Le marquis Des Issarts, nouvellement ambassadeur de France auprès d’Auguste III, eut ordre d’y regarder de plus près et de faire un nouveau portrait juste et naturel de la jeune prétendante ; chaque rapport concluait à son avantage. […] Comme il m’aime plus que ses enfants, je l’ai attaqué du côté de la religion, et lui ai fait sentir si ce mariage (espagnol) n’était pas heureux, on s’en prendrait à lui ; que Rome donnait des dispenses auxquelles bien des honnêtes gens, dans le royaume, ne donnaient pas leur approbation ; enfin je me suis retourné de tant de manières, que le roi m’écrit qu’il a pris son parti, et qu’après avoir vaincu ses ennemis, il faut bien que tout me cède (c’est une galanterie de sa part). » Ainsi le maréchal, qui sous ses airs de soldat a des finesses de négociateur, s’est fait casuiste un moment avec Noailles ; il a eu recours à un ordre d’arguments gallicans et presque jansénistes. […] J’espère que même alors, sous ce régime d’exception et dans ce monde des ordres privilégiés, c’était en partie faux. […] Après cela, j’aime le roi, et je dois exécuter ses ordres. […] Le bailli de Suffren était un homme de mer du premier ordre, et il eut de grandes actions navales.
Si l’on relit ses mélanges extraits du Conservateur et du Mémorial catholique, ses beaux pamphlets, de la Religion considérée dans ses rapports avec l’Ordre politique et civil (1826), des Progrès de la Révolution(1829), ses deux Lettres à l’Archevêque de Paris (mars et avril 1829), on l’y voit ne jamais séparer dans son anathème les doctrines libérales ou démocratiques d’avec les doctrines hérétiques et impies, subordonner le prince au Pape, l’épiscopat à Rome, soutenir en tout et partout l’intervention et la prédominance légitime du pur catholicisme. […] Seulement l’auteur de l’Avenir répudiait dès l’abord un certain nombre d’erreurs violentes contre le régime de liberté, et, en tenant toujours au Clergé un langage d’exhortation, en le provoquant encore à une sainte ligue, il abjurait net toute espérance d’ordre temporel théocratique, dont cette soudaine révolution l’avait désabusé. […] Il n’y avait pas là encore de solution de continuité à proprement parler ; la rupture n’était que dans l’ordre humain et secondaire : la foi faisait pont sur l’abîme. […] Ce rôle donc, surtout eu égard à la tournure générale des affaires en Europe et au rétablissement de l’ordre, ne pouvait durer. […] En vérité, jusqu’à nouvel ordre, jusqu’à ce que M. de La Mennais ait articulé expressément l’ingrédient caractéristique de son véritable christianisme, je penche pour cette dernière supposition.
Il guida admirablement le Tiers dans sa lutte contre les deux autres ordres, contre la cour et le roi. […] Il a un tempérament d’homme d’État parlementaire, un souci de la légalité, des formalités même et des règlements, qui le fait patienter, temporiser, négocier avec une prudence incroyable, lorsqu’il s’agit d’amener les deux premiers ordres à se réunir au Tiers. […] Il a vu que la Révolution ne pouvait se sauver que par une translation de propriété qui intéresserait des milliers d’individus à garantir l’ordre nouveau : mais les biens du clergé vendus, les privilèges de la noblesse supprimés, l’égalité civile et politique établie, la liberté assurée, la royauté devenue constitutionnelle, Mirabeau fut content ; il ne s’occupa plus que de conserver cet ordre qu’il estimait conforme au gouvernement idéal ; et comme pour le fonder il avait fallu vaincre la royauté, tout son soin tendit à fortifier la royauté. […] Mais lorsqu’il voulut marquer le point d’arrêt de la Révolution, parmi ceux qui le dépassaient et devinrent ses adversaires se rencontre un orateur de premier ordre, Barnave630, qui avait été avocat au barreau de Grenoble.
Il est clair que ces indications seront très superficielles, très incomplètes ; et il ne faut pas y chercher même une esquisse de développement des ordres de connaissances auxquelles se rapportent les ouvrages que je citerai. […] Gréard : il a mis sa clairvoyance de moraliste dans la rédaction des rapports et documents administratifs ; et c’est la première fois, je crois, que des « écritures » de cet ordre sont devenues œuvres littéraires932. […] Quelles que soient les réserves des érudits, il a établi sur des raisons d’ordre purement scientifique, historique, philologique, la relativité, l’humanité des religions. […] Dieu est pour lui « la catégorie de l’idéal » ; et la religion, c’est « la beauté dans l’ordre moral ». […] Des raisons d’ordre intellectuel ont éloigné Renan de l’Église : mais il est parti sans colère, sans rancune, le cœur tout pénétré au contraire et parfumé pour la vie de la vertu fortifiante, consolante, ennoblissante du catholicisme, reconnaissant de tout ce qu’il lui avait dû de pures joies et de bonnes directions, tant que son progrès intellectuel n’en avait pas détruit l’efficacité !
