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516. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre premier. De l’amour de la gloire »

Si l’on veut examiner la cause, du grand ascendant que dans Athènes, qu’à Rome, des génies supérieurs ont obtenu de l’empire presque aveugle, que dans les temps anciens ils ont exercé sur la multitude, on verra que l’opinion n’a jamais été fixée par l’opinion même, que c’est à quelques pouvoirs différents d’elle, à l’appui de quelque superstition que sa constance a été due : tantôt ce sont des rois, qui jusqu’à la fin de leur vie ont conservé la gloire qu’ils avaient obtenue ; mais les peuples croyaient alors que la royauté avait une origine céleste : tantôt on voit Numa inventer une fable pour faire accepter des lois que la sagesse lui dictait, se fiant plus à la crédulité qu’à l’évidence. […] Enfin, quoique cette passion soit pure dans son origine et noble dans ses efforts, le crime seul dérange plus qu’elle, l’équilibre de l’âme ; elle la fait sortir violemment de l’ordre naturel, et rien ne peut jamais l’y ramener.

517. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre III. La personne humaine et l’individu physiologique » pp. 337-356

Et cependant elle n’est rien en soi qu’un caractère, une propriété, une particularité d’un fait, la particularité qu’il a d’être constamment suivi par un autre, particularité détachée de lui par abstraction, posée à part par fiction, maintenue à l’état d’être distinct par un nom substantif distinct, jusqu’à ce que l’esprit, oubliant son origine, la juge indépendante et devienne la dupe de l’illusion dont il est l’ouvrier. […] Quelle que soit l’origine d’un jugement, toujours l’attribut est par rapport au sujet un fragment artificiel par rapport à un tout naturel.

518. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre I : Sensations et idées. »

Maupertuis, dans ses Réflexions philosophiques sur l’origine des langues, parlait de l’utilité d’étudier les langues des sauvages « qui sont conçues sur un plan d’idées si différent du nôtre. » On l’a fait, et l’on peut bien croire que la philologie comparée nous révélera sur le mécanisme de l’âme et ses variations, des choses bien autrement intimes et délicates que la physiologie. […] « Le fait de se rappeler, c’est-à-dire d’avoir une idée combinée avec la croyance que la sensation correspondante a été actuellement sentie par moi, cela semble être le fait vraiment élémentaire du moi, l’origine et la base de cette idée. » Nous passons maintenant aux opérations qui nous donnent les notions abstraites et générales : la classification et l’abstraction.

519. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre III. Le Bovarysme des individus »

Schopenhauër, en effet, remarque que le rire a toujours pour origine la manifestation soudaine d’un désaccord entre deux états de connaissance relativement à un même objet, l’un de ces états fournis par un concept, l’autre par une intuition directe. […] Il y a du Titan vaincu dans cette forme du Bovarysme qui se ravale aussi jusqu’à rendre compte des faits les plus vulgaires, de toutes les catastrophes physiques, de tous les accidents divers, qui ont pour origine une présomption de force ou d’habileté.

520. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre VII. Le cerveau et la pensée : une illusion philosophique »

Pour fixer les idées, nous formulerons la thèse ainsi : « Un état cérébral étant posé, un état psychologique déterminé s’ensuit. » Ou encore : « Une intelligence surhumaine, qui assisterait au chassé-croisé des atomes dont le cerveau humain est fait et qui aurait la clef de la psychophysiologie, pourrait lire, dans un cerveau qui travaille, tout ce qui se passe dans la conscience correspondante. » Ou enfin : « La conscience ne dit rien de plus que ce qui se fait dans le cerveau ; elle l’exprime seulement dans une autre langue. » Sur les origines toutes métaphysiques de cette thèse il n’y a d’ailleurs pas de doute possible. […] On peut l’exprimer à la moderne, la traduire dans le langage de la science actuelle, y rattacher un nombre toujours croissant de faits observés (où l’on a été conduit par elle) et lui attribuer alors des origines expérimentales : la partie effectivement mesurable du réel n’en reste pas moins limitée, et la loi, envisagée comme absolue, conserve le caractère d’une hypothèse métaphysique, qu’elle avait déjà au temps de Descartes.

521. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Biot » pp. 306-310

En commençant, il a rendu au premier empereur une justice à quelques égards éclatante, et il est impossible de ne pas remarquer combien cette grande figure de Napoléon gagne chaque jour dans la perspective : ceux qui l’on combattu à l’origine n’ont plus, même quand ils le jugent, que le langage magnifique de l’histoire.

522. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. de Ségur. Mémoires, souvenirs et anecdotes. Tome II. »

M. de Ségur le mettait adroitement sur son sujet favori, qui était l’origine et les causes du schisme grec, et l’entendant patiemment discourir pendant des heures entières sur les conciles œcuméniques, faisait chaque jour de nouveaux progrès dans sa confiance.

523. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre premier. Idée générale de la seconde Partie » pp. 406-413

J’ai tenté d’expliquer les contrastes singuliers de la littérature italienne, par les souvenirs de la liberté et les habitudes de la superstition ; la monarchie la plus aristocratique dans ses mœurs, et la constitution royale la plus républicaine dans ses habitudes, m’ont paru l’origine première des différences les plus frappantes entre la littérature anglaise et la littérature française.

524. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « En guise de préface »

Lire un livre pour en jouir, ce n’est pas le lire pour oublier le reste, mais c’est laisser ce reste s’évoquer librement en nous, au hasard charmant de la mémoire ; ce n’est pas couper une œuvre de ses rapports avec le demeurant de la production humaine, mais c’est accueillir avec bienveillance tous ces rapports, n’en point choisir et presser un aux dépens des autres, respecter le charme propre du livre que l’on tient et lui permettre d’agir en nous… Et comme, au bout du compte, ce qui constitue ce charme, ce sont toujours des réminiscences de choses senties et que nous reconnaissons ; comme notre sensibilité est un grand mystère, que nous ne sommes sensibles que parce que nous sommes au milieu du temps et de l’espace, et que l’origine de chacune de nos impressions se perd dans l’infini des causes et dans le plus impénétrable passé, on peut dire que l’univers nous est aussi présent dans nos naïves lectures qu’il l’est au critique-juge dans ses défiantes enquêtes.

525. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre premier. Préliminaires » pp. 1-8

Elle a voulu voir clair dans ses origines, elle a poursuivi sa filiation littéraire avec persévérance, avec acharnement.

526. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVII. Sort des ennemis de Jésus. »

Les droits de la conscience, soustraits à la loi politique, arrivent à constituer un pouvoir nouveau, le « pouvoir spirituel. » Ce pouvoir a menti plus d’une fois à son origine ; durant des siècles, les évêques ont été des princes et le pape a été un roi.

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