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2093. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

Aucun d’eux n’avait su se faire écouter : — ni les princes charmants des mille et une nuits parisiennes, dont les cartes de visites ont parfaitement cours dans les exchange office ; — ni les gros sacs de la finance, hydropisies sonores qui veulent bien consentir à adresser l’expression de leur hommage, sous enveloppe, dans une toison du Thibet, — mais qui n’aiment pas à remettre à huitaine, comme Bilboquet, l’achat des carpes qui excitent leur convoitise ; — ni les Tucarets de l’industrie, dégustateurs jurés de toutes les primeurs friandes, qu’elles mûrissent au feu du soleil, ou aux feux de la rampe ; — ni les petits messieurs qui trempent leur chaussure dans le carmin de la Régence ; — ni les vicomtes et barons de fantaisie, dont la vicomté ou la baronnie n’existe que brodée au plumetis dans le coin de leur mouchoir et qui exigeraient volontiers que l’on peignît le rébus de leur blason sur les panneaux des omnibus ; — ni les amoureux saules-pleureurs, qui n’ont que le cœur et pas de chaumière ; — ni les poëtes de première année, qui gravissent la montagne de l’Hélicon— mortelle aux bottes, et se nourrissent exclusivement de radis noirs, afin d’économiser les frais d’impression d’un petit volume jaunâtre, dans l’intérieur duquel ils crachent leurs poumons ; ce qui est aussi malsain pour la santé que pour la littérature. — Ô miracle ! […] Toutes les comparaisons qui pourraient peindre l’activité, la souplesse, la ruse, l’insistance, la servilité ne suffiraient pas à donner une idée complète de tout le mal que le Charançon se donne pour arriver à se produire, n’importe où, n’importe comment.

2094. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

Autrement, dit-il, il pourrait avoir le sort de ceux dont les actions, oubliées des écrivains, restent cachées dans le grand amas de décombres où vont se perdre les souvenirs de la fragilité humaine. » Cervantès nous montre le plus modeste et le plus désintéressé des chevaliers errants, promettant à son fidèle coursier, dès leur première sortie en quête d’aventures, que leurs communs exploits, peints sur bois, gravés dans le bronze, sculptés en marbre, vivront éternellement dans la mémoire des âges futurs. […] Mais sur cette sainte on ne possède aucun document, et pour cause : durant les premiers siècles du christianisme, on figurait souvent, dans les églises, une tête de Christ peinte sur une draperie que tenait déployée une femme, symbole de la Foi.

2095. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

Il fut enthousiaste, et plus longtemps, de cette musique de Wagner, qui plonge dans une sorte d’état extatique ; qui certes est vivante et peint la vie, mais qui la peint dans ce qu’elle a de nerveux et d’énervé, de fatigué et surtout dans son aspiration au repos. […] Pour ce qui est de la moralité ou de l’amoralité du théâtre, Nietzsche est persuadé que les grands dramatistes n’ont aucun souci de la moralité et ne songent qu’à peindre la vie, et que c’est nous, peuple ou public bourgeois, avec notre tendance incoercible à vouloir que la morale envahisse tout et que tout art se ramène à affirmer la morale et à y tendre comme à sa dernière fin, qui introduisons un caractère moral et une signification morale dans les chefs-d’œuvre de la scène, à grand renfort de contre-sens : « De la moralité du tréteau.

2096. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre II. Les couples de caractères généraux et les propositions générales » pp. 297-385

Ainsi le fer rude, particulièrement s’il est peint ou noirci, se mouille de rosée plus vite que le papier verni.

2097. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviiie entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

Le fils de Sigelint était là, digne d’amour, comme s’il eût été peint sur le parchemin par le talent d’un bon maître.

2098. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

De même, en peinture, l’école du Pointillé, n’a pu disqualifier les autres façons, de peindre.

2099. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre VI. La parole intérieure et la pensée. — Second problème leurs différences aux points de vue de l’essence et de l’intensité »

En revanche, c’est une entreprise absolument chimérique que la prétention, toujours déçue, toujours renaissante, de la littérature descriptive, de peindre par des mots les phénomènes visibles.

2100. (1903) La pensée et le mouvant

C’est ainsi que le portrait peint par un grand maître peut nous donner l’illusion d’avoir connu le modèle. […] Enfin, la forme du manuscrit est correcte, mais impersonnelle, au lieu que le livre nous parle déjà une langue originale, mélange d’images aux couleurs très vives et d’abstractions aux contours très nets, la langue d’un philosophe qui sut à la fois peindre et sculpter. […] Ce ne fut pas par simple amusement qu’il apprit à peindre.

2101. (1925) Dissociations

Ce n’est pas un crime d’ignorer cela, sans doute, mais c’en est peut-être un de vouloir peindre des mœurs anglaises, lorsqu’on n’y connaît rien.

2102. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

La futilité des parures passe jusque dans les écrits ; car l’homme se peint dans tout ce qu’il fait, cela est si vrai, que si vous voulez juger de la maniere de parler & d’écrire dans un pays où vous ne faites que passer, observez comment on bâtir, comment on se meuble, comment on s’habille, & vous serez bientôt informé du caractere des auteurs, & de la nature de leurs ouvrages… Je ne l’aurois jamais imaginé… Je ne prétends pas qu’il n’y ait quelques exceptions à faire. […] IL ne falloit pas moins qu’un homme au fait de la capitale, pour peindre sous des couleurs naturelles les caracteres du siecle, & pour classer chacun selon son mérite.

2103. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre I. De l’évolution de la vie. Mécanisme et finalité »

Un artiste de génie a peint une figure sur la toile.

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