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542. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « L’abbé Cadoret »

La seule observation que nous voulions risquer, quand il est question d’un écrivain qui, en publiant le livre du Droit de César, a cherché avant tout l’occasion d’être utile dans le sens le plus pratique et le plus évangélique du mot, c’est le regret de voir sa brochure affecter les formes d’une polémique personnelle.

543. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Furetière »

Elle est le centre d’une si grande lumière, elle offre à tout le monde, même aux myopes, une telle facilité de se renseigner, une si bonne occasion de voir clair, que, pour savoir et voir plus que les autres, il faut un effort d’autant plus grand ou une pénétration supérieure.

544. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre VII » pp. 278-283

La sagesse poétique avec ses fables fournit seulement aux philosophes l’occasion de méditer les plus hautes vérités de la métaphysique et de la morale, et leur donna en outre la facilité de les expliquer.

545. (1932) Le clavecin de Diderot

Donc, pour ne point trahir pleinement celle à qui eût dû aller toute mon adoration, dans chacune des femmes, je ne cherchais pas plus d’un prétexte, d’une occasion à s’émouvoir. […] Les noirs sont aux blancs des moyens, des occasions de se divertir, comme leurs esclaves, aux riches Romains du bas empire. […] Au contact de certains doigts, les rares occasions de bonds révolutionnaires tournent donc en eau de boudin. […] Alors, il n’y aurait plus à tenir compte du monde extérieur, des circonstances qui furent les occasions, pour tel ou tel inconscient, d’être affecté de tel ou tel conflit. […] A travers des victimes d’occasion, ils se poursuivent eux-mêmes.

546. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

Un second événement, qui dut lui donner de l’aiguillon dans l’intervalle, fut le mariage de Kestner avec Charlotte, qui s’accomplit vers Pâques 1773 ; non pas qu’il eût du tout, à cette occasion, l’envie de se brûler la cervelle ; il a soin, dans sa correspondance, de rejeter bien loin une pareille pensée, et je crois fort que c’est sincère. […] Je la vois toujours telle que je l’ai quittée ; ainsi, je ne te connais pas en ta qualité de mari ; je ne connais d’autres relations que nos anciennes, auxquelles j’ai associé dans une certaine occasion des passions étrangères. […] Je l’ai dit : s’il est permis de conjecturer, je crois que Kestner dut toujours garder quelque chose de pénible sur le cœur à l’occasion de Werther, mais Lotte au fond n’en fut point offensée : je me la figure plutôt tacitement enorgueillie et satisfaite dans son silence.

547. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance. »

Romilly, dans son Journal particulier, invoque, à cette occasion, le témoignage de Sismondi lui-même, qui lui avait certifié que, dans la seule ville de Pescia qu’il connaissait bien, le chiffre des assassinats, avant l’intervention de la France, et depuis qu’on était délivré du joug français, avait été et était redevenu, terme moyen, de un par semaine, tandis qu’il ne s’en était commis presque aucun tant que la ville avait été sous l’autorité française. […] La place qu’ils occupent à l’Institut leur fait croire qu’ils sont au pinacle, et ils considèrent les livres qu’on leur envoie comme un hommage qu’on leur doit, et qui ne les engage à rien. » Il a souvent l’occasion de rencontrer Chateaubriand chez Mme de Duras ou chez Mme de Vintimille ; il l’entend causer, et il revient, à son sujet, de quelques-unes des préventions que lui avaient inspirées les livres brillants, mais de parti pris, de l’illustre écrivain. […] Ce qui autorise à reconnaître Mme de Staël dans ce passage, c’est la manière dont Sismondi a parlé de l’Ellénore d’Adolphe, dans laquelle il la retrouvait également (lettre du 14 octobre 1816) ; il déchire, à cette occasion, tous les voiles, et après avoir dit à Mme d’Albany qu’il a lu deux fois Adolphe, il ajoute : « Vous trouverez que c’est beaucoup pour un ouvrage dont vous faites assez peu de cas, et dans lequel, à la vérité, on ne prend d’intérêt bien vif à personne.

548. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

Ainsi, pour cette prononciation de ai ou oi, les mêmes personnes prononçaient différemment selon les différentes occasions. […] La Mothe-Le-Vayer n’est guère qu’un Montaigne un peu tardif et alourdi ; mais il y a temps pour tout, il y a l’occasion qui ne revient pas ; il y a une heure pour Montaigne, et une heure pour Vaugelas. […] Le mot splendide, je le sais, n’avait guère d’occasions et d’applications autrefois : il en a maintenant de fréquentes.

549. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [III] »

Il prend à témoin de ces mille tracas dont il est assailli un autre Français exilé, Panjas : il a, à cette occasion, des sonnets qui sont de vrais tableaux de genre, et qui rappellent à leur manière les Satires de l’Arioste : Panjas, veux-tu savoir quels sont mes passe-temps ? […] J’avois (et peut-être non sans occasion) conçu quelque espérance de recevoir un jour quelque bien et avancement de la libéralité du feu roi, plus par la faveur de Madame que pour aucun mérite que je sentisse en moi. […] L’extrait de la lettre latine du chancelier Olivier se lit en tête du Recueil des Poèmes latins de Du Bellay, mais elle fut écrite à l’occasion du Recueil des Regrets, et porte la date de septembre 1558.

550. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DES MÉMOIRES DE MIRABEAU ET DE L’ÉTUDE DE M. VICTOR HUGO a ce sujet. » pp. 273-306

La publication des Mémoires de Mirabeau a été pour un grand poëte l’occasion d’écrire une étude développée sur le grand orateur. […] Pour les détails de sa vie et de ses aventures guerrières, il fallut à son fils beaucoup de soin et d’attention à se les procurer : car ce n’était pas un homme qu’on questionnât, fier, imposant à tous, de près de six pieds, la tête haute et soutenue par un col d’argent qui remplaçait des muscles hachés, « un de ces hommes qui ont le ressort et, pour ainsi dire, l’appétit de l’impossible, et à qui la nature a déféré le commandement. » Dans sa vieillesse, même quand il racontait ses guerres, il ne parlait jamais de lui que pour désigner à l’occasion le jour et le combat où, disait-il, il avait été tué. […] Lerminier, par des motifs, généreux sans doute, de réparation, surfait un peu selon nous, a été souvent invoqué par des métaphysiciens plus forts que lui et qui se disaient en toute occasion ses disciples, tandis qu’ils l’étaient peut-être plus réellement de d’Holbach.

551. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

Cette traduction de Théophraste n’était-elle pour lui qu’un prétexte, ou fut-elle vraiment l’occasion déterminante et le premier dessein principal ? […] de l’Homme). » On s’est accordé à reconnaître La Bruyère dans le portrait du philosophe qui, assis dans son cabinet et toujours accessible malgré ses études profondes, vous dit d’entrer, et que vous lui apportez quelque chose de plus précieux que l’or et l’argent, si c’est une occasion de vous obliger. […] Il s’ensuit un développement démesuré du détail qu’on saisit, qu’on brode, qu’on amplifie et qu’on effile au passage, ne sachant si pareille occasion se retrouvera.

552. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « François Ier, poëte. Poésies et correspondance recueillies et publiées par M. Aimé Champollion-Figeac, 1 vol. in-4°, Paris, 1847. »

Ce manuscrit commence tout simplement par une lettre en prose que le roi prisonnier écrit à une maîtresse dont on ignore le nom : « Ayant perdu, dit-il, l’occasion de plaisante escripture et acquis l’oubliance de tout contentement, n’est demeuré riens vivant en ma mémoire, que la souvenance de vostre heureuse bonne grace, qui en moy a la seulle puissance de tenir vif le reste de mon ingrate fortune. Et pour ce que l’occasion, le lieu, le temps et commodité me sont rudes par triste prison, vous plaira excuser le fruict qu’a meury mon esperit en ce pénible lieu… » Cette lettre, avec la pièce de vers qui l’accompagne, se trouve aux pages 42 et 43 de la présente édition ; mais, en la lisant au début, on comprend mieux comment François Ier devint décidément poëte ou rimeur, et comment l’ennui l’amena à développer sinon un talent, du moins une facilité qu’il n’avait guère eu le loisir d’exercer jusqu’alors. […] Au xviiie  siècle, n’est-ce pas ainsi encore qu’on voit la duchesse du Maine, dans ses joutes de bel esprit avec La Motte, lui lancer à l’occasion quelque madrigal qu’elle s’était fait rimer par Sainte-Aulaire, par Mlle de Launay ou tel autre poëte ordinaire de sa petite Cour ?

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