/ 3665
795. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Sainte-Hélène, par M. Thiers »

Napoléon parlait de tout et avec une impartialité, une douceur qui montraient à quel point il était détaché et revenu de l’action. Il n’est pas exact de dire qu’à Sainte-Hélène il ait parlé des traîtres et mis à leur charge les torts de sa fortune. […] Et qui donc parlerait mieux d’Homère que Milton ? […] Il ne serait pas juste maintenant, après avoir tant parlé du héros, de ne pas dire quelque chose de l’historien qui nous l’a si bien fait connaître. […] Du reste, je ne parle que du mien, que je crois le plus sérieux qu’il y ait au monde ; et ne pas se proposer la forme simple, c’est n’en comprendre ni la beauté ni la grandeur.

796. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc »

Les hommes influents, les Corps dont la réforme opérée diminuait radicalement, — ou plutôt momentanément, comme je le crois, — l’autorité et l’influence, ont parlé haut et se sont récriés : la jeunesse, qui ne demande jamais mieux que de remuer et de s’agiter, ne fût-ce que pour le mouvement seul, s’est partagée en deux camps, fort inégaux, il est vrai. […] Il a parlé, en une occasion, de ses impressions à Rome, rien qu’incidemment, il est vrai, mais d’une manière qui laisse peu à désirer aux plus fervents. […] Je ne parle pas du Comité, bien autrement essentiel, des monuments historiques, institué près le ministère de l’Intérieur, et qui y aidait, qui y subvenait tout directement ; je ne dirai que ce que je sais. […] On m’a demandé, vous le savez, trois temples, ou plutôt deux temples réunis : l’un consacré à Neptune Érechthée, l’autre à Minerve, et un édicule consacré à Pandrose35 ; ce n’est pas ici le lieu propre à parler des choses sacrées. […] Viollet-Le-Duc, il a rencontré ou saisi l’occasion de parler de lui avec éloge dans le Journal des Savants (mars 1864) : il a rendu pleine justice à l’archéologue et l’érudit.

797. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Poésies, par Charles Monselet »

J’en distingue un sur M. de Jouy, qu’il avait écrit dans l’Époque, au moment de la mort du digne académicien ; il en parle bien, sans l’écraser. […] La Harpe a eu bien des querelles fâcheuses, il a eu des ridicules : il n’a pas fait de choses basses ; il est honnête, il est respectable, et le petit homme, quand il a parlé de ce qu’il savait, a été un maître. — Notre lignée, à nous critiques français, c’est Bayle, Despréaux ; au besoin j’y mettrais cent fois La Harpe plutôt que Fréron : celui-ci jamais. […] Et puis fions-nous à l’honnêteté de ces hommes qui ne parlent que de vertu ! […] Monselet parle de Grimod, qu’il est lui-même de la confrérie des amateurs de la table et de la fine chère : tout ce portrait est traité rondement, richement. […] L’Almanach des Gourmands, qui a succédé (1862), rapporta à son auteur un si grand nombre de cadeaux, bourriches, pâtés, etc., qu’il lui devint indispensable d’appeler autour de lui un jury dégustateur, composé d’hommes experts, « pour l’aider, disait-il, à se prononcer sur le mérite de ces envois. » Il faut voir comme il en parle.

798. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. EDGAR QUINET.— Napoléon, poëme. — » pp. 307-326

Les critiques, à qui toutes ces productions hasardées arrivent régulièrement, se taisent le plus souvent, par embarras, par prudence, par certitude de mécontenter tout le monde, s’ils parlent, et de paraître à la fois trop indulgents aux yeux des indifférents, trop sévères au gré des nobles et orgueilleux blessés. […] Plus récemment, j’ai hésité à parler de la Cité des Hommes, poëme incomplet, par un homme de talent, M. […] Heine, n’a pas mal caractérisé d’un mot en disant que ce n’était qu’un grand espoir, Ahasvérus me semble appartenir à l’espèce de ces poëmes confus dont je parle ; il les résume suffisamment, il en dispense presque, il est le seul qui ait réussi et que le public connaisse. […] bien, Jean, je te l’avais bien dit qu’il n’était pas mort. » Il c’était Napoléon, le Napoléon populaire, celui de la grand’mère champenoise dont il est parlé dans Béranger. […] Ce n’était pas la première fois que je parlais de M.

799. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre I : Sensations et idées. »

Maupertuis, dans ses Réflexions philosophiques sur l’origine des langues, parlait de l’utilité d’étudier les langues des sauvages « qui sont conçues sur un plan d’idées si différent du nôtre. » On l’a fait, et l’on peut bien croire que la philologie comparée nous révélera sur le mécanisme de l’âme et ses variations, des choses bien autrement intimes et délicates que la physiologie. […] Après avoir parlé, dit-il28, des états de conscience simples, nous devons passer aux états complexes. […] C’est un fait bien connu maintenant, que dans les langues monosyllabiques que parle un tiers de l’humanité, il n’y a point de distinction entre les parties du discours. […] Quand nous parlons du futur, nous parlons en réalité du passé. […] Morell, dont nous parlons ci-après.

800. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame, duchesse d’Orléans. (D’après les Mémoires de Cosnac.) » pp. 305-321

Dans le premier moment, ou avait fait venir un docteur Feuillet, chanoine de Saint-Cloud, grand rigoriste : ce docteur ne ménagea en rien la princesse ; il lui parla presque durement ; écoutons son récit à lui-même : À onze heures du soir, elle m’envoya appeler en grande diligence. […] Feuillet près de son lit ; ce bon religieux voulait lui parler et se perdait en longs discours. Elle regarda Mme de La Fayette présente avec un mélange de pitié et de souffrance ; puis se retournant vers le capucin : « Laissez parler M. Feuillet, mon père, lui dit-elle avec une douceur admirable (comme si elle eût craint de le fâcher) ; vous parlerez à votre tour. » Cependant ce docteur Feuillet lui disait à haute voix de rudes paroles : « Humiliez-vous, Madame ; voilà toute cette trompeuse grandeur anéantie sous la pesante main de Dieu. […] Comme Bossuet achevait de parler ou pendant même qu’il parlait encore, la première femme de chambre de Madame s’approcha d’elle pour lui donner quelque chose dont elle avait besoin ; profitant de l’occasion, Madame lui dit en anglais, afin que Bossuet ne l’entendît pas, conservant ainsi jusqu’à la mort toute la délicatesse de son procédé et la politesse de son esprit : « Donnez à M. de Condom, lorsque je serai morte, l’émeraude que j’avais fait faire pour lui. » — C’est ce dont Bossuet s’est souvenu jusque dans l’Oraison funèbre : « Cet art de donner agréablement qu’elle avait si bien pratiqué durant sa vie, l’a suivie, je le sais, jusqu’entre les bras de la mort. » Madame fut-elle empoisonnée ?

801. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Th. Dostoïewski »

Il ne semble pas que Dostoïewski parle des événements et des êtres comme un homme qui les connaîtrait d’une longue familiarité. […] L’ivrognerie et le crime happent les affamés ; et Marmeladoff ayant, dans sa faiblesse, ruiné les siens et prostitué sa fille, a l’horrible et inconscient cynisme de parler, quand il implore la pitié d’étrangers, de la « propreté » qui est nécessaire à Sonia dans son métier : et c’est obsédé par la pauvreté, craignant pour sa sœur et l’âme blessée de l’amer orgueil des privations, que Raskolnikoff conçoit et résout un misérable crime. […] Le type du prince Valkowski dans Humiliés révèle quelques-unes des fanges dormantes de l’humanité, et dessine surtout dans cette conversation serpentine et gratuitement insultante où il parle avec des crudités canailles de la liaison de son fils avec une jeune femme, devant celui qui l’eut pour fiancée, « pour, dit-il, baver sur votre amour. » Et comme le romancier mesure l’odieux de certains actes, il sait aussi décrire l’agonie morale qu’ils infligent aux âmes délicates et froissées. […] Les gens chez lui se parlent parfois en mots suprêmes, comme dans l’ombre d’un mot obscur et vide, oublieux de tout le convenu, et se communiquant, d’humain à humain, le secret de leur être, en des mots qui retentissent jusqu’aux viscères. […] Et si l’on considère l’étendue et la pénétration de leur enquête, la façon neuve dont ils parlent de l’homme et à l’homme, leur art sincère et haut, la sérieuse ferveur de l’évangile de pitié qu’ils proposent, le plus déterminé partisan de l’art pour l’art peut se sentir hésiter et réfléchir, jusqu’à ce qu’il recomprenne que le problème de la société, de la vie de l’homme ne peut être résolu par le cri de passion des détracteurs d’intelligence, que l’évangile que prêchent les romanciers slaves a précédé de dix-huit cents ans les maux qu’ils dénomment, que l’enseignement fut la marque même de sa fausseté dans son emportement, que la vérité est paisible, persuade en paraissant et n’a nul besoin d’apôtres, que l’erreur seule parle violemment, que les œuvres d’art ne doivent pas tenter de tromper, qu’il leur suffit de contenir les préceptes latents et obéis, ceux-là du monde dont elles sont la lumineuse image.

802. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Observations générales, sur, l’art dramatique. » pp. 39-63

Au reste, quand je parle d’une action théâtrale, je parle d’un appareil, d’une cérémonie, d’une assemblée, d’un événement nécessaire à la pièce, et non pas de ces vains spectacles plus puérils que pompeux, de ces ressources du décorateur qui suppléent à la stérilité du poète, et qui amusent les yeux quand on ne sait pas parler aux oreilles et à l’âme. […] Tancrède, vainqueur, ne pourra point parler à sa maîtresse ; mais vous vous y attendez. […] Sans parler d’Œdipe, qui est fondé d’un bout à l’autre sur l’ancien système du fatalisme ; c’est Brutus qui, dans la pièce de ce nom, veut, contre l’avis de Valerius, qu’on admette dans Rome l’ambassadeur toscan, qui doit séduire son fils ; c’est lui qui, par noblesse et par grandeur d’âme, a donné à la fille de Tarquin un asile dans sa maison ; c’est encore lui qui, au cinquième acte, s’écrie : Mais quand nous connaîtrons le nom des parricides, Prenez garde, Romains : point de grâce aux perfides. […] En conséquence, on distribue les scènes de chaque acte, faisant venir pour chacune les personnages qui y sont nécessaires ; observant qu’aucun ne s’y montre sans raison, n’y parle que conformément à sa dignité, à son caractère, n’y dise que ce qui est convenable et qui tend à augmenter l’intérêt de l’action. […] Il veut encore qu’en composant on imite les gestes et l’action de ceux qu’on fait parler ; car, de deux hommes qui seront d’un égal génie, celui qui se mettra dans la passion sera toujours plus persuasif : et une preuve de cela, c’est que celui qui est véritablement agité, agite de même ceux qui l’écoutent ; celui qui est en colère, ne manque jamais d’exciter les mêmes mouvements dans le cœur des spectateurs.

803. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

Plaute parlera au peuple son langage. […] Si l’auteur parle une langue suffisamment claire, il ne peut pas ne pas être entendu. […] Mais c’est assez parler de moi. […] Paris les ignora ; on n’y parla plus guère de Copeau. […] Comment, à son sujet, parler de diminution ?

804. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

Comment oser désormais parler d’indépendance et de désintéressement ?  […] oui, parlons-en ! […] De quelle « nature » nous parle donc Rousseau ? […] On lui parle des mérites de Saint-Preux. […] Et, Julie tombée, il recommençait à parler de vertu, et elle aussi

805. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

Il était tel que je l’ai décrit et représenté dans ce Portrait, modeste, éloquent dès qu’il parlait, et d’une ferveur qui se trahissait dans ses moindres paroles. […] Je parle en ce moment de Lamartine, Victor Hugo, Alfred de Vigny, etc. […] Je suis loin de nier les services, mais j’ai souri en entendant parler de mes secrétaires, comme si j’en avais à la fois plusieurs. […] Toutes les fois, en effet, que j’avais à parler de poésie, soit des poëtes modernes, soit de ceux de l’Angleterre que M.  […] Il ne me reste plus qu’à parler, en le remerciant, de mon secrétaire actuel, M. 

/ 3665