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449. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Mais finalement il ne reste de trésor que les yeux noirs, les lèvres rouges et le sein gonflé de Norette. […] Vêtez-le de noir et de blanc. […] De frêle apparence, petit, myope, il portait au front, comme un signe, une large veine qui devenait noire dans les moments de colère. […] En bas, les diables rouges et noirs ; au centre, la terre, séjour de l’Église militante ; au-dessus, Dieu le père dans sa gloire. […] Tout à l’heure, ils s’en iront par les rues froides et noires, achevant dans un rêve la phrase interrompue.

450. (1896) Études et portraits littéraires

Pour lui, la grande « disposition primitive » qui domine cette époque, c’est la terreur et en même temps le dégoût de la vie, la mélancolie noire. […] Un homme comme Alfred de Musset, Hugo, Lamartine ou Heine, avant fait ses classes… avec un habit noir et des gants, bien vu des dames… ». […] « Quelque chose d’un vert obscur, presque noir », de remuant et de bruissant, c’était ça. […] Il prenait aussitôt la cagoule de lustrine des Pénitents noirs, et jamais ne devait faillir sa puberté chaste. […] Au pays des Pardons, le connaissez-vous, ce volume qui porte sur sa couverture un paysan du Fahouet en costume, veste blanche et gilet noir galonnés de velours ?

451. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CLe entretien. Molière »

Il était beau, il avait le front élevé, la barbe noire, l’air bienveillant, le regard limpide et profond. […] On jouissait de sa modestie autant que de son triomphe ; ses admirateurs devenaient ses amis ; son visage, penché en arrière, écartait d’une vive saccade les mèches de sa noire chevelure humides de sueur, mais sa bouche était toujours gracieuse, et, s’il n’eut pas eu le nez trop court et cassé par un coup de fer, il aurait ressemblé à un lutteur grec se reposant après le combat. […] Si votre âme les suit, et fuit d’être coquette, Elle sera toujours, comme un lis, blanche et nette ; Mais s’il faut qu’à l’honneur elle fasse un faux bond, Elle deviendra lors noire comme un charbon ; Vous paraîtrez à tous un objet effroyable, Et vous irez un jour, vrai partage du diable, Bouillir dans les enfers à toute éternité, Dont veuille vous garder la céleste bonté ! […] Je ris des noirs accès où je vous envisage, Et crois voir en nous deux, sous mêmes soins nourris, Les deux frères que peint l’École des maris, Dont… ALCESTE. […] D’abord, j’appréhendai que cette ardeur secrète Ne fût du noir esprit une surprise adrète ; Et même à fuir vos yeux mon cœur se résolut, Vous croyant un obstacle à faire mon salut.

452. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre II. L’antinomie psychologique l’antinomie dans la vie intellectuelle » pp. 5-69

Dans les races existant aujourd’hui, les races jaunes, les races noires et les races blanches, il est évident que les différences physiques de ces races sont accompagnées de différences intellectuelles. […] Elle semble tourner indéfiniment dans le même cercle Notre science a multiplié, il est vrai, les découvertes techniques et pratiques ; mais toutes ces conquêtes de la science nous laissent aussi ignorants des destinées de notre espèce et de la valeur même de noire science. […] Selon de Gobineau, la poésie des races blanches supérieures serait la poésie épique ; celle des races noires, la poésie lyrique ; la poésie grecque, mélange de poésie lyrique et de poésie épique n’a pu exister que parce que le peuple grec n’appartenait pas à la race aryane pure et qu’il entrait dans le sang grec à la fois un élément blanc et un élément noir. — La qualité intellectuelle des races blanches supérieures (races nordiques) serait la supériorité du jugement ; la race hindoue se caractériserait par l’imagination débordante et par la puissance d’abstraction ; la race jaune par le sens de l’utilité.

453. (1857) Cours familier de littérature. III « XIVe entretien. Racine. — Athalie (suite) » pp. 81-159

Ses traits étaient imposants de forme, mais bons d’expression ; ses regards répandaient comme des ombres de velours noir sur ses joues. […] Elle jeta avec un geste de dégoût son vieux chapeau de soie noire sur un meuble ; elle découvrit de longs cheveux noirs roulés en bandeaux comme un diadème sur son front. […] D’où vous vient aujourd’hui ce noir pressentiment ?

454. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire littéraire de la France. Ouvrage commencé par les Bénédictins et continué par des membres de l’Institut. (Tome XII, 1853.) » pp. 273-290

On voit s’avancer processionnellement Chanteclair (le Coq) et Pinte (la Poule), elle cinquième, accompagnée de Noire, Blanche et Roussette, conduisant une charrette enclose d’un rideau, et dedans gisait une poule morte dans une espèce de bière : c’était des œuvres de Renart. […] Fauriel, en citant tout ce passage, a dit : « Ce qui me frappe le plus dans ce discours, ce n’est pas d’être pathétique et naturel, c’est d’être, et d’être éminemment ce que nous ne saurions mieux exprimer que par l’épithète d’homérique. » L’expression est si juste que, dans ce qui suit, on est forcé encore de se ressouvenir de Virgile et surtout d’Homère, et des noirs sourcils du roi des dieux, dont un mouvement fait trembler tout l’Olympe.

455. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Nouveaux voyages en zigzag, par Töpffer. (1853.) » pp. 413-430

Et ce n’est qu’ainsi qu’on s’explique aussitôt et pleinement, dit-il, pourquoi « l’on voit si souvent le paysagiste, qui est donc au fond un chercheur de choses à exprimer bien plus qu’il n’est un chercheur de choses à copier, dépasser tantôt une roche magnifique, tantôt un majestueux bouquet de chênes sains, touffus, splendides, pour aller se planter devant un bout de sentier que bordent quelques arbustes étriqués ; devant une trace d’ornières qui vont se perdre dans les fanges d’un marécage ; devant une flaque d’eau noire où s’inclinent les gaulis d’un saule tronqué, percé, vermoulu… C’est que ces vermoulures, ces fanges, ces roseaux, ce sentier, qui, envisagés comme objets à regarder, sont ou laids ou dépourvus de beauté, envisagés au contraire comme signes de pensées, comme emblème des choses de la nature ou de l’homme, comme expression d’un sens plus étendu et plus élevé qu’eux-mêmes, ont réellement ou peuvent avoir en effet tout l’avantage sur des chênes qui ne seraient que beaux, que touffus, que splendides ». […] Quant à la peinture proprement dite et par le pinceau, ce ne fut que sur la fin du xviiie  siècle que de La Rive et, après lui, Töpffer le père, commencèrent à rendre le paysage suisse, savoyard, de la zone inférieure dans sa grâce et sa poésie familière ; « les masures de Savoie avec leur toiture délabrée et leur portail caduc ; les places de village où jouent les canards autour des flaques ; les fontaines de hameau où une fille hâlée mène les vaches boire ; les bouts de pré où paît solitaire, sous la garde d’un enfant en guenilles, un taureau redoutable » ; puis les marchés, les foires, les hôtelleries ; les attelages poudreux avec le chien noir qui court devant ; les rencontres de curés, de noces, de marchands forains ; les manants de l’endroit avinés et rieurs, « amusants de rusticité ».

456. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — I » pp. 107-125

Les deux champions, montés sur des coursiers de différentes couleurs, l’un en armure noire sur un cheval blanc, l’autre sur un cheval noir avec l’écharpe blanche, brisèrent l’un contre l’autre leurs lances du premier coup : Marolles, atteint en plein dans la cuirasse, résista ; Marivaut, frappé à l’œil dans la grille de la visière, tomba roide mort.

457. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — I » pp. 417-434

Il ne dénigre pas le présent, il ne voit pas l’avenir en noir, il ne loue pas le temps passé ; il n’est nullement esclave des habitudes ; il repousse ces lâches maximes qui viennent en aide à l’inertie trop naturelle de l’âge et à la paresse des organes : À quoi bon ? […] De beaux couvents à longs et silencieux corridors, des solitaires en robe noire, de jeunes seigneurs travestis en moines à bonnets carrés, partout des souvenirs de moines à côté de la gloire de Newton.

458. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’Impératrice Catherine II. Écrits par elle-même. »

Elle ne ressemblait pas à Frédéric qui se passait de lecture allemande et ne lisait que des ouvrages français ; elle en lisait aussi en russe et trouvait à cette langue adoptive, qu’elle s’appliquait à parler et à prononcer en perfection, « bien de la richesse et des expressions fortes. » Les Annales de Tacite qu’elle lut en 1754 seulement, c’est-à-dire à l’âge de vingt-cinq ans, opérèrent, dans sa tête une singulière révolution, « à laquelle peut-être la disposition chagrine de mon esprit à cette époque, nous dit-elle, ne contribua pas peu : je commençais à voir plus de choses en noir, et à chercher des causes plus profondes et plus calquées sur les intérêts divers, dans les choses qui se présentaient à ma vue. » Elle était alors dans des épreuves et des crises de cœur et de politique d’où elle sortit haute et fière, avec l’âme d’un homme et le caractère d’un empereur déjà. […] Ajoutez à sa beauté ce trait distinctif qu’elle ne dit pas, d’être une brune aux yeux bleus, ou si ses yeux étaient noirs comme ses sourcils étaient bruns, de les avoir bigarrés du moins et susceptibles de teintes bleues sous les reflets et le jeu de la lumière.

459. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier. »

Voilà la lèvre vermeille, l’œil noir, le sein qui triomphe du lis, les règles chéries de toutes mes hautes pensées. […] Qui donc, d’une si barbare manière, m’a séparé de la douce source de ma vie, des beaux yeux noirs qui m’ont conquis le cœur, et qui ont guéri de toute erreur mon esprit ?

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