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1217. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Tous les ouvrages qu’il cite, il a pu les lire sans trop de peine. […] Aujourd’hui est pourvu ; demain suffira à sa peine. […] Ce docteur en toutes facultés portait la peine de son étonnante érudition. […] Sa vue est excellente, il le sait si bien qu’il ne prend pas toujours la peine de regarder attentivement les objets. […] Le cas vaut la peine d’être noté dans ce temps d’inspirations élégiaques, lyriques, intimes et presque toujours personnelles.

1218. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome I pp. 5-537

C’est ainsi qu’instruit des vérités et qu’averti des erreurs, on franchit sans obstacles et sans peine tous les intervalles que la raison a traversés avec tant de difficultés et d’efforts. […] Les secrets de ceux-ci semblent au-dessus de leur compréhension : l’homme qui écrit habituellement en prose, affranchi de leurs entraves, libre dans l’expression de ses idées, se soumet avec peine au langage mesuré qui change son allure ordinaire. […] Elles lui ménageaient un dernier triomphe : l’amertume de ses peines s’écoula peut-être en ces vers littéralement traduits. […] (B) Je sais ces vers par cœur, Monsieur ; vous prenez une peine superflue à me les redire sans cesse ; et je prise cette maxime théâtrale ; mais je ne l’interprète pas avec une rigueur pareille à la vôtre. […] Si quelque amant, épris d’un amour ordinaire, regrette la main de sa maîtresse ou gémit d’une infidélité, accident assez commun dans le monde, ses peines toucheront peu, et ce sont là des chagrins de comédie.

1219. (1887) Essais sur l’école romantique

La poésie ni la musique ne doivent être des hiéroglyphes, et, en vérité, ce ne serait pas la peine de tenter la gloire, si la gloire n’était que le suffrage de trois ou quatre cents têtes pensantes par siècle. […] Une fois qu’un poète tient maison, si peu qu’il fasse, il a pour longtemps à s’appeler poète ; mais un pauvre jeune homme qui débute a beaucoup de peine pour n’être pas méprisé, et plus encore pour être lu. […] Le fond même du roman, c’est-à-dire la passion, était tout ou presque tout ; le cadre ne donnait que peu de peine à l’auteur, et n’intéressait que très secondairement le lecteur. […] Les romans anglais particulièrement nous donnent sur ses mystères infinis, sur ses erreurs, sur ses peines, une instruction aussi délicate que profitable. […] C’est avec une peine sincère que nous nous faisons ces questions.

1220. (1894) Études littéraires : seizième siècle

Commynes n’a étudié que ceux qui en valaient la peine. […] Je crois que si tous les bons jours qu’il a eus en sa vie lesquels il a eu plus de plaisir que d’ennui étaient bien nombres, il s’y en trouverait bien peu, et crois qu’il s’en trouverait bien vingt de peine et de travail contre un de plaisir et d’aise. » Il ne tarit point sur ce propos ; il y revient bien des fois ; il semble se demander pour quelle raison ceux qui n’y sont pas forcés se donnent tant de mal, et son pourquoi ? […] Elle nous ennuiera beaucoup, nous transira, nous brûlera, nous rendra malades, nous donnera des soucis, nous imposera des tâches, nous infligera des peines. […] Calvin n’a pas de peine à montrer qu’en ruinant le « mérite des œuvres » il ne ruine qu’un calcul intéressé de notre concupiscence. […] On attache du prix aux choses, et même aux personnes, en raison de la peine qu’on s’est donnée pour les posséder.

1221. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Conclusion. Le passé et le présent. » pp. 424-475

Comme chez le Flamand et l’Allemand, elles s’arrêtent d’abord dans la cervelle, elles s’y étalent, elles y déposent ; l’homme n’est point secoué, il n’a point de peine à demeurer immobile ; il n’est point entraîné ; il peut agir sagement, uniformément ; car son moteur intérieur est une idée ou une consigne, non une émotion ou un attrait. […] Les clerks, sans se presser, crient les numéros ; les hommes poussent ou tirent sans confusion, avec calme, épargnant leur peine, pendant que le maître flegmatique, en chapeau noir, commande gravement avec des gestes rares et sans prononcer un mot. […] Ce n’est plus un ami de cœur à qui l’on confie ses menus désirs, ses petites peines, une sorte de directeur affectueux et tout humain ; ce n’est plus un roi dont on essaye de gagner les parents ou les courtisans, et de qui on espère des grâces ou des places : on ne voit en lui que le gardien du devoir, et on ne lui parle pas d’autre chose.

