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17. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « De la comédie chez les Anciens. » pp. 25-29

Enfin, cette ressource étant encore interdite aux poètes comiques, Ménandre et ses contemporains cherchèrent à intéresser le spectateur par une intrigue attachante et par la peinture des mœurs générales : c’est ce qu’on appelle la comédie nouvelle, que Plaute et Térence offrirent aux Romains. […] Il offre une action que les personnages n’ont aucun dessein de traverser ; c’est le hasard seul qui fait arriver Sosie dans un moment où Mercure ne peut le laisser entrer chez Amphytrion. […] Mais c’est en traitant de la Comédie chez les Modernes, que l’on donnera une connaissance plus étendue des principes de ce bel art, et des moyens imaginés pour varier l’instruction et les amusements que la bonne comédie doit offrir à la société chez une nation policée.

18. (1875) Premiers lundis. Tome III « Nicolas Gogol : Nouvelles russes, traduites par M. Louis Viardot. »

Viardot, dans le choix qu’il a fait, a dû songer surtout à la variété ; les cinq nouvelles qu’il nous offre ont chacune un caractère à part, et appartiennent à un genre différent ; ce qui peut être plus agréable pour le lecteur, mais ce qui ne laisse pas d’embarrasser le critique. […] C’est le nom d’un chef cosaque zaporogue, et, dans ce caractère sauvage, féroce, grandiose et par instants sublime, le romancier a voulu nous offrir un portrait de ce qu’étaient encore quelques-uns de ces chefs indépendants des bords du Dnieper durant la première moitié du xviie  siècle, date approximative à laquelle se rapportent les circonstances du récit : « C’était, dit-il, un de ces caractères qui ne pouvaient se développer qu’au xvie  siècle, dans un coin sauvage de l’Europe, quand toute la Russie méridionale, abandonnée de ses princes, fut ravagée par les incursions irrésistibles des Mongols ; quand, après avoir perdu son toit et tout abri, l’homme se réfugia dans le courage du désespoir ; quand sur les ruines fumantes de sa demeure, en présence d’ennemis voisins et implacables, il osa se rebâtir une maison, connaissant le danger, mais s’habituant à le regarder en face ; quand enfin le génie pacifique des Slaves s’enflamma d’une ardeur guerrière, et donna naissance à cet élan désordonné de la nature russe qui fut la société cosaque (kasatchestvo). […] Chez nous, dans la steppe, à chaque bout de champ, un Cosaque. » Ce fut une explosion de la force russe que firent jaillir de la poitrine du peuple les coups répétés du malheur. » — Tarass Boulba est un des chefs de polk ou des colonels de cette société cosaque qui offrait une organisation militaire très-simple, permanente, et dont M.  […] La dévastation, le massacre, l’incendie, ne cessent plus, jusqu’à la mort du vieux Tarass qui s’obstine, à la tête de son polk, à ne point reconnaître le traité de paix offert par les Polonais, et accepté par le reste de sa tribu. […] Les autres nouvelles du volume nous offrent moins d’intérêt que celle de Tarass Boulba ; elles montrent la variété du talent de M. 

19. (1895) Histoire de la littérature française « Avant-propos »

Avant-propos Je ne me dissimule pas les imperfections de l’ouvrage qui s’offre au public aujourd’hui : et s’il reçoit un bon accueil, je m’efforcerai de les corriger. […] J’offre ce livre « à qui lit », comme disaient les honnêtes préfaces du vieux temps, à quiconque lit nos écrivains français. […] Je n’ai admis dans le texte que les faits biographiques qui éclairaient les œuvres : les notes offriront très succinctement les biographies qui, sans expliquer les talents, rendent un peu de vie aux hommes en les localisant dans le temps et l’espace. […] Elle donne en effet au lecteur le moyen d’aller au-delà des jugements et des idées qu’on lui offre, de connaître plus amplement, ou plus particulièrement, les choses sur lesquelles on a tâché d’exciter sa curiosité. […] La troisième édition que j’offre actuellement au public, a reçu de plus nombreuses corrections ; j’y ai inscrit quelques travaux récents qui n’avaient pas paru ou n’étaient pas venus à ma connaissance à l’époque de la première impression.