Tant il est vrai que « les choses ne tiennent pas aux champs comme elles sont ordonnées en chambre », et que le sens d’un seul homme ne saurait prétendre donner ordre à un si grand nombre de gens ! […] Il est partisan du gouvernement d’Angleterre, comme Montesquieu, et par des raisons du même ordre. Il est pour le self-government, ou, du moins pour les taxes consenties, d’où le reste de la liberté moderne et de l’ordre constitutionnel dépend. […] En un mot, Commynes est tellement moderne par les idées et par les vues, qu’on pourrait assigner en le lisant (ce qui est bien rare pour les auteurs d’une autre époque) la place qu’il aurait tenue à coup sûr dans notre ordre social actuel, et sous les divers régimes que nous avons traversés depuis 89. […] Le récit de la conquête d’Italie, sous Charles VIII, et de la marche jusqu’à Naples, est obscur, diffus, sans ordre ; on a pu douter jusqu’à un certain point que cette partie des Mémoires fût, en effet, de lui.
Mazarin l’avait mis en méfiance du surintendant, et, en même temps, il lui avait offert le remède : « Sire, je vous dois tout, avait-il dit à son lit de mort, mais je crois m’acquitter en quelque sorte avec Votre Majesté en lui donnant Colbert. » Depuis longtemps, Colbert avait l’œil sur les procédés de Fouquet, sur ses irrégularités et ses dilapidations ; il avait adressé à Mazarin des mémoires détaillés à ce sujet ; il allait continuer plus expressément le même rôle auprès de Louis XIV et par son ordre ; et, s’il était poussé dans cette chasse ardente qu’il faisait au surintendant par tous les aiguillons de son ambition personnelle, il ne l’était pas moins par tous les instincts de sa nature exacte et rigide : intérêt à part, il devait en vouloir au surintendant de toute l’indignation et de toute la haine que peut avoir contre un magicien plein de maléfices et de prestiges le génie de la bonne administration et de l’économie. […] Deux jours après, j’eus ordre de lui porter deux mille écus, et de lui faire espérer que cela pourrait avoir de la suite. […] Revenant à plus d’une reprise sur ce même ordre d’argumentation et usant de son droit d’avocat, Pellisson suppose, en lieu et place de Fouquet, le cardinal Mazarin en personne, questionné et chicané sur ce fait du maniement d’argent et obligé de rendre compte : En conscience, dit-il, quel homme de bon sens lui eût pu conseiller d’autre harangue que celle de Scipion : Voici mes registres, je les apporte, mais c’est pour les déchirer. […] Un moment il parut pressentir le danger : se voyant observé et épié de près par Colbert, et ne pouvant espérer de tout justifier, il fit au roi une fausse confession ; il lui déclara qu’il s’était fait, du vivant du cardinal Mazarin, bien des choses sans que les ordres fussent en bonne forme, demandant absolution et sûreté pour le passé. […] On a une lettre de Louis XIV datée du jour même, et dans laquelle il rend compte des moindres détails de l’exécution à la reine mère : J’ai discouru ensuite sur cet accident, dit-il, avec ces Messieurs qui sont ici avec moi ; je leur ai dit franchement qu’il y avait quatre mois que j’avais formé mon projet ; qu’il n’y avait que vous seule qui en eussiez connaissance, et que je ne l’avais communiqué au sieur Le Tellier que depuis deux jours, pour faire expédier les ordres.