1222. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (5e partie) » pp. 145-224

Cela fait peine. […] « Ces deux enfants étaient ceux-là même dont Gavroche avait été en peine, et que le lecteur se rappelle. […] Une loi qui supprime la peine de mort, quand la société aura rendu cette suppression sans danger pour elle, par un système organisé de colonisation pénale qui sépare l’écume de l’eau sur un écueil de l’Océan lointain, qui sépare le criminel de la société autant que le tranchant de la hache sépare la tête du tronc sur l’échafaud ; Enfin une loi qui constitue sérieusement la liberté d’adorer Dieu selon sa raison ou sa tradition, c’est-à-dire la liberté du ciel.

1223. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

Aussi malheureuse que moi, elle partageait mes peines, et je tâchais d’adoucir les siennes. […] Je suis souvent solitaire par choix, et il y a peut-être plus d’analogie entre nos idées que vous ne le pensez ; cependant, je l’avoue, une solitude éternelle m’épouvante ; j’ai de la peine à la concevoir. […] Je te laisse la petite croix que j’ai portée toute ma vie ; elle m’a souvent consolée dans mes peines, et mes larmes n’eurent jamais d’autres témoins qu’elle.

1224. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

M. de Montesquieu qui, à la page suivante, peint l’Angleterre comme le type du gouvernement parfait, ignore-t-il que le bâton appliqué à la discipline de l’armée y joue un rôle mille fois plus habituel que la baguette du mandarin dans le Céleste Empire, et cependant déshonore-t-il les institutions de la Grande-Bretagne parce qu’elles préfèrent, dans leur logique, cette peine disciplinaire à la prison ? […] Il est à tous les instants intéressé à ce que tout le monde puisse travailler sans crainte d’être frustré de ses peines. […] Il avait prévu l’oppression de la Prusse, de la Russie, de l’Autriche ; tout principe faux de liberté, tout sophisme de civilisation porte en lui sa peine.

1225. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

Je me fais fort, en retranchant beaucoup, en ajoutant très peu, de transformer Charles Demailly, sans beaucoup de peine, en un roman suivi et correctement composé ; mais je suis tenté d’estimer peu ce qui est si facile à faire. […] Pour ne parler que de l’atelier de Coriolis, il est certain que la description n’en était pas absolument nécessaire à l’intelligence de son histoire ; mais, puisqu’il est encore permis de décrire le crépuscule à la campagne, il vaut peut-être la peine, pour changer, de le décrire dans un atelier. […] J’ai peine, parfois, à aller au-delà de ce sentiment, et j’ai peur que l’œuvre de MM. de Goncourt, dans ses parties excessives, ne soit une brillante erreur littéraire, une méprise fort distinguée sur les limites nécessaires où doit s’arrêter l’effort des mots, sur la nature et la portée de leur puissance expressive.

1226. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Et pour lui-même, lui qui n’a pas trouvé la philosophie digne d’une heure de peine, qui, après avoir goûté de la gloire attachée aux découvertes de la science, s’en est lassé comme d’un vain amusement, lui qui a rompu tout lien avec la terre, quel risque affreux, s’il manque de se convaincre, si cette chaîne, dont il forme un raisonnement, vient à se rompre dans ses mains ? […] Voyez quel dédain il fait de celle de Descartes, laquelle avait le tort à ses yeux de s’être attachée à des choses qui ne valent pas une heure de peine ! […] Le premier article sur lequel le consultant entreprend le père, c’est le jeûne, qu’il a, lui dit-il, de la peine à supporter.

1227. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

À nous, gens de race latine, qu’importerait ce Wotan que nous appelons Odin, et en qui nous aurions peine à reconnaître le Zeus des Grecs et le Jupiter des Romains ? […] Et Walter, confondant le plagiaire, n’a nulle peine à rallier toutes les admirations. […] L’analogie est frappante et valait la peine d’être mise en lumière.

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