Faut-il rappeler à ce propos les paroles si souvent citées de Luther ? […] Sébillot, Gargantua dans les traditions populaires] ; — et qu’il est douteux que Gargantua soit un « mythe solaire ». — Il n’est pas certain non plus qu’il soit la caricature de François Ier. — Le fonds gaulois et la tradition du Moyen Âge ; — l’antiquité gréco-latine, et à ce propos de l’érudition de Rabelais : totius encyclopædiæ profundissimum abyssum ; — les écrivains de la Renaissance ; — de quelques emprunts de Rabelais : à Thomas Morus [l’abbaye de Thélème], — à Merlin Coccaie [les moutons de Dindenaut], — à Pogge [l’anneau d’Hans Carvel], — à Cœlio Calcagnini [l’allégorie de Physis et d’Antiphysie, les Paroles dégelées], — à Cœlius Rhodiginus, etc., etc. — Les allusions historiques dans le roman de Rabelais ; — et la satire des mœurs contemporaines. — Imitation générale de l’Iliade dans les premiers livres, et de l’Odyssée dans les derniers [Cf. dans l’édition d’Amsterdam, 1741, chez Frédéric Bernard, un amusant Parallèle entre Homère et Rabelais, par Dufresny, l’auteur des Lettres siamoises].
Je cite les propres paroles de Mill ; elles sont si nettes, qu’il faut vous donner le plaisir de les méditer. […] Écoutez ces fortes paroles : « Je suis convaincu que si un homme habitué à l’abstraction et à l’analyse exerçait loyalement ses facultés à cet effet, il ne trouverait point de difficulté, quand son imagination aurait pris le pli, à concevoir qu’en certains endroits, par exemple dans un des firmaments dont l’astronomie sidérale compose à présent l’univers, les événements puissent se succéder au hasard, sans aucune loi fixe ; et rien, ni dans notre expérience, ni dans notre constitution mentale, ne nous fournit une raison suffisante, ni même une raison quelconque pour croire que cela n’a lieu nulle part. » 43 Pratiquement, nous pouvons nous fier à une loi si bien établie ; mais « dans les parties lointaines des régions stellaires, où les phénomènes peuvent être entièrement différents de ceux que nous connaissons, ce serait folie d’affirmer hardiment le règne de cette loi générale, comme ce serait folie d’affirmer pour là-bas le règne des lois spéciales qui se maintiennent universellement exactes sur notre planète. » 44 Nous sommes donc chassés irrévocablement de l’infini ; nos facultés et nos assertions n’y peuvent rien atteindre ; nous restons confinés dans un tout petit cercle ; notre esprit ne porte pas au-delà de son expérience ; nous ne pouvons établir entre les faits aucune liaison universelle et nécessaire ; peut-être même n’existe-t-il entre les faits aucune liaison universelle et nécessaire.
Croirons-nous donc, sur la parole de La Harpe, que Racine, après s’être interrogé dans le silence de la réflexion, vit que des conversations politiques n’étaient pas la tragédie ? […] Il ne faut donc pas s’étonner si Andromaque, qui n’est rien moins que simple et naïve, veut tromper Pyrrhus, et s’arrange pour rester veuve, même en se remariant : ce stratagème, au reste, a peu de succès au théâtre ; on admire les paroles, mais la chose intéresse peu. […] Celui qui fait une sottise sur parole en est peut-être un peu plus sot, et n’en est guère moins coupable. […] Il faut convenir que Voltaire a déterré avec beaucoup d’esprit et d’adresse ce trait de sentiment presque enseveli dans les paroles de Bajazet ; il l’a mis très habilement en œuvre, et l’a fait valoir par la manière dont il a su le placer : le vous pleurez de Bajazet glisse sans qu’on y fasse attention ; le vous pleurez d’Orosmane forme un coup de théâtre : la situation du soudan est bien plus vive ; il vient d’accabler Zaïre d’injures et de mépris ; mais une larme de celle qu’il croit infidèle éteint dans son cœur la colère et rallume l’amour.
Il ne s’aperçoit pas que les applaudissements dont on le salue ne s’adressent plus exclusivement à lui ; c’est l’expression de leurs propres passions que les hommes applaudissent dans ses paroles et dans ses actes. […] Dans un accès de mauvaise humeur, le poète s’était promis de ne plus rien donner au théâtre ; il tenait sa parole et se contentait d’envoyer au directeur de la Revue des Deux Mondes ses comédies et proverbes. […] « De la vie des hommes qui ont marqué leur passage d’un trait de lumière durable recueillons pieusement, pour l’enseignement de la postérité, jusqu’aux moindres paroles, aux moindres actes propres à faire connaître les aiguillons de leur grande âme ! […] Sur ces questions délicates nous laissons la parole à son biographe. […] Il gémit sur l’état de la France qu’il voit, Dépravée, insensée, une fille, une folle Déchirant de ses mains la pudeur des aïeules, Et l’honneur ataval et l’antique parole, La parlant en argot pour des sottises seules, L’amour s’évaporant en homicides vils D’où quelque rare enfant, pâle fantôme, sort, Son Dieu le reniant, pour quels crimes civils ?
Depuis ce temps, le poëte, l’homme de lettres en lui a dû se moins manifester, et on ne le retrouverait guère directement que dans les solennités de l’Académie, y portant la parole en toute convenance.
Ce noble Lorrain, à la haute taille, au visage balafré et resté beau, au geste dominant, à la parole courtoise, est bien un ancêtre des illustres Guises, de celui qui à la veille d’être massacré, répondait aux donneurs d’avis : « On n’oserait !
Ces paroles qui arrivent à votre oreille, ces gestes, ces airs de tête, ces vêtements, ces actions et ces œuvres sensibles de tout genre, ne sont pour vous que des expressions ; quelque chose s’y exprime, une âme.
Le papier est le papier ; il ne parle pas pour s’expliquer ; d’ailleurs, il aurait beau s’expliquer, le mal est fait ; il ne ferait pas reverdir en une parole des pampres de trois cents ans.
Je ne puis même résumer ici, mais il faut voir avec quelle incomparable maîtrise Commynes décompose tous les éléments, toutes les étapes de la ruine de son ancien maître, toutes les occasions de salut gâchées ou refusées et, d’autre part, le jeu de son nouveau maître, les commodités qu’il offre à son ennemi pour aller « où le conduisait son malheur130 », les multiples assurances qu’il prend pour ne rien perdre, et pour gagner à tout événement, la fiévreuse activité dont il recueille, après la mort de Charles, les résultats de son apparente indolence, l’échafaudage de motifs, le balancement de pour et contre, qui précèdent chaque démarche, chaque parole décisive : si on lit cette partie de la chronique, on comprendra du même coup et Louis XI et Commynes.
Cet homme endure tous les maux avec l’humble résignation de la bête de somme ; il regarde le comte Pierre avec un bon sourire innocent ; il lui adresse des paroles naïves, des proverbes populaires au sens vague, empreints de résignation, de fraternité, de fatalisme surtout.
C’est lui-même qui me fit remarquer que la formule exacte de l’engagement qu’ils impliquent est contenue dans les paroles du psaume qu’on prononce.