à ce point de vue, le rôle de l’art perd une importance énorme. […] Ce que ce type perdrait en dimensions artificielles, il le regagnerait certainement, et au-delà, en réalité.
Elle se porte du premier pas à l’avant-garde, elle le sait et le dit : « En nous faisant naître à l’époque de la liberté naissante, le sort nous a placés comme les enfants perdus de l’armée qui doit combattre pour elle et triompher ; c’est à nous de bien faire notre tâche et de préparer ainsi le bonheur des générations suivantes. » Tant qu’elle demeure dans cette vue philosophique générale de la situation, son attitude magnanime répond au vrai ; le temps n’a fait que consacrer ses paroles. […] Chacun y est touché et marqué en quelques lignes ; ils passent tous l’un après l’autre devant nous dans leurs physionomies différentes, et le digne Sers (depuis sénateur), aimable philosophe, habitué aux jouissances honnêtes, mais lent, timide et par là même incapable en révolution ; et Gensonné si faible à l’égard de Dumouriez dans l’affaire de Bonne-Carrère, qui ne sait pas saisir le moment de perdre un homme quand il le faut ; avec trop de formes dans l’esprit et pas assez de résolution dans le caractère ; et l’estimable Guadet, au contraire trop prompt, trop vite prévenu ou dédaigneux, s’étant trompé d’ailleurs sur la capacité de Duranthon qu’il a poussé aux affaires, et ayant à tout jamais compromis son jugement par cette bévue sans excuse ; et Vergniaud qu’elle n’aime décidément pas ; trop épicurien, on le sent, trop voluptueux et paresseux pour cette âme de Cornélie : elle ne se permettrait pas de le juger, dit-elle, mais les temporisations subites de l’insouciant et sublime orateur ne s’expliquent pas pour elle, aussi naturellement que pour nous, en simples caprices et négligences de génie ; mais elle le trouve par trop vain de sa toilette, et se méfie, on ne sait pourquoi, de son regard voilé, qui pourtant s’éclairait si bien dans la magie de la parole. […] Excellent homme, empressé, exalté, un de ceux que la Révolution saisit du premier coup et enleva dans les airs comme des cerfs-volants, jusque-là d’une grande utilité domestique, l’idéal du famulus, il voulut plus tard agir et penser par lui-même et perdit la tête dans la mêlée, — c’est l’esprit que je veux dire ; car Marat, pour comble d’injure, Marat, son ex-confrère en médecine et qui l’avait apprécié sans haine, le fit rayer de la liste fatale, comme simple d’esprit81. […] La teinte philosophique et raisonnable qu’elle revêt, qu’elle affecte un peu, la rend même plutôt antipathique et injuste pour les beaux esprits et les littérateurs en vogue, si chers à Mlle Necker : c’est le contraire de l’engouement ; elle ne perd aucun de leurs ridicules, elle trouve la mine de d’Alembert chétive, le débit de l’abbé Delille maussade ; Ducis et Thomas lui paraissent se prôner l’un l’autre, comme les deux ânes de la fable, et elle verrait volontiers un homme de lettres médiocre en celui dont Mme de Staël a dit si parfaitement : « Garat, alors ministre de la justice, et, dans des temps plus heureux pour lui, l’un des meilleurs écrivains de la France. » Qu’on n’aille pas faire de Mme Roland toutefois un pur philosophe stoïque, un citoyen rigide comme son mari, en un mot autre chose qu’une femme.
L’abbé de Lamennais, qui était encore dans son lit, fut tellement ravi de cet essai de mon talent, qu’il jeta à terre sa couverture et ses draps, et s’écria que ce jeune garde du corps était le barde sacré de ce temps-ci, et qu’il voulait que Genoude, sans perdre un moment, le conduisît immédiatement chez lui. […] Je fus prodigieusement étonné en lisant quelques-uns de ses numéros de le trouver au contraire aussi ferme que raisonnable dans ses principes, tout à fait dans mes idées, et persuadant de toute son éloquence au peuple agité que pousser la révolution à la guerre à l’extérieur et à la terreur au dedans, c’était la perdre par une réaction prompte et inévitable, et que les hommes d’ordre étaient les vrais révolutionnaires. […] XV Après la naissance de ses quatre fils, il perdit sa jeune femme. […] Il avait épousé l’actrice d’un petit théâtre, objet de sa passion, et elle n’avait pas hésité à suivre au bout d’un autre monde la destinée qui s’était perdue pour elle dans ce monde-ci.
Milton seul, avec son poëme du Paradis perdu, exploita l’ancienne poésie religieuse, et encore ce fut le poëme littéraire plus que le poëme religieux. […] À la molle clarté de la voûte sereine Nous chanterons ensemble assis sous le jasmin, Jusqu’à l’heure où la lune, en glissant vers Misène, Se perd en pâlissant dans les feux du matin… « C’est divin de mélodie, mais c’est plus vague de contour et plus amolli de ton que Chateaubriand dans la même peinture. […] On ne peut l’oublier, il perdit les Bourbons, mais il les illustra. […] L’instinct leur révéla que le grand style perdu depuis Bossuet, qui l’avait trouvé dans la Bible, était retrouvé dans les forêts du nouveau monde.