20. (1864) Études sur Shakespeare

Ni l’une ni l’autre des opinions en présence n’offrait à la lâcheté, qui se révèle si abondamment dans les jours difficiles, le refuge d’un parti vainqueur. […] Les âmes plus ardentes allaient au loin chercher les aventures qui, avec l’espoir de la fortune, leur offraient le plaisir plus vif des hasards. […] De 1599 à 1605, l’ordre chronologique des œuvres de Shakespeare ne nous offre que des comédies, et Henri VIII, ouvrage de cour et de fête. […] Le Roi Jean, Richard II, les Henri VI, en offrent l’exemple. […] Shakespeare nous offre un système plus fécond et plus vaste.

21. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre XI. Le Guerrier. — Définition du beau idéal. »

Car si vous entreprenez de peindre les premiers âges de la Grèce, autant la simplicité des mœurs vous offrira des choses agréables, autant la barbarie des caractères vous choquera : le polythéisme ne fournit rien pour changer la nature sauvage et l’insuffisance des vertus primitives. […] La chevalerie seule offre le beau mélange de la vérité et de la fiction. D’une part, vous pouvez offrir le tableau des mœurs dans toute sa naïveté : un vieux château, un large foyer, des tournois, des joutes, des chasses, le son du cor, le bruit des armes, n’ont rien qui heurte le goût, rien qu’on doive ou choisir ou cacher.

22. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

La reconnaissance n’offre-t-elle pas à l’imagination du poète autant de ressources que la plainte ? […] Chaque page de son recueil offre à peu près les mêmes défauts et les mêmes qualités. […] Castruccio, poussé par le remords, s’avoue coupable et offre sa vie en expiation. […] Je vous offre le moyen de t’épouser. […] Ces leçons nous offrent l’intelligence de M. 

23. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre III. De l’étude. »

L’étude offre un but qui cède toujours en proportion des efforts, vers lequel les progrès sont certains, dont la route présente de la variété sans crainte de vicissitudes, dont les succès ne peuvent être suivis de revers. […] Ces jours si semblables pour le malheur, si uniformes pour l’ennui, offrent à l’homme, dont l’étude remplit le temps, beaucoup d’époques variées. […] L’esprit répugne de lui-même à ce qui est incomplet, il aime l’ensemble, il tend au but, et de même qu’il s’élance vers l’avenir, il aspire à connaître un nouvel enchaînement de pensées qui s’offre en avant de ses efforts et de son espérance. […] Ces illusions, devenant bientôt inséparables de l’objet même, absorbent l’âme par l’immense carrière qu’elles offrent aux craintes et aux regrets.

24. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 23-38

Nous nous contenterons de dire que M. de Voltaire, si sévere sur cet article, en offre plus d’exemples dans sa Poésie, que tous les Auteurs qui ont éprouvé sa censure : la Henriade seule en fournit plus de mille, qu’il seroit aisé d’indiquer. […] « Le style de Lafontaine, dit celui de ses Panégyristes que l’Académie de Marseille a couronné, est peut-être ce que l’Histoire littéraire de tous les siecles offre de plus étonnant. […] Y a-t-il, soit parmi les Anciens, soit parmi les Modernes, un Poëte qui offre autant d’exemples du sublime de sentiment & du sublime d’expression ? […] Qu’on lise avec attention ces traits qui s’offrent à notre mémoire.

