Mon ami, aimons notre patrie ; aimons nos contemporains ; soumettons-nous à un ordre de choses qui pourrait par hasard être meilleur ou plus mauvais ; jouissons des avantages de notre condition. […] Au moment où une poignée de concussionnaires publics regorgèrent de richesses, habitèrent des palais, firent parade de leur honteuse opulence, toutes les conditions furent confondues ; il s’éleva une émulation funeste, une lutte insensée et cruelle entre tous les ordres de la société. […] … allez où les maux portés à l’extrême vont amener un meilleur ordre de choses.
Non seulement on est étonné, si on y regarde, de la rareté des grandes publications dans lesquelles le talent et l’ordre des travaux éclatent, mais on est presque stupéfait de voir combien reste au-dessous du compte fait à l’avance par l’imagination le nombre des livres quelconques qui s’impriment. […] Il faut en prévenir le lecteur : avec cette rareté de livres que nous signalions tout à l’heure, et malgré notre dessein de marquer ici dorénavant le mouvement intellectuel, nous ne nous astreindrons pas à l’ordre chronologique des publications. […] Proudhon, nous l’avons dit, croit ou feint de croire à la ruine de ce que l’histoire du monde appelle la politique, et à laquelle il substitue un ordre économique, impossible, il est vrai, à concevoir avec l’état actuel de la tête humaine.
Or, il n’y a de réel que l’ordre ; mais, comme l’ordre peut prendre deux formes, et que la présence de l’une consiste, si l’on veut, dans l’absence de l’autre, nous parlons de désordre toutes les fois que nous sommes devant celui des deux ordres que nous ne cherchions pas. […] Elle correspond à une certaine déception d’une certaine attente, et ne désigne pas l’absence de tout ordre, mais seulement la présence d’un ordre qui n’offre pas d’intérêt actuel. Que si l’on essaie de nier l’ordre complètement, absolument, on s’aperçoit qu’on saute indéfiniment d’une espèce d’ordre à l’autre, et que la prétendue suppression de l’une et de l’autre implique la présence des deux. […] Cet ordre physique, véritable affaissement de l’ordre logique, n’est point autre chose que la chute du logique dans l’espace et le temps. […] Nous l’avons indiquée, quand nous avons dit que les anciens ramenaient l’ordre physique à l’ordre vital, c’est-à-dire les lois aux genres, tandis que les modernes veulent résoudre les genres en lois.
C’est ce qu’avaient cherché, en s’assujettissant à un ordre, en suivant une méthode, saint François de Sales et Charron : c’est ce que parut réaliser Balzac. […] L’éloquence, dans les lettres de Balzac, consiste en un beau choix de pensées se rapportant à un sujet déterminé, rangées dans un ordre approprié pour persuader, et exprimées avec feu ; c’est le ton de l’éloquence plutôt que l’éloquence elle-même. […] Mais c’était de la raison de remarquer dans Balzac ce style relevé, ce beau choix de paroles, cet ordre et cet arrangement d’où elles tiraient leur force, tant de perfectionnements de détail dont ses critiques mêmes étaient d’accord avec ses apologistes. […] Mais ce que Balzac appelle Discours, et qu’il adresse à un personnage imaginaire du nom pompeux de Ménandre, par-dessus la tête du général des feuillants et de tout son ordre, Pascal l’appellera Petites lettres, et les adressera, comme autant de flèches mortelles, droit au cœur de la Société de Jésus. […] Il écrivit à Richelieu, au risque de ne pas plaire : « S’il m’était défendu de faire profession de la vérité, je ne serais pas pour cela rebelle, ni ne m’opposerais à l’ordre établi.
Si donc nous trouvons un critère objectif, inhérent aux faits eux-mêmes, qui nous permette de distinguer scientifiquement la santé de la maladie dans les divers ordres de phénomènes sociaux, la science sera en état d’éclairer la pratique tout en restant fidèle à sa propre méthode. […] Au lieu de prétendre déterminer d’emblée les rapports de l’état normal et de son contraire avec les forces vitales, cherchons simplement quelque signe extérieur, immédiatement perceptible, mais objectif, qui nous permette de reconnaître l’un de l’autre ces deux ordres de faits. […] Il y a surtout un ordre de variations dont il importe de tenir compte parce qu’elles se produisent régulièrement dans toutes les espèces, ce sont celles qui tiennent à l’âge. […] On voit, du reste, que ces deux ordres de faits ne diffèrent qu’en degrés et sont au fond de même nature ; les frontières entre eux sont très indécises, car la maladie n’est pas incapable de toute fixité, ni la monstruosité de tout devenir. […] La distinction entre eux ne peut être plus catégorique qu’entre le morphologique et le physiologique, puisque, en somme, le morbide est l’anormal dans l’ordre physiologique comme le tératologique est l’anormal dans l’ordre anatomique.