Leurs services, depuis ce temps, étaient d’un autre ordre et se poursuivaient dans l’administration ou dans la politique. […] Guizot a mis en ordre et rédigé cette dernière série d’anciennes leçons, qui n’avaient jamais été publiées avec l’étendue et le soin convenables. […] Je ne me permets point de juger ce que fait ou ne fait pas la Providence, grand mot dont on abuse, et qui n’est souvent que la déification de notre propre pensée ; mais il me semble que si le gouvernement représentatif n’a pas un type unique et seul bon, et s’il n’est pas lui-même l’unique gouvernement possible, il faut se garder d’offrir toujours des types dans un ordre aussi changeant et aussi divers que celui de l’histoire, et dans lequel le fait donne à la théorie des démentis perpétuels. […] Car, dans l’ordre d’histoire ingénieusement et savamment construite et déduite, comme professeur il a peu laissé à faire, et parmi ceux même qui se croient assez loin de lui, je ne lui vois que des disciples. […] Villemain, il n’était que le plus brillant, le plus ingénieux, le plus éloquent des littérateurs, agrandissant et prolongeant sans doute le plus qu’il pouvait son domaine, un peu trop curieux, je le crois, d’y faire entrer avec une émulation visible les beautés parlementaires de nos voisins qui étaient à l’ordre du jour, mais fécondant d’ailleurs tout ce qu’il touchait, et nous en offrant le sentiment et la fleur.
Il qualifie ainsi l’Ecclésiaste et le Cantique des Cantiques : — « Œuvres sans ordre, « pleines d’images basses et d’expressions grossières. » Peu de temps après, furieux, il s’écrie : On m’ose préférer Crébillon le barbare ! […] Un pourboire est doux après un service rendu ; les maîtres là-haut sourient ; on reçoit l’ordre agréable d’injurier qui l’on déteste ; on obéit abondamment ; liberté de mordre à bouche-que-veux-tu ; on s’en donne à cœur-joie ; c’est tout bénéfice, on hait, et l’on plaît. […] Le fiacre arrivait du Panthéon, et le cocher avait eu ordre de prendre par les rues les plus désertes. […] — frisson et brûlement, quelque chose qui fait qu’on est un peu dérouté, tout en étant fortement saisi ; les seuls esprits du premier ordre, les seuls génies suprêmes, sujets à des absences dans l’infini, donnent au lecteur cette sensation singulière, stupeur pour la plupart, extase pour quelques-uns. […] Ainsi parlent les athénées, les sorbonnes, les chaires assermentées, les sociétés dites savantes, Saumaise, successeur de Scaliger à l’université de Leyde, et la bourgeoisie derrière eux, tout ce qui représente en littérature et en art le grand parti de l’ordre.
Dans l’ordre matériel, le miroir doit se borner, en effet, à réfléchir et à reproduire avec une fidélité neutre les objets ; mais, dans l’ordre intellectuel et moral, le miroir, qui est l’âme vivante de l’homme, doit non seulement reproduire, il doit penser, il doit sentir, il doit juger ce qu’il reproduit. […] « Masséna, avec l’armée de Ligurie, point augmentée, secourue seulement en vivres et en munitions, avait ordre de tenir sur l’Apennin entre Gênes et Nice, et d’y tenir comme aux Thermopyles. […] Cela fait, elle avait ordre de détacher son aile droite vers la Suisse, pour y seconder la périlleuse opération dont le général Bonaparte se réservait l’exécution. […] Elle se composait, en immense majorité, de ces vieux soldats qui, sous les ordres de Pichegru, Kléber, Hoche et Moreau, avaient conquis la Hollande, les rives du Rhin, franchi plusieurs fois ce fleuve et paru même sur le Danube. […] Le général Bonaparte, voulant l’avoir auprès de sa personne, avait commis la faute de ne pas le nommer commandant en chef et lui avait laissé l’ordre de revenir très prochainement en Europe.
Il y a longtemps, Catilina, que les ordres du consul auraient dû te faire conduire à la mort… Si je le faisais dans ce même moment, tout ce que j’aurais à craindre, c’est que cette justice ne parût trop tardive, et non pas trop sévère. […] Hésites-tu à faire par mon ordre ce que tu faisais de toi-même ? […] Je te suis garant qu’ils te suivront jusqu’aux portes de cette ville, que depuis si longtemps tu brûles de détruire… Pars donc : tu as tant dit que tu attendais un ordre d’exil qui pût me rendre odieux. […] « Mais il est dans cet ordre même, il est des hommes qui ne voient pas tous nos dangers et tous nos maux, ou qui ne veulent pas les voir. […] À ces trois vertus s’en joint une quatrième, qui a la même beauté et qui conspire avec elles pour la grandeur de l’homme : c’est l’amour de l’ordre.
Mais en ce qui est de la poésie, nous avons peine à ne pas voir plutôt un avantage dans cette espèce de langue, non pas artificielle, mais supérieure à la langue usuelle et d’un ordre plus élevé, d’un ordre à part, qu’il est permis et même imposé à tout poëte sérieux de ressaisir et de s’approprier.