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231. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre IV. De la religion. »

La religion ouvre une longue carrière à l’espérance, et trace une route précise à la volonté, sous ces deux rapports elle soulage la pensée. […] On s’est trop accoutumé à penser que les hommes du peuple bornaient leur ambition à la possession des biens physiques ; on les a vus passionnément attachés à la révolution, parce qu’elle leur donnait le plaisir de connaître les affaires, d’influer sur elles, de s’occuper de leurs succès ; toutes ces passions des hommes oisifs ont été découvertes par ceux qui n’avaient connu que le besoin du travail et le prix de son salaire : mais lorsque l’établissement d’un gouvernement quelconque, fait rentrer nécessairement les trois quarts de la société dans les occupations qui chaque jour assurent la subsistance du lendemain, lorsque le bouleversement d’une révolution n’offrira plus à chaque homme la chance d’obtenir tous les biens que l’opinion et l’industrie ont entassé depuis des siècles dans un Empire de vingt-cinq millions d’hommes ; quel trésor pourra-t-on ouvrir à l’espérance, qui se proportionne, comme la foi religieuse, aux désirs de tous ceux qui veulent y puiser ?

232. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre II. Jean Calvin »

Ici Calvin n’a personne devant lui ; il a ouvert la voie le premier, et ce qu’il y a de solide et pénétrante psychologie dans la théologie de Pascal et de Bossuet, c’est lui qui le premier a enseigné à l’y mettre. […] Ici encore il ouvre la voie, et non plus à la philosophie religieuse, à toute large et humaine philosophie.

233. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’Âge héroïque du Symbolisme » pp. 5-17

Un horizon illimité s’ouvre à ses espoirs. […] Mais il n’y a pas que le livre qui entende ouvrir des voies nouvelles, il y a aussi les Arts plastiques et le Théâtre.

234. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Pélisson et d’Olivet »

Avant d’ouvrir les deux gros volumes qu’il publie16, nous ne le connaissions pas ; mais c’est une bonne prévention, en faveur d’un homme, qu’une obscurité qui permet de tout supposer à une imagination bienveillante. […] En rééditant leurs histoires avec un impayable sérieux, en les accompagnant d’une introduction animée, d’un enthousiasme presque tendre, en devenant mélancolique lorsque son livre finit et qu’il est obligé de renoncer à cette douce familiarité avec des hommes l’orgueil, à juste titre, de la littérature, Livet, qui a quêté partout des annotations pour la plus grande gloire de l’Académie, a cru évidemment que cette assemblée discoureuse, fondée pour discourir et ouvrir ou fermer la porte aux mots nouveaux qui se risqueraient dans la langue, enfin que cet hôtel de Rambouillet sans femmes avait le privilège de créer véritablement des grands hommes, parce qu’il pouvait, pour le récompenser de son zèle, le faire un jour académicien, lui, Livet !

235. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Lenient » pp. 287-299

Oui, c’était par cette grande page vierge à écrire, qu’il fallait ouvrir l’introduction de cette histoire. […] Croyez-vous qu’il n’y ait pas, si maintenu qu’on soit par les faits, — ces fers aux pieds et aux mains, mais qui n’empêchent pas les hommes vraiment forts de se mouvoir et de se dilater dans la beauté de leur puissance, — croyez-vous qu’il n’y ait pas, au sein de tous les esclavages de l’histoire, des manières d’ouvrir ses points de vues qui sont de la plus haute, de la plus réelle originalité ?

236. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Duranty » pp. 228-238

II Ouvrez, en effet, où vous voudrez, cette Henriette Gérard. […] … Quel est le monde qu’il recherche et ouvre devant nous ?

237. (1759) Salon de 1759 « Salon de 1759 — Bachelier »

C’est un patient dont les membres ont été mal reboutés ; de la manière dont vous avez ouvert ce tombeau, c’est vraiment un miracle qu’il en soit sorti ; et si on le faisait parler d’après son geste, il dirait au spectateur ; Adieu, Messieurs, je suis votre serviteur ; il ne fait pas bon parmi vous, et je m’en vais.

238. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — E. — article » p. 251

Son pere avoit ouvert les trésors de la Langue Latine, celui-ci se chargea de répandre ceux de la Langue Grecque.

239. (1860) Cours familier de littérature. X « LVe entretien. L’Arioste (1re partie) » pp. 5-80

Ouvrons donc ensemble ce poème inimitable, œuvre badine d’un homme qui n’a point eu d’égal dans l’antiquité, point d’émule dans les temps modernes : le divin Arioste. […] Elle est petite, étroite et basse, cette maison ; sa façade en briques, percée d’une porte et de deux fenêtres, ouvre sur une longue rue solitaire et silencieuse, pareille aux rues désertes, quoique élégamment bâties, des quartiers ecclésiastiques de Rome. […] Le poème de Pulci, premier type de don Quichotte et source inépuisable où puisa Arioste, le grotesque cieco da Ferrara ; le Roland amoureux de Boïardo, merveilleuse débauche de verve de ce poète, dans lequel Arioste n’eut qu’à prendre tous ses personnages, déjà familiers à la multitude de son temps ; tous ces poèmes héroï-comiques et beaucoup d’autres moins célèbres ouvraient la voie à Arioste : il n’avait qu’à y marcher mieux que ses devanciers. […] Un vaste pin d’Italie, qu’on appelle pin-parasol, s’élevait solitaire au milieu de cette pelouse ; sa tige rugueuse, sur laquelle on entendait courir les lézards et bourdonner les mouches à miel qui aimaient le suintement sucré de sa résine, s’élevait de cent palmes avant d’ouvrir ses grands bras pour porter le ciel comme une cariatide végétale. […] puissance mystérieuse qui se réveille et qui s’attendrit en moi après tant d’années, comme par un contact électrique, chaque fois que j’ouvre un volume poudreux de l’Arioste dans ma solitude !

240. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

» III Je m’empressai de croire tout cela, et, pendant deux ans du plus prétentieux des ennuis, je n’ouvris pas d’autre livre que mes douze volumes d’Alfieri. […] L’hiver arriva, et, me trouvant alors à Turin, un jour que je passais mes livres en revue, j’ouvris par hasard un volume du théâtre de Voltaire, où le premier mot qui s’offrit à moi ce fut : Oreste, tragédie. […] Elles sonnent ; la porte s’ouvre et se referme immédiatement sur elles. […] “Attendez, dit-il, je saurai bien me faire ouvrir.” […] La voilà qui ouvre le guichet.

241. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIIe entretien. I. — Une page de mémoires. Comment je suis devenu poète » pp. 365-444

Les longs corridors, les hauts dortoirs, la vaste église attenant à l’édifice, les portiques et les cours espacées sur lesquelles s’ouvrent les salles d’étude, donnent à tout l’ensemble de ce bâtiment l’aspect d’une magnifique abbaye de cénobites épris des champs, plutôt que la physionomie murale d’une prison d’enfants, physionomie trop habituelle à ces monuments d’étude. […] Il tenait toujours un livre ouvert à la main ; ce n’était pas un livre profane : c’était bien assez pour lui de les lire et de les expliquer par devoir aux élèves de sa classe à l’heure des leçons. […] c’est le Dieu sans refuge              Qui sécha l’eau du déluge,              Qui refoula le Jourdain ;              Qui, pour ouvrir une route              À son peuple ingrat qui doute,              Prit la mer, et la tint toute              Un jour au creux de sa main ! […] Son visage était presque toujours déridé, non par un rire bruyant et ouvert, mais par ce sourire fin et pensif qui semble relever sur les lèvres une demi-pensée et un demi-mot. […] Cependant M. de Chateaubriand fut certainement une des mains puissantes qui m’ouvrirent dès mon enfance le grand horizon de la poésie moderne.

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