25. (1824) Observations sur la tragédie romantique pp. 5-40

Félicitons-nous de ce que nos vieux mystères, ni les tragédies de Jodelle, même de Mairet et de Rotrou, n’ont rien offert de comparable aux conceptions originales du poète anglais. […] La seconde, intitulée les Piccolomini, offre le développement du sujet, les nœuds de l’action ; et la dernière appelée mort de Walstein, est le dénouement des précédentes. […] Trop hideux pour me plaire, ils sont aussi trop ridicules pour m’étonner ; et puisque je n’en puis recevoir aucune sorte d’illusion, me les offrir n’est plus un art, ce n’est qu’un enfantillage. […] Rien d’indécent n’est dramatique ; et quand nos voisins nous offrent de pareils exemples, l’unique progrès que nous ayons à faire est d’en sentir de plus en plus l’inconvenance et l’ignoble difformité. […] Schlegel ne s’arrête pas non plus à nous offrir cette instruction, occupé qu’il est de faire le procès à Racine et à Voltaire ; madame de Staël nous enseigne au moins qu’il y a deux littératures, celle du nord et celle du midi ; la première créée par le génie d’Odin, d’Ossian, des Scaldes et des Bardes ; la seconde qui ne saurait offrir d’autres chefs-d’œuvre que ceux d’Homère, de Virgile, des Italiens du seizième siècle, et des Français du dix-septième.

26. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Vie de Rancé »

Au vrai, la conversion qui nous occupe ne saurait être attribuée à aucune  personne humaine, pas plus à M. d’Aleth qu’à M. de Comminges, pas même à l’esprit de ces exemples réitérés qu’offrait Port-Royal depuis plus de vingt ans. […] Jamais maturité plus brillante et plus féconde n’offrit plus d’œuvres diverses et de personnages considérables en présence. […] Rendons aussi cette justice à notre âge : on est assez disposé à y accepter, tel qu’il s’offre, cet abbé sublime, ce moine digne de Syrie ou du premier Clairvaux, ardent, impétueux, impatient, d’action et de fait plus que de discussion et de doctrine, bien que de grand esprit à la fois ; vrai moine de race, comme dirait de Maistre, indompté de tout autre que de Dieu. […] « Les recueils épistolaires, quand ils sont longs, offrent les vicissitudes des âges : il n’y a peut-être rien de plus attachant que les longues correspondances de Voltaire, qui voit passer autour de lui un siècle presque entier. […] « Mais peut-être qu’une correspondance particulière entre deux personnes qui se sont aimées offre encore quelque chose de plus triste ; car ce ne sont plus les hommes, c’est l’homme que l’on voit.

27. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Introduction »

Je ne considérerai donc la morale et la politique que sous le point de vue des difficultés que les passions leur présentent ; les caractères qui ne sont point passionnés se placent d’eux-mêmes dans la situation qui leur convient le mieux, c’est presque toujours celle que le hasard leur a désignée, ou s’ils y apportent quelque changement, c’est seulement dans ce qui s’offre le plus facilement à leur portée. […] Le premier volume est divisé en trois sections ; la première traite successivement de l’influence de chaque passion sur le bonheur de l’homme ; la seconde analyse le rapport de quelques affections de l’âme avec la passion ou avec la raison ; la troisième offre le tableau des ressources qu’on trouve en soi, de celles qui sont indépendantes du sort, et surtout de la volonté des autres hommes. […] Dans l’étude de certains États, qui par leurs circonstances, encore plus que par leur petitesse, sont dans l’impossibilité de jouer un grand rôle au-dehors, et n’offrent point au-dedans de place qui puisse contenter l’ambition et le génie, il faudrait observer comment l’homme tend à l’exercice de ses facultés, comment il veut agrandir l’espace en proportion de ses forces. […] Mais j’ai tâché d’offrir un système de vie qui ne fut pas sans quelques douceurs, à l’époque où s’évanouissent les espérances de bonheur positif dans cette vie : ce système ne convient qu’aux caractères naturellement passionnés, et qui ont combattu pour reprendre l’empire ; plusieurs de ses jouissances n’appartiennent qu’aux âmes jadis ardentes, et la nécessité de ses sacrifices ne peut être sentie que par ceux qui ont été malheureux. […] Enfin, si le temps et l’étude apprenaient, comment on peut donner aux principes politiques assez d’évidence pour qu’ils ne fussent plus l’objet de deux religions, et par conséquent des plus sanglantes fureurs, il semble que l’on aurait du moins offert un examen complet, de tout ce qui livre la destinée de l’homme à la puissance du malheur.

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