Entre ces deux ordres de faits il y a un rapport mathématique : la parcelle est plus libre à mesure que grandit le groupe dont elle dépend. […] Sans qu’on puisse dire ni quand ni comment, cet ordre viendra, à son heure ; l’histoire du passé nous en donne la garantie. […] C’est qu’un élément nous échappe, qui est précisément l’élément essentiel ; est-il de même ordre que les autres ? Si oui, nous aurions quelque espoir de le découvrir un jour par une analyse plus minutieuse, par une science plus grande ; mais s’il est d’un ordre différent, c’est notre méthode d’investigation qu’il faut compléter. […] Dans un ordre plus élevé, il y a des artistes chez les diplomates, chez les savants, chez les penseurs.
Au moyen du dôme, inconnu des anciens, la religion a fait un heureux mélange de ce que l’ordre gothique a de hardi, et de ce que les ordres grecs ont de simple et de gracieux.
Il appartenait au spiritualisme de notre époque de faire l’histoire de ces influences, qui sont maintenant dans l’ordre des faits intellectuels ce que sont les forces dans l’ordre des faits physiques.
C’est un pays d’énergies neuves, qui, jusqu’à nouvel ordre, ne trouvent pas leur emploi. […] Nous avons, sous ses ordres, dirigé ce siège et commandé l’artillerie. […] — Vous serez, de plus, commandeur dans mon ordre impérial de la Réunion. […] S’il avait voulu protester contre les ordres de son chef, on l’aurait fusillé. […] » parce qu’il est évident que l’Allemagne veut réduire la France au rang d’une puissance de second ordre.
Le poète ne pouvait donc produire que des œuvres mixtes, d’ordre composite, à peu près comme sont en architecture les édifices de la Renaissance, mi-partis du génie ancien et du génie moderne, au reste n’en ayant peut-être que plus de charme pour les esprits cultivés et subtils, épris, tout à tour ou en même temps, de toutes les modulations de la beauté40. […] Deschanel démonte avec beaucoup d’adresse l’admirable tragédie de Phèdre, nous fait toucher du doigt comment elle est composée, ce qu’elle garde d’Euripide et de Sénèque, ce que Racine y a mis du sien. « L’édifice a trois étages, trois ordres, dont les provenances diverses s’accusent dans la conception et dans le style : l’ordre attique, l’ordre romain, l’ordre français ; je dis trois ordres de poésie et de civilisation55 ». Est-il vrai que les provenances diverses des trois ordres « s’accusent dans la conception et dans le style » ? […] Il suffit qu’ils aient, dans leur ordre, de la vérité, de la grandeur, de la beauté.
Du style des écrivains et de celui des magistrats Avant que la carrière des idées philosophiques excitât en France l’émulation de tous les hommes éclairés, les livres où l’on discutait avec finesse des questions de littérature ou de morale, lorsqu’ils étaient écrits avec élégance et correction, obtenaient un succès du premier ordre. […] Les pensées qui peuvent être offertes sous le double aspect du sentiment et de l’imagination, sont des pensées premières dans l’ordre moral ; mais les idées trop fines n’ont point de termes de comparaison dans la nature animée. […] Garat, dans ses Leçons aux Écoles normales, modèle de perfection en ce genre, et Rivarol, malgré quelques expressions recherchées, font concevoir parfaitement la possibilité de cette concordance entre l’image tirée de la nature physique, et l’idée qui sert à former la chaîne des principes et de leurs déductions dans l’ordre moral. […] Tels sont les principaux secours que l’autorité politique peut retirer de l’art de parler aux hommes ; tels sont les avantages qu’assure à l’ordre, à la morale, à l’esprit public, le style mesuré, solennel et quelquefois touchant des hommes qui sont appelés à gouverner l’état.