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538. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

les cataractes du ciel s’ouvrent pendant toute la semaine, jours et nuits. […] Il était deux heures de la nuit, et, pour ma part, j’étais à jeun depuis onze heures du matin. […] En quel lieu, avec qui, mangea-t-il la bête qui pendant plusieurs nuits lui servit de voluptueux oreiller ? […] Pendant toute la nuit, autour de moi, le bruit avait été continuel ; de temps en temps quelque chose tombait sur mon manteau ou sur le chapeau que j’avais mis sur mes yeux. […] Il y avait deux heures que la nuit étendait ses ombres sur les combattants, dont l’acharnement semblait augmenter avec les difficultés, et nous étions inquiets.

539. (1802) Études sur Molière pp. -355

Nuit quatrième, Fable quatrième du premier volume. […] Il loue ensuite Molière sur son adresse à réveiller le spectateur par ce vers : Hors les puces qui m’ont la nuit inquiétée. […] Alcmène paraît, Amphitryon croit la surprendre, elle est surprise en effet, mais de voir son époux sitôt de retour, et lui rappelle toutes les preuves d’amour qu’elle lui a prodiguées pendant la nuit dernière. […]  » Et l’on s’en passe encore très souvent, ou l’on met les nuages sur roulettes, afin que la Nuit et Mercure ne soient pas effrayés en s’élevant dans les airs. […] S’il dort la nuit entière ?

540. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

Le ciel du Champ-de-Mars revêtait les teintes d’un ciel d’Orient ; le tohu-bohu des constructions du jardin silhouettait, sur le violet du soir, la découpure d’un paysage de Marilhat ; les dômes, les kiosques, les minarets colorés mettaient dans la nuit parisienne les transparences reflétées de la nuit d’une cité d’Asie ; le bœuf gras empaillé du boucher primé Fléchelle, blanchissait des blancheurs sacrées d’Apis. […] Il avait sur sa table de nuit des bougies allumées et deux revolvers. […] Il nous lit les lettres qu’il lui a écrites, les gîtes, les couchers de la campagne, son départ de Nickolsburg, son passage au milieu des blessés arriérés et des cantiniers attardés, ses nuits dans les villes aux rues à arcades, devenues un lit de paille pour la mort. […] Puis la nuit descendue, tout le monde roule en voiture ; et l’on vague dans du clair de lune, qui transfigure tout ce pays de Montmorency, en un rêve de paysage parisien. […] Et, sous un ciel sourd, lamé de bleu froid et de jaune pâle, la route tout au loin, blanche, blanche, blanche, avec ses fréquentations, les pas de la nuit, la trace de l’animal, l’impression de son pied et la bifurcation de la corne sur la blancheur du chemin.

541. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

Pendant quatorze jours, Luther fut dans un tel état, qu’il ne put ni boire, ni manger, ni dormir. « Jour et nuit », les yeux fixés sur le texte de saint Paul, il voyait le juge et ses mains inévitables. […] Il cesse de parler à ses amis ; il demeure pendant des heures, la tête penchée, triste ; la nuit, sa femme l’entend soupirer, et il se lève ne pouvant dormir. […] Qu’il te plaise de me préserver et de me défendre cette nuit de tout péché, de toute violence du hasard, de la malice des esprits des ténèbres. […] Son front se plisse, ses yeux deviennent mornes, et sa femme, la nuit, l’entend gémir. […] En cette terre le soleil brille nuit et jour.

542. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Soulié, Frédéric (1800-1847) »

. — Une nuit du duc de Montfort (1830). — Nobles et bourgeois (1831). — La Famille de Lusigny (1831). — Les Deux Cadavres (1832). — Le Port de Créteil (1833). — L’Homme à la blouse (1833). — Le Roi de Sicile (1833). — Une aventure sous Charles IX (1834). — Le Magnétisme (1834). — Le Vicomte de Béziers (1834). — Les Deux Reines (1835)

543. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre VIII. Des Anges. »

L’Ange de la nuit repose au milieu des cieux, où il ressemble à la lune endormie sur un nuage ; ses yeux sont couverts d’un bandeau d’étoiles ; ses talons et son front sont un peu rougis de la pourpre de l’aurore et de celle du crépuscule ; l’Ange du silence le précède, et celui du mystère le suit.

544. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

Ainsi l’Estelle de Florian ou la Lina de Droz, les Fragments de Ballanche ou les Nuits Élyséennes de Gleizes, peuvent toucher un cœur adolescent autant et bien plus qu’une Iliade. […] Elle était bien jolie, à l’abri de son voile Qu’elle livrait flottant au souffle de la nuit, Quand pour la voir, de loin, nous étions là, sans bruit, Heureux de la connaître au reflet d’une étoile. […] Avec cela des retours par accès vers les champs, des reprises de tendresse pour l’histoire naturelle et l’entomologie : un jour, ou plutôt une nuit, qu’il errait au bois de Boulogne pour sa docte recherche, une lanterne à la main, il se vit arrêté comme malfaiteur. […] La parole est la voix de l’âme, Elle vit par le sentiment ; Elle est comme une pure flamme Que la nuit du néant réclame185 Quand elle manque d’aliment. […] Je n’aime pas cette nuit du néant qui réclame une flamme ; c’est la rime qui a donné cela.

545. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

En nombre de cas, les paysans acquéreurs leur ont volontairement restitué leurs terres au prix d’achat  Autour de Paris, près de Romainville, après le terrible orage de 1788, on prodigue les aumônes ; « un homme fort riche distribue aussitôt pour son compte quarante mille francs aux malheureux qui l’entourent » ; pendant l’hiver, en Alsace, à Paris, tout le monde donne ; « devant chaque hôtel d’une famille connue brûle un vaste bûcher, où nuit et jour les pauvres viennent se chauffer »  En fait de charité, les moines qui résident et sont témoins de la misère publique restent fidèles à l’esprit de leur institut. […] En effet, lorsqu’un droit devient insupportable, on voit, par les doléances locales, que presque toujours c’est un fermier qui l’exerce91 : c’est un fermier de chanoines qui revendique l’héritage paternel de Jeanne Mermet, sous prétexte qu’elle a passé chez son mari la première nuit de ses noces. […] Dans le bailliage de Domfront, « les habitants de plus de dix paroisses sont obligés de veiller la nuit entière pendant plus de six mois de l’année pour la conservation de leurs moissons97 »  Voilà l’effet du droit de chasse en province. […] Près de là, à la Rochette, des troupes de biches et de cerfs, pendant le jour, dévorent tout dans les champs et, la nuit, viennent jusque dans les petits jardins des habitants manger les légumes et briser les jeunes arbres. […] Ils ont seulement quelques vignes, qu’ils gardent six mois de l’année en faisant des factions et gardes jour et nuit avec tambours et charivari pour faire fuir les bêtes destructives. » 23 janvier 1753  « M. le prince de Conti s’est fait une capitainerie de onze lieues autour de l’Isle-Adam où tout le monde est vexé. » 25 septembre 1753  « Depuis que M. le duc d’Orléans jouit de Villers-Cotterets, il en a fait revivre la capitainerie, et il y a plus de soixante terres à vendre à cause de ces vexations de princes. » 99.

546. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIe entretien. Balzac et ses œuvres (2e partie) » pp. 353-431

Vignerons, propriétaires, marchands de bois, tonneliers, aubergistes, mariniers, sont tous à l’affût d’un rayon de soleil ; ils tremblent en se couchant le soir d’apprendre le lendemain matin qu’il a gelé pendant la nuit ; ils redoutent la pluie, le vent, la sécheresse, et veulent de l’eau, du chaud, des nuages, à leur fantaisie. […] Sa robuste santé lui permettait d’habiter impunément cette espèce de trou, d’où elle pouvait entendre le moindre bruit par le silence profond qui régnait nuit et jour dans la maison. […] Un jour pur et le beau soleil des automnes naturels aux rives de la Loire commençaient à dissiper le glacis imprimé par la nuit aux pittoresques objets, aux murs, aux plantes qui meublaient ce jardin et la cour. […] Il lui donne 500 000 francs pour les désintéresser ; mais, pour gagner plus encore sur cette opération, il rassemble tout son or cerclé en barils, et va dans la nuit les changer en effets à Nantes, de façon à bénéficier encore 40 000 francs sur le prix de l’or. […] Elle se plongeait nuit et jour au sein de deux pensées infinies, qui pour elle peut-être n’en faisaient qu’une seule.

547. (1857) Cours familier de littérature. III « XIVe entretien. Racine. — Athalie (suite) » pp. 81-159

Que de beaux rêves ne faisais-je pas, la nuit, sur mon oreiller, quand j’avais déposé la plume après une scène dont les vers sonores retentissaient après coup dans ma mémoire ! […] On peut penser que je dormis peu cette nuit-là. […] J’entrai dans la salle comme je serais entré dans un siècle illuminé parmi les siècles pour se donner à lui-même en représentation éclatante dans la nuit des temps. […] C’était pendant l’horreur d’une profonde nuit ; Ma mère Jézabel devant moi s’est montrée, Comme au jour de sa mort pompeusement parée ; Ses malheurs n’avaient point abattu sa fierté ; Même elle avait encor cet éclat emprunté. […] Prince aimable, dis-nous si quelque ange au berceau Contre tes assassins prit soin de te défendre,          Ou si dans la nuit du tombeau La voix du Dieu vivant a ranimé ta cendre ?

548. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

À votre place j’en ferais une robe pour ma nuit de noces. […] Tel gentilhomme ami de Lovelace détourne une jeune fille innocente, l’enivre, passe la nuit avec elle dans une maison publique, l’y laisse pour payer l’écot, et se frotte les mains tranquillement en apprenant quinze jours après que la maîtresse l’a mise en prison et qu’elle y est morte folle. […] elle voudrait que le mariage fût pour cette nuit ; elle le voudrait de tout son cœur. […] Trente ans durant, il avait travaillé en manœuvre pour les libraires qu’il rossait lorsqu’ils devenaient impertinents, toujours râpé, ayant une fois jeûné deux jours, content lorsqu’il pouvait dîner avec six pence de viande et un penny de pain, ayant écrit un roman en huit nuits pour payer l’enterrement de sa mère. […] Y a-t-il rien de plus agréable à peindre qu’une ivresse de nuit, de bonnes trognes insouciantes, et la riche lumière noyée d’ombres qui vient jouer sur des habits chiffonnés et des corps appesantis ?

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