Après quelques imitations de ballades allemandes, et une traduction de Goëtz de Berlichingen, Scott publia, depuis 1802 jusqu’en 1814, une série de poëmes pleins de grâce et de fraîcheur, Sir Tristram, Marmion, la Dame du Lac, le Lord des îles, Rokeby, qui le placèrent à un rang éminent parmi les poëtes de la nouvelle école, et lui valurent le surnom d’Arioste du Nord.
Je ne parle pas de ces néologismes nécessaires, qui manifestent la vie même de la langue et lui font suivre par son incessante transformation l’évolution de la pensée : si le progrès des sciences et de l’industrie, les révolutions politiques, sociales, religieuses, économiques, ont fait éclore des idées nouvelles dans le cerveau de l’homme, ont revêtu les idées anciennes d’une forme nouvelle, il est inévitable que bien des choses ne puissent être désignées par les mots anciens, et il serait absurde de s’opposer à l’admission dans le langage de ce qu’on admet dans la pensée.
Dès que Mme de Grandclos, la nouvelle préfète, apparaît ; dès qu’il a vu se promener, dans le jardin de la préfecture, cette jolie Parisienne dont la grâce savante lui est une révélation, il l’aime à en mourir et il lui appartient absolument.
Aujourd’hui, les jeunes littérateurs forment réellement une nouvelle variété de la race humaine.
Nous y voyons (et cela est neuf) que la multiplicité de ses amours vint de ce qu’elle se croyait d’un tempérament froid, et que c’était cette persuasion, un peu humiliante, qui l’incitait à plus d’expériences qu’elle n’eût voulu… Nous y découvrons aussi qu’elle ne commença à aimer Musset « pour de bon » qu’à partir du jour où, l’ayant trompé, elle le congédia : et ce nous est une nouvelle preuve qu’elle fut une personne d’une extraordinaire imagination.
Tout ce monde-là se rappelle également ces troublants paysages, les Filaos, souvenir de l’Île natale, et ces Automnes où Le monotone ennui de vivre est en chemin, et ces pièces où le vers revient sans monotonie, forme toute nouvelle, car Baudelaire, qui lui-même a emprunté à Edgar Poe la réitération du vers, se borne, comme son modèle, à en faire un véritable refrain revenant toujours à la même place, tandis que Dierx promène, en écoliers buissonniers, plusieurs vers dans la même pièce, comme un improvisateur au piano qui laisse errer plusieurs notes, toujours les mêmes, à travers l’air qu’il a trouvé, ce qui produit un effet de vague d’autant plus délicieux, que le vers de notre poète est particulièrement fait et très précis, toute flottante que veuille être parfois sa pensée, mystique et sensuelle.
De même aussi, l’œuvre nouvelle est moins enfoncée vers l’absolu, moins baignée des vents de l’infini que les deux drames qui la précédèrent, et l’épisode des voix lontaines, du chant des matelots sur le navire qui s’éloigne, semble avoir été écrit dans le souci d’élargir le cadre comme un peu envoûté de la fable.
Et chaque reposoir semble nous offrir le symbole d’une divinité nouvelle.
Les enthousiastes (il n’en manquait pas alors) eussent salué en l’amante du poète une nouvelle Sophia ; les Renaissances et la Gloire du souvenir, venues à cette heure de l’humanité, eussent donné naissance à une doctrine hermétique.
Ferdinand Brunetière Sully Prudhomme a éclairé d’une lumière nouvelle, dont le charme est fait de ce qu’elle a d’incertain et de rapide, « notre cœur faible et sombre ».
Le champ de mon excursion nouvelle s’en trouve heureusement circonscrit.